PREMIER SOUS-SOL
Ils ne l’avaient pas enchaînée, mais c’était tout comme. La pièce de quinze mètres carrés dans laquelle ils gardaient Flora était une cellule, moderne, propre, aseptisée comme une pièce de laboratoire, mais une prison cependant : la porte demeurait verrouillée de l’extérieur en permanence.
Tim, Shariff, où étaient-ils ? Dans des geôles semblables ?
Ou avec McIntyre et Julien ?
Deux caméras à détecteur de mouvement couvraient sans angle mort son espace vital. Dans cette pièce, il n’y avait qu’une table et une chaise, un lit, un évier de type paillasse de laboratoire, sur lequel on avait posé deux serviettes, un gant en éponge et du savon. Flora procédait à des toilettes circonspectes et partielles, à cause des caméras. Elle était sous leurs microscopes, à découvert. Exposée sans l’avoir choisi, l’avoir voulu, loin, si loin de cette impudeur joyeuse cinq nuits plus tôt ; sous les draps de Tim.
Tim, que lui avaient-ils fait ? Les armes des cyborgs étaient chargées de seringues hypodermiques. Ils voulaient les capturer, pas les tuer. Ils savaient ce qu’ils allaient trouver dehors. Ils les attendaient.
Ils lui avaient remis les vêtements qu’elle avait laissés dans le sac. Ils avaient donc retrouvé la voiture garée à deux kilomètres. Les cyborgs savaient tout d’eux, désormais, puisqu’ils avaient leurs affaires. L’opération était un fiasco absolu.
Avaient-ils été repérés pendant leurs deux heures de guet ? Ou trahis, comme McIntyre avant eux ? Les suivait-on, eux aussi, avec leur GPS ? Avait-on appelé ShylocK pour prévenir les vigiles de leurs manœuvres d’approche ?
Sa totale solitude était rompue quelques instants aux heures des repas. L’un des hommes armés apportait un plateau contenant des rations convenables, réchauffées au micro-ondes. Pendant qu’on lui déposait son repas, un autre gardien de WarDogs la tenait en joue devant la porte ouverte de sa geôle, l’empêchant de distinguer ce qui se passait à l’extérieur. Armes pour endormir ou armes pour tuer, cette fois ?
En dépit de ses efforts, les « soldats » n’avaient pas ouvert la bouche.
Deux fois par jour, avec la même ponctualité que les repas, et aux mêmes heures, le grand albinos au physique de Titan et au charisme inquiétant qui commandait la troupe de commandos lui rendait visite. Il avait un visage rendu étrange, effrayant, monstrueux par sa maladie : peau sans couleur, cheveux crépus d’un blond pisseux, yeux rouges. Il se déplaçait comme le font les chefs de bande, lourdement, dans le bruit de ses bottes, de ses armes – une machette fichée à sa ceinture, deux grenades accrochées sur sa poitrine, un fusil d’assaut dans une main, qu’il ne cessait de manipuler pendant les interrogatoires. Même dans la cellule de Flora, il se comportait comme un chef de guerre sur le terrain des opérations.
Elle avait lu suffisamment d’informations sur « Prince Kofer », le patron de ShylocK, pour savoir à quoi s’en tenir : il avait trempé, naguère, dans quelques-unes des plus effroyables guerres civiles africaines. Elle avait déjà croisé son nom lorsqu’elle avait mené des raids, avec une « amicale pirate » anonyme, contre les avoirs des plus gros trafiquants de « diamants de sang ». En dépit de tout ce qu’elle avait appris, sur ShylocK et WarDogs, elle ne pouvait pas croire qu’elle retrouvait vraiment ce genre de personnage, ici, en Suisse, dans la filiale officielle d’une entreprise réputée respectable.
À chaque fois, l’albinos posait les mêmes questions, sans laisser transparaître le moindre agacement : comment connaissaient-ils l’existence du laboratoire secret ? D’autres qu’eux guettaient-ils dehors, comme ceux qui avaient libéré Matthew Landen ? N’étaient-ils qu’une avant-garde ? Flora ne disait rien, pas un seul mot. Manifestement, le chef ne pouvait imaginer que ses commandos avaient été abattus par un homme seul, manchot de surcroît. Manifestement, il pensait que des gens de l’Institut avaient neutralisé ses troupes.
Ils n’avaient donc pas été trahis depuis l’Institut.
Le troisième jour, devant le silence obstiné de Flora, Prince Kofer la toisa.
– On a ton téléphone, et des contacts dans la police… On sait que c’est toi qui leur as indiqué l’embuscade dans laquelle sont tombés mes gars. Ma question est : comment vous avez pu organiser ça alors que mes hommes n’étaient partis que depuis une heure trente.
Flora continua à se taire, enregistrant la nouvelle des complicités dans la police. Tim avait imaginé, il y a trois jours, que leur coup de fil concernant les morts de Lutry pourrait leur servir quand il faudrait alerter la police – et s’il se retournait contre eux ? Avant de partir, sans y croire mais par acquit de conscience sûrement, l’albinos terminait toujours par les deux mêmes questions : s’était-elle enfin décidée à indiquer à ses gardiens l’emplacement de l’Institut ? Pensait-elle qu’ils allaient patienter longtemps encore devant son silence ?
Où étaient Tim et Shariff ? Et McIntyre ? Julien était-il vivant ? Était-il dehors ou l’avait-on simplement séparé des autres, comme elle maintenant, pour une obscure raison ?
Cela faisait trois jours que durait ce manège. La lumière du jour ne lui manquait pas, pas encore. Pendant les premières heures, elle avait surtout souffert d’être brutalement et totalement sevrée d’informations, de connexions, de moyens d’agir : sans téléphone portable, sans ordinateur, sans réseau. Elle ne savait pas comment meubler les longues plages de solitude et de silence. Ses geôliers avaient posé deux carnets à spirale, vierges, ainsi que deux crayons à mine sur la table en bois. Pour qu’elle y inscrive des aveux, des confidences ? Pour qu’elle tienne le journal intime de sa détention ?
Elle n’avait pas besoin d’écrire, plutôt de circuler, surfer, fouiller, visiter, voyager. Elle vivait mal lorsqu’elle n’était pas reliée au monde, au World Wide Web. Elle ressentait ce même empêchement deux jours par mois, lorsqu’elle était chatte.
Mais une autre frustration, progressivement, prit toute la place : où étaient ses amis ? Que leur avait-on fait ?
Quand on les avait capturés, sitôt « l’ours » endormi, on les avait aussitôt séparés. Les cyborgs l’avaient bâillonnée, lui avaient fourré la tête dans une cagoule noire totalement opaque. Elle n’avait pu se fier qu’à ses impressions : elle entrait dans un espace fermé, sans doute un ascenseur. Elle avait entendu une voix synthétique, senti le sol bouger comme s’il se dérobait sous ses pieds. Elle était descendue, probablement au sous-sol.
Elle avait supposé que, rapidement, les interrogatoires seraient menés avec ses deux amis, lorsqu’ils auraient repris forme humaine. Elle pensait avoir l’occasion de les apercevoir, ou au moins d’apprendre de leurs nouvelles. Que subissaient-ils, qu’avouaient-ils peut-être ? Tim avait dû revenir de sa métamorphose depuis deux jours au moins. Shariff avait eu le temps de redevenir six fois le jeune garçon qu’il était, la moitié de sa vie.
Matthew avait dit qu’on utilisait les animaux comme des cobayes, dans ce laboratoire. Que leur avait-on fait subir ? Avaient-ils droit aux mêmes interrogatoires qu’elle désormais ? Connaissaient-ils les mêmes conditions de détention, ou au moins étaient-ils ensemble ?
———
L’homme qui entra avec l’albinos, ce matin-là, faisait une tête de moins que lui. Il n’était pas ridicule, pourtant : un physique de play-boy, sportif, peau hâlée, cheveux poivre et sel savamment désordonnés, vêtements décontractés à la coupe impeccable – une veste de tweed tabac sur un pull à col roulé noir. Flora l’identifia sans aucun doute grâce aux photos qu’elle avait vues pendant sa courte semaine d’enquête sur AC Hemato Inc. : Aribert Clauberg. Le big boss, en personne.
Même l’attitude de Prince Kofer indiquait que cette fois, le grand chef était dans la place. Le mercenaire semblait moins à son aise, plus raide : l’officier de terrain recevait la visite de son général.
– Bonjour, mademoiselle Argento. Je suis sincèrement enchanté de faire votre connaissance.
La voix ne semblait même pas fausse. Le ton, enjoué, n’était pas surjoué. Flora décida de le laisser attendre autant qu’il le souhaiterait, la main tendue vers elle, toujours sans un mot.
Elle enregistra l’information : « Ils connaissent ton nom, ton identité, ils savent qui tu es. » Elle se demanda si cela présageait des conséquences plus inquiétantes.
Finalement l’autre laissa retomber sa main.
– Mon remarquable employé, monsieur Kofer, avec qui vous avez fait connaissance ces derniers jours, m’a prévenu que vous restiez obstinément muette au cours de vos entrevues. Comprenez-vous correctement l’anglais ou préférez-vous que nous poursuivions en français, ou même en italien, votre langue maternelle ?
Elle continua de s’en tenir au silence. Il répéta la question plus brièvement dans les deux langues proposées, avec une aisance parfaite – un polyglotte content de lui, en démonstration, comme un premier de la classe. Le silence de Flora sembla le dérouter un instant, puis il déclara :
– À votre aise, au fond. Vous vous tairez donc pendant la petite visite de nos installations que je vous propose.
L’albinos fit deux pas vers elle, la poussa dans le dos. Il n’était pas envisageable de résister, elle n’en avait aucunement l’intention, d’ailleurs, qui sait, ce serait sans doute l’occasion d’avoir des nouvelles de ses amis…
Maintenant, elle voyait ce sous-sol qu’elle avait traversé la cagoule sur les yeux. Un grand espace cloisonné en une trentaine de pièces, vitrées à mi-hauteur – un laboratoire. Derrière les vitres, des chercheurs en blouse s’affairaient. Ne voyaient-ils pas qu’il y avait une prisonnière, escortée par un géant albinos armé d’un fusil d’assaut ? Leur avait-on menti à son propos ou avait-on acheté leur silence, leur cécité ?
Clauberg, distraitement, commentait les salles devant lesquelles ils passaient, comme s’il s’agissait d’une visite organisée pour un invité de marque, avant de signer de gros contrats.
– Ici, nos recherches biomécaniques. Prothèses, transformations, améliorations des membres, de la vue, de l’ouïe par l’utilisation de nanotechnologies…
– Où sont Tim et Shariff ? Où est le professeur ?
Il se tourna vers elle, un sourire aux lèvres, entre ironie et autosatisfaction.
– Ainsi donc, vous parlez ? Patientez, mademoiselle… Vous allez voir vos amis. Mais votre rôle et le leur ne sont pas les mêmes, dans nos projets. Nous vous avons réservé une place toute particulière.
Quel « rôle » voulait-on lui confier ? Quels étaient ces « projets » dont il parlait ? Qu’étaient devenus ses amis ?
Ils continuèrent de marcher, Flora parfois frôlée par l’inquiétant Kofer, Clauberg commentant les laboratoires où des hommes, en combinaison de protection bactériologique, travaillaient sur des outillages ultramodernes : microscopes électroniques dernier cri, appareils de vision, robots.
Ils atteignirent l’une des extrémités du bâtiment. Les plans qu’elle avait étudiés avant l’opération montraient qu’il y avait encore un niveau souterrain, au dessus ou en dessous. Tim, Shariff, McIntyre, Julien étaient-ils là-bas ? Pourquoi la gardait-on loin d’eux ?
– Dans les dernières salles que vous voyez ici, nous travaillons sur l’irradiation. Ces malheureux rats ont subi des projections de neutrons à des doses spectaculaires, mais ils sont maintenus artificiellement en vie par des injections massives de… Mais passons, je vois que cela ne vous intéresse guère. Et je vous comprends, toutes ces recherches ne sont que des balbutiements, un avant-goût de ce que nous allons désormais pouvoir développer grâce à la précieuse contribution de vos amis. Et à la vôtre, dans…
Il s’interrompit pour jeter un œil à la tablette numérique qu’il avait en permanence à la main et semblait utiliser comme un carnet de notes.
– … dans quelques jours ou semaines. À la date de vos prochaines règles.
Stupeur.
– Ne soyez pas surprise, mademoiselle Argento. L’homme qui nous a vendu vos amis nous a également fourni un mode d’emploi pour un demi-million de dollars supplémentaire, afin que nous puissions utiliser nos cobayes. Ce mode d’emploi contient la liste de tous les membres de votre cercle, avec, pour chacun, un profil détaillé : animal anthropique, comme vous dites, luxna, morsure, durée et fréquence des métamorphoses… Votre vocabulaire est amusant, je dois dire…
Il continuait de tapoter sur sa tablette, en parlant à voix haute. « L’homme qui les avait vendus » avait livré les informations contenues sur les disques emportés par McIntyre. Où les avait-il eues ? Qui en possédait un double ? Paul ?
– Bien entendu, cette liste présente un défaut majeur : elle n’est pas nominative. Monsieur McIntyre, lors des premières heures de son séjour ici, m’a opposé une résistance obstinée à ce propos, expliquant que le fichage des anthropes violait le secret médical… Bien. Ces considérations éthiques grotesques ne nous ont guère handicapés. Pour vos deux amis, qui ont eu l’obligeance de se métamorphoser sous nos yeux, ou presque, il a été facile de faire correspondre le nom et l’animal. C’était également évident pour le fondateur, puisque la liste était établie par ordre chronologique, et qu’y figurent les dates d’entrée à l’Institut. Votre ami monsieur McIntyre était nécessairement le premier…
Clauberg s’était immobilisé devant des portes en acier brossé, celles d’un ascenseur, au bout de l’immense plateforme de recherche. Au moins 1 500 mètres carrés. Il y avait des pièces, encore invisibles, derrière des portes fermées, au fond du couloir, à l’exact opposé de l’ascenseur – d’autres cellules ?
– Concernant votre propre métamorphose, reprit Clauberg, nous avons dû procéder par déduction, en fonction de toutes les choses que nous avons apprises sur vous, à la réception de l’Hôtel du lac notamment. Vos amis étaient arrivés avec une chatte… Je devine à votre réaction que nous avons visé juste. C’est excellent.
Il avait fait le lien entre elle et son anthrope. Comment pouvait-il utiliser ça contre elle ? Clauberg avait enfin relevé les yeux de sa tablette et la regardait. Il n’y n’avait aucune ironie, aucun humour dans son regard, juste la conviction qu’effectivement, c’était « excellent » ; et cette autre certitude, déroutante : l’homme pensait pouvoir en convaincre Flora elle-même. Était-il fou ? Ou venait-elle de découvrir sa faille : la vanité ?
– J’avoue cependant mon impatience. Le travail de déduction que cela suppose pour chaque nouveau cobaye me fatigue à l’avance… Lorsque j’aurais enfin mis la main sur tous les spécimens de votre Institut, j’espère que certains d’entre eux seront plus coopératifs que vous ne l’êtes tous les trois.
Information bonne à prendre : Tim et Shariff ne disaient rien, eux non plus.
– Enfin passons, ce sont les inconvénients de la recherche scientifique. Elle est toujours plus longue, plus laborieuse qu’on le souhaiterait, n’est-ce pas ? Mais j’en viens à ce qui me préoccupe. Notre interlocuteur, l’homme qui nous a vendu vos amis, imaginait peut-être que deux cobayes me suffiraient. Mais j’ai besoin de plus, j’ai besoin de tous ceux qui sont inscrits sur la liste qu’on m’a communiquée… Allons-y, monsieur Kofer.
Clauberg venait de lui tourner le dos. Le mercenaire albinos composa le code situé à gauche de la porte de l’ascenseur, une assez longue combinaison de dix chiffres au moins. Il portait dans le dos, à sa ceinture, sa longue machette. Il y avait des récits effrayants racontant l’usage qu’il en faisait, dans les récits que Flora avait lus ces derniers jours. Une lumière verte s’illumina, après que Kofer eut validé sa combinaison. Une voix synthétique s’éleva :
– Prince… Kofer… Accès illimité. Niveau haute sécurité.
La double porte métallique de l’ascenseur s’ouvrit dans un chuintement. Flora essayait d’enregistrer le plus d’informations possibles, de les emmagasiner pour pouvoir s’en servir. Pas de détecteur d’empreintes digitales, pas de lecteur de rétine. Kofer tapa une autre série de chiffres tandis qu’ils entraient – commande extérieure, une sécurité de plus.
Les portes de l’ascenseur se refermèrent sur eux. « Descente… deuxième sous-sol… confirmée. » Kofer se glissa entre eux deux. Clauberg continuait de pérorer comme si de rien n’était.
– J’espérais une plus grande efficacité des équipes de monsieur Kofer pour arracher à nos invités l’information qui me manque. Et les prétendus aveux de monsieur Landen ont viré au fiasco, apparemment à cause de vous. Mais peut-être vos amis ou vous-même serez plus bavards que nos deux précédents pensionnaires lorsque nous passerons à des méthodes plus… convaincantes.
L’albinos n’avait pas bronché à la critique. Flora regarda Clauberg pour essayer de décrypter ses propos : « Nos précédents pensionnaires » ? McIntyre et Julien étaient-ils… morts ?
Clauberg appuya sur un bouton qui commandait la descente. La cabine glissa, aussi silencieuse que si elle avait été suspendue dans le vide sidéral.
– C’est la seule information qui me manque vraiment aujourd’hui : où se trouve l’Institut, mademoiselle Argento ? Nous avons extraordinairement besoin de le savoir. Nous le saurons un jour, mais le plus vite serait le mieux.
– Paul Hugo ne vous l’a pas dit ? Ce serait plus simple de lui acheter cette information, non ?
Flora avait répondu presque instinctivement, pour montrer qu’on ne la lui faisait pas. Elle se mordit les lèvres la seconde suivante. Elle avait enfreint pour la deuxième fois à la règle absolue qu’elle s’était fixée, le silence. La réponse la dérouta d’autant plus :
– Paul Hugo ? Vous parlez de l’universitaire qui a travaillé voici vingt ans sur le sens et la symbolique de la métamorphose dans la littérature gothique et médiévale européenne, comparée aux croyances chamaniques des peuplades amérindiennes, n’est-ce pas ? Je me doutais qu’il était membre de votre Institut. Votre camarade Matthew Landen et votre fondateur m’ont également posé des questions à son sujet…
Il adressa un sourire mince, tordu, dont Flora ne comprit pas la signification. La cabine de l’ascenseur avait « atterri » depuis quelques secondes, mais il fallut de nouveau appuyer sur une commande pour déclencher l’ouverture des portes, qui s’effectua dans le même chuintement futuriste.