Alain Daniélou, défini par Bernard Pivot comme « un marginal qui a réussi », raconte dans ces pages son parcours singulier. Publiés pour la première fois en 1981, enrichis dans une deuxième édition en 1993, ces mémoires d'Alain Daniélou gardent, trente-quatre ans après, toute leur fraîcheur grâce à leur liberté de ton et à l'originalité de cette vie non-conformiste.
Né dans une famille traditionnelle catholique, Alain Daniélou rompra avec la lourdeur de son milieu pour se jeter à corps perdu dans le Tout-Paris avant-gardiste de la fin des années vingt. Il s'y lie d'amitié avec Jean Cocteau, Henry Sauguet, Max Jacob et Maurice Sachs. Bientôt ce milieu européen ne lui suffit plus, sa rencontre avec le photographe suisse RaymondBurnier l'entraîne vers de nouveaux horizons, il voyage en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, en Chine, au Japon et aux Etats-Unis. Mais c'est en Inde qu'il a le sentiment profond d'avoir trouvé une nouvelle patrie, il s'y installe d'abord à Shantiniketan auprès de Rabindranath Tagore, ensuite à Bénarès où il étudie pendant quinze ans – de 1937 à 1952 – le sanskrit, la philosophie et la musique traditionnelle.
De la vision des choses du monde hindou, Alain Daniélou retient la remise en question permanente de toute idée établie, de tout dogme. Son ouverture d'esprit et sa puissance créative le poussent à trouver des liens transculturels entre l'Orient et l'Occident et à développer une sagesse pratique qui portera ses fruits à son retour en Europe dans les années cinquante.
Sa revalorisation sous l'égide de l'UNESCO des musiques de l'Orient est reconnue internationalement. Parallèlement, Alain Daniélou rédige des ouvrages fondamentaux sur la religion, l’art, l’histoire et la société en Inde. Il se plonge aussi dans l'étude des religions archaïques préchrétiennes : le culte mithriaque, la religion des étrusques, les mystères dionysiaques.
Ces mémoires d'une richesse incomparable sont pour le lecteur une savoureuse leçon de vie et de liberté.
« Quand la réalité se mêle d'être romanesque, elle est imbattable. Du Moulin-Rouge d'avant la guerre au palais des maharadjahs, de la cour de Kaboul aux ruines de Berlin, quel feuilletoniste oserait inventer la vie d'Alain Daniélou ? Pourtant, tout est vrai dans cet itinéraire sans pareil dès le départ. » Mathieu Galey, L'Express, 20 octobre 1981