19
Le Roi Koko
(Charles Prince, 1913)
La voisine de Blanche Simon à Caen s'appelait Fallières – une homonymie avec l'ancien président de la République qui expliquait que sœur Clarisse s'en soit souvenue. Il n'existait en tout et pour tout que deux Fallières dans la cité normande et François n'avait eu aucun mal à identifier la personne qu'il cherchait : un appel téléphonique à la poste centrale et un coup d'œil au plan de ville avaient suffi. Profitant de sa liberté du dimanche, il était arrivé gare de l'Ouest sur le coup de dix heures, s'était promené sur les quais de l'Orne – où les pêcheurs déchargaient leurs dernières caisses de poisson sous la neige – avant de s'installer au chaud dans un café de la place Saint-Sauveur. C'était jour de marché et il pouvait suivre par la vitre le ballet des chalands qui circulaient prudemment entre les étals tout en échangeant leurs impressions sur le temps. En réalité, il avait beau faire, il ne parvenait pas à se détacher des événements de la veille, ressassant à l'envi ses interrogations sur Adèle. Son mariage avec Valfandier était un échec, certes, et sans doute regrettait-elle sa conduite durant la guerre. Mais au fond, que souhaitait-elle vraiment ? Obtenir son pardon ? Qu'ils referment la parenthèse en chœur, comme si de rien n'était ? Mieux, qu'ils reprennent tout à zéro ? Le plus troublant étant que lui-même se soit prêté au jeu : passé les premières piques, il l'avait accompagnée sans déplaisir dans sa déambulation zoologique. Quelques évocations d'autrefois, d'innocentes plaisanteries et, très vite, une certaine complicité. Qu'avait-il trouvé de si plaisant à la conversation d'Adèle, lui qui s'était juré de ne plus lui adresser la parole ?
Et puis il y avait autre chose : la désormais romancière comptait à toute force participer à l'enquête. En tant que créatrice des Maudits, affirmait-elle, elle se sentait responsable. Or, deux mois plus tôt, alors qu'elle attendait dans le bureau de Gustave Valfandier, elle était tombée – comprendre : elle avait fouillé – sur un paquet de lettres dissimulé dans un livre. Ces lettres, toutes anonymes, étaient de la main d'une maîtresse éconduite qui menaçait de révéler leur liaison. Adèle n'avait eu le temps d'en parcourir qu'une ou deux avant le retour de son beau-père et elle ne s'en rappelait pas les termes exacts, non plus que les dates. Mais peut-être cela pouvait-il constituer une piste pour l'affaire en cours ? Elle promettait quoi qu'il en soit de s'introduire à nouveau dans le saint des saints afin d'en découvrir davantage. Ce qui laissait François rêveur : drôle d'idée, tout de même, de jouer les Sherlock Holmes dans son propre foyer...
À midi pile, il prit la direction du quartier Vaucelles, de l'autre côté du fleuve et de la voie ferrée. Il s'agissait d'un faubourg industrieux et populaire, où sa mère aurait pu effectivement habiter – davantage que dans le centre-ville bourgeois où résidait l'autre famille Fallières, celle qu'il avait écartée. Le moment était favorable : l'heure du déjeuner, un dimanche, qui plus est sous la neige, des conditions idéales pour trouver à son domicile une personne âgée. Il dénicha sans mal le 103, rue d'Auge, un immeuble médiocre de deux étages qui jouxtait une mercerie sur une voie commerçante. La femme qui lui ouvrit devait avoir plus de soixante-dix ans et elle était vêtue comme si elle attendait quelqu'un : une robe verte un peu passée, des boucles d'oreilles clinquantes et un rose exagérément rose aux joues. Plus une odeur envahissante d'eau de Cologne bon marché. En avisant l'inconnu sur son pas de porte, elle ne cacha pas sa surprise :
— C'est pour quoi ?
François tendit sa carte de police.
— Désolé de vous déranger un dimanche, madame Fallières. Vous avez des invités, peut-être ?
— Possible..., répondit-elle en plissant les yeux pour déchiffrer le document. Qu'est-ce que vous me voulez ?
Il avait eu le loisir depuis le matin de peaufiner ses arguments.
— Je viens pour votre voisine, Mme Simon. Le Bon-Sauveur nous a signalé qu'elle était internée chez eux depuis un moment et nous sommes à la recherche de parents qui pourraient s'en occuper.
— Ils envoient des inspecteurs de Paris pour ça ?
Elle le regardait sans ciller, son vieux visage ravagé par les rides.
— La période est plutôt calme, mentit-il, on en profite pour traiter les affaires moins urgentes.
— Si c'est si calme à Paris, rétorqua-t-elle, venez donc courir après nos voleurs ! Parce que les policiers d'ici, ils se la coulent douce, croyez-moi.
— Caen est devenu un repaire de bandits, c'est ça ? plaisanta-t-il.
— Vous pouvez rigoler... La voisine justement, quelqu'un lui a crocheté sa serrure en septembre. Vous croyez que le commissariat aurait fait quelque chose ? Sous prétexte que la pauvre dame est enfermée, ils ont pas daigné lever le petit doigt. C'est moi-même qui ai dû faire changer le verrou.
L'appartement de Blanche cambriolé ?
— C'est scandaleux, s'empressa-t-il d'admettre. Raison de plus pour retrouver la famille, qu'elle reprenne les choses en main.
— Ça, la famille, soupira-t-elle, vous êtes pas au bout de vos peines ! Allez, finissez d'entrer...
François la suivit dans un couloir mal éclairé qui donnait sur une petite salle à manger à peine plus lumineuse, avec des rideaux tirés aux trois quarts. Sur la table dominicale, deux couverts étaient mis. À côté de l'une des assiettes trônait la photographie sous verre d'un homme aux favoris envahissants.
— Vous allez penser que je suis bonne à enfermer aussi, gloussa la vieille dame. C'est mon mari, Saturnin Fallières. Il est parti il y a treize ans et tous les dimanches, on déjeune ensemble. On reprend nos conversations d'avant... Y a pas de mal, n'est-ce pas ?
Elle lui montra la place vide en face d'elle :
— Vous voulez une assiette de soupe ? Ça nous changerait d'avoir quelqu'un.
Difficile de refuser.
François s'installa en remerciant et se laissa servir un bouillon aux fèves insipide dont il fit compliment à son hôtesse. Celle-ci le fixait sans oser prononcer un mot, de peur peut-être qu'il ne s'évapore dans les airs, rompant le charme inopiné de sa visite.
— Vous pourriez me parler de Mme Simon ? interrogea-t-il, la dernière cuillère avalée.
Elle poussa vers lui un saladier de lentilles en vinaigrette dont il se servit avec circonspection.
— Mme Simon..., commença-t-elle. Pendant cinq ans je l'ai appelée Mme François, alors ! Blanche François. C'est seulement quand on l'a emmenée à l'hôpital que j'ai su son vrai nom. Ça m'a fait un choc, pour vous dire.
Le policier s'efforça de ne pas bondir.
— Vous étiez assez proches pourtant, non ? fit-il le plus calmement possible.
— On s'entendait bien, oui. On allait chez l'une, chez l'autre. C'est une gentille femme, très discrète. Je pouvais pas deviner qu'elle se cachait !
— Elle se cachait ?
— Sinon, pourquoi elle aurait changé de nom, d'après vous ? Remarquez, c'est peut-être son métier qui voulait ça. Elle avait été chanteuse, autrefois. Elle avait couru le monde... Sur les affiches qu'elle m'a montrées, c'était écrit « Blanche Esperanza ». D'ici à ce qu'elle ait fait des mauvaises rencontres ou qu'elle ait laissé des dettes je ne sais où... Chacun a sa part de problèmes, pas vrai ?
— Elle a déjà évoqué sa famille avec vous ?
— Jamais, non. Elle était secrète, je vous répète. Elles vous plaisent, mes lentilles ?
— Parfaites ! Vous n'en mangez pas ?
— Je les digère mal. C'est pour Saturnin que je les sers, il a toujours aimé ça.
François se garda du moindre commentaire.
— Et avec Mme Simon, alors, de quoi discutiez-vous ?
— De tout, de rien... Des courses, des ragots du coin, des événements d'ailleurs. Comme elle sortait pas beaucoup, c'est moi qui lui apportais les nouvelles.
— Elle vivait cloîtrée ?
— Je dirais pas ça. Mais pour une femme belle et encore jeune, c'est vrai qu'elle mettait guère le nez dehors.
— Elle était malheureuse à votre avis ?
— Elle avait l'air triste des fois. Mais après tout, personne l'obligeait à se calfeutrer chez elle !
— L'hôpital m'a raconté que c'est vous qui leur aviez adressé Mme Simon. Qu'elle allait déjà mal depuis un moment.
— Elle s'est mise à dérailler au début de l'année, déplora la vieille dame. Un matin, en janvier, tellement il faisait froid, je suis montée lui prendre du charbon. Je l'ai trouvée recroquevillée par terre à sangloter, glacée comme si elle avait passé la nuit là. Ensuite, elle a plus été pareille.
— Elle a pu vous expliquer ce qui était arrivé ?
— Elle bredouillait je ne sais quoi sur une silhouette en noir qui l'avait soi-disant attaquée. Comme une gamine qui a fait un cauchemar.
— L'ombre noire ? suggéra François.
La vieille dame l'observa par en dessous.
— Euh, ça doit être ça, oui... L'ombre noire. Comment vous savez ?
— Les gens du Bon-Sauveur ont fait des allusions. Vous vous souvenez si elle portait des traces de coups ? Ou s'il y avait du désordre chez elle ?
— Ma foi, rien de spécial. Elle avait aucun bleu nulle part et question désordre, ça m'a pas sauté aux yeux. C'est pour ça, j'ai pensé que c'était dans sa tête. Un genre de crise...
— Vous vous rappelez si la porte était ouverte quand vous êtes entrée ? Ou bien si c'était verrouillé ?
La vieille dame fit un effort de concentration.
— Maintenant que vous le dites... c'était pas fermé, non. Enfin, il me semble.
— Si c'était tôt le matin et que d'habitude elle se bouclait...
— Vous croyez qu'on l'aurait attaquée pour de vrai ? T' entends ça, Saturnin ! Cette pauvre Mme Simon ! Mais alors..., ajouta-t-elle, consternée, le cambriolage d'il y a deux mois... ça pourrait être le même type qui serait revenu ?
— C'est sans doute une coïncidence, la rassura François. Quelqu'un a dû apprendre que le logement était vide et venir voir s'il n'y avait pas quelque chose à grappiller.
— Ben... je préférerais ça, parce que si un coquin de cet acabit se pointe chez nous tous les quatre matins...
— Vous n'avez jamais croisé quelqu'un de suspect dans l'immeuble ? Habillé en noir, en particulier ?
— On est cinq à habiter là, inspecteur : les indésirables, on les repère, soyez sûr.
— D'accord. Et pour revenir à Mme Simon, elle était vraiment très différente après... l'incident ?
— Le jour et la nuit ! Une petite fille, je vous dis, constamment apeurée. Parfois, je l'entendais crier en plein après-midi. J'allais voir... Rien du tout ! Elle était juste assise devant la fenêtre, à trembler en regardant dehors. Et puis un jour, elle a arrêté de se faire à manger, c'est moi qui ai dû préparer sa cuisine. Et elle se lavait plus non plus, si vous m'excusez du détail. À la fin, elle faisait plus que dessiner avec un air d'être ailleurs. Le Dr Lagarde est venu et il a dit qu'il valait mieux l'hospitaliser. C'est comme ça qu'on l'a envoyée au Bon-Sauveur.
— Vous savez qui paye son loyer, depuis ?
— Aucune idée, non. Mais ça doit tomber comme il faut, sinon vous pensez bien que Bernadier, le proprio, il se serait pas gêné pour tout bazarder dehors. Y compris le volatile.
— Le volatile ?
— L'oiseau de malheur, si vous préférez. J'ai jamais compris pourquoi elle l'aimait tant, celui-là. « Mon Koko par-ci, mon Koko par-là »... Elle l'a ramené d'Amérique du Sud, d'une tournée d'après ce qu'elle racontait. Mais c'est une méchante bête, pardi ! Et quand il s'agit de nettoyer sa cage, je suis pas trop fière : le vicieux essaye tout le temps de me pincer avec le bec. Et je parle pas de ce qu'il coûte à nourrir : les fruits, les légumes, les graines, c'est un puits sans fond, cet' bestiole ! Et pis c'est qu'il faut aussi le chauffer ! Enfin, je peux pas le laisser crever non plus, hein ? Si elle le trouvait pas à son retour, elle serait trop malheureuse.
— Madame Fallières, vous me prêteriez la clé, que je jette un œil ?
En pesant sur la poignée, François sentit de drôles de choses ferrailler dans son estomac. Rien à voir avec la soupe ou les lentilles... L'appartement était plongé dans l'obscurité et il se dirigea d'abord vers la fenêtre de la pièce principale pour donner de la lumière. Il régnait là une vague odeur de lavande et d'encaustique quoique le ménage laissât à désirer : le buffet avec le napperon en dentelle était mangé par la poussière, les fleurs dans le vase étaient mortes depuis belle lurette, une pile hétéroclite de papiers côtoyait sur la table de vieux journaux et un service ébréché. Même les coussins sur le divan étaient sens dessus dessous, une robe de chambre usée gisant sur l'accoudoir. François fut pris d'une sorte d'étourdissement et jugea plus raisonnable d'approcher une chaise. C'est donc là qu'avait vécu Blanche... Sa mère. Avec un peu de chance, dans une autre vie, ce salon aurait pu être le sien. De retour de l'école, il aurait pendu son manteau à la paterre dans le coin, se serait attablé près de la fenêtre pour faire ses devoirs, puis, une fois terminé ses pages d'écriture ou d'additions, il aurait sorti ses jouets du buffet en réclamant une tranche de pain beurré. Tout aurait été plus simple... Au lieu de cela, ils s'étaient tous les deux ingéniés à se tourner le dos vingt-six ans durant.
Il lui fallut quelques instants avant de pouvoir se concentrer à nouveau sur l'objet de sa visite. Par bonheur, si l'on s'en tenait au récit de la voisine, le diagnostic de Frédéric Valfandier se trouvait conforté : Blanche avait subi un choc psychologique qui l'avait plongée petit à petit dans un état de régression. Et pour l'en tirer, il fallait en identifier la cause. L'ombre noire... Un homme qui l'avait terrorisée au point qu'elle avait fini par se réfugier dans les limbes de son esprit. Un homme qui n'avait pas hésité à s'introduire à nouveau neuf mois plus tard dans son appartement pour obtenir ce qu'il désirait... Laissant, selon Marie-Jeanne Fallières, des papiers éparpillés autour du secrétaire et de la vaisselle remuée dans le buffet. Sans qu'elle puisse certifier pour autant qu'il avait emporté quoi que ce soit – d'où le peu d'empressement, sans doute, de la maréchaussée.
François avança jusqu'au petit secrétaire qui avait suscité l'intérêt de l'intrus. Le plateau en bois laqué était marqué de griffures et les tiroirs ne contenaient plus que du matériel d'écriture ou de menues bricoles. En glissant la main au fond de l'un d'eux cependant, il atteignit une tirette métallique qu'il actionna. Il y eut un léger déclic et un compartiment secret s'entrouvrit en façade. Il le tira avec l'ongle : la cachette, de la taille d'une main, était vide. Le mystérieux visiteur avait dû passer par là...
Il s'intéressa ensuite au buffet qui ne recélait lui aussi que des objets ordinaires : des tasses, des assiettes, des bols, des serviettes... Sur la table à manger, il consulta les papiers que Mme Fallières avait posés en tas : une réclame pour le magasin Renard, la Samaritaine locale, des listes de comptes rédigées d'une écriture fine où la moindre dépense était reportée – le pain d'une livre à quarante centimes, les deux fromages de vache à douze, la bouteille de cidre à sept, le sac de charbon pour le poêle, la facture du bottier à cinq francs, la note de l'herboriste pour les tisanes de cerfeuil et de sauge... –, un courrier à en-tête de Jacques Bernadier, le propriétaire des lieux, signifiant en mars 1918 le prolongement du bail de Mme Blanche François, des patrons de couture découpés dans un magazine de mode, deux billets de loterie périmés, etc. Les archives dérisoires d'une existence solitaire... Et puis des dessins, encore des dessins, dont il était difficile de dire s'ils représentaient quelque chose. Lignes et courbes entrecroisées, cercles incertains, ratures nombreuses, formes esquissées, le tout composant un paysage chaotique, celui d'un monde intérieur à la dérive.
En se relevant pour observer la rue depuis la fenêtre, l'inspecteur renversa malencontreusement sa chaise. Une voix s'éleva alors, impérieuse, de l'autre côté de la cloison :
— François !
Celui-ci fit un bond.
— François !
Il se précipita vers la porte qu'il ouvrit à la volée, débouchant sur une cuisine minuscule, avec une simple gazinière et un placard. Sur la paillasse de l'évier, une imposante cage en fer... Son occupant le dévisageait, la tête inclinée à gauche. Un magnifique perroquet, d'au moins soixante centimètres de haut, au corps bleu azur et à l'œil jaune citron... L'oiseau l'observa de son regard oblique, très mobile, perché sur une branche de bois. Sous lui, des trognons de pomme, des coquilles de noix, des feuilles de salade racornies, des morceaux de fruits pourris, plus tout le reste, l'odeur à l'avenant.
— C'est donc toi, Koko ? lui lança le jeune homme. Tu peux te vanter de m'avoir fichu la frousse.
— Frran-çois ! rétorqua l'animal avec un accent quasiment bourguignon.
Ils se jaugèrent un moment, puis le policier emprunta le demi-couloir qui conduisait à la pièce suivante. Autant le salon était triste et sans intérêt, autant la chambre était colorée. Comme si sa mère avait voulu édifier là un musée à sa gloire vagabonde : des tissus chatoyants sur le lit, des photographies exotiques, des affichettes où brillait le nom de Blanche Esperanza, des instruments à vent inconnus en Europe, une mantille en dentelle écarlate épinglée au mur, des bracelets de tissu qui pendaient çà et là... Sa penderie elle-même comportait trois robes de scène éclatantes qui contrastaient avec la sobriété des autres habits. François examina chaque recoin de l'armoire, sans rien dénicher qui puisse l'éclairer sur l'« ombre noire » ni sur le trésor de bric et de broc que lui avait légué le père Malvieux. Dans le tiroir de la table de nuit, il mit la main sur quelques cartes postales neuves de la région, des feuilles blanches et une enveloppe destinée à Mme François, 103, rue d'Auge, Caen. Le cachet postal était du 23 août 1918, et si la lettre elle-même n'était plus à sa place, l'écriture lui était familière : c'était celle de Mado.
— Frran-çois !
Le jeune homme soupira avant de rebrousser chemin vers la cuisine.
— Dis-moi, Koko, le type en noir, tu as dû le voir, non ? Tu n'aurais pas un tuyau ?
Le perroquet s'ébroua, ses belles plumes bleutées s'offrant dans un éventail délicat. Il claqua ensuite deux fois de son bec puissant et crochu. Un spécimen de toute beauté, en effet. La dernière passion de Blanche, condamnée désormais à l'isolement, comme sa maîtresse.
La décision ne fut pas longue à prendre.