Réunis aux Belles autour de tartares poêlés et leurs garnitures de frites, les deux amies et l’infirmier échangeaient des propos sans conséquences. L’assaisonnement était parfait, les frites irréprochables, le vin de la maison gouleyant. La télévision éteinte, on était tranquilles. Diego faisait du rentre-dedans plus ou moins subtil à Ingrid tandis que Lola observait ses efforts d’un œil de matou placide sur le point de se métamorphoser en une créature moins domestique.
– À la bonne heure, je revis, soupira-t-elle en resservant du vin. Ces sales ambiances finiraient par nous attaquer le moral si on n’y prenait garde. On a eu du mal à sortir Maurice des griffes du Nain puis de celles de Luxania mais on y est arrivés. Bon, évidemment, il reste le problème de dope.
– Tu es inquiète ?
– Si les analyses prouvent qu’Alice était défoncée, on s’enfonce d’un doigt supplémentaire dans la panade.
– Ah oui, Lola ? Pourquoi ?
– Réfléchis. Qui dit hôpital…
– Dit facilité à se fournir en drogue, c’est ça ? répondit Ingrid d’une voix faussement candide. Et Diego va se retrouver en garde à vue. D’autant que la police a des cartes dans son jeu. Des cartes espagnoles.
– Bien, Ingrid ! Tu auras droit à un dessert pour ta peine, c’est le jour de la crème brûlée. Maxime la carbonise au fer à souder avec une grande délicatesse. Je te la conseille, Diego.
– Mais de quoi parlez-vous, à la fin, les filles ?
– De ton passé, mon chéri.
– Je dois être devenu amnésique, Lola, parce que je ne lui trouve rien de spécial.
– Eh bien, laisse-toi aller et réponds à mes questions. Ça n’engage à rien. Je ne fais que supputer.
– Ça veut dire quoi « supputer » ?
– Je lance en l’air quelques dés et j’étudie ce qu’ils me racontent une fois retombés.
– Que voulez-vous savoir, au juste ?
– Le lieutenant Barthélemy maîtrise mal la langue de Cervantès mais il a tout de même récupéré un lot d’informations auprès de la Guardia civil. Le sigle ETA revient souvent. Narre-nous tout. Ingrid et moi, on vendrait nos vieilles mères pour une bonne histoire.
Silence de l’hidalgo mais il avait marqué le coup.
– Nos vieilles mères, c’est tout de même quelque chose. Allez, un effort. Tu te sentiras plus léger.
– Je suis fiché, c’est vrai.
– J’espérais une histoire. Pas une phrase.
– Je n’ai jamais eu d’activité terroriste.
– Bizarre, Barthélemy est pourtant du genre méticuleux.
– C’est mon père.
– Mikel Landa surnommé Txori, l’« oiseau » en basque. Membre de la nébuleuse terroriste. Emprisonné à Bilbao. C’est bien ça ?
– Bien sûr que c’est ça.
– Carli, c’est un faux nom ?
– Non, c’est celui de mon beau-père. Un commerçant castillan sans histoire. Ma mère a beau ne pas avoir été mariée avec Txori, notre famille a toujours été surveillée par la police. Depuis le 11 septembre, c’était devenu infernal. J’ai décidé de tout lâcher et de venir travailler en France. Si Alice se droguait, je n’ai rien à voir avec ça ! Sans compter que c’est difficile à croire. Parce que quand on était ensemble, elle n’était jamais défoncée.
Le ton était monté. La colère de Diego Carli affleurait. Il savait que Lola ne le lâcherait pas. Il ignorait l’étendue des révélations de Barthélemy. Et, en effet, l’ex-commissaire n’était pas satisfaite de sa moisson.
– Le 11 septembre a bon dos, Diego. J’ai du mal à croire que la Guardia civil s’obstine à chercher des noises à tout va. Ils sont un peu trop occupés pour ça.
Diego contenait sa rage. Lola appréciait sa capacité de résistance. Elle donnait du piment à leur jeu du chat et de la souris.
– Baisse ta garde ou va-t’en.
– Quoi ?
– Tu m’as bien entendue. Barthélemy dit qu’à seize ans, tu étais déjà fiché comme pirate informatique. Alors vas-y.
– À quoi bon ? Vous semblez tout savoir.
– Tu nous parles surtout de ton père.
Sa fierté était cabossée mais Lola sentait qu’il n’avait pas envie de quitter la chaleur des Belles. Ni celle d’Ingrid. Il se tourna vers elle. L’amie américaine réprimait sans doute une envie brûlante de pieds dans le plat, ou de paroles consolantes. Même si Ingrid adorait Paris, elle était loin de ses racines, et ces histoires d’exil lui allaient forcément droit au cœur. Le fils de l’ennemi public avait oublié d’être sot. Le señor Carli avait usé de son charme pour se gagner les deux seules alliées possibles dans sa situation bancale.
– Tu parles ou tu pars ?
– Mon père a toujours gardé le contact, lâcha-t-il comme si chaque mot lui écorchait la langue.
– Continue.
– Quand j’étais gamin, il se débrouillait pour venir me voir.
– C’est toi qui m’intéresse, Diego. Alors, arrête de tergiverser. Pourquoi es-tu fiché ?
– Mon père était un des hackers du groupe, chargé des liaisons entre les agents. Il m’a appris à me servir d’un ordinateur. Il ne m’a jamais enrôlé. C’était plus subtil. Sa fièvre était blanche et froide. Je l’admirais. Et puis je croyais tout savoir alors que je ne comprenais rien. À treize ans, j’ai franchi le portail électronique de quelques banques. À seize, je suis allé faire le con du côté du ministerio del Interior. Rien de grave, mais quand ils ont compris que j’étais le fils de Txori, ça a pris une autre tournure. La majorité pénale était à seize ans à cette époque-là. Ça m’a coûté plusieurs mois de prison.
Lola sentit soudain une lampe rouge clignoter dans son cerveau. Elle vit Diego, très jeune, seul au milieu d’une bande de taulards. Elle se souvint brusquement d’un mineur, arrêté pour vol à l’étalage. Il s’était ouvert les veines dans son bureau. Le gamin ne voulait pour rien au monde retourner en prison. Parce qu’à Fleury, un salopard l’avait coincé. Elle revoyait l’interrogatoire comme s’il datait d’hier, et le visage de l’Espagnol se superposa sur celui du jeune paumé. Ingrid, raide sur sa banquette, ne pipait mot mais Lola ne pouvait plus reculer.
– On t’a violé, c’est ça ?
– Les dés sont retombés, et c’est double six. Vous avez gagné. Si les flics me renvoient à Madrid, tant pis. Même si mes amis s’y comptent sur les doigts d’une main, ça fait plus qu’ici.
– Réponds à ma question, dit-elle simplement.
Elle n’était pas fière d’elle. Il faisait trop chaud aux Belles tout à coup. Mais la main d’Ingrid se posa sur celle de Diego et plus personne ne bougea pendant un moment. Il releva la tête et attendit qu’elles veuillent bien le regarder dans les yeux.
– Il était à moitié impuissant, j’ai eu de la chance. Si on peut dire.
Il commença à déboutonner sa chemise. Ingrid porta sa main à sa bouche et Lola lâcha un juron. Lola reconnut des traces de brûlures. Et les mots hijo de puta1. Une longue formule pour encaisser ses pleins et ses déliés dans sa chair.
– Un cadeau de ses copains. Dans leur monde de machos, on doit marquer le coup. J’étais un enjeu. Ceux qui détestaient mon père savaient qu’il avait des alliés prêts à venger l’honneur de son fils. Ceux-là ont veillé sur moi mais n’ont pas pu empêcher qu’on me marque. Je pense même qu’ils ont dû laisser faire, après négociation. J’ai fait six mois, ça m’a paru plus long.
Il reboutonnait déjà sa chemise et Ingrid lui murmurait des paroles apaisantes.
Mince, je suis un pachyderme de l’interrogatoire. Un de ceux qui n’ont pas d’autre choix que de broyer les jeunes pousses sur leur piste. On n’a plus les moyens d’utiliser les méthodes civilisées pour reconnaître nos ennemis… Les réflexions de Lola furent interrompues par l’arrivée de Maurice Bonin. Tant mieux. Au point où en est Diego, ça ne lui fera pas plus mal.
– Misère de misère, ce bas monde est encore plus bas que je ne l’imaginais. Il m’en a fait baver, ce rasemoquette de commissaire ! Mais je l’ai eu à l’usure.
– On n’en doute pas une seconde, Maurice, répliqua Lola.
– Merci d’être intervenues pour moi, les filles.
– Il n’y a pas de quoi, dit Ingrid.
– On s’est servies de l’argent sale de Jules Parisy, lâcha Lola tandis qu’Ingrid manquait de s’étrangler avec une gorgée de vin.
Lola lui jeta un regard de défi : en cas d’abcès venimeux, on travaille au scalpel, et sans hésitation. Tu es rodée à présent.
– Je sais, dit calmement Maurice tandis que les deux amies le considéraient, éberluées.
Quant à Diego Carli, il était désormais aussi tranquille et immobile et discret et apparemment solide qu’une vue de nuit des Pyrénées. Une bonne stratégie pour le moment, songeait Lola. Et si ce n’était pas du calcul, c’était tout bonnement de la classe.
– Comment ça ? demanda-t-elle.
– Barthélemy m’a raconté. Un petit gars efficace, ton ex-adjoint. Il a réfléchi : si on se débarrasse du vieux Maurice, c’est pas pour le voir rappliquer immédiatement, après avoir cassé les deux jambes de ce fumier de Jules et arraché les moustaches de l’abruti qui lui sert de beau-frère. Je lui ai promis de ne toucher ni aux unes ni aux autres.
– C’est bien vrai ça, Maurice ?
– Les Parisy n’en valent pas la peine. Tu as remarqué ? C’est un boulanger fou. Il sourit tout le temps. La tribu vit à poil, métaphoriquement, sous l’œil de sa webcam. Si on était dans les années soixante-dix, ils vivraient le cul à l’air au Larzac. La différence, c’est qu’à part les moutons, ça ne gênerait personne. Si ce n’était pas si grotesque, ce serait terrifiant.
À la bonne heure, Papy Dynamite nous est revenu intact, pensa Lola. Mais dans ce cas, était-ce le moment de lui présenter Diego Carli ? L’Espagnol l’étonna en devançant l’appel. L’hidalgo ne manquait décidément pas de courage, et commençait à lui plaire.
– J’ai rencontré les Parisy et je suis bien d’accord avec vous, monsieur Bonin.
– Et vous êtes ?
– Diego Carli. Je suis désolé pour Alice. Ça faisait un moment que je voulais vous le dire.
Les yeux de Maurice rétrécirent pour devenir deux aiguilles noires ; Diego ne cilla pas. Lola eut mal pour les deux hommes. Khadidja Duchamp n’était pas décidée à venir trottiner dans les parages avec une corbeille remplie de pain ou d’une bonne dose de diversion, Maxime était aux fourneaux, dans sa cuisine rassurante. D’ailleurs, Lola luttait contre une furieuse envie de s’y réfugier. Au lieu de ça, elle appela Chloé.
– Calva 1946, réserve spéciale du patron pour tout le monde ! Et vite, ma fille !
– Tu ne sais pas ce que j’ai imaginé te faire, petit con, articula enfin Maurice. Tu ne peux pas.
Diego se contenta de rester droit sur sa banquette. Ingrid posa une main sur l’épaule de Maurice. Chloé arriva en vitesse avec quatre verres et le calva.
– On avale en chœur cette térébenthine, ordonna Lola à la cantonade. Et on dédie notre levée de coude à Alice. Ce n’est pas seulement un rituel d’épuration des comptes, c’est une communion qui va nous donner du courage pour ce soir. Diego est certes un petit con, mais aussi un pirate informatique très pénible. Cette nuit, sa cible s’appelle Richard Parisy. Tels que vous nous voyez, on part hacker le boulanger. Et ce n’est qu’un début.
– À Alice ! dit courageusement Diego en levant son verre le premier.
Lola l’imita. Ingrid fit de même en embrassant Papy Dynamite. Le vieil homme s’empara de son calva, le maintint en l’air, le but d’un trait au lieu de le jeter aux yeux de l’Espagnol, et dit d’une voix étonnamment douce :
– À toi, mon Alice. Tu es en de bonnes mains.
Puis il se leva, tapota les épaules respectives d’Ingrid et de Lola et s’apprêta à sortir.
– Maurice, un détail me chipote, l’interrompit Lola. Alice avait un lexique de pidgin dans son sac. Tu sais pourquoi ?
Il sourit tendrement. Il avait semé, incognito, livres et prospectus dans l’espoir qu’ils fonctionneraient comme des messages subliminaux.
– Et inciteraient Alice à prendre le large, pour oublier ses tracas, le quotidien, et surtout les petits cons.
Diego avala l’insulte sans piper.
– Un de mes messages est arrivé à bon port, reprit Maurice. Qui sait, Alice aurait peut-être fini par le prendre, cet avion. J’aurai au moins essayé.
Il s’en alla sans se retourner sur le visage érodé de Diego Carli. Le gamin s’est pris un train de mauvais souvenirs en pleine figure, pensa Lola.
– Finis-moi ce calva, ordonna-t-elle. Et toi aussi, Ingrid. On part se balader sur le net.
– C’est sérieux, cette histoire de hacking ? demanda son amie d’un ton incrédule.
– C’est le premier lapin dégoté dans mon chapeau pour calmer Maurice, admit Lola.
– Un hacker qui redresse la situation d’un coup de clavier magique, ça n’existe que dans les romans, renchérit Diego la voix lugubre.
Lola réfléchit un moment. Le temps de trouver une réponse chaleureuse qui retaperait le jeune homme.
– On n’a rien à perdre. Et puis dans l’immédiat et pour une fois, je n’ai pas envie de me retrouver seule chez moi.
– Une fois l’immédiat dépassé, ça risque de vous sembler long, reprit Diego avec une esquisse de sourire.
Ça faisait en effet une éternité que Diego pianotait sur le clavier d’Ingrid sans que rien de tangible n’émergeât. Richard Parisy était un internaute prolixe. Faire le distinguo entre ses virées cybernétiques était peut-être plus facile que de forcer la grande muraille d’une banque, mais il y avait du détritus. Parisy s’épanchait dans une kyrielle de forums, avait un point de vue sur tout, essayait d’exister partout à la fois dans un inquiétant rêve d’ubiquité hédoniste.
Ingrid venait de sélectionner un CD d’un de ces grattouilleurs de guitare américains inconnus au bataillon et regardait Diego travailler. Lola lui trouvait l’air égaré du temps où elle s’était amourachée de Maxime Duchamp. Le temps d’avant Ben Noblet, celui des vaches maigres et sentimentales. Depuis qu’elle avait découvert des failles vertigineuses au latin lover, était-elle en train de tomber dans son panneau ? Lola aurait préféré une attitude plus énergique. On avait autre chose à faire que de se ramollir dans la romance.
I’m tired of being alone / So hurry up and get here…2
– Tiens, c’est John Mayer. J’aime bien sa musique, crut bon de déclarer Diego au lieu de faire chanter son clavier.
– Ah, tu connais ! Fantastique !
Et allez donc ! Voilà qu’ils partageaient des goûts musicaux.
– Ingrid, tu as deux secondes ?
– Oui, Lola ?
Elle l’entraîna à la cuisine pour un pow-pow devant le réfrigérateur rose.
– Ne me dis pas que tu es en train de baisser la garde pour ce garçon. Il est émouvant, d’accord, mais on en a vu d’autres.
– Pourquoi dis-tu ça ?
– Avant Ben, c’était Maxime qui te mettait en transe. Tu as un cœur d’artichaut.
– Tu parles sans arrêt de légumes. C’est bizarre à la fin !
– Ça veut dire que tu changes plus souvent d’idées que de jean. En principe, ça ne regarde que toi. À cela près que roucoulade et enquête ne font pas bon ménage. En général.
– Oui, et alors ?
– J’abandonne ! Autant parler à une lobotomisée. Ou à un Nain de jardin, tiens.
– Lola, tu me prends pour plus bête que je ne suis. Le meilleur moyen de percer le mystère de Diego, c’est justement de le laisser approcher encore un peu plus. En douceur.
– Quel mystère ?
– Je le trouve sympathique, mais je n’écarte pas la possibilité qu’il nous mène en canot.
– En bateau, si tu veux bien.
– Il était peut-être avec Alice dans la 3406. Il s’est coulé dans la masse des sportifs, ou alors il a emprunté un uniforme d’employé de l’hôtel. Ou il a sonné sans idée préconçue et Alice lui a ouvert, complètement défoncée ou à moitié saoule, et ça a mal tourné. Tout est possible.
– Je croyais qu’on l’avait percé, son mystère. Pas plus tard qu’il y a une heure, aux Belles.
– Oui, justement.
– Justement quoi ?
– Qui te dit que la prison ne l’a pas abîmé plus que prévu ? Et puis il y a son père.
– Tu veux dire qu’il a été influencé par un homme pour qui la violence est un outil naturel ?
– Bien sûr. Sans compter son métier. Le sang, la douleur, la mort. Peut-être que ça devient banal, à force.
– Je pense au contraire qu’il est devenu infirmier pour oublier ses souffrances avec celles des autres. Une démarche plutôt saine. Pour une fille apitoyée, tu as drôlement gambergé, dis-moi. Eh bien, j’aime mieux ça. Mais avoue qu’il te plaît. Et que c’est pour cette raison que tu veux savoir à quoi t’en tenir.
– Je n’avoue rien si ce n’est que j’aime son style. Pourquoi voir le sexe partout, Lola ?
– Tu n’as pas remarqué que ça motivait un peu les foules ?
– Et l’amitié, alors ? S’il n’a tué personne, Diego deviendra peut-être l’un de mes meilleurs copains.
– LOLA ! INGRID !
Elles se précipitèrent. Sur l’écran, une hôtesse de l’air se débarrassait de son uniforme en souriant.
– Richard Parisy dépense une petite fortune sur les sites pornos, expliqua Diego.
– Et il les aime plutôt girondes, constata Lola. Tu vois, Ingrid, quand je te disais que ça motivait les foules.
– Qu’est-ce que ça prouve, Lola ? Que Parisy senior aime la vie. La belle affaire !
– Ça ne prouve rien, mais on aura au moins évité que Papy Dynamite envoie Diego valser dans le mur, conclut Lola d’une voix de vieux philosophe.
– En parlant de ça, il faut que j’évacue la pression ! Je vais dans un club de salsa. Tu m’accompagnes, Ingrid.
Ce n’était même pas une question. Lola trouvait l’hidalgo tantôt émouvant, tantôt très gonflé.
– Pas question. Ingrid et moi sommes invitées à une soirée privée. ¡ Hasta luego, hombre !
– ¿ Habla usted español, Lola ?
– Absolument pas, mon garçon. Mais ton invitation tient pour une autre nuit. J’adore danser la salsa moi aussi.