Conclusion

 

 

Contenue dans de justes limites, la tentative des réformateurs n’aurait provoqué que des applaudissements. Mais le mépris hautain professé par eux pour l’art du passé, surtout pour les qualités qu’ils ne possèdent pas eux-mêmes, et l’outrecuidance si peu justifiée de leurs prétentions devaient singulièrement dépasser le mérite de leurs œuvres. Ce n’est point par des coups d’audace que d’emblée on devient un maître, et si les obstacles très réels qu’une instruction insuffisante oppose au développement de l’originalité sont attestés par des exemples fréquents dans l’histoire de l’art, nous n’en connaissons pas, au contraire, qui résulteraient d’une forte instruction reçue de bonne heure, complétée et soutenue ensuite par les enseignements directs que seule l’étude continue de la nature peut fournir au paysagiste. Il n’est qu’à comparer l’extrême diversité que présentent entre eux les ouvrages des maîtres, avec la monotonie de ceux que certains voudraient imposer, pour voir à quelles conventions, à quelles formules étroites et systématiques, ils aboutissent dans ces ébauches sommaires où ils semblent se copier les uns les autres.

Oui, sans doute, l’art est vieux, mais si la connaissance et l’intelligence plus complètes des œuvres du passé ont développé en nous un esprit critique qui pèse sur la production, la nature est plus vieille encore que l’art. Dans les consultations sincères que lui demandent ceux qui l’aiment, ils peuvent à la fois se convaincre que si tout a été dit avant eux, tout cependant reste encore à dire. Pour nombreux que soient les chefs-d’œuvre que nous ont légués nos devanciers, la richesse de la nature demeure infinie et il n’est pas à craindre que la source à laquelle ils ont tant puisé soit tarie pour nous.