28.

LE CERCLE RESTREINT

Flora venait de sortir son ordi de son sac à dos. Les cinq autres s’étaient instinctivement regroupés autour d’elle. Soudain, Shariff redevint sérieux, inquiet aussi. Il était le seul responsable de ce nouveau conseil de guerre parallèle, il était l’héritier du fondateur. Il menait la résistance.

– Kate… Tu savais que le professeur avait pris les disques ?

Kate baissa la voix, comme si elle craignait que leur conversation soit écoutée :

– Je l’ignorais. Totalement. Il devait enlever Clauberg pour le faire parler. Je ne sais pas pourquoi il a emporté nos informations.

– OK, alors nous devons le retrouver très vite. Tout laisse à penser qu’il est en danger.

Anja l’interrompit :

– Ou qu’il nous a trahis, Shariff. C’est une possibilité qui…

– Anja, c’est la première et la dernière fois que tu évoques cette hypothèse devant moi. Je vous préviens que je ne m’allierai avec personne qui doute de mon père.

À ses mots, tous relevèrent la tête.

– Il m’a adopté. Il y a un mois. Vous trouverez les papiers dans le tiroir de son bureau.

– Shariff, je…

Flora avait tendu une main.

– Pas maintenant, Flora. Ce n’est pas le moment de s’attendrir. Quelqu’un sait-il comment on pourrait le retrouver ? Et comment Hugo a-t-il été mis au courant de notre plan ?

Silence. Apparemment, ils attendaient tous qu’un gamin de treize ans apporte la solution.

– Bon… De deux choses l’une… Ou bien il y a un traître dans ce conseil de guerre, et il ne peut s’agir que de Kate ou de Marco…

La voix de Shariff était celle d’un adulte, avec un léger tremblement, provoqué par la colère peut-être… Ou la peur.

– … Mais je ne veux pas le croire. Ou bien l’un d’entre nous, le professeur, Matthew ou Julien, a commis une erreur qui a révélé notre plan à l’ennemi.

De nouveau, un silence. Chacun, sauf Anja, cherchait sans doute le moment où il aurait pu prononcer le mot de trop qui avait mis quelqu’un sur la piste… Shariff se tourna vers Kate, et demanda :

– Peu importe, pour l’instant. Ce Clauberg, et sa société, c’est qui, exactement ?

– Le diable. Le grand méchant loup.

– OK, alors on va devoir aller chercher le professeur en enfer, trancha Shariff. Tim, Flora et moi, on s’occupe de trouver des infos. Toi, Kate, tu gères les affaires courantes avec Anja. Marco regroupe les quelques fidèles qui restent et met Paul et ses amis sous contrôle.

Shariff les regarda tous, l’un après l’autre, dans les yeux.

– Nous ne devons compter que sur nous-mêmes. Mon père a besoin de nous. Maintenant.

– Anja… Tu es avec nous ?

Elle opina de la tête.

– OK. Chacun de nous ne s’appuie que sur deux ou trois proches, absolument sûrs. Et personne ne circule sans arme. Ça va aller ?

Tim n’avait toujours rien dit. On ne lui demandait pas son avis. Les choses s’étaient précipitées.