Hikikomori

Un matin, Kewin annonce à ses parents qu'il ne veut plus se lever ni aller au lycée. Aucune raison ne motive cette surprenante décision. Sa mère est étonnée mais elle espère que cet épisode passera très vite. Malheureusement, Kewin reste sur ses positions.

Les premières semaines, il refuse même de venir manger dans la cuisine, obligeant ses parents à le servir dans sa chambre. Cela fait maintenant près de trois mois que cette situation persiste. Ses parents sont effondrés et désarmés. Ils ont pourtant essayé avec l'aide de son médecin de lui faire entendre raison, mais Kewin refuse tout ce qui lui est proposé, victime de Hikikomori.

Diagnostic

Hikikomori est un terme qui désigne les adolescents et les jeunes adultes qui ne veulent plus sortir de chez eux et restent enfermés dans leur chambre pendant au moins 6 mois, abandonnant leur scolarité ou leurs études, souhaitant une rupture totale avec la société.

Cette pathologie qui touche essentiellement les garçons est parfois liée à une pathologie psychiatrique, comme une dépression ou une schizophrénie. Ces jeunes patients sont souvent inconscients de leur pathologie. Dans la majorité des cas, cette situation est transitoire, mais une récidive est parfois constatée.

Le phénomène Hikikomori, très fréquent au Japon, toucherait plus de 1 % des japonais à une période de leur vie. De nombreux cas sont également observés dans d'autres pays comme la France, par exemple. Pour de nombreux spécialistes, ce comportement correspondrait à la crainte de grandir et de devenir un adulte.

Cette pathologie est plutôt prise en charge sur un plan psychiatrique dans les pays occidentaux alors qu'au Japon, il est plutôt conseillé de laisser l'adolescent reprendre goût progressivement à la vie en société.

Le Dr Guedj-Bourdiau, psychiatre, a publié dans les annales médico-psychologiques un article sur ce phénomène après avoir étudié les cas de 21 jeunes enfermés depuis plus d'un an, dont plus des trois quart présentaient une pathologie psychiatrique associée. Elle note également la participation importante dans ce phénomène du temps passé devant l'ordinateur et sur internet. Face à ces situations très difficiles à vivre pour l'entourage de ces jeunes, les familles ont effectué une demande d'aide urgente dans un Centre Psychiatrique d'Orientation et d'Accueil (CPOA) ayant permis la mise en place de visites à domicile ainsi qu'un soutien des proches. Une hospitalisation était parfois envisagée.