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Entre Noël et jour de l’An, Paris scintille et s’illumine, s’habille de fêtes, joue sa grande dame. Immortalisée en photo par des touristes en vadrouille, sublimée dans les yeux des enfants devant les vitrines animées, drapée de guirlandes lumineuses, Paris devient une autre ville. C’est une époque que je n’aime pas, pourtant je dois bien reconnaître que toutes ces lumières font du bien.

Je déambule, emmitouflée, le long du boulevard Saint-Germain, à la recherche d’un cadeau pour Lubiana et la petite. Ce midi, je déjeune chez elle, je sais que Chloé sera là, il faut que je trouve une idée qui puisse leur convenir à elles deux. Mais entre 5 et 60 ans, il y a forcément un abîme !

Puis d’un seul coup, l’idée est là, dans la boutique en face de moi, orfèvrerie de chocolat, sapin sculpté, ciselé, glacé, sucre blanc, écorces d’orange, raisins blonds et amandes grillées. L’esprit de Noël rassemblé dans un sapin en chocolat.

La jeune femme me fait le paquet, la cellophane crisse et bouillonne, prend des allures ostentatoires et des dimensions aériennes qui m’interdisent toute tentative de faire le trajet en métro. C’est donc à pied que je poursuis, affublée d’un roi des forêts dont les branchages cacaotés donnent l’impression qu’ils vont se rompre à chaque nouvel assaut du vent.

Lorsque j’arrive, tout essoufflée, les joues en feu, le nez luisant, c’est Chloé qui m’ouvre la porte, elle pousse un cri d’émerveillement : « Lubi, viens voir, c’est magnifique ! »

Je crois que j’ai marqué des points. Lubiana vient à ma rencontre et me débarrasse du sapin. « Rose, vous avez fait des folies, le chocolat, nous adorons, pas vrai, Chloé ? nous adorons » tandis que la petite martèle « vrai ! vrai ! », en sautant dans l’entrée.

La table est mise, la nappe est blanche, elle est garnie de poussière d’or et d’étoiles pailletées assorties. Chloé me précise que c’est elle qui a pris soin de décorer, elle me fait remarquer les verres, les serviettes qu’elle y a placé comme des éventails japonais, les bougeoirs en forme d’angelots. Elle est si fière, je ne sais quoi dire, je la regarde s’agiter devant les guirlandes en papier qu’elle a faites avec sa maîtresse et qui ornent la cheminée. Puis, elle s’arrête et, à son tour, me regarde avec attention.

« Lubi, je peux lui demander ? lance-t-elle à travers le salon en s’adressant à Lubiana, qui est restée dans la cuisine.

Qu’est-ce que tu veux me demander ? »

Elle tord ses doigts, semble moins sûre, regarde ses pieds, hésite un peu et s’en va chercher quelque chose.

Quand elle revient, elle a en main un des trois livres que j’ai écrits. Elle me demande si c’est bien moi qui suis l’auteur de cette histoire et, comme j’acquiesce, elle hurle tout fort : « C’est elle, Lubi, t’avais raison ! J’ai tous tes livres à la maison ! Ici, je n’ai que celui-là, dis, tu veux bien m’en lire un morceau ? »

Je prends place sur le canapé, elle cale son petit corps d’oiseau contre le mien, sans préambule, et je tressaute à son contact. Je peux la sentir respirer à travers nos flancs qui se touchent, une respiration saccadée, légèrement encombrée d’un rhume, qui traduit son excitation. Elle sent l’orange et le jasmin, ses mains potelées courent sur les miennes, ouvrent le livre, tapotent la page. « Nous en sommes là, avec Lubi. »

Fébrile, je débute ma lecture, toute étourdie par ce contact dont l’intimité m’intimide. Lubiana me propose une coupe, à laquelle je ne dis pas non. Je vais trinquer à cette première, cette première fois que je partage mes écrits avec une lectrice, cette première fois qu’une petite fille pulvérise mes inhibitions. Je fais un vœu, conjure le sort. Faites que je n’aie plus jamais peur, faites que cette fois soit la première d’une longue lignée d’instants heureux !

Chloé boit chacune de mes phrases, pourtant, elle connaît bien le livre, puisqu’elle commente les pages qui suivent. Quand nous finissons la lecture, elle me regarde intensément et demande, l’air préoccupée : « Pourquoi Lise n’a pas de parents ? Pourquoi elle rentre pas chez elle, quand elle a fini ses voyages ? Tu devrais lui faire une maman, tous les enfants ont une maman. » Je ne sais pas quoi lui répondre, ma gorge est nouée, mon souffle est court, je sens l’émotion dans mes veines chahuter mon cœur vulnérable. Tous les enfants ont une maman. J’avale une gorgée de champagne, manque de m’étouffer au passage et je m’entends lui répondre : « Tu as raison, tellement raison, je vais faire une maman à Lise, un endroit où elle sera chez elle. »

Je vois que Chloé se rassure de cette réponse que je lui fais, et elle me déclare sérieusement : « C’est fatigant, tous ces voyages, parfois il faut se reposer. Mon papa en fait chaque semaine et il dit toujours en rentrant que c’est bon d’être à la maison. »

Lubiana me regarde en coin, elle me remercie du regard, elle sait ce que j’ai déployé d’énergie pour pouvoir répondre, elle trinque : « À nous ! Passons à table ! »

Le déjeuner est si plaisant que nous sommes très vite au dessert, et le sapin en chocolat est apprécié comme il se doit.

Puis la maman de Chloé monte, elle vient récupérer son monstre, comme elle surnomme sa petite fille, il me semble bien que Victoire avait aussi une expression dont elle rebaptisait Lulu, elle l’appelait sa « grande sauterelle ». Et je me demande tout à coup si toutes les mamans font ainsi. Si ma mère m’avait affublée d’un sobriquet ou d’un surnom. Un surnom juste fait pour moi. Comme j’aurais aimé le connaître.

Chloé m’embrasse sur le palier, tout en me rappelant ma promesse. « Oublie pas, une jolie maison et une maman qui te ressemble ! »

Lorsque nous refermons la porte, Lubiana me déclare gentiment :

« Rose, je suis vraiment désolée, Chloé dit toujours ce qu’elle pense, elle va souvent à l’évidence et elle bouscule sans faire exprès.

Il n’y a pas de mal à ça, je n’y avais jamais pensé, elle a pointé mon omission, c’est vrai que Lise est sans famille.

Sans doute parce que vous l’êtes aussi ? Racontez-moi votre Noël. »

À cette question, je ne tiens plus, et c’est presque instantanément que les sanglots parcourent mon corps. Lubiana me prend dans ses bras, berce ma peine, caresse ma nuque, mes cheveux, ma douleur d’enfant. « Chut, chut, voilà, ça va aller. »

Il y a dans ces bras qui m’étreignent la possibilité de dire, l’affection qui m’a tant manqué, le refuge, la paix, l’abandon, et les mots sortent de ma bouche, brisent le silence et me libèrent.

« Il n’y a pas eu de Noël, ça fait longtemps qu’il n’y en a plus. Je n’ai jamais eu de famille, je veux dire de famille heureuse, mon père a cessé de sourire le jour où notre mère est morte, et ma sœur est tombée malade, une dépression jamais soignée.

Pourtant, votre père est médecin.

Je crois qu’il n’a pas su y faire, il a paré au plus pressé mais sans trouver de solution. Anna aurait dû être suivie, nous aurions d’ailleurs tous dû l’être, mais quand on est un homme comme Georges, on serre les dents et on avance. Anna est devenue agressive, la colère a mangé sa vie, la violence l’a exclue des classes, elle a arrêté ses études et n’a jamais passé son bac.

Et votre père était d’accord ?

Il ne savait plus quoi en faire, il a fini par lui céder, Anna avait juste 16 ans. Il l’a formée à la paperasse, au secrétariat médical, ma sœur n’a jamais plus bougé. Plus de dix ans qu’elle vit comme ça, coincée dans cette maison bourgeoise comme si elle payait quelque chose, comme si c’était la seule façon qu’elle ait trouvée pour continuer. Dix ans que je l’écoute vomir ce qu’elle avale frénétiquement pour se calmer des crises d’angoisse, dix ans que j’espère qu’elle avance.

Et vous, ma pauvre petite Rose ? Comment survivez-vous à ça ?

En dessinant, en écrivant, en m’évadant du quotidien. Avec Lise, je peux tout changer… mais la honte, se sentir coupable, ça il faudra bien vivre avec… Anna me l’a dit à Noël, ma mère est morte à cause de moi. Elle s’est noyée pour me sauver. Pourquoi ai-je survécu à ça ? Pourquoi moi et pas notre mère ? »

Lubiana se lève calmement et sort le calepin de Victoire, elle le feuillette, ouvre à la page et me fait lire la ligne exacte. « Qu’est-ce que tu fais encore ici ! Il fallait partir avec elle ! Une vraie mère, ça se sacrifie ! »

« Voilà pourquoi vous êtes ici ! Il n’y a pas d’autre explication, aussi injuste que cela puisse être, votre maman a fait ce choix. Elle vous a permis de survivre, et il faut vous en montrer digne, trouver un sens à votre vie, aimer quelqu’un, poursuivre un but, arrêter de vous en vouloir.

J’ai tellement peur d’aimer quelqu’un, de m’attacher et de le perdre. Je sais que l’amour donne du sens, je l’ai bien lu dans le carnet, mais je suis pétrifiée de doutes. Je n’arrive pas à avancer, à m’autoriser le bonheur, comme si je ne le méritais pas.

Et ce bonheur, il porte un nom ? »

Je souris en lui répondant, tandis qu’elle me tend un mouchoir.

« Il s’appelle Darius Adamson, nous habitons le même palier, mais là, il est en Normandie. Oh, Lubiana, comment faites-vous ? Où avez-vous puisé la force pour continuer d’aimer la vie ?

Dans la vie même, ma chère petite, la vie est toujours la plus forte ! Les plus grands chagrins se surmontent dans les petites joies quotidiennes. J’essaie aussi, dès que je peux, de me dévouer aux moins chanceux, j’évite de me recroqueviller et j’aide les autres, à ma façon. Et puis, je n’ai pas renoncé. J’adore les fleurs, je m’en achète, j’aime les enfants, il y a Chloé. J’ai accepté chacun des drames que l’existence m’a imposé sans vouloir renoncer à vivre, je crois que le secret est là, ne jamais renoncer, jamais. Et Victoire a fait tout pareil.

Mais Victoire était une battante, peut-être n’ai-je pas cette force en moi.

Et Darius, qui l’a rencontré ? Et le portrait de votre mère, qui l’a peint ? Dois-je vous le rappeler ?

Mais tout ça, c’est grâce à Victoire, sans elle je n’aurais rien changé, ses mots ont modifié la donne, les vôtres aussi, dans votre lettre, celle dans laquelle vous écriviez qu’il faut aimer de toutes ses forces.

Oui, Rose, il faut aimer, maintenant, vivre et ne pas se résigner ! Il faut aimer, sinon on meurt ! À quoi sert la vie sans amour ? C’est ce que Victoire a voulu, ce qu’elle a vécu malgré tout. Son journal est plein des bonheurs qu’elle a connus une fois là-bas et des combats qu’elle a menés. Je ne cesse de relire ses lignes, elles construisent de nouveaux souvenirs et font du bien à ma mémoire. J’imagine mieux son existence et l’équilibre qu’elle y trouvait. Je sais qu’elle a été heureuse, et ça console ma peine de mère. Elle ne m’avait pas dit, pour Pierre. C’est bon de savoir qu’elle aimait, qu’elle avait trouvé une épaule assez solide pour lui parler. Elle n’avait jamais raconté, pour l’accident, le soir du drame. Et même si ce passage est dur, j’ai pu comprendre et m’expliquer comment les choses s’étaient passées. C’est important de tout savoir, ça aide à répondre aux questions, à clore cette course infatigable aux réponses que nous n’avons pas.

Je voudrais tant pouvoir comprendre, moi aussi, ce qui s’est passé

Peut-être ne pouvez-vous toute seule, 2 ans, c’est jeune pour se souvenir, votre père ne peut-il vous dire ?

Georges ne parle pas de ce jour-là, comme il n’évoque jamais ma mère, on dirait qu’il s’est enfermé dans un silence indifférent. À Noël, j’ai bien essayé, mais il est presque imperturbable, c’est à peine s’il m’a regardée lorsque j’ai posé mes questions.

Parfois, les choses prennent plus de temps, attendez un peu et voyez, votre papa n’est pas en bois, il a entendu, j’en suis sûre. »

Je secoue la tête de dépit alors que Lubiana persiste.

« Parions, voulez-vous, chère petite ? »

Elle me tend une main convaincante dans laquelle, je blottis la mienne. Puis elle ajoute :

« Faites-moi plaisir, vous êtes jolie, vous êtes brillante, vous avez la vie devant vous, arrêtez de fuir le bonheur, croyez-moi, il est contagieux. Laissez-vous donc contaminer, la maladie d’amour vous guette, vous en rêvez depuis longtemps, inutile de fuir, lancez-vous ! Et si votre mère était là, elle vous dirait tout comme je dis. »

*

Lubiana m’a confié le disque afin d’étayer ses propos. Alors j’écoute Sardou chanter elle court, elle court, la maladie d’amour. Je ne connaissais pas du tout ce tube de l’année soixante-treize.

Cette année-là, si je compte bien, ma mère avait à peine 15 ans, elle devait chanter ces paroles tout en rêvant au prince charmant, quant à Georges, à bien réfléchir, il devait finir sa médecine. Était-il déjà l’homme qu’il est ? Renfermé, froid, plutôt austère ou était-il un étudiant qui séduisait à tour de bras ? Dans tous les cas, dix ans plus tard, au mois de juin 1983, ma mère et lui se disaient oui, elle avait juste 24 ans, et Georges allait sur ses 35 ans. Comment s’étaient-ils rencontrés ? Cette différence d’âge gênait-elle ? Avaient-ils dû se confronter aux interdictions familiales qui n’avaient sûrement pas manqué ?

Je me laisse gagner par les mots, la musique et cet enthousiasme qui me fait défaut si souvent. « La maladie d’amour vous guette. » Je sens mon cœur s’accélérer.

Je me regarde dans le miroir, je m’observe avec attention, et même, pour une fois, complaisance. Je me suis maquillée un peu, mes cils sont légèrement noircis, j’ai mis du rouge à lèvres brun et un peu de poudre aux pommettes.

Lubiana me redonne confiance, jamais personne ne m’avait dit que j’étais jolie ni brillante, personne n’avait bercé mes pleurs ni pris le temps de m’écouter. Georges n’avait pas pour habitude de complimenter nos physiques ni de s’attarder sur nos peines, Georges était l’inattention même qui exile toute estime de soi.

J’attends Darius. Il vient dîner. Nous fêterons la nouvelle année. Et je me laisse contaminer par ce bonheur qui me sourit. Cette attente qui réchauffe mon corps jusqu’au plus petit des recoins !

La neige est tombée, tout à l’heure, elle a déposé dans le parc assez de blanc pour saupoudrer les arbres et les pelouses gelées. Les enfants s’en donnent à cœur joie, ils se balancent des boules de neige, se roulent dans l’herbe, courent dans le vent, leurs joues de coquelicots rayonnent comme des tisons sous leurs bonnets.

J’attends Darius. Il a demandé :

« Tu aimes l’iode ?

Le goût de la mer, j’adore ça.

Alors, tu nous achètes du beurre, du pain de seigle, des échalotes, je passe faire un tour au marché et je ramène la mer chez toi. »

J’attends Darius. Je m’impatiente, je fais les cent pas, que fait-il ?

Tout à coup, j’ai peur, je vacille, si quelque chose lui arrivait ? Si tout recommençait encore ? Si l’amour n’était pas pour moi ?

Dans la rue, un taxi descend et il active son clignotant avant de se garer dans l’angle. Darius s’éjecte de la voiture, précédé d’Oscar, survolté, et je m’entends souffler à fond, expirer l’air de ma poitrine comme pour me délivrer d’un poids.

Darius regarde mes fenêtres, il sait qu’il va me trouver là, au même endroit, comme d’habitude, il me sourit, il est heureux, et je me laisse contaminer. J’ouvre la porte, j’entends ses pas, il gravit les marches en courant, et lorsqu’il arrive à l’étage, Oscar et lui sont hors d’haleine. Il lâche ses sacs et il m’enlace, tandis qu’Oscar, sans ménagement, laboure mes jambes pour une caresse. La respiration de Darius, tout contre moi, si saccadée, me ramène à celle de Chloé, l’autre jour, sur le canapé.

La vie est là, dans ce battement, cette mélodie de l’impatience, ce souffle d’air, cette vibration, ce cœur en chamade, cette étreinte.

Darius murmure à mon oreille des mots qui s’inscrivent à jamais. « Ce matin-là, sur le palier, le jour où nous nous sommes croisés, tu te souviens, la première fois, ta différence mangeait l’espace. Ta fragilité, ton regard et ton silence m’ont bouleversé. Alors, je t’ai observée faire, regarder les enfants du parc, vivre sans bruit, à ta fenêtre, comme pour te cacher des vivants. J’ai joué Satie, chaque soir, pour toi, je t’ai fait signe, j’ai attendu et j’ai même parlé à ta porte. Et puis un jour, tu m’as ouvert comme on décide de tout changer. Là encore, je t’ai regardée trembler de peur pour faire du thé et j’ai su que j’allais t’aimer, t’aimer si fort, t’aimer tellement que rien ne nous séparerait plus. Rose, la vie t’a fait des histoires, mais elle n’est pas toujours comme ça, parfois il faut lui faire confiance. »

Il prend mon menton dans une main, lève mon visage jusqu’à ses yeux, plonge son regard au fond du mien, et souffle : « Tu n’es plus toute seule. »

Sur le palier de la rencontre, là où tout avait commencé, Darius m’embrasse et je l’embrasse, oui, je l’embrasse. Éperdument. Le reste est l’histoire de mon corps abandonné, désincarné. Mon corps oublié, endurci, qui jusqu’à présent n’avait pas d’autre utilité que survivre. L’histoire d’un corps dont je découvre les endroits et les sources vives, l’histoire d’un désir atrophié qui prend naissance instinctivement, aussi inné qu’irrépressible au fond de mon ventre affamé. Mon corps réclame, gémit, succombe, appelle à notre réconciliation.

Darius l’entend, Darius l’écoute, il demande : « Maintenant ? » Je dis : « Oui. »

Le bonheur entre, le bonheur vient comme une fulgurance dans ma chair, un réveil, un état d’urgence. Le plaisir délivre du mal, il perce l’hymen de l’enfance, bouscule l’ordre établi des choses, rien ne sera plus jamais pareil.

Je suis heureuse, je suis en vie, je sens chaque parcelle de ma peau frissonner l’impudique amour, la sensualité, le charnel, sonner l’heure de ma résilience comme le glas de ma solitude.

Je suis heureuse, je suis en vie, en ce premier jour de l’année, Darius et moi nous endormons, nos corps serrés, l’un contre l’autre.