Le Lorrain (Claude Gellée), Vue du Campo Vaccino, 1636.
Huile sur toile, 56 x 72 cm. Musée du Louvre, Paris.
Dès 1619 cependant, le Lorrain était de retour à Rome, car nous l’y voyons à ce moment employé chez le cardinal Montalto à des travaux de décoration dont la direction était confiée au peintre Agostino Tassi. L’honneur d’avoir été le maître du Lorrain préserve seul aujourd’hui le nom de Tassi d’un oubli complet. Pour recevoir ses leçons, Claude, pressé par le besoin, avait dû se contenter auprès de lui de la plus humble situation. Par sa bonne volonté, par les dispositions qu’il manifestait, le jeune domestique s’élevait peu à peu au rang de collaborateur et son talent était utilisé par son patron dans la décoration de palais, où les frères Bril avaient laissé eux-mêmes des ouvrages importants dont la vue et l’étude purent lui être profitables. Mais, en 1621, Tassi, ayant perdu son protecteur par la mort de Paul V, se trouva lui-même dans une situation assez difficile. Pressé de nouveau par la misère, Claude conçut à ce moment l’idée de retourner dans son pays, où il espérait trouver un emploi plus honorable et plus fructueux de son talent.
La cour de Lorraine jouissait en Europe d’un renom de luxe et de goût que ses ducs s’appliquaient à mériter. Imitant leurs voisins de Bourgogne, ils inauguraient à leur tour les traditions d’élégance et d’amour des arts qui, jusqu’à Stanislas, devaient se continuer à Nancy. Ils ne cessaient pas d’attirer auprès d’eux des artistes célèbres ou d’encourager ceux qui étaient nés dans leurs États. Claude savait du moins que les arts étaient en honneur à la cour de Lorraine et qu’il avait quelque chance de s’y créer une situation. Il se décida donc à quitter Rome en 1625, et à regagner son pays natal. Claude fut employé à la décoration de la chapelle des Carmes, à Nancy, et chargé d’abord d’y peindre des figures, puis des ornements d’architecture. Ce genre de travail ne convenait guère à son talent. Les séductions de la nature italienne lui revenaient en foule à l’esprit, et avec elles, la liberté dont les artistes jouissaient à Rome. Il résolut donc, en 1627, d’abandonner de nouveau sa patrie, et ce fut, cette fois, pour ne plus y revenir.