PRÉFACE DE L'AUTEUR

 

NOM Jack Kerouac

NATIONALITÉ Franco-américaine

LIEU DE NAISSANCE Lowell, Massachusetts

DATE DE NAISSANCE 12 mars 1922

ÉDUCATION

(Etablissements scolaires fréquentés, cours spéciaux, diplômes, indiquer les dates)

Collège de Lowell (Mass.) ; lycée de garçons Horace Mann ; Columbia College (1940-1942) ; New School for Social Research (1948-1949). Arts libéraux, aucun diplôme (1936-1949). Mention « Très Bien » décernée par Mark Van Doren, en littérature anglaise à Columbia (cours sur Shakespeare). – Collé en chimie à Columbia. – 18 sur 20 de moyenne au lycée Horace Mann (1939-1940). Ai pratiqué le football en fac. Et aussi l'athlétisme et le base-ball. Ai participé à des tournois d'échecs.

MARIÉ Nâân

ENFANTS Néant

ÉNUMÉRATION SOMMAIRE DES PRINCIPAUX MÉTIERS EXERCÉS

Tous les métiers ; à savoir : marmiton sur les bateaux, pompiste dans une station-service, matelot de pont, chroniqueur sportif dans un journal (le Lowell Sun), garde-frein aux chemins de fer, assistant scénariste à la XXth Century Fox à New York ; serveur dans un débit de limonade, commis aux chemins de fer, bagagiste dans les gares, cueilleur de coton, aide-déménageur, apprenti lamineur au Pentagone en 1942, guetteur pour les services de surveillance des feux de forêts en 1956, manœuvre dans le bâtiment (1941).

INTÉRÊTS

DISTRACTIONS J'ai inventé mon propre jeu de base-ball, avec des cartes, extrêmement compliqué ; et je suis en train de jouer une saison de toute une série de 154 matchs, avec huit clubs, en faisant tous les calculs ; moyennes des buts, moyenne des E.R.A., etc.

SPORTS Les ai tous pratiqués sauf le tennis, la crosse canadienne et le skull.

INTÉRÊT SPÉCIAL Les femmes

PRIÈRE DE DONNER UN BREF RÉSUMÉ DE VOTRE VIE

Ai eu une belle enfance ; mon père était imprimeur à Lowell, Mass. ; j'errais dans les champs et le long de la rivière jour et nuit ; j'écrivais de petits romans dans ma chambre ; le premier, je l'ai composé à onze ans ; je tenais aussi de très longs carnets intimes et je faisais des journaux pour y écrire les comptes rendus de mes courses de chevaux (un jeu de mon invention) ainsi que de mes expériences de footballeur et de joueur de base-ball (tout cela est raconté dans mon roman Docteur Sax). – J'ai reçu une bonne instruction primaire chez les frères jésuites, à l'Ecole paroissiale Saint-Joseph de Lowell, ce qui m'a permis, plus tard, d'entrer directement en sixième au collège ; pendant mon enfance, je suis allé à Montréal et à Québec avec ma famille ; à l'âge de onze ans j'ai reçu en cadeau un cheval, de la part du maire de Lawrence (Mass.), Billy White ; j'ai fait faire des promenades à tous les gosses du voisinage ; le cheval s'est sauvé. J'ai longuement déambulé à pied sous les vieux arbres de la Nouvelle-Angleterre, la nuit, avec ma mère et ma tante. J'écoutais leurs propos avec attention. J'ai décidé de devenir écrivain, à l'âge de dix-sept ans, sous l'influence de Sebastian Sampas, jeune poète local qui devait mourir à la tête de pont d'Anzio ; j'ai lu la vie de Jack London à dix-huit ans et j'ai décidé d'être moi aussi un aventurier, un voyageur solitaire ; premières influences littéraires : Saroyan et Hemingway ; plus tard, Wolfe (après m'être cassé la jambe en jouant au football, quand j'étais étudiant de première année à Columbia ; j'ai lu Tom Wolfe et j'ai vagabondé dans son New York, avec des béquilles). J'ai subi l'influence de mon frère aîné, Gerard Kerouac, mort à neuf ans, en 1926, alors que j'en avais quatre ; cet enfant fut un grand peintre et un grand dessinateur (vraiment) – (les sœurs disaient aussi que c'était un saint) – (tout cela sera raconté dans un prochain roman Visions of Gerard). – Mon père était un homme des plus intègres, toujours plein de dignité ; son caractère s'est aigri les dernières années, à cause de Roosevelt et de la Seconde Guerre mondiale ; il est mort d'un cancer de la rate. – Ma mère vit encore, je mène avec elle une existence quasi monastique grâce à laquelle j'ai pu écrire autant que je l'ai fait. – Mais j'ai aussi écrit sur la route ; en vagabond, en cheminot, en m'exilant au Mexique, en voyageant en Europe (voir Le Vagabond solitaire). – J'ai une sœur, Caroline, mariée maintenant à Paul E. Blake junior, de Henderson, Caroline du Nord, technicien dans les services « antimissile » du gouvernement. Elle a un fils, Paul Jr., mon neveu, qui m'appelle Oncle Jack et qui m'aime bien. – Ma mère s'appelle Gabrielle, c'est d'elle que j'ai appris comment on raconte des histoires avec naturel, grâce à ses longs récits sur Montréal et le New Hampshire. – Je suis de souche française, bretonne, plus exactement. Mon premier ancêtre nord-américain fut le baron Alexandre Louis Lebris de Kérouac, de Cornouaille, Bretagne – 1750 et des poussières ; il lui fut octroyé une terre le long de la Rivière du Loup après la victoire de Wolfe sur Montcalm ; ses descendants épousèrent des Indiennes (Mohawk et Caughnawaga) et se consacrèrent à la culture des pommes de terre ; le premier descendant qui s'installa aux Etats-Unis fut mon grand-père, Jean-Baptiste Kérouac, charpentier à Nashua, New Hampshire. – La mère de mon père, une Bernier, était apparentée à Bernier, l'explorateur – tous Bretons du côté de mon père. – Ma mère a un nom normand, L'Evesque.

Premier roman « en règle », The Town and the City, écrit selon les traditions d'un travail de longue haleine, avec les corrections que cela comporte, de 1946 à 1948, trois ans durant, publié par Harcourt Brace en 1950. – Puis, je découvre la prose « spontanée » et j'écris Les Souterrains en trois nuits – et Sur la route en trois semaines.

J'ai lu et étudié seul toute ma vie. – J'ai établi un record à Columbia College en séchant les cours pour rester au dortoir à écrire une pièce au jour le jour et lire, entre autres, Louis-Ferdinand Céline au lieu des classiques figurant au programme.

J'avais des idées bien à moi. – On dit que je suis le « clochard, l'ange fou » qui a « une tête nue et infinie, pleine de prose... » J'ai aussi écrit de la poésie, Mexico City Blues (Grove, 1959). – J'ai toujours considéré le travail littéraire comme ma mission sur cette terre. Je me fais un devoir de prêcher la bonté universelle, ce que l'hystérie des critiques n'a pu déceler sous la frénésie des romans que j'ai consacrés à une description véridique de la « beat » generation. – En fait, je ne suis pas un « beat » mais un mystique catholique étrange, solitaire et fou...

Ultimes projets : vivre en ermite dans les bois, écrire paisiblement durant ma vieillesse avec le doux espoir d'aller au Paradis (qui vient à tout le monde de toute manière)...

Mon grief favori à l'encontre du monde contemporain : les facéties des gens « respectables »... qui, parce qu'ils ne prennent rien au sérieux, anéantissent les vieux sentiments humains, ceux qui sont plus anciens que le Time Magazine... Dave Garroways se gaussant des blanches Colombes !...

PRIÈRE DE DONNER UNE COURTE DESCRIPTION DE CE LIVRE, SA DIMENSION, SON BUT TELS QUE VOUS LES VOYEZ.

Le Vagabond solitaire, c'est un recueil de morceaux inédits ou déjà publiés qui ont été rassemblés ici parce qu'ils ont un thème commun : le voyage.

Ces voyages recouvrent les Etats-Unis, depuis le Sud jusqu'à la côte est, la côte ouest, l'extrême Nord ; le Mexique, le Maroc, Paris, Londres, les océans Atlantique et Pacifique vus à bord d'un bateau. – Différents personnages et différentes cités qui ont paru dignes d'intérêt y ont été décrits.

Les métiers de cheminot et de marin, le mysticisme, le travail en montagne, la lascivité, le solipsisme, le sybaritisme, les courses de taureaux, la drogue, les églises, les musées d'art, les rues des cités, une vie compliquée et diverse telle qu'elle a été vécue par un libertin indépendant lettré et désargenté qui s'en est allé en tous lieux.

Sa dimension, son but, ce sont tout simplement la poésie, ou encore, la description naturelle.