Remerciements

Qui écrit un ouvrage couvrant une période et un éventail de matériaux aussi vastes contracte de multiples dettes. Pour commencer, je n’aurais pu l’écrire — tant parce que la discipline nécessaire n’existait pas que parce que le sujet n’eût pas été pris au sérieux — sans la révolution intellectuelle qu’accomplit le féminisme depuis la Seconde Guerre mondiale et surtout au cours des vingt dernières années. En un sens, mon travail est le prolongement de la thèse de Simone de Beauvoir, suivant laquelle les femmes forment le « deuxième sexe ». Il n’aurait pu non plus être écrit sans le soutien de ma communauté intellectuelle de Berkeley et d’ailleurs. Mes collègues de Representations, parmi lesquels j’abordai ce thème dans un cadre semi-public pour la première fois en 1983, m’ont prodigué conseils, encouragements et critiques tout en m’entourant d’une excellente compagnie. Plusieurs de mes amis et collègues ont non seulement lu et présenté une critique détaillée de mon manuscrit, mais en ont aussi discuté sans se lasser au fil des ans, sous ses nombreux, très nombreux avatars : Peter Brown, Carol Clover, Catherine Gallagher, Stephen Greenblatt, Thomas Metcalf, Randolph Starn, Irv Scheiner et Reggie Zelnik. Wendy Lesser ne devait pas le lire en entier, mais elle en discuta avec moi des multiples versions, publia une partie du chapitre premier dans la Threepenny Review et s’efforça d’exprimer systématiquement le point de vue du lecteur profane. Mon collègue David Keightley, leader des Yuppie Bikers, m’a prêté une oreille complaisante quand je lui parlais de sexe au fil des kilomètres et m’a fait connaître la perspective de la Chine antique. Marjorie Beale, Mario Biagioli, Natalie Zemon Davis, Evelyn Fox-Keller, Isabel Hull et Roy Porter me gratifièrent de leurs observations détaillées sur le manuscrit dans sa forme pénultième et m’aidèrent grandement à affiner mes arguments et l’architecture du livre.

Les étudiants en doctorat du History and Gender Group de Berkeley ont également lu un premier jet et bien que, malgré sa suggestion, je me sois refusé à dévoiler le fond de ma pensée sur le pervers polymorphe et le désir érotique, j’ai tiré un grand profit des suggestions avisées et des multiples références de Lisa Cody, Paul Friedland, Nasser Hussain et Vanessa Schwartz. Et, naturellement, l’auteur d’un livre qui couvre tant de sujets sur une aussi longue période est redevable à des spécialistes : David Cohen, Leslie Jones et Gregory Vlastos m’ont fait des critiques sévères, que je n’ai qu’en partie acceptées, sur le chapitre II. Susanna Barrows, André Burguière, William Bouwsma, Caroline Bynum, Joan Cadden, Roger Chartier, Alain Corbin, Laura Englestein, Lynn Hunt, Sarah Blaffer Hrdy, Susan Kent, Jack Lesch, Emily Martin, Regina Morantz-Sanchez, Joan Scott, Nancy Vickers et Judith Walkowitz ne m’ont pas ménagé leurs références ni leurs conseils. Depuis le début des années 1980, mes assistants — Mary McGarry, Jonathan Clark, Eric Steinle, Ramona Curry, Jan Matlock, Catherine Kudlick, Russ Geoffrey, Docteur en médecine, Alice Bullard et Dean Bell — m’ont permis de lire et de commencer à comprendre un large éventail de sources. Alexander Nehamas ne s’est pas contenté de répondre à mes nombreuses questions sur des mots grecs : il m’a offert le soutien d’un vieil ami et l’intelligence limpide d’un philosophe. Lindsay Waters, mon éditeur de Harvard University Press, a vu un livre quand il n’y en avait encore aucun ; il a lu les premiers jets avec une méticuleuse intelligence et a justement obligé un auteur réticent à se remettre au travail. Patricia Williams devint mon éditrice par adoption — elle était sur place, à Berkeley — et, outre qu’elle me tendit la main au moment opportun, elle m’aida énormément à comprendre comment je devais m’y prendre pour faire de ce que je croyais être la version définitive l’ouvrage que voici. Joyce Backman fut la préparatrice rêvée : drôle, érudite et scrupuleuse.

Je dédie ce livre à ma femme, Gail Saliterman, qui pour n’avoir pas dactylographié la moindre page n’en a pas moins lu la majeure partie, ainsi qu’à ma fille de huit ans, Hannah, qui dernièrement me fit remarquer que j’y avais travaillé toute sa vie. Impossible de dire leur contribution tant elle est profonde, mais ce sont elles qui rendirent mon travail possible.