62.

L’ŒIL DU FAUVE (8)

Paul reposa le combiné, appuya sur une touche pour couper le haut-parleur. Il le regarda, toujours le sourire aux lèvres, mais vaguement contrarié.

– Ronald est mort, mais eux s’en sont sortis. Ils s’en sortent toujours, dirait-on.

– Veux-tu que je m’en occupe, Paul ? Je peux les retrouver…

Le maître de la bibliothèque eut une longue minute de réflexion, comme s’il jouait avec l’idée. Puis :

– Non, Julien. L’homme-jaguar n’a eu que d’excellentes initiatives, ces deux derniers mois, et je ne doute pas que tu finirais par les retrouver. Mais cette fois, sans leur papa, les enfants de McIntyre ne devraient plus nous nuire… Même s’ils échappent à la police, ce qu’ils feront probablement.

Paul se leva :

– Ce que nous avons à faire est plus urgent, Bahlam. J’ai besoin de toi pour organiser dès aujourd’hui le déménagement de la bibliothèque dans notre nouveau nid d’aigle. Appelle Bjorn, Marge et Ines, et réglons cette affaire.

– Comme tu voudras, Paul.

L’homme aux cheveux broussailleux, aux yeux noisette, chaleureux, le retint, quelques secondes avant qu’il sorte, d’un mot :

– Julien !

Il le regardait avec une profonde amitié et une satisfaction immense.

– Paul ?

– Tu es un anthrope remarquable. Le plus digne du projet que nous sommes en train d’accomplir. Je finirai par croire que les Olmèques avaient raison de faire de l’homme-jaguar leur divinité primordiale.