18.

UNE OPTION

Ines Minguez se présenta au chalet principal, hébétée, le lendemain de l’agression. Elle avait une plaie et trois bleus de la taille d’une pièce de deux euros sur le flanc gauche. Elle présentait en outre de sévères engelures aux pieds, et aux doigts : elle s’était retrouvée nue dans la forêt, en pleine nuit, à quatre kilomètres du Hameau, et était rentrée à son mazot sur l’Alpage dans le noir, en état d’hypothermie avancée.

Elle affirmait ne conserver aucun souvenir de sa métamorphose, ni des raisons pour lesquelles elle n’avait pas regagné sa pièce rouge avant la fin de l’épisode.

Quand Ines apprit qu’elle avait attaqué Kate et tenté de la saigner comme une brebis, elle parut choquée. Elle refusa toutefois de se prêter à quelque analyse toxicologique que ce soit. On se contenta donc de lui faire une injection antirabique et de soigner les lésions.

 

———

 

– Kate était une cible déterminée à l’avance, professeur. Et vous êtes sans doute le prochain sur la liste. Ils se sentent invulnérables.

Furieux comme un pit-bull, mauvais comme un molosse. On était jeudi 19 avril. Matthew Finnegan venait d’apprendre ce qui s’était passé la veille. Il s’en voulait manifestement d’arriver en retard comme les carabiniers.

– Je sais, Matthew… Ils vont probablement essayer de forcer le destin avant le conseil du 28 avril, parce qu’ils savent qu’ils sont minoritaires. C’est une course contre la montre. En attendant, qu’a donné votre mission à Lausanne ?

– Il y a très peu d’indices. Nous pouvons fouiller le système informatique d’AC Hemato et de WarDogs, mais je suppose qu’Hugo a reçu l’argent de Kofer en liquide et qu’on ne trouvera pas de trace de virement.

– Je demanderai à Flora de vérifier.

– Argento ? C’est une gamine.

– C’est la meilleure, et vous le savez, nous le savons tous. Quelles sont les autres options ?

– Faire parler un des deux cerveaux. Kofer, ou Clauberg. Sous la contrainte. J’ai étudié cette possibilité…

– Vous parlez d’un enlèvement, si je vous suis bien… L’enlèvement d’un des plus importants patrons suisses, protégé par des mercenaires surarmés, ou du chef de ces mercenaires, un criminel de guerre avéré. Et nous n’avons qu’une semaine pour mettre ce projet à exécution et extorquer des aveux à notre victime ?

– Oui, professeur.

– Eh bien, cela me semble être une excellente idée. Quand partons-nous ?

L’homme à la veste de tweed et aux fines lunettes d’acier s’était levé. Il ouvrit un tiroir de sa bibliothèque et en sortit un revolver chromé.