Éblouis par le soleil hivernal, ils progressaient sur la route dégagée, trois bannières flottant dans la brise. Le lion bleu sur fond jaune de Henry Percy était à l’avant, suivi par le drapeau bleu rayé de blanc et orné de six lions de Humphrey. Les chevrons rouges sur blanc de Robert fermaient la marche. Robert laissait Chasseur se débrouiller entre les racines et les souches, et comme le terrain avait été récemment aplani par des centaines de pieds et de sabots, le chemin était relativement facile à négocier. Même s’il était fatigué après avoir marché toute la matinée, il appréciait le changement d’allure. En petit groupe, ils pouvaient avancer plus vite qu’avec le reste de l’armée, ralentie par les charrettes et l’infanterie. Jetant un coup d’œil à Humphrey, qui lui adressa un sourire en retour, il vit que tous partageaient son soulagement. Jusqu’ici, il ne s’était pas vraiment rendu compte à quel point leur laborieuse marche les avait rendus apathiques.
Au bout d’un moment, quand ils arrivèrent dans la vallée et que le sol fut de nouveau plat, ils tombèrent sur une piste qui partait entre les arbres, de chaque côté de la route. Un morceau de tissu rouge et jaune était noué à une branche. Les éclaireurs de Warwick leur indiquaient le chemin.
— C’est ici, dit Humphrey en se dressant pour tenter de voir par-delà l’épaisseur du feuillage. Ils ont aperçu de la fumée derrière cette colline, apparemment.
— Ça doit mener à un hameau, répondit Henry en observant la piste. Ce sentier ne date pas d’hier.
— Mais il n’est pas très utilisé, commenta Robert.
Le sol était recouvert de feuilles marron et la piste étroite ne laissait passer qu’un cheval à la fois. En outre, des branches basses rendaient le passage difficile. Henry fit signe à deux de ses chevaliers :
— Prenez la tête.
Les hommes s’engagèrent à la file dans le boyau obscur. Ils devaient sans cesse repousser des branches et des toiles d’araignée se prenaient dans leurs cheveux. Le terrain s’éleva rapidement, des oiseaux pépiaient là-haut, sans doute mécontents de leur intrusion. Les hommes étaient sans cesse perturbés par des mouvements imprévisibles dans le sous-bois, et Robert crut un moment apercevoir un cerf qui s’enfuyait entre les arbres. Ils étaient comme ensevelis sous le feuillage, le ciel obscurci laissait croire à un crépuscule vert. S’il y avait des gens par ici, il doutait qu’ils fussent capables de les surprendre. Désorientés, ne sachant plus dans quelle direction ils allaient, ils continuaient de grimper dans cette ambiance accablante, espérant seulement revoir le ciel et la lumière. Leurs souhaits furent bientôt exaucés. En haut, les arbres s’espacèrent progressivement et la piste s’élargit, permettant aux chevaliers de progresser à deux de front, au trot, sur la mousse qui étouffait le bruit des sabots.
Robert se trouvait presque devant avec Humphrey quand l’un des chevaliers de Henry lança un avertissement. Arrêtant son cheval, Robert vit le chevalier pointer du doigt entre les arbres deux grands cerfs attachés aux branches d’un chêne. La tête pendait mollement au bout du cou, on les avait vidés de leurs entrailles et par de grandes plaies béantes suintait une graisse jaunâtre. Une odeur âcre de sang flottait dans l’air.
— Nous devrions peut-être continuer à pied ? proposa Robert.
Le soulagement que cette sortie lui avait procuré au début n’était plus qu’un souvenir. Il sentait les autres s’agiter sur leur selle, et certains avaient même posé la main sur le pommeau de leur épée.
— Non, dit Henry. N’importe qui peut les avoir tués. Je ne veux pas perdre de temps dans cette forêt à cause de quelques braconniers. Nous continuons encore un peu, et après nous rentrons. Pour que les éclaireurs l’aient vue, la fumée ne devait pas venir de beaucoup plus loin.
Sans attendre de réponse, Henry éperonna son cheval, bientôt imité par ses hommes.
Ils ne s’étaient remis en marche que depuis quelques minutes quand ils la sentirent : l’odeur piquante d’un feu de bois. Un peu plus loin, entre les arbres, les bois s’ouvraient sur une clairière en pente que le soleil, en cette fin d’après-midi, nimbait d’une lumière ambrée. Au centre de cette trouée, il y avait les restes d’un village. Des murs éboulés et des poutres calcinées dessinaient encore, ça et là, la forme vague d’une porte. De grandes fougères recouvraient presque tout le reste, comme si elles cherchaient à dissimuler sous une profusion végétale orange et marron les preuves des anciennes habitations humaines. On aurait pu croire que personne n’avait vécu là depuis des décennies s’il n’y avait eu des signes évidents d’activité. Au centre des bâtiments en ruine, un feu flambait dans une grande fosse en produisant une fumée noirâtre qui s’étirait dans le ciel. Des abris temporaires construits avec des branchages et de l’herbe s’appuyaient contre des murs à demi effondrés. Il y avait assez de place pour plusieurs hommes à l’intérieur. Derrière le campement, les bois recommençaient, formant une autre vallée d’ombres.
Les chevaliers se regroupèrent en silence, la plupart ayant les yeux braqués sur le camp, mais quelques-uns scrutant avec inquiétude la forêt obscure qui les enveloppait.
— Je ne vois personne, murmura Humphrey.
— Moi non plus, mais ce feu brûle trop haut pour qu’ils soient loin, répondit Henry en s’apprêtant à lancer son cheval.
— Que faites-vous ?
— Il faut que nous allions y voir de plus près.
— Étant donné la taille du campement, il est plus que probable qu’il s’agisse de la compagnie qui a attaqué le comte de Lincoln. Nous devons informer sir John avant qu’on nous surprenne.
— Pourquoi perdre une heure de plus alors que nous pouvons nous occuper tout de suite de ces manants ? Nous ne pourrons pas revenir avec des renforts avant la nuit tombée et si nous attendons demain, ils seront peut-être partis.
— On dirait qu’ils sont ici depuis un moment, intervint Robert en s’avançant. Je ne crois pas qu’ils vont partir.
Henry lui jeta un regard irrité.
— Vous n’en savez rien, cracha-t-il avant de se tourner vers Humphrey. Vous vouliez prouver votre valeur durant cette campagne. Eh bien, vous en avez l’occasion. Nous en avons l’occasion. Nos pères et nos grands-pères se sont couverts de gloire en servant le roi Édouard. Nous devons leur montrer que nous sommes dignes de leur succéder. Vous connaissez son but, Humphrey, continua-t-il, de plus en plus passionné. Que diriez-vous d’une place à la table du roi quand la prophétie sera accomplie ? Que diriez-vous d’une partie de ce nouveau royaume ?
— Prudence, murmura Humphrey occupé à tout observer autour de lui.
Il croisa le regard de Robert, qui plissa le front d’un air interrogateur, mais Humphrey ne releva pas.
— Vous gâchez une occasion, reprit Henry, inflexible, peut-être la seule que nous aurons au cours de cette campagne.
— Le comte de Lincoln a dit que le groupe qui l’avait attaqué comptait au moins cent hommes. S’il s’agit d’eux, ils sont deux fois plus nombreux que nous.
— Lincoln s’est laissé prendre par surprise. Cette fois, nous avons l’avantage.
Humphrey sembla évaluer un instant leurs chances. Pour finir, on le vit tirer son épée. Une lueur sauvage dans les yeux, Henry sourit.
— Allons exterminer cette vermine, gronda-t-il en éperonnant son cheval.
— Humphrey, l’appela Robert alors que le chevalier suivait son exemple. Ce ne sont pas les ordres.
Le visage d’Humphrey se ferma.
— Nous y allons, se contenta-t-il de répondre en enfonçant ses talons dans les flancs de son destrier.
Robert regarda ses chevaliers par-dessus son épaule. Édouard fronçait les sourcils. Les plus jeunes écuyers, dont Nes, semblaient nerveux, bien qu’ils eussent déjà tiré leur épée. De quoi aurait-il l’air s’il refusait de les embarquer dans cette aventure, si Henry et Humphrey revenaient triomphants vers Warenne en ayant écrasé les rebelles pendant qu’il se terrait dans la forêt ? Si pour eux l’occasion de prouver leur valeur au roi se présentait ainsi, il tenait, lui, celle de prouver son courage à tous. Jusqu’ici tous ces jeunes gens, héritiers des comtés du royaume, l’avaient tenu à distance, même Humphrey, mais il avait vu leur pouvoir et leur influence et il désirait les obtenir pour lui-même. Son père et son grand-père avaient servi les rois d’Angleterre pendant différentes guerres et ils avaient reçu des fiefs en récompense. Lui était venu en Angleterre pour restaurer l’autorité que son nom avait perdue après le couronnement de Balliol, mais pour l’instant, au lieu d’améliorer la fortune de sa famille, il n’avait guère fait que la dépenser.
Il fit signe à Édouard et ses hommes de le suivre, puis il éperonna Chasseur.
Plutôt que de faire halte à la lisière de la forêt, Henry avait poursuivi au galop dans la clairière baignée par la lumière du soleil. L’effet de surprise sur lequel ils auraient pu compter s’était désormais évanoui et les autres l’imitèrent en brandissant leur épée. Henry cavala au milieu des abris et des ruines, Humphrey et Robert sur ses talons. Le grand feu au centre du camp dégageait des vagues de chaleur. Les chevaliers s’éparpillèrent sur le terrain, couvert de fougères séchées qui avaient dû être coupées sur la colline et ramenées là. Plusieurs troncs, pour s’asseoir sans doute, étaient disposés près de l’immense âtre où des os d’animaux noircis se mêlaient aux cendres. Quelques lances étaient fichées dans la boue derrière les abris, à côté de barriques et de piles de cageots abîmés. À ces quelques exceptions près, l’endroit semblait abandonné.
Henry arrêta son cheval près d’un abri et en frappa le toit du plat de son épée. Celui-ci s’effondra dans une pluie de fougères et de feuilles. À l’intérieur, une peau de cerf miteuse tapissait le sol de terre. En se penchant, il ramassa de la pointe de l’épée une cape en loques qu’il brandit un instant avant de la rejeter.
Humphrey mit pied à terre et s’approcha du feu. Plusieurs bols en bois étaient posés sur l’herbe à côté d’une souche d’arbre où trônait une grosse marmite en fer. Il s’accroupit, porta un bol à ses narines et renifla. Avec une grimace, il le laissa retomber.
— Ils ont dû nous entendre arriver, dit-il à Henry en se levant. Robert avait raison. Nous aurions dû continuer à pied quand nous avons croisé les cerfs.
Robert, resté en selle, scrutait les alentours. S’il n’y avait eu ce feu, il aurait affirmé que personne n’était venu là depuis longtemps.
— Cela ne ressemble pas beaucoup à un camp.
Humphrey se tourna vers lui, mais au même moment l’un de ses chevaliers attira son attention.
— Sir, peut-être pourrions-nous les pourchasser dans les bois ?
Parmi les hommes de Henry, quelques-uns étaient descendus de cheval et avaient entrepris de retourner les abris en quête du moindre objet de valeur. Humphrey étudia les arbres qui les cernaient.
— Nous pourrions chercher des jours sans jamais les trouver.
Robert fit avancer Chasseur jusqu’aux lances plantées dans la boue, derrière les abris. Leurs pointes étaient émoussées, le bois usé à l’endroit où les hommes les agrippaient. Il en saisit une et l’extirpa du sol en se demandant pourquoi son propriétaire l’avait abandonnée. Il y avait de nombreux trous à proximité, laissés par d’autres lances, et des empreintes de pas dans le sol, bien que celui-ci fût presque entièrement recouvert de fougères. Soudain, Robert s’aperçut que les feuilles luisaient. En y regardant de plus près, il constata qu’elles étaient maculées d’une substance brillante. Des traînées grises et visqueuses s’étendaient dans la broussaille. Robert y enfonça la pointe de son épée, puis la ramena vers sa main libre pour l’examiner. Il prit la substance entre son pouce et son index. Elle était poisseuse et sentait la graisse animale. Il se détourna. L’ennemi s’était-il servi des fougères pour nettoyer la graisse des marmites ? Quelques-uns de ses compagnons faisaient la même découverte que lui. Il vit un chevalier renifler ses doigts, un autre s’essuyer les mains sur son gambison et un écuyer soulever une cape qui semblait imbibée de graisse. Robert sentit un frisson le parcourir. Des souvenirs de chasse avec son grand-père lui revinrent : il se rappela comment ils posaient des pièges et des appâts, en laissant des traces de sang ou des carcasses de mouton attachées aux arbres pour attirer les loups.
Brandissant son épée à la pointe maculée de graisse, il fit faire volte-face à Chasseur.
— Humphrey !
Le chevalier pivota en entendant son appel, mais au même instant des boules de feu, parties des bois, traversèrent le ciel. Elles continuèrent leur trajectoire ascendante un moment, puis elles décrivirent une molle courbe avant de retomber vers le camp à une vitesse folle. Les hommes avaient eu le temps de comprendre qu’il s’agissait de flèches enflammées avant que les projectiles ne frappent le sol partout autour d’eux. Les chevaliers et les écuyers levèrent leurs boucliers ou se jetèrent derrière les abris pour se protéger, mais ils n’étaient pas directement visés. Quand les pointes s’enfonçaient dans les fougères, l’étoupe en feu menaçait de s’éteindre un instant avant de projeter de grandes flammèches. Où qu’elles tombent, la substance graisseuse au sol s’embrasait aussitôt et l’incendie se propageait. Les chevaux se cabraient, affolés par la chaleur subite.
D’autres flèches s’abattirent sur les chevaliers qui hurlaient et ceux qui avaient mis pied à terre tentaient de rejoindre en courant leur monture paniquée. Édouard Bruce leva son bouclier en voyant une flèche lui foncer dessus. Le projectile se ficha dans le bois. Cerné par la fumée, le destrier d’Humphrey hennit, terrorisé, et partit au galop vers les bois. Humphrey tenta de l’appeler mais il dut se plaquer au sol pour éviter une nouvelle salve. L’un des écuyers de Henry, en reculant pour ne pas être pris sous la pluie de flèches, tomba dans la fosse. Sa cape prit aussitôt feu et il eut beau se débattre pour la retirer, il fut bientôt la proie des flammes.
L’un des chevaliers de Humphrey s’efforçait de remonter sur son cheval quand une flèche le frappa dans le dos. La pointe ne perfora pas complètement son gambison, mais elle s’enfonça dans le rembourrage. Il battit désespérément des bras pour la faire tomber mais les flammes lui léchaient déjà la nuque, et lorsque ses cheveux s’embrasèrent comme une torche, son cheval prit la fuite, alors même qu’il avait le pied à l’étrier. Le chevalier chuta sur le dos et la pointe de la flèche perça le gambison, puis ses poumons. Il se convulsa, un filet de sang à la bouche, tandis que le cheval le traînait hors de la clairière.
Tout en surveillant l’éventuelle arrivée de flèches dans sa direction, Robert luttait pour garder le contrôle de Chasseur. Il criait des ordres à son frère et à ses hommes pour qu’ils restent à côté de lui. Édouard et les écuyers n’étaient pas loin. Il y avait un trou et une lézarde dans le bouclier d’Édouard, qui était noirci sur les bords. Les hommes de l’Essex s’étaient dispersés à travers le camp dès le début de l’attaque, mais ils essayaient maintenant de revenir vers lui en cherchant à traverser les foyers d’incendie. Robert entendit alors un grand rugissement, tourna la tête et vit des centaines d’hommes dévaler la colline dans leur direction, des lances à la main. Henry criait pour appeler ses chevaliers, mais leurs chevaux étaient trop paniqués pour qu’ils puissent obéir à son commandement.
Chasseur se cabrait à son tour. Pendant un instant, Robert fut suspendu en plein chaos, déchiré entre les deux choix qui s’offraient à lui : fuir ou combattre. Il tenait toujours la lance qu’il avait ramassée par terre dans sa main et il avait furieusement envie d’éperonner sa monture et d’aller à la rencontre des hordes qui couraient là-haut. Mais en même temps, il comprenait toute la futilité de ce geste. Ils n’étaient pas en mesure de se regrouper et de charger, le feu les avait divisés. Jetant la lance, Robert fit faire demi-tour à Chasseur, dont les sabots firent voler des cendres rougeoyantes dans son sillage.
— En arrière ! hurla-t-il, le doigt tendu vers les arbres.
Le visage rougi par la chaleur et la colère, Henry entendit son ordre. Une moue de frustration traversa fugitivement son visage, mais il fit tourner son cheval et imita Robert. Les uns après les autres, ils se hâtèrent de quitter la clairière que les rebelles abordaient au même moment, lançant leurs lances au milieu des flammes. Un écuyer, touché au flanc, tomba à terre. Une autre pointe alla se planter dans la croupe d’un cheval, qui rua violemment et désarçonna son cavalier. Le chevalier atterrit sur le toit en feu d’un abri, qui s’écroula sous lui avec une gerbe d’étincelles.
Robert était presque arrivé aux bois, avec son frère et ses hommes devant lui, lorsqu’il entendit un cri plus fort et distinct que ceux des rebelles. Regardant par-dessus son épaule, il vit Humphrey qui courait sur l’herbe, au milieu d’un incendie infernal. Le chevalier courait pour sauver sa vie. Il avait derrière lui une meute d’hommes qui s’apprêtaient à le tuer avec jubilation. Robert fit pivoter Chasseur. Il entendit son frère qui l’appelait, mais ne s’y arrêta pas. Plantant farouchement ses talons dans les flancs de sa monture, il galopa vers le chevalier et s’arrêta net près de lui. Humphrey s’agrippa à l’arrière de la selle et le cheval fléchit un instant sous ce nouveau poids. Robert le hissa en le tirant par son gambison. Humphrey enroula ses deux bras autour de sa taille jusqu’à être de biais sur la selle. Robert allait éperonner Chasseur lorsqu’il vit un autre homme courir vers eux. C’était l’un de ses écuyers de l’Essex. Derrière eux venaient les rebelles. Le jeune homme hurla, au désespoir.
— Foncez ! cria Humphrey.
Un instant, Robert hésita. Il lisait l’espoir sur le visage du jeune homme, qui courait plus vite que jamais. Plusieurs rebelles s’arrêtèrent pour le viser. Robert chercha à le prévenir que des lances arrivaient sur lui mais l’écuyer ne l’entendit pas et l’un des projectiles plongea dans son dos. Lorsque la pointe effilée le toucha, son torse fut projeté en avant.
— Robert ! s’exclama Humphrey.
Au moment où l’écuyer s’effondrait, Robert lança Chasseur au galop. D’autres rebelles prenaient le temps de les ajuster, mais les lances frappaient le sol autour d’eux tandis que les deux hommes se ruaient vers les arbres, laissant le campement incendié derrière eux.