Camille Corot, Le Colisée, vu à travers les
arcades de la basilique de Constantin, 1825.

Huile sur toile, 23 x 35 cm. Musée du Louvre, Paris.

 

 

Le Paysage moderne en France

 

Corot, sa vie et son œuvre

 

Camille Corot était né à Paris, le 26 juillet 1796. Rien, dans son entourage, ne semblait faire présager sa future vocation. À l’âge de onze ans, Camille avait été admis au lycée de Rouen où il resta jusqu’au milieu de sa rhétorique, en 1812. Pendant toute la durée de ses classes, il n’obtint pas une seule nomination aux distributions de prix de cet établissement, même pour le dessin. Il avait cependant acquis un sens très personnel de la poésie et de la mythologie antiques, ainsi qu’il le montra plus tard dans ses tableaux. Peut-être tira-t-il encore plus de profit des promenades qu’il faisait avec son correspondant aux environs de Rouen, sur les rives de la Seine, dont les beautés pittoresques laissèrent en lui une vive impression. À son retour à Paris, son père le plaça chez un marchand de drap. En dépit d’un manque absolu de dispositions pour la carrière commerciale, par respect pour son père, Corot essaya en vain, pendant huit ans, de se plier à sa volonté. Sa vocation de peintre se manifestait de plus en plus impérieuse, à la suite de la connaissance qu’il avait faite de Michallon qui, après avoir obtenu le Grand Prix de Rome pour le paysage, venait de rentrer en France.

Les tableaux académiques d’Achille-Etna Michallon (1796-1822) ne donnent cependant pas une bien haute idée de son talent. Mais, en face de la nature, Michallon était capable de sincérité, et ses études faites en Italie témoignent de sa conscience, de la sûreté de sa touche et de la justesse de sa couleur. Les valeurs y sont rendues avec une scrupuleuse exactitude et, en appelant sur ce point l’attention de son jeune ami, l’artiste a certainement exercé sur lui une très heureuse influence.

Corot avait, sans doute, obtenu de Michallon la permission de l’accompagner dans ses séances de travail d’après nature. Il profitait de ses conseils, et cette fréquentation ne pouvait qu’exciter chez lui un désir toujours plus vif de se consacrer entièrement à la pratique de la peinture. Un nouveau patron chez lequel il s’était placé était intervenu auprès du père de Corot pour essayer de fléchir sa volonté. Plein de préventions contre la carrière que voulait adopter son fils, ce bourgeois endurci ne cédait que de mauvaise grâce à ses prières. Sans aucun besoin, Corot jouissait de son indépendance, de la permission qui lui était accordée de se livrer à l’exercice de son art.

Michallon lui parlait avec chaleur de sa peinture. Il insistait sur la sincérité absolue avec laquelle il faut consulter la nature et s’appliquer à n’en rendre que les côtés les plus saillants. Corot, tout entier à son travail, oubliait les heures et, plus d’une fois, rentrant au logis à la fin de la journée, il se contentait, pour ménager son modeste pécule, d’un gros chiffon de pain, acheté chez le boulanger, à soleil couché.