Chapitre 49

La compagnie entra dans le port d’Irvine. Les ombres des chevaux s’étiraient sur l’herbe. Le soleil de la fin juin avait bronzé le visage de Robert, et les champs de blé qu’ils avaient traversés avaient déposé une couche de poussière sur son surcot et son manteau. Au-dessus de lui flottait l’étendard de Carrick, porté par Walter. Outre le chevalier de Carrick, il fallait compter Nes, qui guidait Chasseur en plus de son propre cheval, les Seton et deux chevaliers du Lothian, sujets d’Alexandre. Depuis qu’ils avaient quitté Douglasdale, Robert avait tenu des conseils rapprochés avec eux, ils avaient fait des quarts de garde les uns avec les autres, et en quelques semaines sur la route, il en était venu à bien connaître les cousins. Il était heureux de les avoir avec lui : Christopher pour lui égayer l’esprit et Alexandre pour veiller sur ses arrières.

Derrière eux venaient sept écuyers de Carrick, cinq serviteurs et l’intendant de Robert, qui, tous, dirigeaient des chevaux chargés de vivres et d’affaires. Un chariot solitaire portant le matériel le plus lourd et les tentes bringuebalait dans leur sillage. Parmi ces hommes, Katherine montait la jument alezane qui avait appartenu à l’épouse de Robert. Elle portait également l’une des robes d’Isobel, dénichée dans ses affaires à Lochmaben. Robert ne se rappelait pas avoir conservé les vêtements de sa femme et pourtant, le deuxième matin où ils s’étaient réveillés ensemble, Katherine lui avait montré la robe en lui demandant si elle pouvait la mettre, ses propres vêtements commençant à être usés. Il l’avait regardée un moment, debout, nue, les joues encore rougies d’avoir fait l’amour, avant de hocher la tête sans un mot. La robe bleu pâle, lacée à l’arrière par un ruban brodé en argent, était un peu trop ample, Katherine étant plus petite qu’Isobel, et un peu serrée à la poitrine, qu’elle avait généreuse, mais elle avait demandé à Judith d’y remédier. Aujourd’hui encore, la robe qui flottait sur la croupe du cheval lui comprimait légèrement le buste. D’ailleurs, les hommes l’avaient remarqué, comme le savait bien Robert.

Près de Katherine, Judith fixait la route, le regard morne sous sa coiffe empoussiérée, son visage pincé tourmenté par le soleil. La pauvre était une souillon mais tant que son lait coulait, elle avait autant de valeur aux yeux de Robert que les chevaliers et les écuyers avec leurs épées. Marjorie était installée derrière sa nourrice, dans une chaise fixée à la selle que Nes avait fabriquée à partir d’un vieux tabouret et rembourrée d’une couverture. À presque seize mois, sa fille commençait à gazouiller, à bafouiller des syllabes, pour son plus grand plaisir.

Par-delà Irvine et la rivière, ils voyaient le campement rebelle qui s’étalait sur des champs en jachère. Venus des quatre coins de l’Écosse, une assemblée bigarrée se retrouvait là : barons et seigneurs, gens de robe et officiers, et pour faire nombre, toute une populace de criminels et de paysans. Ils bouchaient le paysage avec des équipements aussi disparates que possible, des grandes tentes joliment meublées aux simples couvertures jetées par terre, et des destriers armurés aux mules, en passant par les chevaux de trait. Il y avait des feux creusés dans des trous, alimentés par des serviteurs, et de simples feux de camps tisonnés par des hommes rugueux qui portaient des bonnets de laine. Entre la masse des tentes, l’herbe était constellée de chardons violets. Robert plissa les yeux à cause de la fumée et chercha la bannière du chambellan.

De Douglasdale, il était parti au sud-est en direction de Kyle Stewart, suivant les conseils de lady Douglas. Le chambellan était devenu une sorte de phare, un espoir à l’horizon. C’était un politicien rusé et un orateur hors pair, et le grand-père de Robert le comptait parmi ses plus proches confidents. Il était certain qu’il pourrait le conseiller, mais il avait déchanté en arrivant sur place et en constatant que le chambellan était parti récemment, comme le leur avait appris un garde suspicieux, pour rencontrer l’évêque de Glasgow. Robert hésitait sur la marche à suivre, ils s’étaient alors attardés quelques jours dans les bois près de Kyle Stewart, où ils avaient dressé leur camp.

Sa décision d’aller à l’encontre des ordres de son père s’était affermie en lui pendant leur voyage vers l’ouest et il était désormais convaincu d’avoir pris la bonne décision. Les événements de l’année passée ne pesaient plus sur ses épaules et, malgré l’inquiétude que les éventuelles représailles faisaient naître en lui, il se sentait léger, optimiste même, pour la première fois depuis des mois. Il s’était mis à rêver de pouvoir négocier avec les Anglais, ce qui avait contribué à lui redonner de l’espoir. Étant l’un des treize comtes d’Écosse, et un ancien membre de l’élite du roi, sa voix serait sûrement prise en compte, contrairement à celle de Wallace, qui incarnait la population révoltée et dont la seule ambition semblait être de tuer tous les Anglais qu’il croisait. Quels que soient ses espoirs, Robert ne pouvait cependant pas attendre indéfiniment le retour du grand chambellan, car chaque jour qui passait rendait plus crédibles les rumeurs de guerre.

Les gens parlaient d’explosions de violence à l’ouest entre les MacDonald d’Islay et les MacDougall d’Argyll. Les premiers, des amis de la famille Bruce, ayant soutenu le roi Édouard depuis l’occupation, subissaient les représailles des MacDougall, alliés de longue date des Comyn. On parlait de villes incendiées et de familles obligées de fuir devant les bandes armées qui battaient la campagne pour tuer et piller. Partout la rébellion s’amplifiait à mesure que les différentes maisons affirmaient leur position et choisissaient leur camp, les anciens liens de vassalité n’ayant plus cours. Les garnisons anglaises, retranchées dans les enceintes des châteaux, se dépêchaient d’envoyer des messages d’urgence et des appels à l’aide à Berwick, à l’intention de Cressingham, les routes commençant à devenir de plus en plus dangereuses. Petit à petit, Robert avait découvert que les Écossais se réunissaient à Irvine. Les rapports, confus, disaient tantôt que le roi Édouard lui-même faisait route vers le nord pour affronter les rebelles, tantôt que Wallace avait l’intention d’envahir l’Angleterre, mais ils s’accordaient tous sur le fait que deux personnalités d’importance s’étaient rangées du côté des rebelles, l’évêque Wishart et sir James Stewart, et qu’eux aussi se rendaient au port.

Alors qu’ils approchaient du camp rebelle, Robert sentit son excitation monter à l’idée de pouvoir retrouver le grand chambellan. Une patrouille armée les intercepta avant qu’ils n’arrivent.

Les hommes étaient à pied, et celui qui était à leur tête leva la main pour qu’ils s’arrêtent. Musclé, son crâne chauve rougi par le soleil, il était vêtu de façon incongrue de braies qui lui descendaient aux mollets, maintenues par une grande ceinture à la taille, et d’une cape doublée qu’il portait ouverte sur son torse couvert de cicatrices. Il serrait dans sa main une hache immense à lame incurvée. Les six hommes à ses côtés étaient eux aussi accoutrés d’un mélange bizarre et héteroclite de vêtements. L’un d’eux, qui allait pieds nus, portait la tunique courte des gens des Highlands et était armé d’une longue lance. Un autre avait enfilé un haubergeron comme on n’en voyait plus, trop grand pour lui, tandis que deux autres, en gambison, avaient des arcs courts et des carquois en tissu remplis de flèches pendus aux hanches. Ils se comportaient avec agressivité, en apparence sûrs d’eux-mêmes, et à en juger par les coupures et les bleus qu’ils arboraient çà et là, ainsi qu’aux taches de sang sur leurs vêtements, ils devaient s’être battus récemment.

Le chauve en cape fourrée observa un instant la bannière de Robert.

— Qui êtes-vous ? grogna-t-il.

Quand Robert leur donna son nom, il remarqua un changement instantané dans le comportement du groupe. Le chauve jeta un coup d’œil entendu à l’homme en tunique courte, qui hocha la tête en silence et s’en alla vers le camp.

Le chauve s’intéressa de nouveau à eux et leur ordonna d’attendre d’un air renfrogné.

Robert s’assit en arrière sur sa selle, indifférent, mais il se demandait en son for intérieur s’il n’avait pas commis une erreur en venant ici, et une erreur peut-être lourde de conséquences. Il croisa le regard d’Alexandre Seton, visiblement aussi inquiet que lui, la main sur le pommeau de son épée.

Après une attente tendue, plusieurs hommes apparurent au milieu de la foule du camp, derrière l’homme en tunique. Robert se redressa en reconnaissant les damiers bleus et blancs sur fond jaune qui décoraient leurs boucliers : les armes du chambellan. Bien que rassuré par les preuves de la présence de celui qu’il considérait comme un ami, il fut cependant troublé de constater que ses chevaliers le saluaient aussi laconiquement que le chauve, leurs mains ne s’éloignant jamais de leurs armes tandis qu’il mettait pied à terre avec ses hommes. Après avoir laissé son cheval aux soins de Nes, Robert suivit l’escorte. En jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, il s’aperçut que le chauve et ses hommes avaient resserré les rangs dans son dos.

Ils passèrent entre les tentes éclairées par les lanternes et les tourbillons de fumée des feux. On scrutait sa bannière avec méfiance. Il ne pouvait pas en vouloir aux rebelles. Il avait passé deux ans à la cour du roi Édouard et pendant la guerre, sa famille s’était rangée du côté du roi. Au même moment, alors qu’il se promettait de les faire changer d’avis, il avisa des tentes alignées un peu plus loin. Devant elles, parmi les chevaux attachés à des pieux, il y avait autant de robustes coursiers que de chevaux de trait. L’odeur du crottin et de la paille se mêlait à celle du bois qui brûlait dans un trou. Un groupe d’hommes rassemblés autour des grandes flammes partageait le boire et le manger en riant et en discutant. Quelques-uns fixaient l’âtre en silence, leur visage bronzé devenu livide dans la lueur du feu. Entre celui-ci et les tentes, Robert repéra James Stewart. Il parlait à un homme courtaud, la peau du visage marbrée et le crâne tonsuré, vêtu de robes bordées d’hermine. Robert Wishart, l’évêque de Glasgow. Tous deux tournèrent la tête à son approche. Robert leur adressa un sourire, que ni le chambellan ni l’évêque ne lui rendirent.

Dans le même temps, sa suite, y compris Katherine et Judith, dans les bras de laquelle Marjorie se débattait, était escortée par les chevaliers.

— Sir Robert, le salua Stewart d’une voix glaciale. Cela faisait longtemps.

— Je suis heureux de vous voir, sir James. Mes hommes et moi arrivons de Kyle Stewart, où j’espérais pouvoir prendre conseil auprès de vous.

— Je me demandais si nous ne vous verrions pas sous peu, commenta le chambellan en jaugeant du regard la compagnie de Robert. J’ai appris ce qui s’est passé au château de lord Douglas.

— Vraiment ?

Robert était surpris. Du coin de l’œil, il vit le chauve approcher du feu et discuter avec un homme de grande taille, immense même, qui lui tournait le dos.

— Ma sœur est venue ici chercher refuge il y a une semaine, expliqua le chambellan. Vous avez toute ma gratitude pour l’avoir laissée libre, ainsi que mon neveu. S’ils étaient tombés entre les mains du roi Édouard, je ne suis pas certain que je les aurais revus.

Ses remerciements semblaient sincères, mais manquaient de chaleur. Robert remarqua que plusieurs hommes près du feu les observaient à la dérobée. Il résista à l’envie que ces regards hostiles lui donnaient de se rendre auprès de sa fille pour la protéger. L’un des hommes se détacha du groupe et vint vers eux d’un pas décidé. Il était bien bâti, avait des cheveux noirs balayés par le vent, et était mieux habillé que la plupart des autres : outre une cape bleue de belle facture, il portait une cotte de mailles bien ajustée. Robert avait l’impression de l’avoir déjà rencontré. Voyant les trois étoiles blanches sur sa cape, il comprit pourquoi son visage lui était familier. Quand l’homme parla, il eut confirmation qu’il s’agissait bien du père de James Douglas.

— Sir Robert de Carrick, n’est-ce pas ? l’interpella-t-il. On m’a dit que vous aviez sauvé ma femme et mon fils. Avant de vous remercier, j’aimerais savoir pourquoi.

— Nous aimerions tous le savoir.

C’était l’homme immense, près du feu, qui avait parlé d’une voix retentissante. Il marchait près du chauve, qui avait l’air petit en comparaison. Robert regarda le géant arriver sur lui. Il devait mesurer au moins deux mètres. Ses mains et ses pieds étaient de la taille d’une pelle, mais en proportion de sa stature. Robert n’était pas précisément minuscule, mais il avait l’impression de l’être face à ce colosse. Même le roi d’Angleterre, qu’on craignait et qu’on respectait pour sa grande taille, et qu’on surnommait Édouard aux longues jambes, n’aurait pas fait le poids. Son visage était brutal, carré, avec un nez qui avait dû être cassé plusieurs fois. Il avait une ecchymose au front, à moitié cachée par des cheveux bruns en bataille. Ses bras aux muscles épais arboraient des blessures récemment recousues, l’une d’elles courant du poignet au coude. Mais le plus surprenant chez lui, c’étaient ses yeux brillant d’une vive intelligence. Il était vêtu de braies tachées, de bottes en cuir usées et d’une tunique bleu foncé, sous laquelle Robert discerna le renflement d’une cotte de mailles plates.

Le géant se planta devant Robert.

— Que venez-vous faire dans mon camp ?

Robert garda le silence un instant. Ainsi donc, c’était lui, l’homme qui avait refusé de jurer fidélité au roi Édouard et qui avait poignardé le fils du chevalier anglais qui l’avait insulté, puis avait combattu cinq de ses compagnons, armé d’un simple couteau rouillé. L’homme qu’on avait emprisonné, battu et affamé jusqu’à ce qu’il cesse de respirer, que ses geôliers avaient jeté avec les excréments de la nuit, et qui s’était relevé d’entre les morts deux jours plus tard. L’homme qui avait chassé le Justicier anglais de Scone, fait fuir l’évêque Bek de Glasgow, et haché menu la moitié de la garnison de Lanark pour occire le prévôt de la ville dans son lit, meurtre qui avait sonné le début de l’insurrection.

Robert était stupéfait, car bien que la stature du géant ne démentît pas les contes folkloriques qu’on répétait à son sujet, il était à peine plus vieux que lui alors qu’il avait attribué tous ces faits d’armes à un chef forcément plus âgé. Il vit que Wallace portait un étrange collier qui était – Robert s’en rendit compte – une dent humaine montée sur un pendentif, un trophée grotesque. En levant alors les yeux, il croisa le regard bleu et acéré du jeune homme. Sur la route d’Irvine, il avait réfléchi à ce qu’il dirait en arrivant, et prévu d’expliquer que la haine qu’il éprouvait était devenue insoutenable et qu’il lui fallait désormais se battre pour le royaume qui l’avait vu naître. Mais, face à ces visages inamicaux, ces mots lui paraissaient pompeux et quelque peu hypocrites.

— Je suis venu offrir mon concours au soulèvement contre les forces du roi Édouard, dit-il finalement en se tournant vers James. Après tout, je suis aussi écossais que n’importe lequel d’entre vous.

Il avait dit ces derniers mots en fixant Wallace, qui avait l’air loin d’être convaincu. Le chauve ricana. Nes s’agita et Alexandre mit la main sur le pommeau de son épée.

Wallace dévisagea longuement Robert.

— Ah oui ? Vous êtes aussi écossais que nous ? Alors que votre père défend la ville de Carlisle pour le roi anglais ? Alors que vous avez refusé de lever les armes pour le roi Jean et que vous préférez le faire pour l’Angleterre ? Je n’ai aucun besoin d’un homme qui s’est tout juste donné la peine de naître en Écosse. J’ai besoin d’Écossais de cœur.

Robert fit un pas en avant. Il avait envie de lui demander comment un barbare comme lui, qui n’avait pratiquement pas de sang noble dans les veines, osait lui parler de cette façon. Mais il ravala ces propos, qui lui rappelaient trop les sorties méprisantes de son père.

— Ma famille a refusé de se battre parce que le roi qui nous appelait à le faire était sous l’emprise de nos ennemis, les Comyn.

Des murmures s’élevèrent, et il jeta un regard de défi alentour pour appuyer son affirmation. Puis il porta son attention sur le chambellan et sur Wishart.

— Beaucoup d’entre vous soutenaient mon grand-père lorsqu’il a prétendu au trône, vous avez mis vos noms et vos réputations à son service. Et où étiez-vous quand Édouard a choisi son rival ? Vous avez fui, parce que vous ne vouliez pas risquer vos positions. C’est compréhensible. Mais le choix fait par ma famille, qui a refusé de se soumettre à un ennemi, et préféré demeurer fidèle à un roi qui l’avait meurtrie, mais au service duquel elle restait, l’est tout autant. Quelle que soit votre opinion sur ce que nous avons fait, je suis resté loyal toutes ces années durant au seul roi auquel ma famille avait rendu hommage. Mais aujourd’hui, les limites de cette loyauté sont atteintes.

C’est James Stewart qui vint à la défense de Robert.

— Aucun d’entre nous ne peut nier ce que vient de dire sir Robert. À ma grande honte, je me suis éloigné de sa famille alors que j’avais promis à son grand-père de le soutenir.

Ses yeux bruns se posèrent sur Robert.

— C’est un regret avec lequel je vis toujours, et encore plus depuis le décès de votre grand-père, lui dit-il doucement avant de se tourner vers Wallace. Maître William, il faut du courage pour défendre sa famille avec tant de monde contre soi. Et il en faut aussi, et même plus, pour la déserter pour le bien du royaume.

Wallace secoua la tête.

— J’aimerais être d’accord avec vous, sir James. Mais j’ai le sentiment qu’il n’est rien d’autre qu’un espion envoyé par son père pour connaître nos plans. Son geste à Douglasdale n’était probablement qu’une ruse en vue de gagner notre confiance.

Il s’exprimait avec une franchise presque brutale, en évitant le regard de Robert.

— Cela fait trois ans qu’il se bat aux côtés d’Édouard. Cette confiance, nous ne pouvons pas la lui donner.

Là-dessus, Wallace tourna les talons et repartit à grands pas vers le feu.

Voyant les autres hocher la tête, voire sourire avec contentement, Robert voulut rattraper Wallace pour répondre à ses accusations.

James Stewart l’en empêcha.

— Vous avez eu une longue journée et il se fait tard. Parlons seul à seul un moment, sir Robert. Veillez à ce que ses hommes aient à manger, lança-t-il à ses chevaliers.

Comme Robert ne quittait pas le colosse des yeux, il ajouta :

— Je suis sûr que votre fille doit être fatiguée.