Le lendemain matin, les tout-petits se sont réveillés les premiers. Ensuite, ils ont essayé de réveiller Jake, mais il ronflait à fond alors ils sont passés à moi. Niko était déjà debout et sûrement en train de se rendre utile.
Alex dormait encore. Je n’ai pas voulu le réveiller.
J’ai donc dû m’occuper du petit déj’.
Je n’avais franchement pas envie de devenir le cuistot de service, mais c’est pourtant ce qui semblait se produire.
Je battais des œufs à la main quand Batiste est venu me voir.
— Pourquoi tu fais pas au mixeur ? m’a-t-il demandé.
— On n’en a pas. C’est un des soucis, niveau cuisine, ici. Je n’ai que deux fours électriques et ce gros micro-ondes.
— Pourquoi t’en prends pas un ? a-t-il suggéré, la tête penchée de côté comme un petit caniche.
J’ai dû avoir l’air lent du cerveau, vu qu’il a ajouté :
— Dans le rayon.
Ça m’a fait rire. Trois jours qu’on était dans ce magasin, et je n’avais pas capté qu’on avait à disposition tous les appareils qu’on voulait. À deux pas.
— Mais bien sûr, ai-je dit. Tu m’aides ?
— On y va.
Batiste et moi avons donc équipé la cuisine : mixeur, gril électrique, gril format familial de la marque George Foreman, grille-pain six tranches, mini-four, bouilloire électrique, cuit-vapeur, et toute une batterie de poêles, de bols, de fouets, de spatules, de râpes à fromage. Grosso modo, tout le rayon cuisine.
Pendant notre séance « shopping », Batiste me parlait de ses parents, de leurs copains d’église, de leur pasteur, le révérend Grand, et de son chien Blackie.
J’avais l’impression qu’il se remettait un peu de son expérience avec Astrid.
Quand on est revenus avec les affaires, les autres petits nous ont aidés à tout déballer et ça leur a fait bien plaisir. J’en ai profité pour préparer des œufs au bacon (sur la poêle appropriée, donc !), mais très vite ils se sont mis à se chamailler et ça m’a rendu dingue.
Déjà que j’avais le petit déj’ à gérer dans ce boxon.
— Allez trouver Jake, leur ai-je dit. Demandez-lui ce qui est prévu pour aujourd’hui.
Ils sont partis comme ça, qui shootant dans les cartons, qui se bagarrant, qui pleurnichant, qui papotant.
J’ai enveloppé une assiette d’œufs au bacon dans de l’alu, ai noté trois phrases sur une feuille de mon carnet et l’ai déposée sur l’alu. Ça disait à peu près :
Astrid,
Ces œufs sont pour toi. Un vrai fiasco mais tu peux les manger si ça te dit.
Je sais que tu dois te sentir trop mal. Je suis bien placé pour comprendre. Viens me voir si tu veux parler.
De la part de Dean
Alex a fini par se pointer. Je lui ai offert des œufs, mais il a préféré une tartine à réchauffer.
— Dean ? m’a-t-il demandé. Qu’est-ce qui se passe, dehors, d’après toi ? En vrai.
Je me sentais vanné. J’avais mal aux yeux. À la tête. Je n’avais pas vraiment envie d’en parler mais, pour tout dire, ça me soulageait qu’Alex m’adresse encore la parole.
J’ai retiré mes lunettes pour me frotter les yeux.
— Je pense que les gens du groupe O doivent être en train de piller la ville et de tuer des gens. La plupart des habitants doivent se cacher. T’en as qui doivent être couverts de cloques et pas loin de mourir.
Alex acquiesçait.
Il a sorti de sa poche plusieurs feuilles.
— J’ai établi des chiffres, a-t-il annoncé.
J’ai lu une de ses fiches.
En-tête : Population de Monument, Colorado, avant la crise : 7 000.
Dessous, un tas de nombres.
Et en bas : Population actuelle estimée à : 2 200.
J’ai relu le tout. Les horreurs évoquées.
Je savais comment mon frère fonctionnait. Les chiffres avaient des vertus thérapeutiques pour lui. La peur de tout ce qui était inconnu et inquantifiable, ça lui retournait la tronche.
— Je te fais le détail ? m’a-t-il proposé.
— Non. Cache-moi ce papier. Ne le montre à personne.
— Ça n’est jamais que des chiffres, m’a-t-il rétorqué, limite offensé.
— Pas que. C’est des gens.
On avait nettoyé la cuisine. Sans eau courante, il a fallu ruser. Solution : des lingettes Clorox. Par dizaines.
Ensuite, on est retournés à l’espace multimédia, où c’était le bronx.
Jake et Brayden jouaient au Air Hockey. Ils avaient choisi le modèle luxe et s’éclataient dessus. J’ai remarqué qu’ils avaient aussi joué au ping-pong et mis de côté un jeu de fléchettes.
— Qu’est-ce qui se passe, Jake ? lui ai-je demandé.
— BAM ! GAGNÉ ! a-t-il hurlé.
Sahalia a crié bravo. Elle regardait la partie.
— Prochaine fois, je t’écrase, Simonsen ! a prédit Brayden.
Sahalia s’était changée, elle portait une micro-jupe. Si ça se trouve, c’était juste une écharpe, j’en sais rien. En guise de bas, une espèce de filet de pêche déchiré. Des bottines à talons pas croyables. Un débardeur par-dessus un tee-shirt hyper-mince. On aurait dit un top model de vingt ans.
Elle avait visiblement décidé de faire son marché dans tous les rayons.
Comme tout le monde.
Max et Ulysses buvaient du Coca par bouteilles de deux litres en vidant une boîte de chocos de deux kilos. Ils blaguaient et rigolaient tout le temps – ne me demandez pas comment ils faisaient pour se comprendre.
Batiste avait ouvert un paquet de marqueurs et il coloriait un livre d’images de la Bible.
Chloe, elle, était au paradis des Barbie. Elle s’était pris une ou deux poupées de tous les modèles disponibles. En plus de la maison Barbie, d’une décapotable Barbie, d’une piscine Barbie, d’une jeep Barbie et je sais pas quoi encore : un champ d’éoliennes Barbie, une boutique de chaussures Barbie et une usine d’armes chimiques Barbie. Elle avait aussi choisi deux ou trois Bratz pour pimenter le tout, mais ça restait une orgie Barbie.
Bref, tout le monde profitait du Greenway. À fond.
— Où sont les jumeaux ? ai-je voulu savoir.
Jake et Brayden n’ont pas eu l’air de m’entendre.
— Vous auriez pas vu les jumeaux ? ai-je répété plus fort.
— Non, a répondu Jake.
Voilà. Juste non.
— On est là, a alors annoncé la petite voix de Henry.
Dans l’allée d’à côté, ils s’étaient fabriqué une cabane avec des cartons de jouets. Pile à leur taille. J’ai jeté un œil à l’intérieur. Ils étaient recroquevillés sur une couverture, à sucer leur pouce et à discuter.
— Moi, j’aime sa figure quand elle sourit, disait Caroline.
— Oui, et moi, j’aime son pantalon marron. Le tout doux, ajoutait Henry.
— Et puis ses cheveux.
— Ils sont marron.
Caroline acquiesçait, rêveuse.
Ils parlaient de leur mère.
— Du coup, on n’a pas de plan ? ai-je demandé à Jake.
— Pas encore, m’a-t-il répondu. On commence par une pause. BAM ! DANS LE MILLE !
Je les ai laissés ; Alex m’a suivi.
J’ai shooté dans un sac de couches.
— C’est trop naze, ai-je déclaré. Il y a tellement de trucs à faire. C’est le chaos dans tous les rayons. On est censés tout gérer tout seuls ?
Alex a posé une main sur mon bras.
— Ça va bien se passer, m’a-t-il assuré.
— Sûrement pas.
Sur le moment, j’ai eu envie de pleurer. Je me sentais rougir, et j’avais la respiration bloquée dans ma gorge.
— Rien ne sera jamais plus comme avant, ai-je dit.
Et j’ai filé dans une allée, en shootant dans les décombres.
Je me suis retourné.
Alex restait planté là, les épaules voûtées. Son petit corps qui ployait sous le poids du monde.
Je devais me ressaisir. Je devais prendre soin de mon frère.
J’ai essuyé mes larmes du dos de la main.
Puis je suis revenu vers lui.
— J’ai une idée, ai-je commencé.
— Quoi ?
— Monopoly.
— OK, s’est-il contenté de répondre.
Tous les étés, on passait une semaine dans une maison de Cape May dans le New Jersey (surtout ne pas penser à Cape May balayée par le tsunami). Ma mère y avait grandi, alors on était reçus comme des rois dans tous les restaus du coin (surtout ne pas penser au Jaime’s Waffle Shop balayé par le tsunami). Vu qu’elle connaissait tous les gens du coin (surtout ne pas penser à Jaime). Par contre, comme Alex et moi, la plage, ça ne nous branchait pas trop, on passait le plus clair de notre temps à jouer au Monopoly (penser au Monopoly – rien à craindre).
On a dû passer une heure à se préparer une petite salle de jeu. On a d’abord dégagé un espace. Ensuite, on a rapporté une table à jouer du rayon meubles. On a aussi pris un mini-frigo qu’on a rempli de sodas. Un stock de chips et autres friandises. On a même accroché des serviettes de plage aux gondoles pour se mettre dans l’ambiance.
En début d’après-midi, Niko est venu nous trouver. Sans rien dire, il a maté ce qu’on faisait. On s’est arrêtés, on l’a regardé. Ses yeux n’exprimaient rien – pas franchement étonnant. Au bout d’un moment, il a fait demi-tour et s’en est allé.
C’est difficile à croire, mais on peut passer une journée entière à jouer au Monopoly.
Mon frère et moi, on suivait des stratégies radicalement différentes. Moi, j’achetais tout ce que je pouvais. Alex se limitait aux gares, aux services publics et aux terrains bleu clair (avenues Vermont, Connecticut et Oriental).
Sa stratégie comportait selon moi de nombreux inconvénients. Déjà, pour l’adversaire, c’était super-barbant. Ensuite, ça avait l’air super-barbant pour lui aussi. Enfin, son idée de n’acheter que les terrains bleu clair paraissait débile et pas très rentable, mais il atterrissait toujours sur ces cases-là. Genre, sur la cinquantaine de parties qu’on se tapait chaque été, je ne devais arriver à acheter un de ces terrains que trois fois. Mais le plus gros souci, avec sa stratégie débile, c’est qu’il gagnait souvent.
Là, par exemple, il a remporté la première partie.
Je me suis refait à la deuxième, quand Alex est tombé dans mon hôtel à New York.
La troisième partie – la belle – s’est achevée prématurément quand on a senti la pizza.
Une odeur délicieuse qui m’a fait me lever d’un bond.
Je me disais qu’Astrid avait peut-être repris du poil de la bête et qu’elle nous avait préparé à manger.
— Quand on reprend la partie, je te massacre, m’a assuré Alex.
— Mais oui, monsieur Compagnie des Eaux.
En fait, c’était juste Niko. Il avait compris comment marchaient les fours. Il nous avait donc préparé des pizzas qu’il avait alignées sur le comptoir.
L’odeur n’avait pas attiré qu’Alex et moi : tous les mioches avaient rappliqué, ainsi que Jake, Brayden et Sahalia.
Eux trois étaient affalés sur des banquettes. À voir leur posture et la façon dont les tout-petits les regardaient, j’ai tout de suite su ce qui clochait.
Ils étaient soûls.
Ils avaient trois grands gobelets de granitas devant eux, et j’ai alors vu Jake sortir de sa poche une flasque d’alcool et s’en verser une lampée.
Sahalia a gloussé et s’est penchée par-dessus Brayden pour tremper sa paille dans le gobelet de Jake.
— Hé, la miss, bas les pailles ! a quasi beuglé Jake, sourire aux lèvres.
— Juste une gorgée… a minaudé l’autre.
— Non, non. Même pas une courte paille !
Ils ont trouvé ça hilarant.
Max et Ulysses ont ri aussi, bêtement, comme rient les gamins quand des grands se marrent, pour ne pas se faire larguer.
Niko nous a lancé, à Alex et moi, un regard qui en disait long.
— À table, a-t-il annoncé ensuite. Venez tous vous servir.
— Vous l’avez entendu ? a enchaîné Jake avec un sourire niais. On se dépêche ! Rappliquez tous !
— Grand Chasseur Courageux a parlé, a ajouté Brayden.
— C’est pas toi le chef, tu sais ? a dit Sahalia à Niko en levant les yeux au ciel.
— Ta gueule, Sasha, l’a mouchée Jake.
Un surnom. Génial. Les terminales avaient donné un surnom à l’ado sexy.
— Venez tous, ai-je alors dit pour clore le chapitre. La pizza est chaude. On mange.
Tout le monde s’est plus ou moins mis en rang.
— Moi, je mange pas les saucisses, a protesté Max. Ma maman elle dit que c’est fait avec les fesses des cochons.
— Maman, maman, maman, s’est moquée Sahalia. Vous savez pas parler d’autre chose, les gnards ? Elles me soûlent, vos mères. Elles sont pas avec nous, et elles risquent pas de se pointer de sitôt !
C’était débile de sa part, mais elle ne s’en est même pas rendu compte.
Les jumeaux se sont mis à pleurer ; Ulysses était juste derrière eux, des larmes grosses comme des pois chiches aux yeux.
Niko est venu se planter devant le comptoir pour s’adresser au groupe et tenter de remettre de l’ordre.
— Je me disais, a-t-il commencé. Si Jake le permet, j’ai un plan pour structurer un peu tout ça.
— « Si Jake le permet » mon cul, a dit Brayden d’une voix trop forte. Tu veux juste prendre sa place, oui.
— Non. Par contre, je pense qu’on a besoin de plans bien définis…
— Tu sais quoi, Niko ? l’a coupé Jake. Je sais que tu as de bonnes intentions, mais c’est juste que, tu vois, on vient de vivre un truc horrible. Dehors c’est la zone et on sait pas ce qui va se passer. Moi, je dis, on mérite une petite pause. Le temps de… le temps de se détendre, de décompresser, de profiter de tout ce qu’on a ici. On se la coule douce un moment, t’en dis quoi ? Hein, sérieux, honnêtement, ça peut pas faire de mal, si ?
— Ça va être le chaos, a calmement déclaré Niko.
Jake a alors levé les mains en l’air et reculé d’un pas mal assuré, tandis que Brayden s’avançait.
— Je t’emmerde, Niko ! lui a craché ce dernier. On n’a pas d’ordres à recevoir d’un paria comme toi !
Là, il l’a poussé et Niko a fait un pas en arrière.
— Je ne cherche pas la bagarre, a-t-il affirmé.
— Non, tu cherches juste à donner des ordres. Comme si tu savais ce que tu faisais !
Il l’a encore poussé. Niko s’est retrouvé dos au comptoir. Il a tenté de faire un pas de côté, mais il a dérapé sur une assiette en carton que quelqu’un avait laissée traîner là.
Il s’est relevé tant bien que mal, mais Brayden l’a de nouveau mis à terre.
— Arrête ! s’est écrié Alex.
Les mioches sont partis en live, ça gueulait en mode suraigu, comme une meute de singes.
— ‘rête ça, Brayden, est intervenu Jake.
Brayden se tenait au-dessus de Niko.
— Quoi ? Tu te bats pas ? T’es trop « maître zen » pour ça ? T’es trop « Grand Chasseur Courageux » ? C’est quoi ton problème ?
— Je veux juste être prêt, a commencé Niko. Au cas où on…
— Oh, putain ! a beuglé Brayden. Oh-mais-pu-tain. J’ai pigé. (Il affichait une mine à la fois triomphante et menaçante.) T’es un scout ! C’est ça ?
Niko a haussé les épaules. A dégagé la mèche qu’il avait devant les yeux.
— Oui, je suis un scout, a-t-il fini par avouer.
Brayden s’est plié en deux.
Jake ricanait aussi, et les mioches se sont mis au diapason – pour dissiper la tension ambiante, sûrement.
— « Toujours prêt », c’est ta devise. Putain de scout. Et il voudrait nous donner des ordres !
— Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle, a fait remarquer Niko.
Les tout-petits se marraient encore ; Niko, lui, avait les oreilles qui rougissaient.
— Moi, je suis content qu’il ait suivi une formation de scout, ai-je fini par dire à voix bien haute. Sans ça, je serais mort dans le bus. C’est lui qui m’a tiré de là. Je suis content qu’il soit un scout.
— On s’en cogne de ce que tu penses, Geraldine, a grondé Brayden.
— Moi aussi, je suis content que Niko soit un scout, m’a soutenu Alex. Il sait se débrouiller.
— C’est bon, vos gueules, vous deux, nous a craché Brayden.
— À moins que… Ah, d’accord, je vois. Niko, ton frangin et toi vous êtes dans un trip gay entre scouts. Vous voudriez filer dans les bois pour jouer à saute-moi-le-mouton…
Là, il s’est mis à mimer des coups de reins.
Comme il était devant moi, je n’ai pas vu Niko se jeter sur lui. La tête la première dans les côtes de Brayden.
Jake s’est aussitôt précipité pour les séparer, mais Niko s’est reculé et l’a bousculé. La tête de Jake a cogné contre un montant métallique. Un accident, j’en suis sûr, mais ça lui a fait péter les plombs.
Il s’en est pris à Niko. Coups de poing.
Brayden est venu en renfort.
Les tout-petits sont repartis en live. Batiste s’est enfui. Max beuglait. Les jumeaux pleurnichaient en s’agrippant l’un à l’autre. Chloe criait et se griffait la tête. Un truc de malades.
Niko se défendait de son mieux, mais seul contre deux c’était compliqué. Bêtement, je suis allé tenter d’éloigner Jake et Brayden.
Brayden s’est tourné vers moi, m’a souri comme s’il était content de me voir, et puis il m’a frappé sur le côté de la tête.
À la base, je voulais juste l’éloigner de Niko, mais je me suis retrouvé à le bourrer de coups de poing. Il me coinçait la tête sous un bras, mais ça ne m’empêchait pas de lui tabasser les côtes et là…
Braaaaaaaaam !
Une corne de brume.
Assourdissante.
Braaaaaaaaam !
On a arrêté de se battre.
Relevé la tête.
Josie tenait la corne à bout de bras. Debout sur le comptoir.
Elle portait toujours ses habits crades. Elle avait toujours des croûtes derrière les oreilles, là où Mme Wooly avait mal nettoyé. Son bandage lui collait au front uniquement à cause du sang.
On aurait dit un zombie.
Par contre, elle gérait.
— La bagarre est terminée, a-t-elle déclaré.
Sa voix était calme, mais on l’aurait entendue à plus d’un kilomètre.
— Demain, on organise une cérémonie pour honorer les morts.
On a pris le temps de digérer la nouvelle.
— Ensuite, on votera pour désigner un chef, jusqu’au retour de Mme Wooly.
Et voilà.
On avait un plan.