Première nouvelle franchise de cette Phase 3 du MCU, Doctor Strange (un peu à l’instar de Thor en Phase 1 et de Les Gardiens de la Galaxie en Phase 2) est un projet délicat : le film se doit d’ouvrir l’univers cinématique de Marvel vers un nouveau pan des comics : la magie et le Multiverse. Et tout ça, en essayant une fois encore de faire tomber le public amoureux d’un héros supplémentaire venant grossir les rangs (sans même mentionner l’univers complètement barré dans lequel il évolue, fleurant bon le psychédélisme des sixties). La tâche de conversion vers quelque chose de simplement « regardable » sur grand écran s’annonce rude...
Inutile ici de rappeler qui est Strange dans les comics. Si vous faites partie des gens qui n’en ont jamais entendu parler, sachez juste qu’il s’agit d’un ancien chirurgien devenu sorcier, et qu’il possède la capacité de voyager vers des dimensions parallèles (en plus d’être affreusement arrogant).
L’envie de faire du célèbre Sorcier Suprême, personnage de comics créé par Stan Lee et dessiné par Steven Ditko en 1967, un héros de long-métrage ne date pas d’hier. Afin d’enchanter les historiens amoureux d’exhaustivité, il nous faut mentionner sa première incarnation à la télévision ; une horreur, en l’occurrence, qui date de 1978. Sa bande-annonce sur YouTube devrait déjà vous en convaincre.
Considérons plutôt que la première tentative, la « vraie », remonte à 1986, lorsque Bob Gale (le papa de Retour vers le futur) se fend d’un scénario narrant les aventures du bon Docteur. Une histoire qui ne verra malheureusement jamais le jour, faute de marque d’intérêt des grands studios, mais dont les curieux pourront trouver des bribes sur la toile.
Après ce premier faux départ, l’idée d’un second scénario germe alors dans les cerveaux du duo Alex Cox (réalisateur de Repo Man) et Stan Lee (qu’on ne présente plus), avec, à l’horizon, une option posée par le studio Regency. Pourtant, rien n’aboutit. Le projet passera alors d’un studio à l’autre, du début des années quatre-vingt-dix jusqu’à la fin des années 2000 (les réalisateurs Wes Craven et David S. Goyer s’y essayeront, sans succès), avant de finalement revenir au bercail, chez Marvel, aux alentours de 2005. Au bon moment, alors que le studio se met à rêver de productions maison...
C’est maintenant que les choses vont commencer à sérieusement bouger. Marvel Studios met alors en place une écurie de scénaristes, pour œuvrer sur un grand nombre de projets au long terme, dont le difficile Doctor Strange. Une entreprise sérieuse, cette fois-ci, dotée d’une véritable intention d’en voir la sortie un jour se concrétiser en salles. Le challenge est de taille, et c’est le duo de novices Thomas Dean Donnelly et Joshua Oppenheimer (officiant alors au cœur de cette écurie de scénaristes montée par le studio) qui le relève en premier, en juin 2010.
Il faudra pourtant attendre 2013, et une déclaration de Kevin Feige, le big boss du studio, pour entendre à nouveau parler du projet. Il déclare à l’époque au site MTV que oui, Doctor Strange est bien dans les cartons pour la Phase 3, mais sans plus de détails. L’information sera officiellement confirmée en octobre 2014, lors de l’annonce post-Comic-Con de la farandole de films à venir, dont nous avons déjà parlé.
Reste alors à savoir à qui l’ami Kevin va attribuer ce chantier délicat. Pour Thor, le studio avait fait confiance à un réalisateur émérite, Kenneth Branagh. Pour Guardians, ils avaient été chercher un James Gunn plutôt débutant, mais fervent enthousiaste des comics. À qui allaient-ils donc confier la lourde tâche de superviser ce nouveau film pivot pour le MCU ?
Scott Derrickson, réalisateur du très réussi Sinister, a une idée très précise de l’identité de ce messie : lui-même. Il en est tellement convaincu qu’il investit beaucoup d’argent pour monter une présentation de quatre-vingt-dix minutes à destination des pontes de Marvel Studios. Et on ne parle pas d’un joli Powerpoint entrecoupé de blagues. Non, Derrickson donne tout, « fait tapis » (comme disent les joueurs de poker), dévoile des concept arts et fait même travailler des storyboarders pour donner vie à sa vision. Il va jusqu’à scénariser une scène complète, celle du premier voyage astral du Docteur. Rien à ajouter : le monsieur a clairement un gros coup de cœur pour le personnage.
Convaincu par tant d’enthousiasme, Feige le signe en juin 2014, après avoir un moment lorgné vers Mark Andrews (réalisateur du Rebelle (Brave) de Pixar) et Jonathan Levine (Warm Bodies). Derrickson est soulagé, sa débauche d’effets n’a pas été vaine, le projet est à lui. Et il possède toujours une vision très claire de ce qu’il veut en faire, notamment en ce qui concerne le rôle-titre et l’identité de celui qui aura la délicate tâche d’incarner l’arrogant chirurgien devenu maître des arts mystiques.
À peine à bord, le réalisateur fait savoir qu’il veut absolument recruter Benedict Cumberbatch pour le rôle principal. Malheureusement, le planning de production n’est pas compatible avec l’agenda de l’acteur britannique, qui doit jouer Hamlet sur les planches. Derrickson se rabat alors sur sa liste de secours : d’abord Joaquin Phoenix (qui refuse) puis Jared Leto (idem). Derrickson déprime.
En coulisses pourtant, Marvel Studios continue de « travailler » Cumberbatch pour tenter de trouver un arrangement. Et en décembre 2014, miracle : un accord est trouvé ! Pour mettre la main sur l’interprète de Sherlock Holmes, le studio a pour la première fois fait une énorme concession : décaler les dates de production pour qu’elles coïncident davantage avec les disponibilités du comédien. Derrickson sort de sa déprime : il a enfin son Stephen Strange !
Du coté du scénario, le bébé est désormais entre les mains de Jon Spaihts, ce qui n’est pas sans inquiéter les fans sur Internet : le monsieur est connu pour avoir rédigé la première version du scénario du Prometheus de Ridley Scott ; certes, avant que Damon Lindelof ne vienne y apporter sa contribution, sans que l’on sache lequel des deux est responsable du contenu de ce film qui a tant divisé.
Comme souvent avec les productions Marvel Studios, une fois l’acteur principal annoncé, les seconds rôles prestigieux s’enchaînent. Pour incarner le Baron Mordo (ancien allié devenu ennemi dans les comics), le studio choisit Chiwetel Ejiofor, un second sujet de Sa Majesté, que l’on avait déjà pu apercevoir en chasseur de primes terrifiant dans Serenity (le film conclusion de l’excellente série Firefly), mais surtout dans 12 Years A Slave pour lequel il a reçu moult prix. En juillet 2015, c’est la fantastique Tilda Swinton qui rejoint l’équipe, pour un rôle qui lui vaudra une belle polémique : celui de l’Ancien (The Ancient One). Il faut savoir que, dans les comics, le personnage est un homme, tibétain. Bien différent donc d’une femme caucasienne. Feige tord immédiatement le cou à la polémique qui se profile, expliquant que « l’Ancien » constitue avant tout un titre honorifique, et qu’ils ont décidé pour le film d’explorer une autre voie que celle des comics, à savoir celle d’une femme d’origine celtique. Ne nous voilons pas la face, il s’agit au passage d’un bon moyen de ne pas offenser le (juteux) marché chinois.
Et en ce qui concerne le « big bad », Derrickson choisit Mads Mikkelsen, tout juste sorti de la série Hannibal, pour incarner Kaecilius, un ennemi... très mineur dans les BD, ce qui rajoute encore aux inquiétudes des fans sur le devenir du film. Pourtant, Mikkelsen est sincèrement emballé : très candidement, il expliquera qu’il rêve depuis longtemps de participer à un film un peu plus « physique », où on l’autorisera à « casser des trucs » contre de l’argent. Finalement, si son personnage de méchant se révèle assez anecdotique dans le film, il est en fait l’arbre qui cache la forêt. À savoir, le terrifiant Dormammu, ennemi légendaire de Strange dans les comics, tapi dans l’ombre, ruminant de sombres plans contre notre planète. Pour l’anecdote, c’est également Cumberbatch qui prêtera sa voix et son visage au Dieu du Chaos, par le biais de la motion capture. Une idée d’ailleurs suggérée par l’acteur lui-même pendant le tournage.
Davantage fan des bandes dessinées Tintin et Astérix que de celles de Steve Ditko, Cumberbatch n’hésite pas à se plonger dans les comics pour étudier consciencieusement la personnalité complexe qui habite le Docteur, et découvrir l’univers dans lequel il va évoluer. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est motivé par le rôle. Encore une fois, un état de fait que Marvel Studios plébiscite chez les gens avec qui il décide de collaborer. Il existe toujours au sein du studio une volonté de créer un « esprit de famille » sur le tournage, et d’être sûr que tout le monde est habité par l’envie de bien faire. Cumberbatch s’avère donc une excellente recrue. D’autant plus que le passage du film revenant sur son apprentissage de la magie sera tourné au Népal ; l’acteur y voit l’occasion idéale de retourner dans ce pays qu’il connaît bien, et où il a déjà passé de longs mois à méditer parmi les moines.
Les premières photos de tournage commencent à circuler, et même les plus sceptiques admettent se ranger du côté des conquis. Cumberbatch est Strange, c’est indéniable. On comprend mieux pourquoi Feige et Derrickson ont remué ciel et terre pour l’intégrer au projet.
Profitons-en au passage pour souligner le travail incroyable abattu par Sarah Finn, directrice de casting sur tous les films du MCU depuis Iron Man. Son nom vous est sans doute totalement inconnu, mais elle s’est avérée jusqu’ici redoutablement efficace pour recruter à chaque fois les bonnes personnes sur les projets maison. Et Marvel Studios lui doit sans conteste une bonne part de son succès au cinéma. On ne parle pas assez souvent des héros l’ombre, voilà qui devrait apporter une sommaire réparation.
Le casting est à présent au grand complet, tout semble se passer de la meilleure des façons, et la production peut donc sérieusement commencer. Derrickson recrute son ami C. Robert Cargill (scénariste sur Sinister) pour affûter le scénario à ses côtés et s’offre même les services de Dan Harmon (Rick and Morty, Community) pour rajouter un peu d’humour à l’ensemble.
Côté visuels, Derrickson a choisi de prendre un gros risque : essayer de transposer sur écran le style très particulier de Ditko, indissociable du personnage. Un parti pris ambitieux et risqué, notamment en ce qui concerne la représentation des fameuses « dimensions parallèles ». Bien évidemment, comme souvent sur les films du MCU, c’est durant la phase de post-production que le plus gros du travail va devoir être accompli. Outre Ditko, que l’on mentionnait ci-dessus, Derrickson souhaite également injecter dans son film des perspectives inspirées par les œuvres de M. C. Escher et des fractales de Mandelbrot, pour en faire un véritable trip psychédélique sur fond de Pink Floyd.
Avec l’emphase mise sur l’utilisation de la 3D, et plus d’une heure tournée au format IMAX, le chantier est considérable. Aux commandes, on retrouve les suspects habituels : la société Luma Pictures, déjà habituée des productions Marvel Studios (ils ont notamment œuvré sur Thor : Le Monde des ténèbres et Iron Man 3), mais également l’incontournable Industrial Light & Magic, sans oublier la dizaine de sociétés satellites qui gravitent en périphérie, chacune spécialisée dans un aspect particulier du film.
Du côté des musiques, c’est à un nouveau venu dans la famille du MCU que Marvel Studios confie les rênes : Michael Giacchino, un collaborateur régulier de J.J. Abrams, à qui l’on doit notamment la bande-son très dépouillée de la série Lost, ou encore celle plus enflammée des récents Star Trek. Pour couper court à un mauvais procès que l’on retrouve dans de nombreux articles Internet, faisant état du manque d’originalité apparent des bandes-son des films du studio, Marvel apporte une réponse immédiate : quelques semaines avant la sortie, Marvel Studios publiera sur YouTube le générique de fin du film, le bien-nommé The Master of the Mystic End Credits, une œuvre complètement barrée et à mille lieues des habillages habituels, dont tout le monde se délectera.
Après plus de deux ans de développement, de tournage et d’ajustements visuels en post-production, le film sera finalement présenté pour la première fois au public lors d’une avant-première à Hong Kong le 13 octobre 2016, pour sortir officiellement le 25 au Royaume-Uni, avant d’inonder le reste du monde. Il sera accueilli par des critiques globalement enthousiastes, qui saluent le talent de Marvel Studios à se renouveler, et surtout à se moderniser, malgré un matériau d’origine souvent suranné.
Sans trop forcer, ce quatorzième film du MCU va récolter près de 700 millions de dollars à travers le monde, soit un énième succès consécutif du studio depuis sa création il y a bientôt dix ans, un sans-faute incontestable d’un point de vue purement financier en tout cas. Cela n’empêche par le studio d’avoir expérimenté quelques difficultés en coulisses (cf. le chapitre Iron Man 2), mais ces mésaventures ne sont pas venues interrompre leur réussite.
À ce titre, Doctor Strange pose un jalon important à cet univers cinématique construit ardemment depuis 2008 : l’introduction des dimensions parallèles ainsi que celle de la magie dans un monde qui avait jusqu’ici plutôt les deux pieds dans la science, même en ce qui concerne les pouvoirs d’Asgard (que Kevin Feige a toujours justifié en déclarant « la magie asgardienne, c’est de la science que nous ne sommes pas encore en mesure de comprendre »). Marvel Studios l’a déjà annoncé : Strange est un film qui servira de fondation au reste de la Phase 3, mais surtout à la Phase 4.
De là à penser que le terrifiant Dormammu sera le nouveau Thanos du MCU, il n’y a qu’un pas. En tout cas, une chose est certaine : on a hâte de voir les pouvoirs du Docteur intégrés à la dynamique des Avengers.
En attendant, la prochaine sortie du studio sera le deuxième volume de Les Gardiens de la Galaxie, prévu pour le 5 mai 2017. Pas question de prendre des vacances : le studio quitte les dimensions parallèles, et s’envole vers l’espace.
Doctor Strange (2016)
Chronologie : Phase III, 2/14
Durée : 115 minutes
Titre français : Doctor Strange
Réalisateur : Scott Derrickson
Producteur : Kevin Feige
Scénario : Jon Spaihts, Scott Derrickson, C. Robert Cargill
Acteurs principaux : Benedict Cumberbatch (Doctor Stephen Strange), Chiwetel Ejiofor (Karl Mordo), Rachel McAdams (Christine Palmer), Benedict Wong (Wong), Mads Mikkelsen (Kaecilius), Tilda Swinton (l’Ancien)
Musique : Michael Giacchino
Société de production : Marvel Studios
Budget : 165 millions de dollars
Box-office mondial : 677,4 millions de dollars
Scott Derrickson
Réalisateur et scénariste né le 16 juillet 1966 à Denver, dans l’État du Colorado. Après une maîtrise des arts à l’USC School of Cinematic Arts, Derrickson coécrit et réalise en 2005 le film d’horreur L’Exorcisme d’Emily Rose (The Exorcism of Emily Rose), qui lui vaudra de remporter le Saturn Award for Best Horror or Thriller Film de 2005, et d’être nommé parmi les cent films les plus terrifiants jamais réalisés, par l’association des critiques de Chicago. Derrickson signera ensuite le scénario du drame indépendant Land of Plenty, réalisé par le vétéran Win Wenders, avant de repasser derrière la caméra, pour le très dispensable (mais rentable) remake de Le Jour où la Terre s’arrêta (The Day the Earth Stood Still) avec Keanu Reeves. C’est surtout en 2011 qu’il va faire parler de lui, lorsqu’il s’associe au producteur Jason Blum pour écrire et réaliser le film d’épouvante Sinister, avec Ethan Hawke. Pour à peine trois petits millions de dollars de budget, le film va en récolter plus de 78 millions sur le marché international, gratifié au passage de quelques éloges critiques. Derrickson écrira sa suite, mais ne la réalisera pas. On le retrouvera au scénario de Les Trois Crimes de West Memphis (Devil’s Knot), réalisé par Atom Egoyan, un autre vétéran, puis il écrira et réalisera Délivre-nous du mal (Deliver Us From Evil) en 2014, un blockbuster d’horreur là encore, qui connaîtra un succès plus que modeste. En 2015, après de longues et âpres négociations dans lesquelles il s’investira corps et âme comme nous avons pu le voir, Scott Derrickson signera chez Marvel Studios, et s’en ira rejoindre les dimensions parallèles, pour y filmer les premiers pas du Doctor Strange dans le MCU.
Steve Ditko
Dessinateur et scénariste de comic books né le 2 novembre 1927 à Johnstown, dans l’État de Pennsylvanie. Figure emblématique de l’histoire des comics, Steve Ditko a étudié l’art à la Cartoonists and Illustrators School de New York, pour débuter ensuite sa carrière chez Charlton Comics. Il y dessinait principalement des histoires d’horreur, de mystère et de science-fiction, empreintes d’une certaine violence qui ne serait plus autorisée aujourd’hui. Il a à son actif la création de quelques-uns des personnages les plus connus des comics américains, tels que Spider-Man et Doctor Strange, qu’il inventa avec son collègue Stan Lee. Vivant reclus, à l’écart de la presse et du public depuis les années soixante, il continue aujourd’hui encore de dessiner depuis son studio de Manhattan.
Benedict Cumberbatch
Acteur anglais né le 19 juillet 1976 à Hammersmith, Londres. Comme beaucoup d’autres artistes dont on a parlé dans cet ouvrage, Cumberbatch a attrapé le virus du théâtre très jeune. C’est durant son passage sur les bancs de la Harrow School qu’il fait ses débuts de comédien. Après l’école, il prend une année sabbatique et s’engage comme bénévole pour donner des cours d’anglais au sein d’un monastère tibétain à Darjeeling, en Inde. Il reprend ses études en dramaturgie dès son retour, d’abord à l’Université de Manchester, puis à la London Academy of Music and Dramatic Art, où il obtient une maîtrise des arts en « classical acting ». Cumberbatch est pris en charge par un agent dès la fin de ses études et décroche son premier grand rôle en 2004, en interprétant le scientifique Stephen Hawking dans un téléfilm. On le retrouvera ensuite dans une version moderne du célèbre détective Sherlock Holmes (Sherlock, 2010), puis dans deux films nominés aux Oscars (rien que ça), Cheval de guerre (War Horse) et La Taupe (Tinker Tailor Soldier Spy) en 2011. Commandeur de l’Ordre de l’Empire Britannique depuis 2015, Cumberbatch a multiplié les grands rôles au cinéma (Star Trek Into Darkness, 12 Years A Slave, Imitation Game), des choix de carrière et une performance qui lui ont valu un Golden Globe et une nomination aux Oscars.