1838, Pérégrinations d’une paria, de Flora Tristan.
Mars 1843, La Phalange publie les premiers chapitres de L’Union ouvrière.
14 novembre 1844, mort de Flora Tristan.
Au printemps 1843, Eugène Sue, en pleine gloire, est sollicité pour souscrire à l’ouvrage de Flora Tristan, L’Union ouvrière, dont le libraire Pagnerre, pourtant réputé comme « éditeur populaire », a refusé de se charger. Il s’agit d’une grosse brochure dans laquelle l’auteur décrit à la fois les maux des ouvriers et propose une solution inédite, la formation d’un vaste parti prolétarien, donnant forme à une classe ouvrière dont les éléments sont fractionnés et promis à devenir l’instrument de son émancipation. Eugène Sue n’hésite pas : avec 100 francs, il se distingue comme le plus généreux contributeur après un anonyme qui offre 300 francs, le total de la première souscription s’élevant à 1 538 francs1.
Flora Tristan est loin d’être une inconnue. Elle a fait son entrée sur la scène publique cinq ans plus tôt par un double événement, l’un dans le domaine littéraire (la publication des Pérégrinations d’une paria au début de l’année 1838), l’autre à la rubrique des faits divers (la tentative d’assassinat dont elle a été l’objet quelques mois plus tard de la part de son mari André Chazal). À la fin de la même année, elle publie un roman, Méphis, et en 1840 un remarquable reportage sur l’Angleterre, ses Promenades dans Londres, qui renforce sa réputation mais diminue son pouvoir de publier ce qu’elle veut : ses écrits sont devenus dangereux.
La destinée de cette femme, inscrite dans l’histoire du féminisme et du socialisme de son siècle, est largement tributaire des circonstances de sa naissance. Sa mère, française, Thérèse Laîné (ou Laisney), a connu son père, espagnol, le colonel don Mariano Tristan de Moscoso, à Bilbao, où elle s’est mise à l’abri des tourmentes de la Révolution. Leur union est consacrée par un prêtre réfractaire, lui aussi émigré, mais sans être régularisée, sans même que le colonel en avertisse les autorités de son pays. Cette négligence va peser lourd sur le destin de la petite Flora qui vient au monde en 1803, à Paris, où don Mariano s’est installé l’année précédente avec son épouse, une fois les tumultes révolutionnaires apaisés. Le colonel peut faire vivre les siens dans une relative aisance : neveu de l’archevêque de Grenade, il appartient à l’une des familles les plus anciennes du Pérou – ce Pérou dont San Martín devait proclamer l’indépendance en 1823. Mais don Mariano meurt subitement en 1808, sans laisser à Thérèse les preuves qu’elle et lui ont été mariés en bonne et due forme, et sans même avoir rédigé de testament. Alors que la France est en guerre avec l’Espagne, l’Administration des domaines, pour laquelle il n’y a pas eu mariage, saisit la maison acquise par Tristan à Vaugirard. La mère et ses enfants doivent s’installer à la campagne, où Flora vit jusqu’à la mort de son jeune frère. Thérèse revient alors à Paris avec sa fille de quinze ans, pour s’installer rue du Fouarre, non loin de la place Maubert. C’est alors un quartier sordide, pollué par les émanations de la Bièvre, dénoncées, on l’a vu, par les médecins hygiénistes, mal famé, un repaire du crime propre à inspirer plus tard Les Mystères de Paris. Mme Tristan et sa fille, démunies malgré les appels au secours réitérés au Pérou, y occupent un taudis.
Le mariage de Flora avec un homme aisé paraît sans doute à Mme Tristan la moins mauvaise parade à leur déchéance. Flora n’a pas de dot, mais elle est belle. À quinze ans, elle aime un garçon et en est aimée ; le mariage est envisagé. Mais tout est arrêté, car une fois encore Mme Tristan ne peut faire la preuve que Flora est une fille légitime. Un autre prétendant s’offre, en la personne de son patron. En effet, si Flora, d’éducation bourgeoise, n’a guère d’instruction et peu d’orthographe, elle a des dons pour la peinture, ce qui lui permet d’être embauchée comme coloriste dans l’atelier de l’artisan graveur-lithographe André Chazal, frère du peintre Antoine Chazal. André Chazal, qui n’a que vingt-trois ans, tombe vite amoureux de sa jolie ouvrière de six ans sa cadette. Si l’on en croit son futur témoignage, Flora n’est guère éprise, mais c’est sa mère qui l’incite à accepter ce soupirant passionné. Le mariage est célébré en février 1821. En quatre années de vie commune avec André Chazal, dans un modeste appartement de la rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés (aujourd’hui rue de l’Ancienne-Comédie), Flora met au monde deux garçons, dont un seul survivra. Mais, rapidement, il est clair que le graveur et la fille du colonel n’ont guère d’affinités. Elle, de caractère emporté, impulsive, violente, romanesque, a tendance à mépriser son compagnon « petit-bourgeois », sans éducation, et de surcroît sans fortune. Plus tard, devant le juge, Flora Chazal accusera son mari – qui nie le fait – de lui avoir suggéré de se prostituer pour remettre les finances du ménage à flot. Elle dira que c’est de ce moment que date sa volonté de rupture. Enceinte de son troisième enfant en 1825, Flora abandonne le domicile conjugal. Après avoir mis au monde une fille, Aline – future mère du peintre Paul Gauguin –, elle confie la garde de ses enfants à Mme Tristan, cherche un travail et finit par être embauchée comme femme de chambre auprès d’une famille anglaise, qui lui fait faire son premier voyage en Angleterre. Nous perdons alors sa trace ; il semble qu’elle ait été dame de compagnie en diverses familles étrangères et en divers pays d’Europe. En 1828, elle introduit une demande en séparation de biens d’avec André Chazal, qui est sans ressources.
Cette expérience conjugale malheureuse a fait de Flora une « paria ». Une seconde flétrissure s’ajoute à la première, être une femme séparée dans l’impossibilité de reprendre légalement un époux – puisque le divorce n’est plus légal depuis 1816. Revenue à Paris en 1829, elle retrouve, grâce à un capitaine au long cours, Zacharie Chabrié, la trace de son oncle Pio Tristan et se décide à lui écrire pour lui demander sa « protection ». Afin d’attester son identité, elle joint à sa lettre un extrait d’acte de baptême et évoque le souvenir de Simón Bolívar – le « Libertador » –, ancien familier de son père. La réponse se fait attendre jusqu’à fin 1830. L’oncle Pio, à qui elle n’a avoué ni son mariage ni sa séparation, accepte de lui venir en aide, mais lui dénie toute prétention à une part d’héritage tant qu’elle ne pourra prouver le mariage officiel de ses parents.
Ayant réglé la garde des enfants qui lui restent (son fils Ernest est confié à son père qui le réclame et Aline est mise dans une pension loin de Paris), Flora Chazal, redevenue Flora Tristan de Moscoso, s’embarque pour le Pérou, le 7 avril 1833 à Bordeaux, sur le Mexicain, dont le capitaine n’est autre que Zacharie Chabrié. Elle ne rentrera d’Amérique latine que plus d’un an après. La vie déjà aventureuse de Flora s’enrichit d’une expérience unique. Après une interminable traversée, au cours de laquelle elle doit repousser la demande en mariage du capitaine, elle est reçue avec solennité puis effusion par la famille de son père à Arequipa. Elle y découvre alors une société postcoloniale bouleversée par d’incessants coups d’État, malade d’une impitoyable inégalité sociale. Choyée par sa famille, elle n’en ouvre pas moins les yeux sur les tares de ce pays, l’esclavage, le rôle néfaste de l’Église, l’abrutissement du peuple, l’aliénation des femmes, dont elle fera la matière de son livre, les Pérégrinations d’une paria. Bredouille quant à l’héritage escompté, elle se voit promettre cependant une pension par l’oncle Pio. Surtout, elle rentre enrichie d’un voyage initiatique, qui lui a permis d’élargir sa vision du monde, et de passer de ses difficultés personnelles à un point de vue plus général sur les souffrances de l’humanité.
Peu de temps après son retour en France, Flora publie une brochure, Nécessité de faire un bon accueil aux femmes étrangères, où l’on observe la maturation de ses idées, dans le sens du féminisme et de l’internationalisme : elle propose une association des femmes, afin d’obtenir la place qui leur est due, tout en prônant le socialisme et le dépassement des patries. Elle s’avise alors de rencontrer Fourier. Nous ne savons rien de cet entretien, mais elle lui écrit : « J’ose vous prier, Monsieur, de vouloir bien vous rappeler de moi lorsque le cas viendra où vous aurez besoin d’une personne dévouée, je peux vous assurer que vous trouverez en moi une force peu commune à mon sexe, un besoin de faire le bien, et une reconnaissance profonde pour tous ceux qui me procureront les moyens d’être utile. » Fourier tente de la voir par deux fois, mais sans succès. Flora, l’apprenant, lui confie, par une lettre du 11 octobre 1835, qu’elle est soumise à des « tracasseries » de famille qui l’ont empêchée de l’avertir de son déménagement de la rue Chabanais à la rue du Cherche-Midi, où elle s’est installée avec sa fille.
À Paris, Flora retombe, en effet, dans ses démêlés avec Chazal, à sa poursuite depuis deux ans. Une lettre anonyme ayant indiqué à celui-ci son adresse, il enlève Aline, qu’il a guettée dans la rue. Commence alors une longue série de disputes au cours desquelles le père et la mère tentent de s’approprier l’enfant, dans une débauche d’injures et de scènes qui les mènent au commissariat de police. Sur le conseil du substitut du roi, Aline est mise dans un pensionnat rue d’Assas à Paris, où ses parents viennent la voir à tour de rôle. Compromis fragile, puisque Chazal enlève de nouveau sa fille en juillet 1836, laquelle s’enfuit et rejoint sa mère, qui a déménagé rue du Bac.
Malgré ces désordres familiaux, Flora prend le temps de nourrir son esprit des théories socialistes de Saint-Simon, d’Owen, de Fourier. Celui-ci mort, ses disciples, comme on l’a vu, lancent La Phalange sous la direction de Victor Considérant. Flora envoie au journal une lettre qui paraît le 1er septembre 1836, où se trouve formulée une critique du fouriérisme, de son inaction, alors que la question sociale exige des résolutions concrètes. Rassurée par la considération que lui assure La Phalange en publiant sa lettre assortie d’un long commentaire, Flora, malgré ses déboires conjugaux incessants, poursuit son travail, écrit dans diverses revues, et se réjouit de voir sortir en librairie au début de 1838 ses Pérégrinations d’une paria, autobiographie doublée d’une étude sur le Pérou (qui lui vaudra la suppression de la pension de l’oncle Pio), sous l’épigraphe « Dieu, Franchise, Liberté ! ». Avec ce livre, Flora Tristan atteint une première notoriété.
Le feuilleton de la guerre conjugale n’a pas cessé pour autant. La petite Aline continue d’être ballottée entre père et mère, dans un débordement de violences affreuses, aggravées, aux dires de la petite fille, d’agression incestueuse de la part du père. Cette plainte provoque l’arrestation de Chazal qui, mortifié, rédige un mémoire où il accuse sa femme d’adultères monnayés. L’inceste n’ayant pas été prouvé, il est libéré, mais la querelle se prolonge, juridique, à propos de la demande de séparation de corps. Celle-ci est finalement prononcée par le tribunal : Ernest est confié au père, Aline sera mise dans une pension d’apprentissage choisie d’un commun accord par les parents. En fait, le jugement n’est pas exécuté, Aline reste auprès de sa mère tandis qu’Ernest est gardé par sa grand-mère maternelle. Chazal se persuade que Flora, devenue écrivain, fréquentant des gens bien placés, bénéficie d’appuis en haut lieu. Rongé par un sentiment profond d’injustice, il se met peu à peu en tête l’idée d’éliminer cette femme qui a fait son malheur. Pendant ce temps, Flora s’occupe de rédiger une pétition réclamant le rétablissement du divorce, inscrit dans le Code napoléonien, mais que la Restauration, sur proposition de Bonald, a supprimé le 8 mai 1816, ne laissant subsister que la séparation de corps. La question est devenue politique, le divorce, en France, étant un héritage de la Révolution. Un projet de loi de rétablissement a bien été accepté, sous la monarchie de Juillet, par la Chambre des députés, mais il se heurte à l’opposition opiniâtre des pairs. Flora dénonce une loi inique qui pervertit les mœurs, en s’appuyant sur son expérience personnelle : « J’ai dû très jeune encore pourvoir seule par mon travail à mes besoins, et à ceux de mes enfants. Il est rare qu’un tel fardeau n’excède pas la force des femmes. Il en est peu qui reçoivent une éducation appropriée à une profession et lorsque, sans fortune, elles sont délaissées par leurs maris ou obligées de se séparer d’avec eux, c’est à la loi qu’il faut attribuer les unions illicites qu’elles forment, puisque cette loi ne leur permet pas d’en contracter de légales qui assurent à leurs enfants la protection du père2... »
En juin 1838, Chazal achète deux pistolets, des balles et de la poudre. Mme Tristan, alertée par un ami du projet sinistre de son gendre, renvoie Ernest chez son père. Mais ce geste de bonne volonté ne désarme pas l’homme éperdu, résolu à agir coûte que coûte. Flora s’inquiète. Le 10 septembre, Chazal quitte son domicile de Montmartre, muni de ses pistolets, gagne la rue du Bac, se poste à l’affût. Ayant aperçu sa femme, il s’approche et tire ; Flora tombe, blessée. Voyant qu’il a un second pistolet, elle se relève et se jette dans une boutique, tandis qu’il est mis hors d’état de nuire par des voisins, puis arrêté par la police.
Flora Tristan a reçu une balle au-dessous du sein gauche ; elle crache le sang. Il lui faut une dizaine de jours pour être hors de danger, mais les médecins ne peuvent extraire le projectile. Le fait divers attire l’attention du public sur cette femme surprenante ; les journaux reparlent de ses Pérégrinations, dont une deuxième édition est mise en vente. Flora Tristan adresse alors à la Chambre une pétition visant à l’abolition de la peine de mort, dont Chazal est menacé3. Poursuivi pour tentative de meurtre, celui-ci comparaît les 31 janvier et 1er février 1839, devant une foule attirée par cette affaire peu commune. Chazal s’applique à lire ses arguments ; il fait pitié malgré son geste : tant de haine manifestée révèle à coup sûr un trop-plein de souffrance et d’humiliation ; en même temps, il impressionne par son calme. Il est défendu par un jeune avocat, Jules Favre, un des futurs fondateurs de la IIIe République, qui, pour l’heure, entend bien mettre Flora en mauvaise posture. Il utilise les Pérégrinations, qui salissent son client et dont certains passages tendraient à démontrer l’adultère de Flora. Elle, d’abord réservée, se dresse contre l’avocat ; le président doit intervenir avec fermeté. Des témoins viennent dire leur sympathie pour l’accusé, décrivent le caractère violent de sa femme. En vain. Chazal, après deux longues audiences, où il ne manifeste aucun remords, est condamné à vingt ans de travaux forcés, commués bientôt en vingt ans de prison. Il y a pis que les histoires de divorce : les histoires de divorce interdit. Elles se succéderont jusqu’en 1884 – année de la loi Naquet.
À trente-six ans, libérée de ses tourments conjugaux, Flora Tristan devient un des acteurs à part entière du monde littéraire parisien. Elle a publié à la fin de l’année 1838 son premier et unique roman, Méphis, qui la classe parmi les adeptes du romantisme social. Le titre du livre est emprunté au nom que l’héroïne, une belle Andalouse, donne à celui qu’elle aime, et qui lui porte le message de la rédemption de l’humanité par la Femme. D’un romanesque échevelé, l’intrigue est prétexte à une peinture sociale quelque peu manichéenne où se croisent le bon prolétaire et le méchant jésuite, l’infâme lord anglais et le cynique duc français, le petit marquis et le forçat, le mystère et la séduction, le féminisme et le mysticisme, la profession de foi et le détail autobiographique, et où les hasards et les retrouvailles fabuleuses tiennent le lecteur en haleine.
Le roman n’est certes pas sa vocation, même si l’imagination débridée de Flora Tristan, qui relaie la prédication sociale et politique, correspond au goût du jour et annonce les romans populaires de Sue et de Dumas. Son art véritable, c’est le reportage ; elle sait observer et transcrire les scènes de mœurs, les rites sociaux, les beautés et les laideurs des pays qu’elle visite. On l’a vu dans ses descriptions du Pérou ; on la retrouve dans un de ses livres les plus attachants, à la suite d’un nouveau voyage en Angleterre – le quatrième qu’elle y fait, en 1839 –, ses Promenades dans Londres, publiées en 18404. Éprise de vérité, fureteuse, Flora Tristan livre le résultat d’une enquête attentive, faite dans tous les milieux de la société anglaise, dans tous les quartiers de la capitale, sans rien cacher de ses misères et de ses turpitudes. Le tableau qu’elle trace, dans un style alerte et précis, de la société anglaise est impitoyable, mais non caricatural ou misérabiliste : la sentimentalité n’a jamais prise sur sa volonté de rigueur. L’aristocratie anglaise et son impérialisme sont mis en cause ; la condition ouvrière, sous la loi d’une division du travail « poussée à l’extrême limite », est peinte avec les couleurs les plus noires : « L’esclavage, écrit-elle, n’est plus à mes yeux la plus grande des infortunes humaines depuis que je connais le prolétariat anglais ; l’esclave est sûr de son pain toute sa vie et de soins quand il tombe malade ; tandis qu’il n’existe aucun lien entre l’ouvrier et le maître anglais. Si celui-ci n’a pas d’ouvrage à donner, l’ouvrier meurt de faim ; est-il malade, il succombe sur la paille de son grabat, à moins que, près de mourir, il ne soit reçu dans un hôpital : car c’est une faveur que d’y être admis. S’il vieillit, si par suite d’un accident il est estropié, on le renvoie, et il mendie furtivement, de crainte d’être arrêté. Cette position est tellement horrible, que pour la supporter il faut supposer à l’ouvrier un courage surhumain ou une apathie complète5. »
Son livre dénonce aussi la condition des femmes en Angleterre, quelle que soit leur classe sociale. Elle fait siennes les idées de Mary Wollstonecraft, publiées en 1792 dans son ouvrage À Vindication of the Rights of Woman : « Elle veut, pour les deux sexes, l’égalité des droits civils et politiques, leur égale admission aux emplois, l’éducation professionnelle pour tous, et le divorce à la volonté des parties. » Flora Tristan montre les fléaux de la prostitution, dont le développement est dû notamment à la loi successorale au profit des héritiers mâles, et, d’une manière générale, l’extrême misère de tant d’Anglaises. Elle n’hésite pas à décrire des scènes, dans les clubs spécialisés, où les hommes des classes dirigeantes humilient les filles de la plus vile façon : « Dans les finishes, il y a toutes sortes d’amusements... Un des plus goûtés est de saouler une fille jusqu’à ce qu’elle tombe morte ivre : alors on lui fait avaler du vinaigre, dans lequel de la moutarde et du poivre ont été délayés, et les soubresauts, les contorsions de cette malheureuse provoquent les rires et amusent infiniment l’honorable société6. »
Flora Tristan visite aussi les prisons, Newgate, Cold Bath Fields, Penitentiary ; elle retrace les avanies infligées aux détenus, s’indigne qu’on les maltraite, sans chercher à détruire les « causes qui font les criminels » : le règne méprisant de l’argent, la coexistence du luxe extrême et de la misère profonde, l’indissolubilité du mariage armant la main des époux transformés en ennemis, les « préjugés barbares et fanatiques qui poursuivent la fille devenue mère », le sort réservé aux femmes, placées « entre l’infanticide, la prostitution et le vol ».
Elle décrit avec compassion le quartier des Irlandais de la paroisse Saint-Gilles – « des hommes, des femmes, des enfants, pieds nus, piétinant la fange infecte de ce cloaque », des habitations sans porte ni fenêtre, une misère insoutenable –, pour prendre à partie Malthus et l’école des économistes anglais : « Ainsi, en Angleterre, les moralistes, les hommes d’État, dont les paroles sont écoutées, n’indiquent d’autre moyen pour sauver le peuple de la misère que de lui prescrire le jeûne, de lui interdire le mariage et de jeter dans les égouts les enfants nouveau-nés. Selon eux, le mariage ne doit être permis qu’aux gens aisés, et il ne doit exister aucun hospice pour les enfants abandonnés... »
Les Promenades dans Londres, largement commentées dans la presse, assurent une réputation de sérieux à son auteur. Deux éditions se succèdent la même année ; deux suivent en 1842, dont une, « populaire », est dédicacée aux « classes ouvrières » : « Travailleurs, c’est à vous tous et toutes que je dédie mon livre ; c’est pour vous instruire sur votre position que je l’ai écrit : donc, il vous appartient. » Flora Tristan ne réserve pas son cri d’indignation à la seule Angleterre : ce sont les prolétaires de tous les pays qu’elle entend défendre.
L’auteur de ce livre vibrant en faveur de la cause prolétarienne, qu’un journal ouvrier comme La Ruche populaire salue avec enthousiasme, est toujours une femme élégante, qui tient salon rue du Bac. Jules Janin, « le prince des critiques », la décrira ainsi peu après sa disparition : « Elle était admirablement jolie, si ces deux mots admirable et jolie peuvent aller de compagnie. D’une taille élégante et souple, d’un air de tête fier et vif, les yeux remplis des feux de l’Orient, une longue chevelure noire qui lui pouvait servir de manteau, ce beau teint olivâtre aux reflets éclatants, quand la jeunesse et l’esprit se mêlent sur cette joue ardente à tout brûler, les dents blanches, fines, agaçantes, régulières, beaucoup de grâce dans le maintien, de fermeté dans la démarche, d’austérité dans le costume : toute jeune qu’elle était, on comprenait tout de suite qu’elle ne s’inquiétait plus de plaire ou d’être trouvée belle ; c’était pour elle une émotion oubliée ou méprisée7... » Arnold Ruge, un des hégéliens allemands installés à Paris, habitué du salon de Flora Tristan, nous la décrit impérieuse, engageant chez elle de vives discussions entre écrivains, philosophes, militants, ouvriers8.
C’est alors que Flora Tristan acquiert la conviction qu’elle est prédestinée, chargée d’une mission, celle qu’annonçait Méphis dans son roman, « la femme guide de l’humanité ». Elle ne sépare pas la cause des femmes de la cause prolétarienne. Elle conçoit l’émancipation du genre humain par l’union ouvrière. Le raisonnement paraît simple : il existe des millions d’ouvriers, séparés les uns des autres, éparpillés dans l’espace et la variété des corporations ; leur condition misérable tient à cette désunion, au manque de solidarité. Il faut donc organiser la classe ouvrière. Récusant la théorie fouriériste des microsociétés, elle en appelle à un plan d’ensemble par lequel les prolétaires prendront conscience d’appartenir à une classe, désormais apte à exiger ses droits, notamment le premier d’entre eux, le droit au travail. À la misère universelle, il faut répondre par l’union universelle des ouvriers et des ouvrières – qui « a pour but : 1o de constituer l’unité compacte, indissoluble de la classe ouvrière ; 2o de rendre, au moyen d’une cotisation volontaire donnée par chaque ouvrier, l’Union ouvrière propriétaire d’un capital énorme ; 3o d’acquérir, au moyen de ce capital, une puissance réelle, celle de l’argent ; 4o au moyen de cette puissance, de prévenir la misère et d’extirper le mal dans sa racine, en donnant aux enfants de la classe ouvrière une éducation solide, rationnelle, capable d’en faire des hommes et des femmes instruits, raisonnables, intelligents et habiles dans leurs professions ; 5o de récompenser le travail tel qu’il doit l’être, grandement et dignement9 ».
Flora Tristan rejette les utopies, sans se représenter qu’elle en propose une autre dans l’ouvrage qu’elle rédige sur L’Union ouvrière. Elle raisonne par l’arithmétique : la France compte 7 ou 8 millions d’ouvriers tous emplois confondus ; si chacun d’eux accepte de verser une cotisation de 2 francs, c’est 14 millions par an qui échoient à l’Union. Lectrice de Gustave de Beaumont, l’ami de Tocqueville, auteur d’un ouvrage récent sur l’Irlande, elle y a pris l’idée de cette cotisation, grâce à laquelle les Irlandais ont pu rétribuer leur représentant au Parlement. « En venant démontrer aux ouvriers, par un calcul bien simple (leur nombre), qu’ils possédaient en eux une richesse immense, qu’ils pouvaient, s’ils veulent s’unir, faire, avec leurs liards, des millions, puis des millions ! qu’une fois en possession de ces richesses ils pourraient faire bâtir, pour eux, de vastes palais-ateliers-fermes, à l’aspect grandiose et riant, – et en leur montrant le trésor qu’ils possèdent, je les ai délivrés de l’humiliation de l’aumône, et leur ai fait entrevoir le paradis10 ! »
Ce projet d’Internationale ouvrière avant la lettre, l’auteur en fournit les détails avec précision. Les ouvriers cotisants éliront des comités dans les principales villes, comités qui, à leur tour, éliront un Comité central de 50 membres ; à ce Comité central incombera d’abord le soin d’élire le Défenseur. Celui-ci sera le représentant attitré et permanent des prolétaires. Pourvu d’un large budget, il mettra tout en œuvre pour la défense des intérêts ouvriers. Dans chaque département, on construira un Palais de l’Union ouvrière, où l’on éduquera les enfants, qui en sortiront qualifiés dans deux ou trois métiers ; où l’on soignera les vieux, les infirmes, les accidentés du travail. Apprenant ce projet, Eugène Sue s’enthousiasme, sa lettre sera reproduite dans la préface de L’Union ouvrière : « Ainsi, au moyen d’une cotisation minime, les ouvriers pourraient commencer dès aujourd’hui à jeter les bases d’un de ces édifices parfaitement décrits par vous, Madame : vastes établissements où les enfants trouveraient l’instruction professionnelle et les vieillards un traitement honorable... Je puis vous assurer, Madame, que plusieurs de mes amis et moi serions fiers et heureux d’apporter à cette louable entreprise nos profondes sympathies, notre ardent concours, et les moyens pécuniaires dont nous pourrions disposer comme souscripteurs... »
La première souscription concerne donc l’édition de L’Union ouvrière, pour laquelle, on l’a dit, Eugène Sue se montre fort généreux. Elle lui écrit : « Venez me voir, en ce moment je présente un phénomène curieux – Je suis heureuse, bien heureuse ! plus heureuse que jamais Ste Thérèse ne l’a été !... J’ai la conscience que je viens de faire une bonne action, une grande œuvre – Je viens de faire œuvre utile à mes frères. – Un amour insensé, un amour saint, pur, calme, réparateur m’embrasse, m’inonde, me donne une vie plus qu’humaine11. » D’autres souscripteurs valent d’être signalés : Hortense Allart (l’amie de Chateaubriand), Virginie Ancelot, Béranger, Louis Blanc, Victor Considérant, Louise Colet, Marceline Desbordes-Valmore, Firmin Didot, Marie Dorval, Frédérick Lemaître, Constantin Pecqueur, Agricol Perdiguier (l’auteur des Mémoires d’un compagnon), Pauline Roland, George Sand, Gustave de Beaumont, Victor Schoelcher...
Ayant jugé indispensable de donner un hymne à l’Union ouvrière, Flora Tristan s’adresse à Béranger, qui la reçoit aimablement dans sa demeure de Passy. Flora relate l’entretien dans son Journal du 23 mars 1843 : « Un vieux monsieur de soixante à soixante-cinq ans, en robe de chambre et bonnet grec... Comme traits, M. Béranger est fort laid. Toute son encolure est commune ; cependant, quand il parle, il a beaucoup de finesse dans sa bouche, mais ses yeux sont tout à fait désagréables et il a ce qu’on appelle un regard découvert. Son nez et sa joue tout bourgeonnés lui donnent l’air d’un ivrogne. Il faut en convenir, cette enveloppe est peu poétique12... » Le portrait n’est guère flatteur, et la démarche, malgré toute la « bonhomie » du chansonnier, se révèle vaine : depuis longtemps, lui dit-il, il n’a plus beaucoup d’inspiration. Flora se retourne vers Lamartine, qui répond aimablement, mais sans donner suite. En définitive, ce n’est pas un hymne mais trois que Flora Tristan reçoit : « L’Union » de Ch. Poncy, ouvrier maçon ; « La Marseillaise de l’atelier » de M. Gallinove, peintre ; « La Marseillaise de l’Union ouvrière » de M. Léclair, étudiant.
Strophes et refrains de ces chansons ne valent pas tripette, mais leur esprit est parfaitement en accord avec la pensée de Flora Tristan, son socialisme humanitaire, fort éloigné de la théorie de la lutte des classes. L’auteur, en lançant son ouvrage, n’hésite pas, du reste, à faire appel tous azimuts. D’abord au roi Louis-Philippe : « Comme chef de l’État, vous pouvez donner une éclatante marque de votre sympathie et de gratitude à L’Union ouvrière, comme une marque de sympathie et de votre gratitude pour la classe la plus nombreuse et la plus utile, un de vos plus beaux domaines, pour qu’elle y bâtisse son premier palais. » Le roi ne répond pas. Flora Tristan se tourne vers le clergé : « Vous qui du haut de votre chaire pouvez parler aux riches et aux pauvres, prêchez donc aux uns la justice et aux autres l’union. Seulement, comprenez bien que les prolétaires ne demandent pas l’aumône aux dix millions de propriétaires. Non, ils réclament le droit au travail. » Elle lance aussi un Appel à la noblesse française, à sa « générosité de cœur [qui] tient de race, comme la bravoure et l’élégance des manières... ». Enfin, elle s’adresse aux chefs de l’industrie : « L’Union ouvrière, animée de sentiments purement fraternels et d’intentions toutes pacifiques, a lieu de pouvoir compter sur l’appui de messieurs les patrons. Aussi vient-elle en toute confiance leur demander leur patronage réel et leur coopération active. Si messieurs les patrons voulaient offrir à L’Union ouvrière des dons, soit en argent, soit en nature, leurs offrandes de quelque espèce qu’elles fussent, seraient reçues avec reconnaissance. »
On ne s’étonnera pas que Karl Marx et Friedrich Engels, si prompts à honorer la mémoire de Saint-Simon et de Fourier, ne disent mot sur Flora Tristan. D’une part, son socialisme humanitaire est étranger à la lutte des classes, dont ils feront, dans leur Manifeste, la clé de l’histoire ; d’autre part, il est marqué d’un esprit religieux et mystique incompatible avec leur matérialisme13. Flora Tristan, du reste, ne se pose pas en révolutionnaire : « Par instinct, par religion, écrit-elle, je proteste contre tout ce qui émane de la force brutale, et je ne veux pas que la société soit exposée à souffrir de la force brutale laissée entre les mains du peuple, pas plus que je ne veux qu’elle ait à souffrir de la force brutale laissée entre les mains du pouvoir. » Cependant, et sur ce point, Marx et Engels oublient leur dette envers elle, Flora Tristan a préconisé avant eux et avant leur Manifeste la constitution des ouvriers en classe distincte, en prônant leur union dans un parti prolétarien.
Un autre élément du socialisme de Flora Tristan a pu la rendre suspecte aux yeux du courant marxiste : son attachement indéfectible au principe de liberté. Dans L’Union ouvrière, elle prend ainsi ses distances face aux saint-simoniens : « J’achève la lecture du livre que M. Enfantin vient de publier (Colonisation de l’Algérie) ; ma surprise, je l’avoue, a été grande, ma douleur profonde, en voyant comment, en 1843, douze ans après les réunions de la rue Monsigny, M. Enfantin comprend l’organisation du travail. Pourra-t-on le croire ? Aujourd’hui, pour M. Enfantin, l’organisation du travail consiste tout simplement à enrégimenter les ouvriers d’une manière régulière. Dans l’esprit de M. Enfantin, le mot organisation du travail a la même signification que : organisation de l’armée. Une telle manière de voir est vraiment inqualifiable ! Dieu vous garde, ouvriers, d’une semblable organisation ! Oh ! que la classe la plus nombreuse périsse de misère et de faim plutôt que de consentir à se laisser enrégimenter, c’est-à-dire à échanger sa liberté contre la sécurité de la ration ! » Nous retrouvons ici le débat qui s’instaure au cœur du socialisme, au moment même de sa naissance : Flora est de ceux qui refusent le principe d’autorité pour organiser le travail et la classe ouvrière, l’émancipation des travailleurs devant être le fait – stricto sensu – des travailleurs eux-mêmes.
Encore faut-il convaincre les travailleurs de la nécessité impérative de leur union : Flora Tristan prend son bâton de pèlerin et quitte Paris en avril 1844, pour un tour de France où elle va s’employer avec une impétuosité apostolique à gagner à sa cause les esprits ensommeillés : « Le 12 avril, à quatre heures du matin, écrit-elle dans son Journal, je me suis levée pour entreprendre la belle et noble mission pour laquelle Dieu dans sa toute bonté m’a choisie. Je sentis en moi comme une grâce divine qui m’enveloppait, me magnétisait et me transportait dans une autre vie. Je ne trouve pas d’expression qui peigne exactement ce qui se passait en moi. C’était quelque chose de grand, de sublime, de religieux, c’était pour ainsi dire un enthousiasme porté à son apogée, et par cela même arrivé à cet état surhumain : le calme... Lorsque le bateau à vapeur s’éloigna et que je perdis Paris de vue, une voix intérieure me disait : aie confiance dans ta mission, et, après avoir semé ta pensée à Paris, la tête de la France, pars semer dans ses membres, les villes éloignées, cette grande pensée régénératrice, le droit au travail ! »
D’avril à novembre 1844, Flora Tristan parcourt la France : Auxerre, Dijon, Chalon-sur-Saône, Mâcon, Lyon, Roanne, Saint-Étienne, Avignon, Marseille, Toulon, Nîmes, Carcassonne, Béziers, Toulouse, Agen, Bordeaux... Partout, elle distribue des prospectus, vend pour 10 sous ses exemplaires de L’Union ouvrière, réunit des ouvriers, sans négliger de rendre visite aux notables et aux gens d’Église, se heurtant ici au préfet, là aux commissaires de police. À Lyon, le procureur général ordonne une perquisition et fait saisir des documents ; dans son rapport au garde des Sceaux, il écrit : « Mme Flora Tristan, auteur d’un livre publié cette année à Paris sous le titre d’Union ouvrière, s’est proposée de parcourir les départements pour travailler activement à la réalisation des doctrines et des projets exposés dans son livre. Ses doctrines, d’une expression incomplète et voilée, reproduisent la chimère du communisme et de la réhabilitation de la femme14. » Lyon est cependant l’étape la plus enthousiasmante pour Flora Tristan ; elle y fait la connaissance d’Éléonore Blanc, une jeune blanchisseuse qu’elle convertit à ses thèses, et à propos de laquelle Flora n’hésite pas à consigner dans son Journal : « Il se passe entre Éléonore et moi ce qui se passait entre Jésus et saint Jean. »
Cependant, ce périple met à mal la santé de la missionnaire, qui arrive à Bordeaux épuisée. La maladie a raison de son énergie, elle doit s’aliter. Éléonore Blanc fait le voyage de Lyon à Bordeaux pour s’asseoir à son chevet, où d’autres amis la relaient, notamment un couple de saint-simoniens, Charles et Élisa Lemonnier. Flora Tristan succombe le 14 novembre 1844, à quarante et un ans. Sa dépouille est portée en terre, le 16, par des ouvriers, au cimetière des Chartreux de Bordeaux. La presse rend largement compte de ces obsèques. Victor Considérant, le 18 novembre, fait l’éloge, dans La Démocratie pacifique, de la défunte, « victime d’une conviction sainte... qui se jetait en avant, suivant sa propre expression, en vedette perdue de l’armée sociale, pour reconnaître et éclairer le terrain ! Ce dévouement hardi et puissant, cette noble témérité, ce rude apostolat terminé par une mort de martyre étaient une anomalie étrange dans un siècle égoïste, qui ne comprend pas les ardeurs d’une foi généreuse, et qui n’y répond trop souvent que par l’ironie ou l’outrage ».
Peu après l’inhumation, un comité ouvrier de Bordeaux lance une souscription pour un monument funéraire. Un de ceux qui ont pris l’initiative, le menuisier Maigrot, s’adresse à plusieurs personnalités. Eugène Sue est le premier à répondre. Le monument érigé à Bordeaux – « une colonne brisée entourée d’une guirlande de chêne tenue par une main, comme symbole de la force des classes laborieuses » – sera inauguré le 22 octobre 1848.
1. J.-L. Puech, La Vie et l’Œuvre de Flora Tristan, Marcel Rivière, 1925, p. 135, et J. Baelen, La Vie de Flora Tristan. Socialisme et féminisme au XIXe siècle, Seuil, 1972, p. 173.
2. J.-L. Puech, op. cit., p. 348-349.
3. Pétition pour l’abolition de la peine de mort à la Chambre des députés, le 10 décembre 1838, Imprimerie de Mme Huzard. Texte accompagné d’une lettre de Flora Tristan « à Messieurs les Membres de la Chambre des Députés », 19 décembre 1838. AN, Ch. des D. Pétition no 135, no 70.
4. F. Tristan, Promenades dans Londres, édition établie et commentée par F. Bédarida, François Maspero, 1978.
5. Ibid., p. 115.
6. Ibid., p. 130.
7. « Madame Flora Tristan », par Jules Janin, La Sylphide, 5 janvier 1845, cité par J.-L. Puech, op. cit., p. 118-119.
8. J.-L. Puech, op. cit., p. 120.
9. F. Tristan, L’Union ouvrière, 2e édition, Imprimerie Worms et Cie, 1844, p. 18.
10. Préface à la seconde édition de L’Union ouvrière, ibid.
11. F. Tristan, Lettres, réunies, présentées et annotées par S. Michaud, Seuil, 1980, p. 166.
12. Cité par J. Baelen, op. cit., p. 174.
13. M. Rubel, « Flora Tristan et Karl Marx », La Nef, janvier 1946.
14. Le texte intégral de ce rapport est reproduit par S. Michaud, op. cit., p. 197-199.