UN ABÉCÉDAIRE

I

Je viens d’évoquer le silence de mon père, qui inquiéta mon enfance. Mais il faut maintenant que j’en interroge un autre. Ma mère elle aussi, Hélène, était silencieuse.

 

Non pas, cette fois, à la façon ordinaire, par un abandon du parler. Hélène était par nature affable, intéressée par les êtres qu’elle apercevait autour d’elle à mi-distance entre le lieu familial et un horizon de la société — les problèmes du temps, les événements, certains pourtant de grande ampleur historique — qui n’attirait pas trop son regard. Avec ses voisins et voisines elle s’entretenait volontiers de petites choses, et c’était avec bienveillance et enjouement. Aux institutrices rencontrées quand elle effectuait ses remplacements, et qui la regardaient de haut parce qu’elle n’était pas titulaire, elle parlait sans prendre garde à ces réticences, ce qui lui gagnait des sympathies. On aimait l’intérêt qu’elle portait très sincèrement aux autres. On appréciait son courage.

 

Et à la maison, avec ses enfants, son mari, c’était aussi une parole facile, mais qui n’abordait jamais, en tout cas devant le fils et la fille, des questions de quelque importance. Je ne me souviens d’aucune conversation sur des sujets de morale, de politique, ni davantage sur mes aspirations, mes projets ou ce que j’étais ou faisais quand j’étais ailleurs ou au loin, au lycée d’abord, puis à Paris quand j’eus commencé à y vivre. C’est à mon seul jugement, aussi incertain ou mal informé celui-ci fût-il, que ma mère abandonnait ces problèmes. Des allusions, parfois, qui témoignaient d’un souci, mais aussi brèves que possible.

 

Était-ce de l’irréflexion, voire de la frivolité, ce penchant à parler de tout et de rien, dehors, avec en revanche, parmi les siens, cette habitude de taire ce qui engageait sérieusement l’existence ? Non, à mon sens, et c’est pourquoi je puis parler d’un silence. Très tôt j’ai perçu que cette femme évasive était retenue à plus grande profondeur que la parole ordinaire par des pensées et des expériences qu’elle ne pouvait partager, des mots qu’elle ne voulait pas compromettre, voire des espérances dont même à soi-même elle n’eût pas osé faire part. Un lieu fermé dans l’esprit, dont les propos qu’elle tenait chez soi ou ailleurs n’étaient que le dispositif de défense. Preuve de l’existence de ce lieu, et de sa vigilance à le garder clos, étant la façon très vive qu’elle avait de couper court quand ses enfants allaient aborder certaines questions. J’ai réfléchi dans un autre écrit sur un de ses mots dans ces moments-là, le « batchine », qui mettait fin, sans appel possible, à tout propos évoquant la sexualité.

 

Et qu’est-ce qu’était cette pensée gardée tue, disons plutôt préservée de la parole des autres, je l’ai très tôt pressenti car ce que les mots ne révèlent pas, il est des gestes, des façons de réagir, de broncher, pour le trahir, et de ces minimes indices l’enfance, spontanément attentive, est beaucoup plus perceptive que ne le sont les adultes. En fait il suffisait d’un frémissement dans sa voix quand elle prononçait certains noms, de sa main qui se resserrait sur la mienne quand, aux arrivées à Toirac, elle franchissait la petite porte de l’enclos. Les bagages étaient posés sur l’herbe devant ce seuil, une herbe épaisse, odorante. On reviendrait les prendre après ce premier instant.

 

Le secret d’Hélène, la mémoire qui faisait de sa parole un silence, je pouvais aisément les deviner, en ces occasions, c’était l’attachement aux lieux et façons de vivre de son enfance, aussi à son père, aussi à des souvenirs de l’adolescence trop intimes et peut-être, certains, trop douloureux pour être confiés à d’autres et prendre ainsi dans la conscience souffrante un surcroît de réalité. Ma mère à Tours, et en bien des moments de la vie comme elle avait à la vivre, était une exilée. Bien qu’elle refoulât ses larmes au point de sembler en être en toute circonstance incapable je la reconnus d’un coup, je l’ai dit déjà, quand je lus dans l’ode de Keats au rossignol ce que ce grand poète disait de Ruth, en pleurs parmi les gerbes de l’« alien corn ».

 

Exilée, elle l’avait d’abord été avec son jeune mari, ce qui tempéra, j’imagine, en leurs premières années communes, ce sentiment qui avait dû s’éveiller en elle, une première fois, à l’heure difficile de son départ d’Ambeyrac pour l’école d’infirmières, laissant derrière soi des parents incompréhensifs, ou crus tels par sa fierté blessée et inquiète. Je l’imagine partant d’un coup, sans se retourner, de même que ce serait sans hésitation qu’elle et Élie répondraient bientôt aux tâches brusquement accrues du temps de guerre.

 

Mais vite après cette première époque ce furent les événements que j’ai déjà dits, l’installation heureuse autant qu’imprévue des parents d’Hélène à Toirac, les retours à cette maison chaque été, pour leur fille un réveil des souvenirs, et à Tours assez tôt la maladie du mari, assombrissant l’avenir, et déjà des difficultés dans le rapport avec lui. Car Élie n’avait pas comme elle une famille ou d’anciens camarades à regretter. À Viazac ses parents étaient morts, on n’y allait plus, et à Toirac il se ressentait un marginal, même il s’y craignait un intrus. Si bien qu’Hélène ne pouvait plus lui confier sa pensée la plus intime, voyant pourtant qu’il souffrait de rester ainsi au-dehors, chercheur maladroit d’un monde pour elle encore évidence et vie.

 

Cette disparité se fit cause de solitude, pour l’un autant que pour l’autre, et ma mère réduite à soi en vint alors, j’imagine, à rêver plus encore qu’avant à ce qu’elle avait aimé et perdu, cet être au monde du jeune enfant pour lequel tout est immédiateté et présence. Elle se retirait ainsi, tant soit peu, de l’alliance vingt ans plus tôt décidée, et c’est bien pourquoi je m’inquiète de lire dans mon poème que c’est sur moi que l’homme qui était venu de Toulouse croit voir drapée cette écharpe qui signifiait chez la jeune fille entrée dans la salle la reconnaissance de l’autre et le don de soi. Il est clair qu’assez vite il avait perçu cette relative désaffection.

II

Avant ma naissance ma mère n’avait guère eu l’expérience du tout premier âge d’un enfant. Suzanne, sa fille, était née le 2 août 1914, la veille même du jour où la France s’était retrouvée en état de guerre ; et presque tout de suite ses parents, requis par l’afflux des blessés et la production des armes, l’avaient confiée aux grands-parents de Viazac, chez lesquels ma sœur passa les quatre années du conflit. De ce temps et des affections qu’elle y avait éprouvées elle tint, je le remarque au passage, de quoi n’être plus jamais, revenue à Tours, la fille d’Hélène à part entière. Lui en voulait-elle de l’avoir laissée à d’autres en ce début de sa vie, se reconnaissait-elle plus naturellement dans son père qui était de ce Viazac où on devait souvent parler de lui devant elle ? En tout cas, tout fille très dévouée qu’elle fut toujours, je crois bien qu’elle n’aima pas vraiment sa mère. Et qu’elle vécut frustrée de cette sorte d’attachement qui est cause pour l’existence à venir de confiance en soi, puisqu’il aura été, et intimement, de la confiance dans quelqu’un d’autre.

 

Mais frustrée, Hélène le fut d’une autre façon que sa fille, bien qu’alors sans loisir pour le reconnaître : elle n’eut pas l’occasion d’entendre dans ces années ce parler enfantin qui a rapport si profond avec la réalité la plus simple. C’était déjà de ces mots de la présence vécue qu’Hélène s’était privée, une première fois, de façon alors presque consciente et en tout cas volontaire : car se choisir infirmière était se vouer, désormais rien qu’entre adultes, à des vies et même des corps dont le souci médical et l’urgence des situations faisaient de simples objets, presque une matière. Le monde se réifiait dans une parole qui, comme l’on dit, nommait les choses par leurs noms et ne laissait guère de place au regard qui s’attache à leur être et peut donc garder vifs ses souvenirs des années d’enfance.

 

Reste qu’en l’infirmière à Bordeaux puis dans les hôpitaux surencombrés de 1914 ou plus tard ces souvenirs ne se dissipaient pas pour autant, leur réclamation n’était qu’étouffée, ses mots auraient bien voulu retrouver cette capacité désignative que le petit enfant si spontanément exerce, réveillant dans la mère penchée sur lui une parole semblable. Suzanne, de ce point de vue, n’avait été qu’une grande occasion perdue.

 

Toutefois les années passèrent, la guerre avait fini, Hélène cessa d’être infirmière, des jours de repos furent possibles, avec Élie brèves excursions par le train qu’ils avaient gratuit vers les châteaux de la Loire, ou soirées au jardin du nouveau logement près de l’atelier des chemins de fer. Et quand à nouveau l’occasion s’offrit à Hélène, neuf ans après la première, de participer d’un début de vie, je crois que cette occasion, cette chance, furent saisies. Ma mère trouva le temps d’écouter mes premiers mots, de me répondre avec eux ou d’autres semblables, aussi de prêter attention aux enfants qui s’approchaient d’elle et de moi aux Prébendes d’Oé, le jardin public. C’était entendre des cris, des exclamations, paroles essentiellement désignatives, voir grâce à eux les choses dans l’immédiateté des émotions, des désirs, pour Hélène c’était se ressourcer à ses propres années profondes, à l’horizon desquelles les souvenirs affluaient. Le père des premiers temps reprenait vie, la maison natale se rouvrait, Hélène pouvait en gravir les marches, revoir par les fenêtres le beau pays alentour : et tout cela le bien qu’elle n’avait pu partager avec son mari mais qu’elle pouvait maintenant imaginer retrouver en moi, qu’elle savait de son sang.

 

Les mots d’un petit enfant permettaient à cette femme encore jeune qui les écoutait, qui les parlait avec moi, le retour à l’intensité jamais oubliée de son origine. Et je crois que ce fut ce ressourcement la raison pour laquelle, quelques années plus tard, ma mère tint à m’apprendre à lire elle-même. Il peut sembler naturel qu’une institutrice ait désir, pour l’éducation de son fils, de se substituer à une autre, mais mes souvenirs me convainquent qu’il s’agissait d’autre chose et de beaucoup plus que cette ordinaire et minime jalousie. Car je revois, posé sur la table des repas qui suivraient cette heure d’apprentissage, un abécédaire, grand livre mince, au cartonnage écorné vaguement vert, dont nous regardions les images qui y encadraient page après page des lettres superbement majuscules : images d’un chien, d’un chat pour la lettre C, ou d’une maison sous des arbres pour la lettre M, par exemple. Succincts, rudimentairement coloriés, c’étaient des dessins au trait qui n’avaient pas l’ambition de savoir ce que les dictionnaires disent des choses, ils ne songeaient qu’à se prêter au regard sur le chien ou la maison ou un arbre de l’enfant qui se pencherait sur le livre. Et cet enfant revivrait en eux ce qu’a d’inné l’être au monde, simultanément découvrir l’existence des arbres, disons, des arbres en général, et s’attacher à un arbre proche, le ressentir comme une amitié, une présence.

 

À la fois une pensée de l’espèce, pressentie dès avant le dire d’une conceptualisation plus poussée, et une de l’être particulier, comme celui-ci peut être éprouvé en un instant et un lieu. C’étaient donc, ces images, des archétypes, non des figures. L’évocation des constituants d’une terre, d’un lieu de vie, nullement les articulations d’un savoir. Et une évocation qui pouvait paraître pauvre mais dont la pauvreté même, le schématisme de son tracé, attiraient dans le vide sous les lignes déjointes de celui-ci comme une sorte de petit jour. Par la grâce de ces dessins le visible était troué d’invisible, c’était comme l’affleurement d’une unité de tout reconnue partout sous-jacente — voilà ce dont parlait cet abécédaire, d’une façon évidemment d’emblée accessible à qui n’est pas encore acquis au point de vue, au projet, de la connaissance analytique. Et j’étais donc invité à rester fidèle au premier emploi que l’on fait des mots, le désignatif, l’exclamatif. J’aurais à savoir deux niveaux dans la parole. Je pourrais, sous celui des articulations conceptuelles, puiser dans un plus profond, l’être même, avec ces vocables d’une langue au sein de la langue qui sont ce dont les religions se souviennent quand elles parlent d’un verbe.

 

Je viens de résumer de façon abstraite sinon absconse ce que j’ai vécu sans évidemment le comprendre explicitement en ce temps de l’abécédaire. Mais c’était pour mieux reconnaître ce qui se passait alors dans la femme encore espérante qui initiait à ce verbe, rassembleuse d’un monde en voie de se démembrer, Isis du petit logement au bord des chemins de fer. En me montrant les grands pouvoirs de quelques mots simples ma mère m’incitait à ne pas renoncer, dans mon existence à venir, à ce regard enfantin qui venait de l’aider à reprendre pied dans la sienne. Elle me demandait de recevoir d’elle l’écharpe rouge qu’elle avait eue à offrir à un grand moment de sa vie : cette étoffe dans les plis de laquelle le monde semblait être encore de l’être, de l’unité, encore de quoi donner un sens à la vie.

 

Et qui était, cette écharpe, son sang, celui d’Ambeyrac, et non l’autre, celui de terres plus rudes, ce Viazac où mon père n’avait pu être un enfant assez heureusement ou assez longtemps pour se souvenir du bien de ce premier être au monde. D’où, à mon sens, ce qui s’ensuivit dans la relation d’Élie et d’Hélène mais aussi dans mon rapport avec eux. J’étais sollicité de préserver dans ma vie à venir des emplois de mots dont mon père se sentirait incapable. Je parlerais cette langue plus avertie et lui n’en percevrait que le bizarre dehors, ce qui ne pourrait que le renfermer plus encore dans le discours triste de l’atelier, du souci quotidien, du journal qu’il tentait de lire, le soir venu.

III

Or, par malheur pour lui, il se trouve que j’étais apte à entendre cet appel : à me vouer à l’emploi disons poétique de la parole. Était-ce simplement par l’effet des images si accueillantes du grand livre ? Ou d’impressions de plus tôt encore ? En tout cas j’ai toujours aimé dans les mots l’annonce qu’ils semblent faire d’un plus haut niveau de réalité que la pratique commune. On me disait, à l’école ou chez le libraire, intéresse-toi aux pensées, aux projets, de ce jeune garçon dans ce petit livre écrit pour ton âge, mais cet enfant, bientôt cet adolescent, m’étaient des étrangers, besoins autant que conduites ; et au contraire, quand je lisais — ce sont les premiers mots d’un récit chez le même éditeur que les Sables rouges — « L’Irlande est un pays charmant ! s’écria Éric d’une voix rauque », cette phrase m’éblouissait, j’entrais d’un grand élan sur cette terre de l’absolu, le rauque aussi m’était un mystère, j’éprouvais ce que Rimbaud a nommé une « épouvante ».

 

Cet intérêt pour les mots étant d’autant plus vif, plus à vif, quand les textes que je lisais ne pouvaient signifier pour moi d’une façon claire, laquelle aurait pu me faire penser à des situations de l’exister quotidien : si bien que j’en fus bientôt à lire Racine, ne pouvant guère comprendre qui était Phèdre, quels sentiments l’agitaient. Ne me suffisait-il pas qu’elle dit : « Mes yeux sont éblouis du jour que je revois » ? Le rythme, d’ailleurs, cette scansion qui monte dans la parole de plus profond en elle que la signifiance courante, le rythme m’était un seuil, une voie, ce qui me retenait à des poèmes de peu de prix mais dont les faciles alexandrins mettaient en valeur substantifs et même adjectifs. « La grande plaine est blanche, immobile et sans voix », lisais-je, me redisais-je : et combien était-ce extraordinaire, « out of this world », cette blancheur, cette immobilité, ce silence ! J’aimais les poèmes, même pauvres, et j’en écrivais, bien sûr, par soif d’arracher la parole à ce qu’elle était autour de moi, au point que dans la famille, à Tours mais aussi à Toirac, on me réputa poète. « Futur poète », écrivait ma tante Lucie, qui était aussi ma marraine, en dédicace d’un recueil de vers qu’elle m’offrit pour, je crois bien, mes neuf ans.

 

Dans la famille on disait cela, à la maison même, à l’heure où on débarrassait la table pour le dîner, et c’est pourquoi je fus effrayé de lire dans « L’écharpe rouge » ce que je savais donc et pourtant ne m’avouais pas : que j’avais contribué — et certes sans le vouloir — à l’isolement et à la tristesse de mon père. Ouvrier, il me rêvait chef de chantier ou peut-être même ingénieur, et voici que des intérêts étranges, un livre de vers, un cahier où j’ébauchais une tragédie, m’entraînaient il ne savait où et dès à présent faisaient de moi quelqu’un qu’il ne pouvait pas reconnaître. Élie n’avait pas eu assez d’enfance pour comprendre ce qui se tramait dans la mienne.

 

Et de ma part il y avait tout de même ce que je ressens maintenant comme une faute. Étant distrait par les mots, par leur promesse d’un autre monde, je n’avais pas besoin, pas vraiment besoin, de mon père et ne lui demandais pas une sorte d’attention qui lui aurait fait du bien. J’ai réfléchi, bien plus tard, c’est un apologue, « Les Planches courbes », à l’apport qu’un fils doit au père qu’il voit venir vers lui, gauchement parfois, timidement toujours, du dehors de l’hortus conclusus de la relation à la mère. Qu’est-ce que l’enfant, encore au sein d’un monde de la présence, a devoir d’offrir à l’adulte, désormais privé de ce bien par ses mots conceptualisés ? Lui crier qu’il n’est qu’un petit être qui a besoin d’être pris dans des bras robustes, soulevé de terre en riant pour un moment d’intimité suffocante. Car cette demande d’un jeu donne à l’homme las et soucieux la chance de rajeunir, retrouvant au profond de soi ce qui y dormait mais restait en vie, la capacité d’accueillir la joie confiante d’un autre. Cet accueil qui est aussitôt la dissipation du mal-être, une lumière pénétrant tout dans le rapport à soi redevenu intériorité.

 

Je m’en avise, aujourd’hui, je n’ai jamais avec mon père eu de jeux, il ne courait pas près de moi, ne s’exclamait pas, ne riait pas. D’instants d’intimité avec lui je ne me souviens que d’un seul : une fois où j’étais malade, de quelque varicelle ou rougeole, et gardais le lit avec sur la couverture un ou deux jouets et de ces oranges qu’on aime enveloppées d’un papier transparent qu’on va déplier, aplatir, lisser. Et lui, qui rentrait du travail, était venu s’asseoir près du lit, et était resté là un long moment en silence. Je pense qu’Élie s’inquiétait facilement. Je crois aussi qu’il y avait en lui comme une demande de ma demande, et que l’absence de celle-ci, due à ma captation par les mots, lui fit du tort. Mon visible intérêt pour d’autres mots que les siens s’ajoutait à la distraction nouvelle d’Hélène pour le vouer à ce silence qui m’inquiétait, faute d’en comprendre la nature.