Jacob van Ruysdael, La Jetée ou Temps orageux sur
une digue en Hollande, dit Un Orage, vers 1670.
Huile sur toile, 110 x 160 cm. Musée du Louvre, Paris.
Les dessins de Willem van de Velde ont été de tout temps recherchés et payés assez cher par les amateurs. À côté de ces dessins pittoresques qui forment le meilleur de son œuvre, il faut aussi mentionner ceux qu’il a faits pour s’acquitter des devoirs de sa charge. Leur nombre, en tout cas, prouve que cette charge n’était pas une sinécure et la collection qu’en possède le musée de Rotterdam ne comprend pas moins de 624 feuilles dont quelques-unes ont une longueur de plus de trois mètres. Ce sont pour la plupart des croquis de batailles navales pris d’après nature, ou des portraits de vaisseaux. Parmi ces derniers, nous en trouvons un qui porte l’inscription : « Myn gallyott » (« Ma galiote ») et qui représente l’embarcation mise par l’amirauté au service de l’artiste pour le conduire sur les points d’où il était le mieux posé pour voir les épisodes qu’il se proposait de reproduire.
À côté de ces Marines peintes par des professionnels, voués exclusivement à ce genre spécial, d’autres, exécutées par des paysagistes comme Van Goyen, Van Everdingen, Salomon et Jacob van Ruysdael, montrent parfois avec une facture plus ample et plus libre, un sentiment plus élevé de la nature. D’ailleurs, bien que Willem van de Velde soit généralement considéré en Angleterre comme le premier des peintres de Marines, il n’est que juste de constater qu’il a eu tout au moins un émule dans un artiste sur la vie duquel les découvertes de M. Bredius dans les archives hollandaises nous ont valu de précieuses révélations.[5] À vrai dire, Jan van de Cappelle n’était qu’un amateur et sa principale occupation était la surveillance de l’importante teinturerie : À la main couronnée, qu’avait exploitée son père, et qu’il transmettait après sa mort à ses sept enfants, en même temps que la grosse fortune qu’elle lui avait procurée. Né en 1624 ou 1625 à Amsterdam, Jan y épousait, le 12 septembre 1653, Annetje Jansdr, et le 10 juin 1666, cette dernière étant « malade et alitée », les deux époux, demeurant alors dans la Koestraat, avaient fait un testament par lequel ils se donnaient mutuellement la moitié disponible de leurs biens. Treize ans plus tard, le 3 septembre 1679, Van de Cappelle, devenu veuf et se trouvant à ce moment aussi « malade et alité mais jouissant de toutes ses facultés », léguait à ses enfants tout son avoir, consistant, outre la teinturerie, en de nombreuses maisons, terres et jardins, et des valeurs dont le total, soit en argent comptant, soit en obligations souscrites s’élevait à la somme de 92 720 florins, fortune très considérable pour l’époque. Peu de temps après, le 22 décembre 1679, il était enterré à la Nieuwe-Kerk, et l’inventaire de sa succession est particulièrement instructif. La liste détaillée des tableaux, dessins et gravures laissés par le défunt atteste à la fois l’importance de la collection qu’il avait réunie et la sûreté de son goût. Mais ce qui montrait bien les préférences spéciales du possesseur, c’est la grande quantité d’œuvres exécutées par les peintres de marines les plus célèbres de ce temps.