Pierre Paul Rubens, Le Retour des champs, 1635.

Huile sur bois, 121 x 194 cm. Palazzo Pitti, Florence.

 

 

Même si avec Rubens en effet disparaissait le chef incontesté de l’École flamande, David Teniers (1610-1690) a subi l’influence de Rubens, et ainsi que le maître, avec une moindre envergure, a abordé tous les genres. Sans hausser jamais le ton, il ne fait pas grosse dépense d’imagination et se contente de peindre simplement ce qu’il voit. C’est par leurs petits côtés que trop souvent il traite les grands sujets, mais à force d’esprit, il arrive à nous intéresser aux données les plus humbles. Sa facture vive et amusante est un peu sommaire, et sa couleur mince et transparente à l’excès manque parfois de solidité. Sur la tonalité moyenne des dessous peu couverts, quelques accents vigoureux dans les ombres et des rehauts clairs posés avec une dextérité merveilleuse donnent à peu de frais l’illusion du fini. Mais la légèreté et la sûreté de la touche de Teniers sont incomparables. Ces qualités qui se manifestent surtout dans ses Intérieurs, nous les retrouvons dans ses paysages. Colorés économiquement avec leurs ciels animés et leurs feuillages mobiles, ils procèdent d’un sens très vrai de la nature et dénotent une grande finesse d’observation. La facilité de travail de l’artiste était incroyable. Seigneur de ce joli château des Trois-Tours qu’il avait acquis à la pointe de son pinceau, tout en promenant ses hôtes aux environs de son domaine, il notait au passage les motifs variés qui lui plaisaient et dont, rentré à l’atelier, il faisait si prestement des tableaux.

Après ces artistes de la grande époque, élevés à l’école de la nature, la décadence s’est accusée dans l’École flamande. Ce n’est pas que, même alors, les talents lui fissent défaut ; mais ce n’est plus qu’un art de seconde main chez ces « italianisants » qui n’ont pas tous vu l’Italie, ou chez ces habiles exécutants qui, se copiant les uns les autres, perdent bientôt le sens même de la réalité et lui substituent les procédés d’école, et les recettes conventionnelles. Malgré les incontestables qualités de certains artistes, il semble que peu à peu la vie se soit retirée de l’École. Ce n’est qu’après un long intervalle que, gagnés à la méthode plus simple et plus saine des paysagistes modernes, les peintres flamands reviendront à l’étude de la nature et ne demanderont plus qu’à elle seule les enseignements qu’elle seule pouvait leur fournir.