Chapitre 41

Sir John de Warenne sortit de sa tente et s’éloigna dans le brouillard en serrant son manteau et en reniflant sans arrêt. Mai n’allait pas tarder, mais les matinées étaient toujours aussi froides. Il détestait le climat blafard de cette côte nord-est, avec sa mer grise et ses falaises charbonneuses. En vérité, c’est toute l’Écosse qu’il méprisait en bloc. Pas de vraies routes, des étendues de forêt dense et des montagnes déchiquetées qui bouchent l’horizon, la neige en hiver, l’air humide chargé d’insectes agressifs l’été. Il se languissait des bois hospitaliers de ses domaines en Angleterre. La saison de la chasse allait bientôt commencer. Si Dieu le voulait, la guerre serait finie avant.

Devant lui, entre plusieurs rangées de tentes, des hommes s’activaient dans le brouillard. Warenne et ses chevaliers étaient arrivés à Dunbar la veille, les éclaireurs les ayant informés que l’armée écossaise n’était pas en vue, bien que le château fût en effet occupé par les soldats ennemis. Les hommes de Warenne avaient dressé le camp à bonne distance du château perché sur le promontoire rocheux qui dominait le port.

Le comte enjamba les cordes d’attache, et passa devant des chevaux auxquels les palefreniers donnaient leur ration du matin. Des feux de camp s’élevaient des volutes de fumée, l’odeur du bois qui flambait se mélangeant aux odeurs plus riches et plus douces de l’avoine et des herbes. Les cuisiniers étaient debout depuis déjà une heure. Devant Warenne, quatre tours de bois découpaient leurs bords anguleux dans l’air irrespirable. Il s’approcha, ravi de voir ses hommes se donner du mal pour préparer les engins de siège. Ils disposaient de trébuchets à traction bien plus légers que ceux dont Warenne s’était servi au cours de sa longue carrière. Il fallait faire basculer une poutre fine, la verge, à laquelle étaient attachées d’un côté une poche, de l’autre les quatre cordes. Les trébuchets fonctionnaient d’ordinaire grâce à un contrepoids, tandis qu’ici c’était l’homme qui fournissait la force de propulsion en abaissant la verge de façon à imprimer un mouvement circulaire à ses extrémités et à envoyer le projectile, en général un bloc de pierre taillé. Les trébuchets à traction étaient plus faciles à transporter et à construire, en raison de leur petite taille et de leur faible poids, mais ils n’étaient pas aussi efficaces que les trébuchets à contrepoids, qui pouvaient faire voler des pierres pesant deux fois le poids d’un homme à une distance de trois cents pas.

L’un des servants, qui enfonçait un clou dans la structure en bois, vit arriver Warenne dans le brouillard.

— Sir, le salua-t-il en se redressant. Les engins devraient être prêts d’ici une heure.

Warenne grogna en observant le château. Le terrain montait légèrement vers les murailles, qu’on distinguait à peine. Il pouvait sentir l’odeur de la mer et entendre les cris des mouettes, mais il ne discernait pratiquement rien.

— Si le brouillard ne se lève pas, nous n’aurons pas l’occasion de nous en servir.

Deux heures plus tard, le soleil avait écarté les rideaux de brume, dont seuls quelques pans s’accrochaient encore aux remparts du château de Dunbar.

Des oiseaux se dispersèrent lorsque la première pierre traversa le ciel. On entendit un craquement monumental et un nuage de poussière s’éleva. Le rocher tomba à terre dans un déluge de poussière et roula sur les pentes herbeuses en bas des murailles. Quelques secondes plus tard, trois blocs suivirent le même chemin. Chaque coup faisait voler des morceaux de pierre et de mortier des murs.

John de Warenne regardait les servants charger et armer méthodiquement les trébuchets, tirant sur les cordes comme des carillonneurs à l’église. L’une après l’autre, les verges s’abaissaient pour envoyer leur projectile contre la forteresse. En représailles, les flèches pleuvaient du haut des remparts, mais les servants avaient érigé une palissade derrière laquelle ils actionnaient leurs engins en toute sécurité. Les blocs de pierre s’abattaient régulièrement, et des cris succédaient aux chocs retentissants des impacts. Warenne voyait des hommes se déplacer par les trous des meurtrières, mais à moins de tenter une sortie, les Écossais ne pouvaient pas faire grand-chose contre eux. Cependant, le temps jouait en leur faveur.

Quelques chevaliers anglais avaient acclamé les premiers obus, mais les explosions étaient plus impressionnantes qu’efficaces. À vrai dire, comme Warenne le savait bien, il fallait beaucoup de temps aux engins de siège, même des trébuchets, pour ouvrir une brèche qui permette aux assaillants d’entrer. Le roi Édouard voulait reprendre Dunbar rapidement, mais Warenne ne voyait pas trop comment exaucer ses souhaits. Le plus sûr moyen de s’emparer d’un château était d’avoir un transfuge à l’intérieur, mais c’était hautement improbable, les soldats de Comyn le Noir soutenant fidèlement Jean de Balliol.

Le regard de John de Warenne se posa sur la grande silhouette de Patrick de Dunbar, qui se trouvait non loin de lui. Le comte observait le bombardement de son château dans un silence buté. Sa traîtresse de femme se trouvait certainement à l’intérieur. Warenne éprouvait de la pitié pour lui qui devait assister à ce spectacle. Trois ans plus tôt, la fille de Warenne était morte. Elle n’avait été reine que trois mois, mais elle était l’épouse de Jean de Balliol depuis dix ans et elle lui avait donné un fils, son héritier. Warenne trouvait quelque réconfort dans le fait qu’elle n’avait pas eu à subir cette guerre. Il se demanda si le comte de Dunbar n’espérait pas secrètement que le siège échoue. S’il réussissait, sa femme en subirait les conséquences en même temps que les rebelles. Le comte serait-il capable de le supporter ?

Un autre bloc de pierre s’écrasa contre les murailles. Un groupe de soldats traîna une charrette à bras remplie de blocs de pierre jusqu’aux engins, où les tas de projectiles diminuaient déjà. Ils avaient déjà amené deux chargements de ces pierres venues jusqu’à Berwick en bateau, mais il n’en resterait bientôt plus. Il faudrait en chercher d’autres. La plage en bas des falaises pourrait sans doute en fournir, si Warenne trouvait des maçons pour les extraire.

Des bruits de pas le firent se retourner. Humphrey de Bohun avait le souffle court mais il semblait calme en dépit du bruit régulier des pierres qui explosaient contre les murailles et qui faisaient tressaillir certains soldats.

— Avez-vous trouvé un arbre qui convienne ? lui cria Warenne par-dessus le vacarme.

— Oui, sir. Les hommes sont en train de l’abattre. J’ai demandé à six chevaliers de le traîner ici dès qu’il sera tombé.

Warenne hocha la tête. Après la débâcle qu’il avait connue lors de l’embuscade au pays de Galles, l’héritier de Hereford démontrait qu’il avait l’étoffe d’un commandant. Il avait fait ses preuves à Berwick, comme d’autres. Le combat les avait endurcis. Les capacités de Humphrey éclataient au grand jour. Warenne n’ignorait pas que le roi plaçait de grands espoirs en lui.

— Nous utiliserons le bélier contre les portes dès qu’il sera renforcé, dit-il au chevalier.

Le bruit d’une cavalcade couvrit ses propos. Quatre chevaliers pénétraient au galop dans le camp. Warenne ressentit une certaine animation en reconnaissant les éclaireurs qu’il avait déployés la veille. Laissant les servants poursuivre leurs manœuvres auprès des trébuchets, il alla à la rencontre des hommes, Humphrey sur ses talons.

— Sir ! le héla l’un des éclaireurs en mettant pied à terre et en se dirigeant vers lui à grands pas. Les Écossais arrivent par l’ouest.

— Qui est à leur tête ? demanda aussitôt Warenne. Combien sont-ils ?

— Ils sont tous là, sir. Toute l’armée écossaise, emmenée par les Comyn et le roi Jean. Nous devrions les voir d’un moment à l’autre.

L’éclaireur se tourna et désigna à l’ouest un terrain en légère pente, semé de bruyère, avec quelques arbres ici et là.

— Par cette colline.

Warenne contempla la colline avec une pointe d’excitation. La perspective d’une bataille rangée lui plaisait bien davantage que celle d’un long siège, l’attente ayant tendance à démoraliser les hommes, sans compter les dangers inhérents à sa position : le manque de vivres, les attaques-surprises menées depuis le château ou celles du corps principal de l’armée, les routes de retraite coupées… Toutes ces années à combattre dans des tournois ou des campagnes les avaient bien entraînés. Warenne avait confiance, il sentait que ses hommes, guerriers endurcis et jeunes loups, pouvaient écraser les Écossais en une seule bataille bien menée.

Quelques instants plus tard, l’horizon s’assombrit sur la colline et il discerna bientôt distinctement des hommes à cheval. Des bannières aux couleurs vives étaient hissées. Un cri retentit en haut des remparts de Dunbar. Les Écossais aussi avaient repéré l’armée venue leur prêter main-forte.

Warenne se tourna vers Humphrey en élevant la voix pour se faire entendre au milieu des clameurs des défenseurs.

— Occupez-vous du campement, lui ordonna-t-il. Il ne faut pas que les hommes de Comyn sortent du château et me prennent à revers.

— Sir, répondit Humphrey en s’inclinant.

Laissant au chevalier le soin de rassembler les guerriers les plus jeunes, Warenne traversa le camp à la hâte en hélant ses commandants. Les capitaines de la cavalerie et de l’infanterie entreprirent de rameuter leurs troupes. Les écuyers et les palefreniers se précipitèrent vers les chevaux qu’il fallait seller, et ils se dépêchèrent de boucler les sangles et de leur passer la bride au cou. Toujours prêts à une éventuelle attaque, la plupart des chevaliers portaient déjà une armure, qu’ils complétèrent par ce dont ils ne se chargeaient qu’au dernier moment : gantelets, heaumes et boucliers. Les soldats de l’infanterie ajustaient la ceinture de leur épée et prenaient marteaux et piques avant de rejoindre leur compagnie. Les engins de siège continuaient de frapper les remparts, mais le bruit des projectiles fut bientôt presque couvert par les hennissements des chevaux qu’avaient enfourchés les chevaliers.

À mesure qu’ils s’éloignaient à l’ouest à la rencontre des Écossais, les cris des défenseurs diminuaient dans leur dos. Des pans de ciel bleu apparaissaient entre les bannières blanches des nuages que le vent faisait dériver. Le soleil dardait ses rayons par les trouées, réchauffant les visages des chevaliers et de l’infanterie qui marchait derrière. À la tête des troupes, John de Warenne ne quittait pas des yeux l’armée ennemie. Les Écossais, en surplomb, avaient l’avantage du terrain, mais cela n’inquiétait pas outre mesure le petit-fils du légendaire Guillaume le Maréchal. Derrière lui, les colonnes gravissaieent avec confiance la colline au sol boueux.

Les couleurs des drapeaux ennemis devenaient visibles. Parmi eux, il y avait la bannière royale d’Écosse, le lion rouge courant sur fond jaune. Les Écossais regardaient les Anglais monter vers eux en criant. Warenne supposait que le désir de vengeance galvanisait l’ennemi. Il ne devait pas y avoir un Écossais qui ne fût au courant du massacre de Berwick. La soif de revanche était une bonne chose. Elle les rendrait imprudents. Ses hommes, eux, étaient concentrés, silencieux, ils économisaient leurs forces pour la bataille.

Lorsque les chevaliers anglais arrivèrent en haut d’une première butte, Warenne leva le poing pour ordonner aux troupes de s’arrêter. Ses commandants vinrent à sa hauteur pendant qu’il examinait le terrain. Devant eux, s’allongeait une vallée où les arbres et les buissons, très denses au fond du défilé, dissimulaient presque un cours d’eau qui scintillait sous le soleil. De l’autre côté du ruisseau, les bois s’éclaircissaient de nouveau dans la longue pente en haut de laquelle les attendaient les Écossais. Après avoir distribué les ordres à ses commandants, qui s’en allèrent les relayer auprès de leurs hommes, Warenne fit descendre ses soldats dans la vallée. Assis en arrière dans leur selle, les chevaliers confiaient à leur destrier le soin de trouver leur chemin. Les harangues des Écossais leur parvenaient, hachées. L’infanterie suivit, les soldats s’appuyant sur leurs lances. Le soleil disparut derrière un nuage et l’ombre couvrit le paysage. En contrebas, le ruisseau prit une teinte ardoise.

Les premiers chevaliers, dont Warenne, avaient atteint le cours d’eau. Par endroits, les berges étaient hautes et les hommes durent se séparer pour traverser à gué. Certains faisaient marche arrière entre les arbres pour trouver des passages plus commodes, d’autres descendaient prudemment sur la rive sablonneuse avant de s’enfoncer dans l’eau glaciale. La vase remuée par les sabots donna bientôt une couleur marron au ruisseau. Les hommes forçaient leur monture à avancer en leur donnant de petits coups de talon. Quelques chevaux dérapèrent mais les chevaliers les reprirent en main sans leur laisser le temps de paniquer. Peu à peu, l’ensemble de la cavalerie traversa.

Warenne reformait les lignes de l’autre côté du cours d’eau. Il aboyait des ordres pendant que les derniers chevaliers franchissaient l’obstacle. Puis ce fut au tour des soldats à pied. Mais subitement, en haut de la colline, Warenne perçut le son aigrelet de plusieurs cornes, suivi du bruit de tonnerre des sabots sur le sol. S’avançant pour mieux voir, le comte de Surrey vit l’armée écossaise se déverser sur la pente dans leur direction. L’espace d’un instant, la soudaineté de la charge le tétanisa. Après quoi il distingua les cris qu’ils lançaient par-dessus les cornes.

— Sur eux !

— Sur eux ! Les lâches s’enfuient !

Pendant quelques secondes, Warenne examina ses troupes dispersées au fond de la vallée. Certains reculaient dans les bois à la recherche d’un passage dans l’autre sens. Il comprit alors que le fait d’avoir rompu les lignes pour traverser le ruisseau avait paru une débandade aux Écossais. Il hurla à ses hommes de rejoindre sa rive par n’importe quel moyen. Les derniers chevaliers venaient tout juste de franchir le gué. La plupart escaladaient la berge sans difficulté, mais quelques-uns tombèrent en arrière, les chevaux hennissant et roulant sur eux-mêmes. Plus loin, les centaines de soldats à pied qui levaient leur arme en l’air pour la protéger de l’eau se retrouvèrent bloqués. Abaissant sa visière, Warenne prit la lance que lui tendait son écuyer et sortit au galop du couvert des arbres, suivi par ses hommes.

Les Écossais, dont la masse désordonnée plongeait dans la vallée, virent une ligne de chevaliers émerger des bois et resserrer les rangs en fonçant vers eux, lances pointées en avant. Ce qu’ils avaient pris pour une débâcle, sous la pression de la peur, se transformait en un mur d’acier discipliné qui escaladait la côte à leur rencontre. Ceux des Écossais qui avaient pris la tête de cette charge hasardeuse, voyant la vague des chevaliers anglais déferler sur eux, tirèrent sur leurs rênes, pour ralentir, ou faire volte-face. Mais c’était impossible désormais, les masses d’hommes dans leur dos les poussaient droit sur la cavalerie lourde anglaise. Et leur soif de revanche leur paraissait maintenant bien illusoire. Les Écossais qui avaient déjà connu la bataille appelaient les autres à ne pas se débander, mais il était trop tard. Les chevaliers anglais perforèrent leurs lignes.

Jetés à bas de leur monture par la force de l’impact, les hommes retombèrent durement au sol. Certains demeuraient inertes, d’autres mouraient piétinés par les chevaux, le visage à demi enfoui dans la terre. Pendant que les chevaliers semaient la panique dans l’armée écossaise, les soldats se jetaient à leur tour dans la bataille. Telle une nuée de sauterelles, ils sautèrent sur les hommes et les chevaux tombés à terre, entourèrent les comtes et les chevaliers, qu’ils désarmèrent et firent prisonniers. Quelques nobles combattirent en vain jusqu’à leur dernier souffle, cernés par des soldats trop nombreux qui les mettaient en pièces à coups de piques et de marteaux.

Warenne, qui avait déjà utilisé sa lance, maniait maintenant son épée contre un Écossais. Incapable de parer ses grands coups amples, l’homme trébucha et Warenne en profita, d’un coup de reins, pour faire pivoter son cheval et bousculer la monture de son adversaire, qui tomba de selle. Il s’écrasa au sol en poussant un cri. Alors qu’il essayait de se relever, trois soldats fondirent sur lui. L’un lui donna un coup de marteau dans le ventre qui le fit se plier en deux pendant que les autres le frappaient jusqu’à ce qu’il soit désarmé. Warenne éperonna son cheval, suivi par les soldats dans la mêlée où les coups pleuvaient sur tous sans distinction.

Les chevaliers de Warenne pourchassaient les fuyards qui se dispersaient sur la colline, ils visaient le dos, tranchaient les bras, les gorges, les ventres ennemis. Les chevaux en armure renversaient les hommes comme des sacs, ou bien ils ruaient et les écrasaient sous les fers de leurs sabots, fendant les crânes et broyant les colonnes vertébrales sous leur poids, comme on leur avait appris à le faire. Le sol fut bientôt gorgé de sang, les Écossais grognaient en essayant d’échapper à la horde des soldats anglais qui les achevaient d’un coup brutal.

À travers tout le champ de bataille, les Écossais tentaient maintenant de s’échapper, la seule issue positive consistant pour eux à s’en sortir vivant. Warenne vit fugitivement la bannière royale d’Écosse disparaître en haut de la colline, suivi par l’étendard de Comyn le Rouge. Les cadavres qui jonchaient le terrain en pente rendaient impossible leur prise en chasse. Poussant un juron, Warenne poursuivit le combat.

En moins d’une heure, la bataille fut terminée. Partout gisaient des hommes et des chevaux. Quelques nobles écossais avaient péri, mais ce n’était rien comparé aux soldats, tombés par centaines. Par endroits, il y avait tant de morts que des mares de sang se formaient et se déversaient dans le ruisseau. Les soldats anglais arpentaient le champ de bataille pour achever les blessés.

Assis sur son destrier couvert de sang, le nez et la gorge pris par la puanteur de la mort, Warenne contemplait la scène. Il était déçu de ne pas compter le roi d’Écosse dans les rangs des nobles écossais capturés par ses chevaliers, mais il avait tout de même remporté la victoire. Et de quelle manière ! Nombre de seigneurs écossais, y compris des comtes et des barons qui avaient accaparé l’autorité depuis que le roi ne tenait plus le royaume, avaient été faits prisonniers. C’était une mauvaise journée pour l’Écosse. En une seule charge, le comte de Surrey avait décimé une grande partie de son armée et la plupart de ses chefs.