Va, ta mort est ma vie, insensé ! – Ton tombeau
Est le lit nuptial où va ma fiancée
S’étendre sous le dais de cette nuit glacée !
Maintenant le hibou tourne autour des falots ;
L’esturgeon monstrueux soulève de son dos
Le manteau bleu des mers, et regarde en silence
Passer l’astre des nuits sur leur miroir immense.
La sorcière, accroupie et murmurant tout bas
Des paroles de sang, lave pour les sabbats
La jeune fille nue ; Hécate aux trois visages
Froisse sa robe blanche aux joncs des marécages.
Écoutez. – L’heure sonne ! et par elle est compté
Chaque pas que le temps fait vers l’éternité.
Va dormir dans la mer, cendre ! et que ta mémoire
S’enfonce avec ta vie au cœur de cette eau noire !
Vous, nuages, crevez ! essuyez ce chemin !
Que le pied, sans glisser, puisse y passer demain !