Mlle Crapichette, de son vrai nom Françoise Grospif, était une des hétaïres les plus en hausse sur la cote de la galanterie parisienne. Ce n’était pas tant sa figure, offrant ce qu’on appelle la beauté du diable, que son bagout drôle et son entrain qui l’avaient rendue célèbre dans le monde des viveurs.
Sans avoir l’avidité qui se fait un jeu de ruiner les gens, elle allait, dépensière et insouciante de l’avenir, menant cette vie de plaisirs sans en avoir grande conscience, car, enfant abandonnée qu’elle avait été, sa première jeunesse s’était passée sans que nulle sollicitude affectueuse, sans que la moindre surveillance dévouée eût développé en elle le sens moral.
Cette existence facile qui, d’ordinaire, endurcit le cœur et éteint tous les louables sentiments, n’avait pu encore parvenir à étouffer ses qualités naturelles. Grapichette était une bonne fille, mais non pas dans le sens banal du mot. Intelligente, sensible et généreuse, elle n’attendait pas qu’une occasion lui fût offerte de faire publiquement preuve de compassion, elle allait en tapinois, dès qu’elle les avait découverts par elle-même, au-devant d’une misère à secourir ou d’un service à rendre.
Quand Désormeaux se présenta chez elle, la courtisane, vêtue d’un peignoir, était en train d’aider ses deux domestiques dans les préparatifs de la soirée qui devait avoir lieu.
– Tiens ! c’est toi, grand chien !… Je ne t’embrasse pas de peur de te verser de l’huile dans le dos, s’écria-t-elle d’une voix joyeuse en tendant vers lui les deux lampes allumées qu’elle tenait dans l’une et l’autre main.
Puis quand elle les eut posées sur une console voisine :
– Pourquoi diable viens-tu si tôt ? ajouta-t-elle. Tu connais assez les habitudes de la maison pour savoir qu’il n’arrivera pas un chat avant onze heures.
– C’est précisément pour te trouver seule que j’ai devancé les autres.
Crapichette, de laquelle César voulait apprendre la vérité, devait en savoir long, car cette réponse suffit pour lui faire deviner quel motif amenait le visiteur.
– Ah ! bon ! j’y suis, reprit-elle, tu viens pour faire causer la bibiche qui se trouve dans ma peau, n’est-il pas vrai ?… Ce que je t’ai dit tantôt t’a intrigué et tu veux en tenir le fin mot.
Le jeune homme ayant secoué affirmativement la tête, elle leva vivement la main en l’air comme si elle prêtait serment et poursuivit d’un ton plus sérieux :
– Foi de Crapichette ! mon pauvre loulou, je ne puis rien te dire… pour le moment du moins.
– Et quand te sera-t-il possible de parler ?
– Entre onze heures et minuit, peut-être plus tard, peut-être aussi plus tôt, cela dépend de l’arrivée de Cambart… Dès que j’aurai empoché ses dix mille francs, je te conterai toute la manigance.
– Et si, pour te délier la langue tout de suite, je m’engageais à te donner ces dix mille francs ?
– Je me tairais pour deux raisons : la première parce que j’ai promis de ne rien dire pendant un délai fixé ; la seconde parce que je me priverais du plaisir de te livrer le secret pour rien… Est-ce que je t’ai jamais coûté quelque chose ? gros monstre d’ingratitude !
– Je le reconnais, ma belle petite Crapichette.
– Oui, oui, ta belle petite tant que tu voudras, mais tu as beau me faire ta voix en douceur et tes yeux en coulisses, je ne parlerai pas avant l’heure voulue, monsieur le cajoleur. Il faut donc te résigner à la patience et…
Elle s’interrompit subitement au bruit de la sonnette de la porte d’entrée qui carillonnait.
– Tiens ! reprit-elle, je crois que ta patience ne sera pas de longue durée, car j’ai l’idée que voici le gros Cambart qui arrive.
Et, vivement, elle lui souffla :
– Je ne dois rien te dire, mais je ne puis pas t’empêcher d’entendre. Je vais recevoir Cambart dans mon boudoir… Tâche de rappeler tes souvenirs.
Et, sans un mot de plus, Crapichette souleva la portière qui séparait le salon du boudoir et disparut.
Ces souvenirs qu’on lui conseillait d’interroger, César ne fut pas long à les évoquer et ils lui remémorèrent immédiatement certaine petite porte masquée, ouvrant sur un couloir de dégagement, par laquelle, jadis, il avait dû s’échapper brusquement du boudoir pour éviter que la belle fille eût à expliquer sa présence au personnage en titre qui était venu troubler le tête-à-tête.
– Le fait est que j’entendrai parfaitement derrière cette porte, pensa le jeune homme.
En domestique bien stylée qui, sachant que sa maîtresse n’est pas seule, veut lui laisser le temps d’aviser, la femme de chambre avait si bien tardé à ouvrir au boursier – car c’était lui – que Désormeaux put gagner le couloir et se trouver installé à son poste au moment où Cambart pénétrait dans le boudoir.
– Hé ! c’est toi, gros farceur ! cria d’abord la voix de Crapichette.
Il faut croire que le boursier, en entrant, s’était livré à une pantomime quelconque, car l’organe de la fille reprit aussitôt :
– Qu’est-ce qui te manque donc, mon vieux ? Tu tournes la tête comme un chien qui cherche du sucre.
– Je ne m’attendais pas à te trouver seule.
– Ah ! tu parles de Barutel ? il n’y a pas dix minutes qu’il est parti pour la rue Vivienne. En ce moment, il doit être à faire sa cour à ta fille… Pourvu qu’il ne se rencontre pas avec Désormeaux.
– Dis donc ? interrompit Cambart d’un ton trivialement railleur.
– Quoi ?
– Est-ce que tu veux me faire poser, toi ? Tâche un peu de coucher ta blague, elle ne prend pas. Tu sais fort bien que Barutel ne peut se rencontrer avec Désormeaux, d’abord parce que j’ai eu soin, sous prétexte de migraine de ma fille, de faire décamper César avant l’arrivée de l’autre.
– Bon, voilà le d’abord ; dis-moi l’ensuite.
– Ensuite, c’est que Barutel ne trouvera pas César là-bas, par cette bonne raison que ce dernier est ici.
À ces paroles, Crapichette affecta d’être prise d’un fou rire qui lui permit à peine de bégayer :
– Parole d’honneur ! on ne s’embête pas avec toi, mon vieux. Tu les inventes drôles ! il n’y a encore que ceux de ton âge pour les pousser de cette force… Et peux-tu me dire ce qui te fait si persuadé de la présence de César chez moi ?
– J’ai vu en bas, devant ta porte, un fiacre dont j’ai interrogé le cocher qui m’a répondu avoir amené un jeune homme dans la maison.
– Ton jeune homme ne peut-il pas être monté chez le dentiste du premier… Est-ce que la loi défend, passé neuf heures, de se faire arracher une dent ?
– Oui, mais le cocher m’a appris qu’il avait chargé son voyageur devant le théâtre des Variétés, endroit où, précisément, j’ai quitté César en sortant de chez ma fille.
Crapichette crut utile de rompre les chiens sur ce sujet et elle haussa les épaules en reprenant d’un ton sec :
– Vois-tu, mon gros, tu ferais mieux de me dire tout de suite que tu me cherches une querelle d’Allemand pour ne pas me payer ce que tu me dois… Soit ! garde tes dix mille francs… Je t’en fais cadeau avec d’autant plus de plaisir que je te crois bien près de tes pièces, mon pauvre Cambart.
– Oh ! peux-tu supposer ? répliqua dédaigneusement le boursier.
– Euh ! euh ! ricana la fille, je fais mieux que de supposer, je suis à peu près certaine… Tu m’as diantrement l’air d’un homme qui, arrivé au bout de son fossé, cherche à se raccrocher aux branches pour ne pas faire la culbute… Tiens, je ne suis pas curieuse, mais je voudrais bien voir les quatre cent mille francs de dot que tu donnes à ta fille Gabrielle.
– En attendant que je te procure ce plaisir, je puis toujours te montrer la somme que tu m’accuses si injustement de ne pas vouloir te payer.
Ce disant, Cambart avait sorti de sa poche son portefeuille dont il tira dix billets de mille francs qu’il lui offrit en ajoutant :
– Tiens, voici ce que je t’ai promis pour l’affaire Barutel.
Au lieu de prendre la somme, Crapichette repoussa le paquet de la main :
– Il faut, avant tout, dit-elle, que tu reconnaisses franchement que je l’ai bien gagnée.
– Oh ! oh ! ricana le viveur, quelle susceptibilité de conscience te tient donc si fort, ma charmante… Eh bien ! oui, je reconnais que tu as bien gagné cet argent.
– C’est que, vois-tu, je ne veux pas que tu me reproches d’avoir négligé telle ou telle de tes instructions. Aussi allons-nous les passer en revue pour nous assurer que je n’ai rien oublié.
Était-ce pour apprendre tout à César, qui écoutait derrière la porte, ou bien avait-elle véritablement quelque projet particulier ? nous ne saurions préciser le motif qui, après cette phrase de Crapichette, lui fit encore ajouter d’une voix un peu moqueuse :
– Écoute-moi bien, mon gros vieux, et, avant de me lâcher ton argent, veille bien à me rappeler ce que j’aurais omis parce que, je t’en préviens, tes billets une fois empochés, n, i, ni, ce sera bien fini, et qu’il te faudra encore repasser à la caisse s’il te reste quelque chose à me demander.
– Va, je t’écoute.
– Un beau soir que nous soupions ici en joyeuse compagnie, le hasard a amené la conversation sur la bêtise et la fatuité des hommes qui se laissent prendre à la plus petite mine tendre qu’il plaît aux femmes de leur montrer… Quand je dis que ce fut le hasard qui fit naître ce sujet d’entretien, je me trompe, car la suite m’a prouvé que tu avais, fort adroitement, placé ce thème sur le tapis… Est-ce vrai, hein ?
– Passons, passons, ma belle biche, prononça Cambart avec un petit sourire.
– Une fois la chose bien lancée, voilà que tu te mis à blaguer les femmes en prétendant qu’on les croyait plus malignes qu’elles l’étaient en réalité. Bref, tu t’y pris si bien que, comme on dit, tu me fis grimper à l’échelle.
– Est-ce ma faute si tu t’es payé une jolie portion d’amour-propre ?
– Possible ! mon gros, mais avoue que tu aurais été fièrement attrapé si j’avais été étouffée par la modestie ? Donc, quand tu me vis montée à ton cran, prête à sauter par dessus la ficelle que tu me tendais, tu soutins qu’il était des hommes qui, soit par timidité, soif par sagesse, pouvaient résister à toutes les agaceries et avec lesquels, moi qui posais à l’irrésistible, je perdrais ce que tu appelais mon latin. Puis, comme je haussais les épaules, tu m’adressas un défi.
– Celui d’aller ensemble le lendemain dans un théâtre où, au milieu de la foule, je choisirais un spectateur sur lequel je prétendais que tes séductions demeureraient stériles. Il était bien convenu que, de ma vie, je n’aurais encore parlé au sujet désigné.
– Le lendemain, tu me conduisis au Cirque…
– Et Barutel, que je ne connaissais pas, fut l’individu que je désignai au hasard.
À ce dernier mot du boursier, Crapichette laissa entendre un petit rire ironique.
– Euh ! euh ! ton « au hasard » est une forte couleur. Je te défie bien de me soutenir que tu ne savais pas d’avance que Barutel allait tous les samedis au Cirque et qu’il avait l’habitude de se placer à tel endroit fixe de la salle… Ta précaution d’avoir, à l’avance, loué nos places dans son voisinage prouve trop bien que c’était lui que tu couchais en joue.
Et s’interrompant pour taper sur le ventre du boursier, la lorette s’écria :
– Allons ! vieux finaud, paye-toi donc, à ton tour, une portion de franchise et avoue que tu voulais lever le Barutel.
Contre cette expression d’argot qui donnait à entendre qu’elle se regardait comme le chien de chasse qui avait ramené le gibier, Cambart protesta par un dédaigneux haussement d’épaules et répéta :
– Passons, passons.
– Donc, après avoir eu l’air de chercher des yeux mon futur sujet d’études, tu finis par me dire : « Tiens, je choisis cette espèce de séminariste qui se trouve à trois places de nous. En voilà un que je te défie bien de dégeler. Je suis certain qu’il crierait : « Maman ! » si tu lui faisais seulement la risette… » Est-ce bien là ce que tu m’as dit, gros caïman ?
– Dame ! je le croyais… Avec ça qu’il avait une frimousse à réciter son chapelet pendant l’entr’acte. J’étais sincèrement convaincu que tu y perdrais tes peines.
– Tu, tu, tu ! débita Crapichette, ne fais donc pas l’âne, tu n’auras pas de son, ma vieille. Tu savais si bien que je dégèlerais ton séminariste, que tu avais compté sur moi pour te l’amener sous la coupe… sans avoir eu l’air de courir après ce pigeon qui possède des millions avec lesquels tu te proposais de remettre du beurre dans tes épinards, qui, j’en ai la doutance, doivent être, pour le quart d’heure, pas mal desséchés.
– Pendant que tu y es, prétends tout de suite que je me trouve si bas percé que je vais chanter dans les cours, interrompit railleusement le viveur.
– Qui sait si tu n’en arriveras pas là !… Mais je reviens à notre gageure. Ce fut donc en me montrant le Barutel que tu me dis : « Je te parie dix mille francs que tu ne parviens pas à confesser ce nigaud-là et à le déniaiser en un mois. » J’acceptai le défi et, à la fin de la semaine suivante…
– Tu l’avais confessé, je l’avoue.
– Confessé en le gardant ici trois jours pendant lesquels, chez lui, on le croyait en voyage… Et toi, comme tu t’intéressais à cette confession, tu ne cessais de t’informer des aveux qu’il avait pu me faire : était-il riche ? Quel était le compte de ses millions ? En rentes ou en propriétés ? etc., etc…
– Toutes ces questions m’étaient dictées par l’intérêt que je te porte… J’étais enchanté, ma chérie, de te voir en si fructueuse position, et…
Crapichette ne parut pas avoir grande croyance en cet intérêt que Cambart prétendait lui porter, car elle lui coupa la parole en reprenant d’un ton railleur :
– Je t’ai déjà prié de ne pas faire la bête, faux malin… Ce fameux contentement que tu éprouvais pour moi ne t’a pas empêché de te donner la satisfaction personnelle, une fois que tu as été certain qu’il possédait un énorme sac, de faire ici, chez moi, comme par hasard, la connaissance de Léon Barutel, puis de le rouler, de l’embobiner et de finir par le présenter à ta fille, en te disant que peut-être, à l’état de futur gendre, le garçon serait encore plus facile à rincer.
Crapichette achevait à peine de parler que le boursier frappait des mains en s’écriant, tout rieur :
– Brava ! bravi ! bravo ! ma fille… Tu aurais dû écrire. ; tu as un vrai talent pour composer des romans… celui que tu viens d’inventer serait parfait si, malheureusement, il ne péchait par le dénouement.
– En quoi pêche-t-il ?
– En ce que tu me prêtes l’intention de faire mon gendre de Barutel, tandis que tu sais que Désormeaux a reçu ma parole.
– Ouiche ! ta parole !… Si j’étais mont-de-piété je ne t’avancerais pas un liard dessus ! Est-ce qu’un finassier comme toi n’a pas toujours plusieurs cordes à son arc ? Désormeaux possède aussi de la fortune… pas tant que l’autre, c’est vrai… et il fait encore un beau pis-aller. Puis il se peut que tu parviennes avant le mariage à engluer Barutel dans tes spéculations… et une fois pris, il y sera bien pris. Comme, alors, tu ne tiendras pas à donner à ta fille un pigeon tout plumé, tu lui offriras César que tu te gardes sur la planche… Donc, le sort de ce dernier dépend de la plus ou moins grande facilité que tu trouveras à dégraisser Barutel de ses millions… Que, pour ce dégraissement, il devienne de toute nécessité que tu en fasses ton gendre… alors, bernique pour Désormeaux.
La tournure prise par la conversation avait fini par agacer Cambart qui, pour la terminer, prononça sèchement :
– Concluons, ma fille.
– La conclusion est celle-ci. Avant que je mette la main sur les dix mille francs que tu as posés sur cette table, tu reconnais que j’ai bien loyalement gagné mon pari ?
– Oui, bien loyalement.
Que je n’ai rien oublié des conditions imposées ?
– Non… Bien, entendu pourtant que tu as tenu celle de ne rien dire à Désormeaux.
Crapichette, qui savait que César devait avoir tout écouté derrière la porte, crut pouvoir se donner le plaisir de faire un serment :
– Je te jure que je ne lui ai rien dit. Puis, après un petit temps :
– Tu n’as plus rien à me demander ?
– De toujours garder le silence à l’égard de Désormeaux.
– Bon, c’est convenu… Et encore ?
– Je ne vois rien de plus à réclamer de toi, déclara le boursier.
La lorette tendit la main vers les billets de banque posés sur la cheminée, et en parodiant l’organe d’un commissaire-priseur :
– Adjugé l’argent à bibiche ! cria-t-elle
Au moment où ses doigts se refermaient sur la somme, un fracas de voix qui appelaient se fit entendre dans le salon.
– Voilà les amis qui arrivent et je suis encore en peignoir… Au lieu de m’habiller, j’ai perdu mon temps à bavarder avec toi… Va donc les recevoir et dis-leur que je ne demande que cinq minutes de patience, commanda Crapichette au viveur en le poussant hors du boudoir.
Sitôt seule, la jeune femme courut ouvrir la porte derrière laquelle se trouvait César.
– Hein ? fit-elle gaiement, crois-tu que, pour ma peine, j’ai mérité un bon gros baiser ?
– Deux baisers, ma gentille, répondit Désormeaux qui, immédiatement, acquitta sa dette.
– Maintenant, file… Si Cambart te voyait tout de suite apparaître, il reprendrait son soupçon que tu te cachais chez moi à son arrivée… Reviens dans deux heures quand le lansquenet sera dans son plein.
– Je trouverai Barutel ?
– Oui… mais laisse-moi donc aller m’habiller, grand monstre !
Le jeune homme gagna l’escalier, qu’il descendit avec l’heureuse chance de n’y pas rencontrer quelques-uns des invités, montant chez Crapichette, qui auraient pu le reconnaître.
Dans la rue il retrouva son fiacre, dont le cocher lui ouvrit la portière en demandant :
– Où faut-il conduire Monsieur ?
– Oui, où ? Que diable vais-je faire pendant ces deux heures ? pensa d’abord Désormeaux.
Et, tout à coup :
– Saperlotte ! fit-il, c’est le vrai moment d’aller voir l’autre !
Après avoir indiqué l’adresse de son domicile, il monta dans la voiture.