II
Une faible lueur palpite à l’horizon
Et le vent glacial qui s’élève redresse
Le feuillage des bois et les fleurs du gazon ;
C’est l’aube ! tout renaît sous sa froide caresse.
De fauve l’Orient devient rose, et l’argent
Des astres va bleuir dans l’azur qui se dore ;
Le coq chante, veilleur exact et diligent ;
L’alouette a volé stridente : c’est l’aurore !
Éclatant, le soleil surgit : c’est le matin !
Amis, c’est le matin splendide dont la joie
Heurte ainsi notre lourd sommeil, et le festin
Horrible des oiseaux et des bêtes de proie.
Ô prodige ! en nos cœurs le frisson radieux
Met à travers l’éclat subit de nos cuirasses,
Avec un violent désir de mourir mieux,
La colère et l’orgueil anciens des bonnes races.
Allons, debout ! allons, allons ! debout, debout !
Assez comme cela de hontes et de trêves !
Au combat, au combat ! car notre sang qui bout
A besoin de fumer sur la pointe des glaives !