La vérité sur la mère éclate enfin au grand jour. Sur sa négligence. Tu l’imagines parfaitement, en train de siroter son vin entre amis ou de se prélasser pendant qu’une manucure en blouse blanche lui fait les ongles, jacassant que sa fille est la chose la plus importante de sa vie, la chose qui donne un sens à sa pitoyable existence.
Et pourtant elle n’est pas venue la chercher à l’heure.
N’est pas venue la chercher à l’heure. Cela paraît si peu, presque rien, juste une petite erreur. C’est tout sauf un crime, d’arriver après l’heure, non ? Et en fait, si. Ça le devient quand votre retard met en péril une fleur si précieuse, si parfaite.
C’est une grande responsabilité que d’être parent. Et la mère a échoué. Le châtiment ne s’est pas fait attendre. C’est toi l’instrument de son châtiment. Tu ne laisseras pas la fille tomber, comme sa mère.
Elle dort. Ses paupières se sont entrouvertes quand tu as entrebâillé la porte ce matin, mais rien de plus.
Tu as mieux géré, cette fois. Entre la dose d’hier et celle de ce matin, elle dort depuis vingt-quatre heures. Depuis ton erreur d’hier.
Bien joué. Tu n’aimes pas la drogue mémorielle, surtout si jeune, mais les sédatifs ne présentent aucun problème. Tu peux lui en donner aussi longtemps que tu le souhaites. Toutefois, ça ne sera pas nécessaire. Car il est presque temps.
De récolter les fruits de ton plan.
Pas encore.
Mais presque.
Julia consultait son ordinateur portable dans la cuisine. Elle avait la tête prise dans un étau, la vision brouillée. Elle n’avait pas dormi plus de deux heures, d’un sommeil troublé et peuplé de cauchemars. Elle avait passé le reste de la nuit allongée dans le noir, à guetter un courriel ou un appel sur son téléphone, à attendre des nouvelles d’Anna ou de ce maudit concierge dont la culpabilité ne faisait aucun doute, sinon pourquoi aurait-il disparu aussi soigneusement ? Tout ce qu’il leur restait à faire, c’était de mettre la main sur lui, trouver Anna, et lui téléphoner. Mais le téléphone demeurait muet.
Et donc, très tôt ce matin-là, elle s’était levée et était allée lire les nouvelles. Elle avait bien conscience que c’était la pire chose à faire, que seuls le chagrin et l’inquiétude l’attendaient sur ce chemin, mais elle ne put s’en empêcher. C’était presque, se dit-elle, une forme de pénitence.
En réalité, ce fut pire que tout ce qu’elle aurait pu imaginer.
Nous avons appris hier que la mère de la petite Anna Crowne disparue avait prévu de quitter sa famille dans les semaines à venir. Cette révélation vient s’ajouter à des témoignages selon lesquels elle avait manqué la sortie des classes et n’avait pas prévenu l’école de son retard, un manquement déterminant dans la disparition de sa fille.
Mme Crowne est devenue le centre d’une polémique qui agite l’opinion publique. D’un côté elle souffre de la disparition de sa fille. De l’autre, il est difficile de ne pas penser qu’elle est, d’une certaine façon, responsable de cette tragédie, à la fois parce qu’elle n’est pas venue chercher sa fille, et parce qu’elle planifiait son départ prochain.
Julia avait les mains qui tremblaient. Comme s’il ne suffisait pas qu’on l’accuse de négligence, à présent la presse avait eu vent de son divorce, et prétendait qu’elle voulait abandonner sa fille.
Ce qui était faux, mais qui s’en souciait ?
Elle poursuivit sa lecture. Le premier article se révéla relativement mesuré. Le reste de la presse prenait moins de gants, allant jusqu’à la soupçonner d’être folle – l’un d’eux écrivait Quel genre de mère choisit de quitter son mari et sa fille de cinq ans ? Le genre qui ne s’embête pas à aller la chercher à l’école, le genre qui pourrait prendre des mesures extrêmes et imprévisibles pour résoudre ses difficultés personnelles, suggérant qu’elle pourrait être mêlée à la disparition.
Suggestion sur laquelle s’étaient empressés de sauter les commentateurs anonymes, ces braves guerriers du champ de bataille de Twitter, qui se faisaient une joie de nourrir leurs plus salaces fantasmes. Il était difficile de lire dans leurs tweets autre chose que la façon dont ils auraient voulu que les choses se soient passées.
elle ai putain de folle. elle a tuer la mome #JuliaCrowne #merecinglee
À quoi répondait un certain @DB2FCT :
N’importe quelle femme qui abandonne son enfant pourrait TUER son enfant #JuliaCrowne #merein competente
Ce hashtag en particulier – #mereincompetente – était un sujet tendance. Il générait un gros trafic.
les gens comme ça devraient être stérilisés. #Julia Crowne #mereincompetente
Je ne peux pas avoir d’enfants. C’est un crime de laisser les gens comme elle en avoir #JuliaCrowne #mereincompetente
Cette salope résume tout ce qui ne va pas en Grande-Bretagne #JuliaCrowne #mereincompetente
Les réseaux sociaux semblaient particulièrement furieux de savoir qu’elle prévoyait d’abandonner Anna. Quelle ironie : le crime qui faisait couler le plus d’encre virtuelle était le seul dont elle soit innocente. Ajouté au chagrin et à la culpabilité, Julia se sentit envahie par un sentiment croissant d’injustice. Elle avait quantité de raisons de s’en vouloir, et celle-ci n’en faisait pas partie.
Ce n’était pas le seul mensonge qui tournait. Tandis qu’elle cliquait d’un article à l’autre, un nouveau thème émergeait : l’aventure extraconjugale. La plupart des journaux n’en parlaient pas, mais un des tabloïds les plus osés – ou disposant de meilleurs avocats que les autres – ne prenait pas de pincettes. Succès immédiat sur Twitter, mais avec un hashtag encore plus charmant : #tamere lapute.
En train de se faire baiser pendant qu’on enlevait sa fille #JuliaCrowne #tamerelapute
C’en était trop. Elle referma son ordinateur et détourna le regard vers le tableau au-dessus de la cheminée. C’était une grande peinture à l’huile représentant une plage de sable fin sous un éclatant ciel bleu et sans nuages de Cornouailles, une de ces milliers de toiles vendues dans les centaines de galeries de la côte sud-ouest de l’Angleterre. L’artiste manquait certainement de talent et plus encore d’imagination, il n’en avait pas moins capturé l’essence des vacances au bord de la mer. C’était ainsi qu’on se les rappelait, et non comme elles étaient réellement. Coincé entre les quatre cloisons déprimantes de votre bureau, en plein hiver, avec pour seul fond sonore les conversations étouffées de vos collègues au téléphone et le bruit de leurs doigts sur leur clavier, les vacances d’été à la mer paraissent comme ce tableau : dorées, brillantes, idylliques et terriblement attirantes.
À cet instant, elle aurait voulu y disparaître. Se tenir debout sur le sable chaud, puis s’avancer dans les eaux vivifiantes jusqu’à ce que la mer l’avale tout entière. Elle voulait ne jamais revenir, ne jamais affronter l’orage.
Avait-elle fait la même chose quand d’autres cas semblables s’étaient produits ? Avait-elle épluché la presse ? Avait-elle ressenti un frisson de jubilation lubrique à la vue de la souffrance d’autrui, tout en accusant intérieurement les journalistes d’être des animaux s’immisçant sans la moindre vergogne dans la vie privée des gens et l’exposant à la vindicte, tout cela dans le but d’engraisser leurs rapaces d’employeurs ?
Sûrement. Mais elle ne s’était pas sentie impliquée, car elle n’achetait pas ces journaux ni ne s’abonnait à ces sites Internet. Elle se sentait au-dessus de tout reproche tant qu’elle ne les finançait pas ; elle ne les en nourrissait pas moins. Même en se contentant de lire le contenu gratuit, ses clics et ses commentaires ajoutaient au poids de l’intérêt public – du voyeurisme public, plutôt – qui était la véritable raison d’être de tout ce cirque médiatique.
Et elle se trouvait maintenant au centre de la piste, confrontée à la toute-puissance de cette force blessante et moralisatrice, capable de faire d’une mère pleurant la disparition et peut-être la mort de sa fille, une scélérate. C’était dégueulasse, une version moderne de l’exécution publique, mais les gens voulaient des histoires, et celle de cette salope de mère, malfaisante et négligente, en était une bonne. Quoi de mieux qu’une mère éplorée ? Eh bien, une mère éplorée qui était aussi une pute et une briseuse de ménage.
Ce qu’elle n’était pas.
Elle n’avait ni amant ni velléité d’abandonner Anna. Mais cela n’avait plus aucune importance. L’histoire était écrite, et elle contenait suffisamment de vrai – sa volonté de divorcer – pour donner à toutes ces allégations des airs de vérité. Ajoutez à cela sa négligence avérée, et vous obteniez l’ennemi public numéro un.
Mais d’où sortaient-ils tout cela ? Comment pouvaient-ils être au courant de ses deux échecs – avoir manqué la sortie des classes et ne pas s’être montrée la meilleure des épouses ? Ils n’avaient qu’un seul moyen de le découvrir. Une seule personne pouvait le leur avoir dit – quant à savoir pourquoi, cela la dépassait.
Elle repoussa l’ordinateur portable sur le plan de travail et monta parler à son mari.
Il régnait dans la chambre d’amis une odeur fétide. L’air rance et la forme immobile dans le lit laissaient supposer que Brian dormait. Aux premières lueurs de l’aube ce matin-là, elle avait entendu le tintement des bouteilles puis la porte du bar se refermer. En descendant un peu plus tard elle avait trouvé son verre vide dans l’évier, encore collant de bourbon bon marché, ses traces de lèvres sur le bord. Ça l’avait dégoûtée.
Pas étonnant qu’il dorme encore. Mais même s’il allait se réveiller bientôt – le sommeil demeurant une chose fragile pour eux deux, alcool ou pas –, elle ne pouvait attendre. Il pourrait bien se reposer plus tard. Il y aurait du temps à revendre.
— Brian ! appela-t-elle. Brian, réveille-toi !
Il resta inerte. Sa jambe, pâle et maigre, pendait par-dessus le rebord du lit. Une vague de regrets la submergea, cette fois pas pour Anna – encore que ces regrets-là ne la quittaient jamais –, mais pour ce qu’était devenu leur mariage, la vie qu’ils avaient commencé à bâtir. Elle n’aurait su dire comment ils en étaient arrivés là, comment ils avaient pu laisser les choses tourner si mal. La seule explication qui lui venait à l’esprit, c’était qu’avec les années, ils avaient grandi chacun de leur côté et non ensemble. Quoi qu’il en soit, ils étaient devenus différents, et incompatibles.
— Brian, réveille-toi !
Le ton était pressant. Brian s’étira et grommela. Julia n’avait pas compris quoi, mais ce devait être quelque chose comme fous le camp ou laisse-moi tranquille.
— Brian. Réveille-toi, je dois te parler.
Ses yeux s’ouvrirent d’un coup et il s’assit, parfaitement alerte, une expression de pure anticipation sur le visage.
Oh merde, pensa-t-elle, et malgré la colère qu’elle éprouvait, elle se sentit pleine de compassion. Elle s’apprêtait à faire la pire chose possible. Elle voyait sur son visage qu’il attendait maintenant des nouvelles d’Anna. De bonnes nouvelles, puisque Julia n’était pas en train de pleurer.
Il se redressa.
— Ils l’ont trouvée ? Ils ont trouvé le concierge ?
Merde. Elle secoua la tête. Merde, merde et merde.
— Non, mais j’ai besoin de te parler.
L’expression de Brian – passant de l’espoir à la déception absolue – était un parfait reflet de l’âme de Julia, dont la colère se dissipa.
— Plus tard, dit-il, et il se laissa retomber dans le lit.
— Maintenant, insista Julia d’une voix radoucie. Je suis désolée. (Il l’ignora, mais elle demeura dans l’encadrement de la porte.) Brian, c’est important.
Il se tourna vers elle.
— C’était délibéré ? Tu voulais me faire une fausse joie ?
— Non. Pas du tout.
— Mais oui, bien sûr.
— Je t’assure que non. Je ne ferais pas ça à mon pire ennemi. Et même si nous éprouvons certaines difficultés – de sérieuses difficultés –, tu n’es pas mon pire ennemi. De loin.
— Alors c’est quoi ? De quoi tu voulais me parler ?
— Je pense que tu le sais.
— Que je sais quoi ?
Elle ferma les yeux.
— Pourquoi as-tu fait ça, Brian ?
— Mais fait quoi ?
Pour une raison ou pour une autre, elle pensait que lui donner une chance de se confesser pourrait aider. Ça ne réparerait pas les dégâts, mais ça leur permettrait au moins de parler entre adultes. S’il persistait à nier, ils finiraient par se disputer pour savoir s’il était ou non coupable, et ce serait une perte de temps.
— Tu le sais.
— Non, je ne sais pas. Qu’est-ce que j’ai fait ?
— Brian, ce n’est pas le moment. Soyons honnêtes l’un envers l’autre.
— Très bien. Faisons ça. Pourquoi ne commencerais-tu pas par me dire de quel crime tu m’accuses, et je te dirais si j’en suis ou non coupable ? Je promets d’être parfaitement honnête avec toi. Après tout, je n’ai plus grand-chose à perdre, n’est-ce pas ? Plus après ce que tu as fait.
— OK. Pourquoi leur as-tu tout raconté ? À qui as-tu parlé ?
— Tu veux dire, la presse ?
Elle hocha la tête, triomphant intérieurement de lui avoir fait avouer. Mais ce sentiment ne dura pas. Quelque chose sonnait faux. Ses paroles étaient teintées de nonchalance, d’une désinvolture qui ne cadrait pas avec la gravité de ses actes supposés. Comme si sa trahison et ses mensonges tombaient sous le sens.
— Exactement, répondit-elle. Pourquoi leur as-tu parlé ?
— Je ne l’ai pas fait. Je croyais qu’on avait tiré ça au clair hier. Ce doit être un des parents, ou un membre du personnel de l’école. Mais pas moi, en tout cas. Qui le prétend ?
— Je ne parle pas de ça, soupira-t-elle, exaspérée par son déni. Le reste.
— Quel reste ?
C’est alors qu’elle comprit qu’il ne savait pas ce qu’il y avait dans les journaux d’aujourd’hui, qu’il pensait qu’elle évoquait la presse de la veille. Il n’était pas assez bon menteur, ou acteur, pour lui faire aussi bien croire qu’il n’était pas au courant. Autrement dit, il ne leur avait pas parlé de l’échec de leur mariage ni n’avait été inventer cette histoire d’adultère et d’abandon. Il n’était pas de ces personnes capables de vous mentir en soutenant votre regard, de rester stoïques en cas d’interrogatoire. Même s’il l’avait voulu, il se serait trahi au moindre coup de pression. Au début de leur relation, elle parvenait à deviner ce qu’il allait lui offrir pour son anniversaire ou pour Noël simplement en lui demandant : C’est un bijou ? des vêtements ? un bon pour un spa ? Et quand elle tombait dans la bonne catégorie, il niait d’une voix différente, plus sombre, qui la mettait sur la voie. Alors elle entrait dans les détails : C’est une bague ? un collier ? un bracelet ? Diamants ? argent ? or ? C’était plutôt marrant, comme jeu. Mais à présent c’était terminé pour de bon.
— Il y a plus que ça. Dans la presse. Beaucoup plus.
— À quel sujet ?
— À mon sujet.
— Comme quoi ?
— Comme par exemple le fait que notre mariage soit terminé, que je veuille te quitter et abandonner Anna.
— C’est le cas ? Ça me va.
— Non ! Pas du tout. Nous aurions – aurons – un genre de garde alternée. Tu es un bon père, et elle a besoin de toi. De moi aussi. Je ne projetais pas de l’abandonner.
— Eh bien, ça n’a plus grande importance maintenant.
— On dit aussi que j’avais une aventure, que c’était pour ça que je te quittais.
— Et c’est le cas ?
— Non plus.
Elle s’arrêta. Elle constata qu’il ne se sentait pas vraiment concerné, qu’il pensait Navré de l’entendre, mais ce n’est pas mon problème. Ce en quoi il avait raison. C’était son problème à elle. Elle devrait affronter seule la destruction de sa réputation, les regards de travers de ses collègues et de ses clients, les remarques étouffées sur ses compétences d’avocate de la famille alors qu’elle avait bousillé sa vie de façon si spectaculaire. Peu importait qu’il s’agisse d’un mensonge. Il est impossible de prouver que quelque chose, comme une aventure extraconjugale, n’existe pas. On peut prouver son existence, avec des photos, des caméras de surveillance, de l’ADN, mais pas son absence. Au mieux pouvait-on nier.
Et elle ne pouvait nier qu’une partie. Je ne trompais pas mon mari et je ne souhaitais pas abandonner Anna, mais je voulais divorcer et je suis arrivée en retard à l’école.
Pas vraiment convaincant, comme démenti. Et même si elle parvenait d’une façon ou d’une autre à prouver ses dires, la tache demeurerait. La merde, ça colle, comme l’affirmait Edna avec raison.
Mais il y avait peut-être un moyen. Une façon plus politique de procéder : nier tout en bloc. Pour cela elle avait besoin d’aide. Elle prit une profonde inspiration.
— Je veux que tu dises que je ne prévoyais pas d’abandonner Anna et que je n’avais pas d’aventure. (Une pause.) Et que je ne voulais pas divorcer.
— Mais c’est le cas. Tu veux une toute nouvelle vie, plus excitante. C’est ce que tu m’as dit. Je suis ennuyeux. Sans intérêt. Pour ce que j’en sais, peut-être que ta nouvelle existence excluait Anna et incluait un amant. Je ne peux pas affirmer le contraire.
— S’il te plaît. Dis-leur que je n’allais pas te quitter. Il est écrit que je te l’ai dit il y a une semaine et quelques. Tu pourrais démentir.
— Je pourrais. Mais primo, ce serait un mensonge, et secundo, ça risquerait de paraître un peu bizarre quand tu te barreras dans quelques semaines, ou mois, ou quel que soit le moment où tu as prévu de me foutre la paix. (Il roula sur lui-même pour faire face à la fenêtre.) Tu es toute seule sur ce coup-là, Julia. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi.
Sa voix vibrait d’une jubilation tranquille qui la mettait hors d’elle. Il n’avait peut-être rien dit à la presse, mais elle aurait pu parier qu’il se délectait de la situation, et plus encore du pouvoir que lui conférait la possibilité de tout nier en bloc.
Elle fit la seule chose qui lui vint à l’esprit : elle claqua la porte en partant. La détonation fut comme un coup de fusil. Elle imagina Brian sursauter dans son lit, stupéfait.
Maigre consolation.