1883, Essais de psychologie contemporaine, de Paul Bourget.
1884, À rebours, de Joris-Karl Huysmans.

39

Le grand air de la décadence

Vers 1880, au moment où triomphent Les Rougon-Macquart de Zola, la France littéraire est en proie à une crise de pessimisme. Déjà, les lendemains de la défaite et de la Commune avaient engendré l’inquiétude : La Réforme intellectuelle et morale de la France de Renan et Les Origines de la France contemporaine de Taine exprimaient le désenchantement et le mal spécifiquement français que les deux auteurs néotraditionalistes attribuaient à la montée en puissance de la démocratie. Malgré tout, les années 1870 ont surtout été marquées par l’optimisme républicain : le paiement du tribut de guerre imposé par l’Allemagne bismarckienne est effectué plus vite que prévu, le territoire est bientôt libéré de l’occupation étrangère, et la lutte même que les républicains ont à mener contre les monarchistes au pouvoir – couronnée de victoires successives, jusqu’à la démission de Mac-Mahon en 1879 – crée un dynamisme politique, en même temps que l’esprit national se trouve galvanisé par l’idée de la Revanche. Mais à peine le régime est-il installé que reparaissent frustrations, insatisfactions, voire franches déceptions : comme la République – on en fait le constat amer – était « plus belle sous l’Empire », dans l’idéal de ses partisans, que dans la triviale réalité des coalitions ministérielles ! On a vu Zola lui-même, pourtant républicain de longue date, s’en prendre aux pères fondateurs de la IIIe République, rivés, selon lui, aux chimères d’un idéalisme suranné, incapables d’assimiler les leçons de la science moderne. Du moins Zola garde-t-il un optimisme foncier quant au destin de la France. C’est cette confiance qui se lézarde dans bien des esprits au début des années 1880.

Le pessimisme gagne d’abord les vaincus de l’Histoire, partisans des régimes d’autorité, monarchistes de toute obédience, adversaires de la démocratie. Un livre, Le Problème de la France contemporaine, de F. Lorrain, paru en 1879, analyse tous les méfaits du récent triomphe républicain : la France, démantelée par la Révolution, n’est plus qu’une « société dissoute ». Seul, « un pouvoir fort, personnel et héréditaire peut réformer la France1 ». À la mort du comte de Chambord, l’héritier du trône, en 1883, l’écrivain Melchior de Vogüé exprime, quant à lui, sur le ton élégiaque, le désarroi de tous ceux qui avaient accroché leurs espérances à une restauration des Bourbons : « Dans quelques heures, à Froshdorf, la dernière épopée finira, on clouera dans un cercueil le drapeau blanc, la tradition de mille ans, le trône très chrétien, le trône de Saint Louis et de Louis le Grand. Et nous n’avons plus un Bossuet ni un Chateaubriand pour dire ce qu’il faudra dire sur cette tombe ! Nous n’avons plus un poète pour graver l’épitaphe2 ! »

Ces complaintes nostalgiques ne perturbent guère l’esprit public. Autrement significatifs sont les signes d’inquiétude ou de pessimisme venus du camp républicain lui-même. Ainsi, dès 1881, dans un ouvrage intitulé Le Péril national, un républicain convaincu, Raoul Frary, pose carrément la question : « Sommes-nous en décadence ? »

L’auteur, au contraire de Renan et de Taine, ne fait pas de la décadence une conséquence de la démocratie. Ni la victoire populaire de 1848, ni le suffrage universel, ne sont responsables du déclin. Sans doute débusque-t-il le vice fondamental de la démocratie dans sa tendance à la démagogie, au détriment de l’intérêt général à long terme, lequel exige sacrifices et discipline. Mais, au bout du compte, son œuvre reste une ode à la démocratie qui, « de tous les systèmes de gouvernement », est « celui qui développe le mieux, chez tous les hommes, toutes les facultés qui sont le propre de l’homme ». Propos banal et, au total, officiel dans la République libérale qui vient de s’installer en France. L’intérêt du discours est ailleurs : même ce républicain fervent n’échappe pas à l’angoisse de la décadence. Après avoir réfuté les mauvais exemples, les fausses preuves d’une prétendue décadence immédiate, il passe en revue trois « motifs d’inquiétude » : démographique, politique et, enfin, moral.

Premier symptôme : la diminution de la fécondité. On se souvient que, sous le Second Empire, Prévost-Paradol avait déjà alerté ses contem porains sur la question. Frary, à son tour, perçoit un phénomène, que la démographie s’efforcera de chiffrer plus tard : la décrue relative de la population française, qui compte alors 36 millions d’habitants (après la perte de l’Alsace-Lorraine). Alors que, de 1872 à 1877, les naissances se maintiennent au niveau d’un million par an, la courbe s’infléchit ensuite inexorablement jusqu’à la Première Guerre mondiale. Aux effets négatifs d’une mortalité aggravée entre 1846 et 1871 par les crises, les épidémies, les guerres civile et étrangère, ont succédé ceux d’une baisse générale de la natalité. Du seul fait de l’excédent des naissances sur les décès, la population de la France augmentait sous la Restauration d’environ 200 000 chaque année. Au début de la IIIe République, la croissance n’atteint pas 100 000 par an. À plusieurs reprises, entre 1890 et la fin du siècle, le pays connaîtra des soldes négatifs3. Frary ne connaît pas ces chiffres, mais il observe empiriquement une décroissance : « La France manque de cadets. » Ajoutant : « C’est dans les familles nombreuses que fleurit l’esprit d’aventure. Là où les enfants abondent, il se forme sans cesse des essaims qui, pareils au printemps sacré des peuples barbares, vont au loin propager la race, le nom et la langue4. » D’où vient ce déclin de la fécondité en France ? Certains contemporains incriminent le Code civil qui a mis fin au droit d’aînesse et à la liberté de tester : en exigeant l’égale répartition de l’héritage, il encourage le chef de famille à réduire sa progéniture, afin de ne pas diviser la propriété. Selon Frary, la chute de la fécondité tient d’abord aux mœurs, au recul du mariage, au développement ou au prolongement du célibat. Ce n’est pas la misère qui provoque la stérilité, mais la prévoyance, l’esprit d’économie. La baisse du sentiment religieux aussi : la Bretagne, pauvre et catholique, continue à s’accroître, tandis que la Normandie, plus riche mais aussi plus détachée de l’Église, voit sa population diminuer. Moins d’enfants, moins d’hommes mobilisables en cas de guerre, moins de bras pour travailler, autant de facteurs d’affaiblissement de la France face à une Allemagne puissante et jeune, dont la croissance démographique ne se dément pas.

Deuxième motif d’inquiétude : l’instabilité politique : « On ne renverse pas un gouvernement, qu’il s’agisse d’une république ou d’une monarchie, écrit encore Frary, sans bouleverser la vie d’une multitude de particuliers. La catastrophe coûte parfois beaucoup de sang ; une longue agitation la précède ou la suit. Les affaires s’interrompent, le commerce languit, les métiers cessent de battre. [...] Après ces grandes secousses, les choses reprennent malaisément leur aplomb. Les passions déchaînées ne se trouvent point satisfaites ; les vainqueurs enivrés s’estiment trop peu vengés ou trop peu nantis. Les alliés dont on s’est servi veulent être payés ; les espérances déçues tournent en fureur. » Cette belle rhétorique latine se réfère à des faits bien réels : depuis la mort de Louis XVI, la France a vu se succéder en quatre-vingts ans à peine pas moins de 9 régimes, succession trépidante qui s’achève (espérons-le, dit l’auteur) par la fondation laborieuse de la IIIe République. Certes, les révolutions ont leurs mérites ou leurs justifications, mais le résultat le plus funeste de leur fréquence, « c’est que le pouvoir sans cesse menacé songe moins à faire les affaires du pays qu’à se maintenir ; c’est qu’il tremble devant l’opinion publique, et craint trop de déplaire, de même qu’il se propose presque uniquement, non de rendre des services, mais de gagner les cœurs ». Frilosité de la majorité, irresponsabilité de l’opposition, sont devenues les tares de la vie politique. En quête de popularité, l’une et l’autre rivalisent dans le manque de courage face à l’électorat. Ainsi, dans le domaine militaire, les thèses du pacifisme sont toujours plus populaires que celles de la vigilance armée.

Troisième motif d’inquiétude pour Frary : les progrès du scepticisme religieux et moral. D’un côté, une Église qui surcharge la liste des dogmes ; de l’autre, un examen critique et libéral qui a laissé place à la « négation absolue ». « La vie, écrit-il, devenant à elle-même son propre but, la mort serait le plus grand des maux ; les seuls sacrifices raisonnables seraient ceux dont on pourrait être payé, et la loi générale de l’humanité ne serait que l’égoïsme bien entendu. »

Frary a beau écrire, en concluant ce chapitre, qu’il ne croit pas en la décadence, qu’il ne faut pas insulter l’avenir, que ce siècle est « un siècle de transition », il n’empêche : son livre est un symptôme, l’optimisme républicain a terni. On peut en avoir confirmation à travers d’autres publications de l’époque, par exemple l’évolution de La Nouvelle Revue de Juliette Adam, définie par l’Annuaire de la presse de 1881 comme « nettement républicaine et progressive ».

De son nom de jeune fille Juliette Lamber, la future Mme Adam est née en 1836 en Picardie, d’un père médecin, agnostique et socialiste, et d’une mère catholique pratiquante. Celle-ci, pour la faire baptiser, doit se cacher de celui-là, qui marque profondément l’éducation de sa fille. Mariée à quinze ans à un avocat positiviste, Le Messine, elle est introduite très tôt dans un milieu d’écrivains et d’artistes hostiles à Napoléon III. En 1858, à la suite d’une lecture de Proudhon, révoltée par les attaques contre George Sand et Daniel Stern (Marie d’Agoult), elle réplique par un ouvrage, Les Idées antiproudhoniennes, dont la presse se fait largement l’écho. Désormais familière du salon de Marie d’Agoult, elle se lie d’amitié à un certain nombre d’opposants républicains à l’Empire, comme Jules Grévy ou Charles Floquet. Elle ouvre son propre salon en 1864, où se retrouvent notamment Camille Pelletan, Hippolyte Carnot, Emmanuel Arago, Sully Prudhomme, et Edmond Adam, qu’elle épouse en secondes noces en 1868. La même année, son salon, transporté de la rue de Rivoli au boulevard Malesherbes, devient célèbre ; elle y accueille Léon Gambetta, dont elle sera l’égérie5 : « Adam et moi, nous n’avons pas d’autre espoir, pas d’autre culte que Gambetta. Il est pour nous la personnification même de la France, l’expression vivante et agissante de notre relèvement, de nos certitudes républicaines et nationales. » Après l’Année terrible, toujours dévouée à Gambetta, elle attire dans son salon tout ce qui s’oppose à l’Ordre moral. En 1879, après la mort de son mari, elle réalise l’ancien projet de lancer un périodique : ce sera La Nouvelle Revue, que son ami Flaubert encourage, en lui donnant les chapitres de son ultime ouvrage, inachevé, Bouvard et Pécuchet. Mme Adam monte son affaire, conseillée par Girardin, en faisant appel à des souscripteurs et à l’éditeur Calmann-Lévy, elle-même étant actionnaire. Un rien brouillée avec Gambetta, coupable à ses yeux d’avoir mis la Revanche entre parenthèses, elle fait de sa revue le support intellectuel de cette cause. Hostile à Bismarck, fidèle à l’Alsace-Lorraine, favorable à l’alliance franco-russe, La Nouvelle Revue affiche d’emblée son nationalisme avant la lettre. Le poète patriote Paul Déroulède en est, avec quelques écrivains et artistes de renom, Francisque Sarcey, Camille Saint-Saëns, Émile Littré... Juliette Adam tient elle-même la chronique de politique extérieure, tandis que Raoul Frary s’occupe, avec d’autres, de la politique intérieure. Chez tous ces auteurs se mêlent l’optimisme républicain et la hantise de la décadence.

Foncièrement antigermanique en politique extérieure, anticléricale en politique intérieure, La Nouvelle Revue se distingue du courant gambettiste, dont elle est originaire, par son antiparlementarisme. La victoire des républicains, avant d’ouvrir l’ère des réformes, satisfait d’abord le goût du pouvoir des opportunistes. Les ambitions personnelles et partisanes priment sur l’intérêt national. Plus grave, la revue, gagnée par le scientisme et le darwinisme, adhère de plus en plus à une conception organiciste de la société, en contradiction avec les idéaux des Lumières et de la Révolution. La notion de race, de moins en moins innocente, est accréditée par la revue. Jules Soury, professeur de psychologie physiologique à l’École des hautes études, y prône un déterminisme héréditaire et racial. Et la revue d’exalter l’héritage latin, la solidarité des races latines, face aux Anglais et aux Allemands. Bien avant Édouard Drumont, dont La France juive paraîtra en 1886, la publication de Mme Adam prône un antisémitisme qui confond le juif et l’Allemand. Anticléricale, La Nouvelle Revue ne reprend pas les termes de l’antijudaïsme chrétien, mais adhère aux idées reçues de l’antisémitisme économique et socialiste, faisant des juifs un État financier dans l’État politique. Ainsi, cette revue républicaine en vient à dénoncer l’influence juive comme responsable du déclin de la France. Son évolution postérieure conduira Juliette Adam et sa publication dans le camp du nationalisme antidreyfusard, comme ce sera le cas de Rochefort et autres anciens communards, en lutte contre les républicains modérés. Mais avant même cette dérive future, La Nouvelle Revue atteste, dès le début des années 1880, le malaise du camp républicain, dont certains courants confluent avec ceux de droite dans l’idéologie de la décadence6.

Juliette Adam accueille tout naturellement dans son périodique les essais de Paul Bourget, dont les études littéraires théorisent avec talent cette notion de décadence. Bourget a alors trente et un ans. Professeur de lettres dans une institution privée, il a d’abord fait éditer des vers sans attirer vraiment l’attention, ainsi que des romans marqués par un déterminisme implacable. Ce sont ses Essais de 1883 – parus d’abord dans des publications comme La Nouvelle Revue – qui le font sortir de l’obscurité : médiocre poète, il s’impose, en disciple de Taine, comme un critique d’une belle rigueur7. À propos de Baudelaire, l’un des dix auteurs étudiés (Baudelaire, Renan, Flaubert, Taine, Sten dhal, Alexandre Dumas fils, Leconte de Lisle, les Goncourt, Tourgueniev et Amiel), Bourget expose sa théorie de la décadence. Assimilant la société à un organisme – fédération et hiérarchie de cellules –, il note : « Si l’énergie des cellules devient indépendante, les organismes qui composent l’organisme total cessent pareillement de subordonner leur énergie à l’énergie totale, et l’anarchie qui s’établit constitue la décadence de l’ensemble. » Dans l’organisme social, il y a décadence lorsque « la vie individuelle s’est exagérée sous l’influence du bien-être acquis et de l’hérédité ». L’étiologie de la décadence peut utiliser d’autres concepts : dissolution, dissociation, anomie (terme proposé plus tard par Durkheim), mais l’important est son contraire, la représentation d’une société organique, dont tous les éléments tiennent dans un ensemble cohérent et hiérarchisé comme un corps humain. L’idée était déjà forte chez Auguste Comte, en quête d’une nouvelle phase organique, ouvrant l’ère positive. Elle sera plus tard une des pierres de touche du courant nationaliste (avec Barrès, Maurras). Paul Bourget la remet au goût du jour dès les années 1880. Comme chez Renan – qui a été bien plus diffusé que Gobineau, l’auteur de l’Essai sur l’inégalité des races humaines –, Bourget considère, d’autre part, qu’une société donnée est toujours en lutte « pour l’existence dans la concurrence des races ». À cet effet, elle doit produire « beaucoup d’enfants robustes », dont la vocation est de devenir « de braves soldats ». De même que le refus de la paternité et la haine de la rudesse militaire ont eu raison de l’Empire romain, le civisme est désormais remplacé par le scepticisme, l’esprit de jouissance, le dilettantisme. Cette mutation, note-t-il avec une gourmandise de romancier, n’est pas sans charme : il y a toujours quelque chose d’exquis dans les décadences, quand les préjugés s’effacent devant les tolérances de toute sorte, le relativisme, et le goût du rare face à la brutalité des Barbares. La déliquescence d’Athènes est plus raffinée que la force brute du Macédonien. Or la France est en proie à ce charme ravageur.

Dans la préface qu’il donne à la réédition de ses Essais en 1885, le romancier analyse les origines d’une décadence bien antérieure à la défaite de 1871. Les responsables ? Toutes ces grandes œuvres littéraires, dont se sont nourries les générations nouvelles, qui ont distillé le pessimisme actuel, cet « esprit de négation et de dépression ». Romans désenchantés et poèmes amers, les œuvres de Flaubert ou de Baudelaire, entre autres, ont préparé le terrain. « Le résultat de cette minutieuse et longue enquête, écrit Bourget, est mélancolique. Il m’a semblé que de toutes les œuvres passées en revue au cours de ces dix essais, une même influence se dégageait, douloureuse et, pour tout dire d’un mot, profondément, continûment pessimiste. » Abreuvée de ces œuvres délétères, une génération entière, la sienne, est atteinte d’« une mortelle fatigue de vivre », d’« une morne perception de la vanité de tout effort » : l’« à-quoi-bon ? » est devenu la norme.

Les prémisses de la maladie remontent, selon Bourget, aux premières années du Second Empire : alors, déjà, se faisaient sentir les effets du dandysme, du cosmopolitisme, des séductions de l’exotisme, les perversions et les impuissances de l’amour moderne « sous la pression de l’esprit d’analyse, des produits de la science sur des imaginations et des sensibilités diverses », le conflit entre la démocratie et la haute culture. Depuis, le mal s’est encore aggravé : « Plus que jamais l’abus de la compréhension critique multiplie autour de nous les dilettantes, comme la facilité des voyages cosmopolites. Plus que jamais la vie de Paris permet aux jeunes gens de compliquer leurs expériences sentimentales, et plus que jamais la démocratie et la science sont les reines de ce monde moderne qui, jusqu’à présent, n’a pas trouvé de procédé pour alimenter à nouveau les sources de vie morale qu’il a taries. Ajoutez à cela que la génération nouvelle a grandi parmi des tragédies sociales inconnues de celle qui la précédait. Nous sommes entrés dans la vie par cette terrible année de la guerre et de la Commune, et cette année terrible n’a pas mutilé que la carte de notre pays, elle n’a pas incendié que les monuments de notre capitale ; quelque chose nous en est demeuré, à tous, comme un premier empoisonnement qui nous a laissés plus dépourvus, plus incapables de résister à la maladie intellectuelle où il nous a fallu grandir. »

Avant l’événement, la guerre, la révolution parisienne, cette « année terrible » dont le choc n’a pas fini de retentir, il y a donc eu, écrit Bourget, l’intoxication littéraire de toute une génération par les maîtres qu’elle a eus, et qu’elle reproduit à sa manière. De l’analyse de Bourget, l’historien retiendra la souffrance, le désarroi, d’une génération face à la dissociation d’une société traditionnelle, marquée par l’unité de la foi, la stabilité politique, la hiérarchie sociale, l’enracinement. L’éclatement de cette société, dont les dogmes ont été remis en cause par la science, dont le paysage a été adultéré par l’urbanisation et les influences étrangères (le cosmopolitisme), dont l’ordre a été bouleversé par la démocratie, a laissé les âmes orphelines et les esprits sceptiques. Alors qu’Auguste Comte, au milieu du siècle, prédisait la nouvelle synthèse de l’âge positif, Paul Bourget, trente ans plus tard, ne voit rien à l’horizon qui recompose la société sur un axe visible. Les Lumières se sont éteintes, nous voilà revenus aux vieux dogmes de la Chute, réactivés par la science. Mais sans rien qui la compense, puisque – selon Nietz sche, encore ignoré des Français – Dieu est mort.

 

Dans cette préface de 1885, Bourget cite le nom d’un jeune écrivain qui lui semble exprimer au mieux ce mal du siècle : Joris-Karl Huysmans, auteur d’À rebours, dont la publication en 1884 a fait sensation. Né en 1848 d’un père hollandais et d’une mère française, il aura la coquetterie de donner à ses prénoms Georges Charles une forme hollandaise, peut-être en hommage à son père, mort prématurément, et par haine du second mari de sa mère. Après une enfance chagrine, au bout de laquelle il obtient son baccalauréat, Huysmans entre comme employé au ministère de l’Intérieur, tout en prenant ses inscriptions à la faculté des lettres et à l’École de droit. Il mène alors une vie de bohème, habitué des bouillons piteux et familier des amours ancillaires. Mobilisé comme garde mobile pendant la guerre de 1870, il n’a pas eu l’occasion de combattre, se trouvant éloigné du feu, d’abord par une dysenterie, une convalescence, puis par une affectation au ministère de la Guerre. Revenu à son ministère de l’Intérieur une fois démobilisé, il n’a qu’une aspiration : écrire. Il commence par un recueil de poèmes en prose, Le Drageoir à épices, imprimé à ses frais par la maison Dentu, qui en vend quatre exemplaires en un mois. Mais Huysmans sait se faire des amis, gagner à sa cause des protecteurs ; quelques-uns de ses poèmes sont accueillis par des journaux. Son modèle littéraire est alors Goncourt, comme en témoigne son premier roman paru en 1876 : Marthe conte les amours entre un journaliste veule et une souillon castratrice. Une histoire misérable mais doté du fameux « style artiste », rare, baroque, qui le distingue déjà. L’ouvrage, imprimé en Belgique, est interdit dans la France de l’Ordre moral. Le jeune romancier peut tout de même offrir un exemplaire de son livre à Zola, lequel, après lecture, lui prédit qu’il sera « sûrement un de nos romanciers de demain ». C’est ainsi que Huysmans entre dans le groupe naturaliste. Il rédige une série d’études sur L’Assommoir, qui, reprises en brochure sous le titre Émile Zola et « L’Assommoir », deviennent un des manifestes du mouvement. C’est encore à Émile Zola qu’il dédie son nouveau roman, Les Sœurs Vatard, sorti en février 1879. Encore les amours malheureuses de deux jeunes ouvrières. Soutenu à fond par Zola dans Le Voltaire, l’auteur est éreinté par le reste de la critique, qui l’accuse notamment de calomnier la classe ouvrière : une répétition du scandale de L’Assommoir.

Familier de Zola, il est introduit par celui-ci au Voltaire comme critique d’art et fait scandale par la virulence de ses attaques contre les poncifs de la peinture officielle. Quand Zola regroupe les nouvelles de ses amis dans Les Soirées de Médan, Huysmans lui donne un des textes qui seront les plus commentés, Sac au dos, souvenirs sans complaisance de la guerre, jugé antipatriotique et obscène. Puis il rend compte dans La Réforme du Salon de 1880 : toujours acharné contre l’art académique, il défend les Impressionnistes et les Indépendants, réservant une place à part à Gustave Moreau, dont la peinture baroque, fantastique, « ces féeries écloses dans le cerveau d’un mangeur d’opium », ne cessera de le hanter.

Son œuvre romanesque qu’il poursuit sous les couleurs du naturalisme et avec la protection et l’amitié de Zola est bien de nature à conforter les arguments de Paul Bourget : le pessimisme y préside et tourne en nihilisme. Dans les deux romans qui suivent, En ménage (1881) et À vau-l’eau (1882), il retrace la vie quotidienne de personnages falots, célibataires en quête de restaurants miséricordieux pour leurs estomacs fragiles, amoureux déçus, maris bafoués, anti-héros d’existence morne, femmes méchantes et filles malpropres (la misogynie de Huysmans est une constante), le crève-cœur des existences grises, la turpitude ordinaire, les effluences putrides des taudis, le fiel des ratés, les misères d’une existence sans but, sans joie, sans rien, au point que le héros d’À vau-l’eau, Folantin, fait sien cet apophtegme : « Seul, le pire arrive. » Un de ses personnages pitoyables se console de ses tourments avec les maximes de Schopenhauer. De fait, les Aphorismes du philosophe allemand viennent d’être traduits en 1880 ; comme bien d’autres, Huysmans en apprécie l’âcre saveur, la vision du monde désenchantée. Il l’écrit à Zola : « Je sais bien que vous ne croyez pas au pessimisme et que la préface de Bourdeau aux Pensées de Schopenhauer déclare que cet homme prodigieux avait la crainte de la mort – mais la théorie est plus haute, passe au-dessus de l’homme qui n’appliquait pas à lui-même ses idées ; mais, dans l’impossibilité où les gens intelligents se trouvent de croire au catholicisme, ces idées sont, à coup sûr, les plus consolantes, les plus logiques, les plus évidentes, qui puissent être. Au fond, si l’on n’est pas pessimiste, il n’y a qu’à être chrétien ou anarchiste ; un des trois pour peu qu’on y réfléchisse8. » La réponse à la tentation du nihilisme sera effectivement pour maint écrivain de l’époque la conversion ou le retour à la foi chrétienne : Bloy, Claudel, Bourget, Huysmans lui-même... La grande vague n’a pas encore déferlé.

Cependant, Huysmans va brusquement se libérer de la tutelle de Zola et du naturalisme. En publiant, en 1884, À rebours, il n’a certes pas l’ambition d’offrir la bible du futur mouvement décadent – ce qu’il sera –, mais il a bien la volonté de rompre le corset du naturalisme, cette école qui l’enchaîne à la description des hommes moyens, des vies banales, à la mediocritas. Innover, sortir de l’univers glauque où s’enferment ses récits précédents, donner sa place au rêve, à l’étrange, au fantastique, même si, au bout du compte, le désenchantement doit rester la toile de fond. Il faut camper un nouveau personnage, loin des buveurs d’absinthe, des ronds-de-cuir en pantoufles, des filles sans grâce. Il choisit donc son héros dans la classe des aristocrates extravagants, dont Robert de Montesquiou est un parangon dans la vie réelle.

Des Esseintes, le personnage central d’À rebours, incarne la volonté de fuir l’époque contemporaine, défruitée, humiliante, vulgaire. Huysmans s’en explique à Mallarmé, dans une lettre du 27 octobre 1882 : « Mon cher confrère, je suis en train de faire éclore une singulière nouvelle dont voici en gros le sujet. Le dernier rejeton d’une grande race se réfugie, par dégoût de la vie américaine, par mépris de l’aristocratie d’argent qui nous envahit, dans une définitive solitude. C’est un lettré, un délicat des plus raffinés. Dans sa confortable thébaïde, il cherche à remplacer les monotones ennuis de la nature par l’artifice, il se complaît dans les auteurs de l’exquise et pénétrante décadence romaine – je me sers du mot décadence pour me faire comprendre –, il se rue dans la latinité religieuse, dans les barbares et délicieux poèmes d’Orientus, de Veranius du Gévaudan, de Baudonivia, etc. ; en langue française, il raffole de Poe, de Baudelaire, de la deuxième partie de La Faustin. Vous voyez cela d’ici9. »

Huysmans narre donc l’histoire du noble Des Esseintes, surgeon maladif d’une famille illustre, d’abord enfoncé dans les plaisirs vulgaires et les débauches citadines, avant de les fuir et de s’enfermer dans sa villa de Fontenay-aux-Roses, proche de Paris, où il tente de se créer un monde qui réponde à sa demande d’absolu dans le moindre raffinement. Décoration où se disputent le trop-plein du salon et la nudité de la chambre, recherche de l’artifice en tous les domaines qui puisse l’éloigner du banal, goût affiché pour les auteurs de la décadence latine, exaspération des sens par le parfum des fleurs les plus étranges, dandysme du cœur solitaire poussé jusqu’aux limites de la folie – si bien que ses médecins lui prescrivent de regagner Paris. C’est alors que, dans cet épilogue, Des Esseintes brosse un tableau impitoyable de la société contemporaine, pliée sous la loi du nombre et de la médiocrité.

La noblesse ? Elle est décomposée et morte. « Imbécillité », « ordure », « gâtisme », sont les mots pour décrire une classe gagnée par le « prurit du lucre », et qui roule dans la boue. Le clergé ? Même abaissement par l’argent : « Les monastères s’étaient métamorphosés en des usines d’apothicaires et de liquoristes. [...] Le négoce avait envahi les cloîtres où, en guise d’antiphonaires, les grands livres de commerce reposaient sur des lutrins. De même qu’une lèpre, l’avidité du siècle ravageait l’Église, courbait des moines sur des inventaires et des factures, transformait les supérieurs en des confiseurs et des médicastres, les frères lais et les convers, en de vulgaires emballeurs et de bas potards. » La bourgeoisie ? Elle a profité de tous les désastres pour s’enrichir. « Après l’aristocratie de la naissance, c’était maintenant l’aristocratie de l’argent ; c’était le califat des comptoirs, le despotisme de la rue du Sentier, la tyrannie du commerce aux idées vénales et étroites, aux instincts vaniteux et fourbes. » Manque de savoir-vivre, couardise, exploitation de la populace. Résultat : « l’écrasement de toute intelligence, la négation de toute probité, la mort de tout art ». Bref, l’Amérique ! L’Amérique transportée en Europe, le triomphe du parvenu, la goujaterie du financier, abject soleil rayonnant « sur la ville idolâtre qui éjaculait, à plat ventre, d’impurs cantiques devant le tabernacle des banques ! ». Dès lors, on comprend le cri de Des Esseintes : « Croule donc, société ! meurs donc, vieux monde ! » Et de se débattre avec ce dilemme : seule la croyance en une vie future serait consolante, mais l’intelligence se refuse à y croire. Le tragique s’impose.

Pareil livre, aussitôt commenté avec ferveur, emportement, indignation, tombe comme une douche glacée sur la nuque de Zola. Celui-ci perçoit d’emblée la rupture entre son cher disciple et le mouvement naturaliste qu’il anime. Les éloges viennent de l’ennemi. C’est d’abord Léon Bloy, qui, dans Le Chat noir du 14 juin, se réjouit de cette séparation d’avec « le crapuleux Zola », et discerne la portée religieuse de l’ouvrage : « Dans ce défilé kaléidoscopique de tout ce qui peut intéresser à un degré quelconque la pensée moderne, il n’est rien qui ne soit flétri, bafoué, vilipendé et maudit par ce misanthrope qui n’accepte pas que l’ignoble homme qu’il voit partout soit la vraie fin de l’homme et qui demande éperdument un Dieu. À l’exception de Pascal, personne n’avait encore exhalé d’aussi pénétrantes lamentations... »

Ce Dieu caché, non reconnu mais suggéré, il revient à Barbey d’Aurevilly, infatigable connétable des armées du Christ, d’en montrer la présence dans ce livre « qui coupe comme un rasoir... sur les platitudes ineptes et impies de la littérature contemporaine ». Quelle jubilation, chez lui, de voir ce jeune écrivain rompre avec Zola, « le bouc du troupeau littéraire », avec « les réalités les plus basses », les photographies « sans âme et sans idées ». Le héros est un malade, en proie au mal du siècle, promis à Charcot – mais « malade d’infini dans une société qui ne croit plus qu’aux choses finies ». Pour y échapper, Des Esseintes s’immerge en des expériences ridicules, en tentant de s’arracher désespérément au vide d’un monde sans Dieu. Ce livre, écrit Barbey, est « l’un des plus décadents que nous puissions compter parmi les livres décadents de ce siècle de décadence ». Pour finir, Barbey suggère à Huysmans le même choix qu’il proposait jadis à Baudelaire : « un pistolet ou les pieds de la croix10 ».

En cette même année 1884, Barbey préface Le Vice suprême de Joséphin Péladan, où la nostalgie de la foi traverse un récit extravagant et ésotérique. Dans ce texte, où le mot « décadence » revient comme une antienne, Barbey fustige, après Bourget, l’esprit d’analyse, « mal intellectuel d’un siècle sans cohésion et sans unité », et dote Péladan d’une « tête synthétique » comme celle de Balzac. Tandis que celui-ci a voulu faire la synthèse de la société de son temps, Péladan a entamé (Le Vice suprême n’est qu’un premier volet) la synthèse de la décadence de la race latine – qui se meurt en cessant d’être catholique.

Ainsi, en ces années 1880, la notion de décadence s’impose. Elle se réfère, il est vrai, à des réalités bien diverses. La droite littéraire, conservatrice, catholique, use du terme pour désigner la décomposition de l’ancienne France qui, depuis la Révolution, perdant le sens de la foi, se trouve sans repères. Sur un plan plus politique, la décadence est le fruit de la démocratie triomphante, avec le suffrage universel et l’instauration de la République. Mais on ne saurait oublier que l’idéologie de la décadence s’enrichit de toutes les amertumes, de toutes les frustrations, d’une gauche républicaine déçue par des lendemains de victoire qui déchantent. Les uns déplorent la renonciation à la Revanche ; les autres dénoncent l’aveuglement d’une République parlementaire sur les maux de la société, la souffrance des pauvres, la misère d’un prolétariat agricole et industriel qui n’est pas payé de son soutien à la cause républicaine. En profondeur, tous partis confondus, on se plaint de la dénatalité, fruit d’un vieillissement, d’une perte de vitalité de la nation.

Dans cette morosité ambiante, la littérature joue son rôle, à la fois reflet de la société et créatrice d’un état d’esprit. Le naturalisme, à la suite du réalisme, a voulu éradiquer de ses productions l’idéalisme, la sentimentalité, l’optimisme des hymnes progressistes, en s’attachant à décrire, au nom de la science, ce qui est vrai et, souvent, qu’on ne veut pas savoir. À cet effet, il a voulu peindre tout ce que la société, dans ses diverses couches sociales, recèle de bassesse, de vulgarité, de vice. Le tableau a indigné, sans doute parce qu’il était trop vrai. En même temps, la littérature dominante, au premier chef le roman, a accoutumé le lecteur au morbide, à la veulerie, à la déchéance, dont il n’a pas été détaché par la protestation surannée, voire hypocrite, de la critique traditionaliste ou conventionnelle. Un siècle après la Révolution, porteuse des Lumières, cette littérature est comme un constat de faillite : la régénération de l’homme n’a pas eu lieu. Pis, jugent les conservateurs, l’homme marqué par la Chute originelle, qui avait du moins la ressource de l’autorité et de la religion pour mettre son âme sur des rails, se trouve aujourd’hui démuni, condamné au tête-à-tête avec son miroir. Ou à trouver refuge dans l’Art (pour l’art), les paradis artificiels, l’occultisme et toutes les formes d’ésotérisme, la culture de la nostalgie sous toutes ses formes...

Pourtant, ce n’est là qu’une dimension de l’esprit du temps. Peut-être est-elle exagérée par les littérateurs eux-mêmes, trouvant dans la décadence leur esthétique. Jules Lemaître, qui parle à leur propos des « cabotins de la tristesse de vivre », y voit surtout un phénomène générationnel : le mal affecte avant tout la jeunesse, privée des idéaux de ses aînés, déçue par la République parlementaire et la politique politicienne. Et Lemaître d’être perplexe : « Il est peut-être vrai que les races vieillissent comme les individus11. » Ces hommes de pensée ne souffrent-ils pas, au fond, des conséquences d’un avènement qu’avait prédit Tocqueville : celui de la société démocratique ? Les romantiques avaient maltraité M. Prudhomme, le bourgeois béotien, mais tout le monde en ce siècle finissant paraît être devenu M. Prudhomme : matérialisme, utilitarisme, mépris de la haute culture. Jadis choyés des princes et de la société éclairée, les artistes sont désormais à la merci des masses et de leurs représentants élus. Une chose frappe : Huysmans et bien d’autres incriminent le modèle américain. Déjà ! L’Amérique a banni tout aristocratisme. On ne parle pas encore de société de masse, mais l’idée est en train de s’affirmer.

Tout de même, la France est-elle tombée si bas ? Un publiciste républicain, Dionys Ordinaire, réagit vivement contre l’idéologie de la décrépitude, dans La Revue bleue. On aurait tort, écrit-il en substance, de prendre le microcosme de ce « petit monde nerveux, surexcité, morphinisé, pour la nation tout entière ». Car ces littérateurs décadents ne sont que la couche superficielle de la société – oisive, trop raffinée et corrompue pour sentir le souffle de l’Histoire : « Il entre dans cette profession de désespérance, écrit-il à propos de Bourget, beaucoup plus d’ostentation paradoxale que de sincérité. » Dionys Ordinaire ne voit rien qui légitime « ces lugubres tendances12 ».

Ce divorce diagnostiqué entre la littérature et la société se trouve du reste complètement démenti par l’émotion publique sans précédent que vient de provoquer la mort d’un écrivain – celle de Victor Hugo.

Notes

1. F. Lorrain, Le Problème de la France contemporaine, Plon, 1879, p. 324.

2. M. de Vogüé, Lettres à Armand et Henri de Pontmartin (1867-1909), Plon, 1922, 3 juillet 1883.

3. Annuaire statistique, INSEE, Imprimerie nationale, 1952.

4. R. Frary, Le Péril national, Didier et Cie, 1881, p. 265-266.

5. L. Riese, Histoire des salons littéraires parisiens du IIe Empire à nos jours, Privat, 1962, p. 83. Voir aussi W. Stephens, Mme Adam, la grande Française, New York, Chapman and Hall, 1917.

6. B. Brumel, « Le nationalisme dans La Nouvelle Revue, de l’idée républicaine à l’antidreyfusisme, 1879-1900 », mémoire de DEA, Institut d’études politiques de Paris, 1986.

7. L’œuvre profuse de Paul Bourget, en particulier ses romans qui furent des best-sellers, est aujourd’hui tombée dans l’oubli, au point que le Dictionnaire des grands écrivains (Robert, 2000) ne consacre à son auteur aucune notice. En revanche, les Essais de psychologie contemporaine ont été réédités dans la collection « Tel » de Gallimard, en 1993.

8. Cité par R. Baldick, La Vie de J.-K. Huysmans, Denoël, 1958, p. 90.

9. Ibid., p. 111.

10. J. Barbey d’Aurevilly, « À rebours », Le XIXe Siècle, op. cit., II, p. 343.

11. J. Lemaître, « La jeunesse sous le Second Empire et la Troisième République », La Revue bleue, 13 juin 1885.

12. D. Ordinaire, « Notre décrépitude » et « La jeune génération », La Revue bleue, 7 mars et 6 juin 1885.