De nous, l’infidèle reflet
Que tu laves, que tu lacères,
À qui tu restes étrangère
Et que tu laisses aux galets.
À s’endormir à la légère,
Nous rejoindrons ce faux portrait
Qui nous ressemble trait pour trait.
Baignant nos pieds, voici la Saône
Voici des ponts, voici du vent,
Voici Lyon et voici le Rhône,
Voici la lune sur son trône
Qui, dans son palais du Levant,
Éteint les torches aux pylônes
Pour mieux attirer Don Juan
À l’aisselle du confluent.
Car cette nuit est nuit de noces.
De par le monde on boit du vin,
On entend des bruits de carrosses
Et des aboiements de molosses
Au fond des bois et des ravins.
L’or qui tintait pour le négoce
Au cou des femmes, en colliers.
Un couple, sous le ciel, s’épouse.
Bien loin, dans un lieu très secret,
Des violons, sur les pelouses,
Font pleurer des femmes jalouses
Et chacun boit, mais nul ne sait
Pour qui les heures de nuit cousent
Un trousseau de fièvre et d’amour
Et le linceul du petit jour.