Première confrontation : le mal des profondeurs

Les années qui suivirent jusqu’à la Révolution de1989 furent une période d’intenses préparations et de tests pour Cezar, exercices imposés par le colonel Obadea. Outre les diverses expérimentations, le programme comprenait également l’éducation, l’information et la vérification de notions que le garçon avait acquises en économie, politique et sociologie moderne. Simultanément, le colonel commençait à lui donner une certaine liberté et même une relative influence sur la base en lui attribuant des tâches relativement simples au début.

- Dans son âme, le colonel était sincère et intègre, me dit Cezar. Il voulait juste le bien du pays et du peuple roumain et, par conséquent, il voulait créer certaines « brèches » dans le système communiste qui étranglait la vie des gens. Comme moi, Obadea avait été fortement impressionné par la rencontre avec le père Arsenie et avait pris la ferme décision d’agir comme indiqué par le prêtre. En 1988, il m’avait déjà décrit en détail la structure et les objectifs du Département, et donné des idées d’opérations secrètes destinées à faire tomber Ceausescu. Même si, à cette époque, il n’était pas le seul à planifier le changement de régime, le colonel Obadea préférait agir par l’intermédiaire du Département. Bientôt, j’ai compris la justification de cet acte : le colonel n’était entouré que de « menaces », parce que toute personne, du plus petit subordonné jusqu’aux chefs de cabinet et aux ministres, pouvait faire fuiter l’information ou trahir. Il y avait, bien sûr, des gens dans lesquels il pouvait placer une certaine confiance et Obadea possédait une intuition quasiment sans faille à l’égard des personnes avec lesquelles il collaborait. Ces personnes le soutenaient, il avait des conseillers, des hommes de liaison, d’influence et d’autorité, mais il maintenait ces relations à un niveau périphérique, leur empêchant l’accès aux fondations du problème, au cœur de l’action qu’il planifiait.

Dans un désir de performance, le colonel comprit qu’il ne pouvait mener seul son plan complexe. D’ailleurs, il n’en avait même pas le temps car la gestion du département lui demandait une implication totale. Il avait donc besoin d’une personne en qui il pouvait faire une totale confiance, incorruptible, qui était prête à se consacrer à une cause noble et, en même temps, détachée des jeux qui se déroulaient en coulisses. L’idée d’une telle collaboration lui était venue quelques années auparavant, quand il avait remarqué que la plupart de ceux qui arrivaient à la base étaient des enfants. Après de longues observations, il avait considéré que je correspondais à ses exigences, de sorte que pendant la période post Révolution, il intensifia mon entraînement.

Je pourrais même dire que notre relation allait au-delà des frontières habituelles de la relation chef – subordonné, parce que des niveaux très subtils de l’âme étaient en jeu. Cette relation évolua vers l’amitié sincère, basée sur le respect réciproque, car entre nous il n’existait aucun désaccord de concepts, d’idées ou d’objectifs à atteindre. Cependant, une grande prudence était nécessaire car dans ces temps d’instabilité, de terreur et de corruption, la surprise pouvait arriver de là où on l’attendait le moins.

Au niveau de la Sécurité d’Etat, on voulait assimiler le Département Zéro aux autres divisions de sections, car sa structure était différente et le DZ avait sa propre autonomie, fait qui agaçait certaines personnes, leurs egos et leurs intérêts. Le colonel Obadea ne le savait que trop bien : si l’on intégrait le DZ aux autres structures de la Sécuritate, cela signifierait la politisation du département. Il avait l’intuition que c’était le moyen le plus sûr de condamner son efficacité, en outre sa direction aurait été influencée de l’extérieur par des facteurs politiques, et la corruption se serait invitée pour tout détruire sur son passage.

Le Département Zéro était devenu très important, surtout à cause d’une série de découvertes étonnantes qui avaient eu lieu ces dernières années dans différentes zones du pays, dont je ne peux pas te parler pour l’instant. En plus des études parapsychologiques sur des sujets de talent, et son rôle « d’incubateur » pour êtres humains possédant des dons paranormaux présents sur le territoire roumain, le DZ avait également la charge d’investigations et d’interventions ultrasecrètes d’une grande importance stratégique et scientifique. Pour cette raison, on créa une base de données, ainsi qu’un groupe d’intervention paramilitaire doté d’un équipement technique spécial. Lorsqu’un « code rouge » était détecté, on donnait l’alarme et les interventions avaient lieu très rapidement, selon des étapes définies : déplacement sur le lieu, sécurisation de la zone, contact avec la découverte, analyse scientifique préliminaire et fermeture du périmètre. Les interventions « code rouge », qui sont les plus spectaculaires - je parle de la façon dont elles se déroulent - ont lieu seulement après vérifications préalables pour éviter le déplacement des troupes d’élite dans des cas qui ne le nécessitent pas. Les actions « code rouge » constituent d’importants secrets d’État et c’est pour cette raison que l’on a mis en place des normes standards concernant l’implication de ceux qui font partie du groupe d’intervention.

Au fil du temps, il y eut diverses attaques provenant de personnalités politiques, et même de fausses dénonciations concernant l’activité du département qui furent portées à l’attention de Ceausescu, mais de telles actions n’ont fait qu’accentuer l’importance des mesures initiales qui n’étaient connues que d’Obadea et du dictateur (et également du chef de la Sécuritate). C’est pour cette raison que les tentatives de destitution d’Obadea qui prônaient son incompétence ont échoué car elles étaient entièrement fausses. Les « amateurs » n’ont jamais pu construire un scénario plausible par le simple fait qu’il n’y avait aucune fuite d’informations, par conséquent, ils étaient forcés d’inventer et de mentir. Toutefois, poussé de tous côtés (les intrigues les plus venimeuses provenaient du chef de la Sécurité de l’époque), et dans une position très délicate en raison de l’agitation alarmante du bloc communiste en Europe, Ceausescu aurait pu prendre une décision malheureuse. Par conséquent, le colonel avait pris soin de lui présenter les découvertes et les éléments les plus importants de façon claire, sincère et directe, ce qui continuait de convaincre le chef de l’Etat de laisser à Obadea toute liberté d’action.

Une fois résolu le problème de la confiance de Ceausescu, Obadea put se concentrer sur la préparation de la transition qui allait suivre après le changement de régime, parce qu’il savait que ce n’était qu’une question de temps avant que cela ne se produise. A partir de l’été 1989, l’activité du colonel Obadea devint intense et complexe ; moi-même je ne l’ai vu que très peu le dernier semestre. Bien que je n’avais pas accès aux informations extérieures, mon intuition me disait que quelque chose d’important était en train de se préparer au niveau national. Mais ce sont des aspects que tu connais, je ne vais pas entrer dans les détails. Je vais parler des modalités d’actions du département.

Lors d’une découverte importante, la réception de l’information se déroulait rapidement parce que les institutions qui avaient le premier contact avec de tels cas étaient la police et le Service Roumain d’Informations (SRI). Grâce à un protocole strict qui définit clairement la nature de la découverte, le DZ était immédiatement contacté et nos équipes se déplaçaient sur la zone concernée. Il y avait un schéma des actions à mener dans de telles situations. A partir de 1988, j’ai fait partie de l’équipe principale d’intervention, me déplaçant sur les lieux secrets où nous étions réquisitionnés. Mon intégration dans cette équipe fut le résultat d’un ordre direct émis par le colonel Obadea, mon rôle étant d’évaluer le degré de risque dans le cas des découvertes importantes et de proposer des procédures spécifiques afin que l’enquête ait lieu dans des conditions de sécurité maximale. L’équipe principale avait un capitaine de la sécurité qui devait prendre rapidement des décisions après avoir eu mes conclusions. En cas de situation inhabituelle, c’était lui qui fournissait immédiatement le rapport au colonel Obadea, et attendait sa décision. Notre équipe se composait également de trois militaires des troupes d’élite, bien préparés, qui constituaient notre protection dès que l’enquête débutait.

Une deuxième équipe se composait de quatre membres, des scientifiques, mais leur nombre pouvait varier en fonction du domaine impliqué. C’était eux qui pénétraient ensuite sur le périmètre déterminé et effectuaient la primo analyse des éléments découverts.

Une troisième et dernière équipe était composée de vingt soldats qui étaient en charge de la sécurisation de la zone, de sa fermeture, et de toute la logistique nécessaire. En fonction de l’importance de la découverte, le colonel Obadea pouvait se rendre également sur place.

Parfois, il y avait des facteurs imprévus. Par exemple, en 1981, lorsque le système d’intervention par équipes n’existait pas encore et que les protocoles de collaboration n’étaient pas très sûrs, le DZ dut intervenir dans une région montagneuse, près de Buzau à la courbure des Carpates. La zone était calme et presque déserte. Deux frères alpinistes s’entraînaient à escalader un rocher très haut et relativement isolé du massif montagneux. Les parois étaient abruptes, un vrai défi pour les deux hommes. Un des frères est monté jusqu’aux trois quarts du rocher, où il a pu voir des signes étranges sculptés dans la pierre et presque complètement érodés par le temps. Quand il est arrivé en haut, sur la plateforme sommitale étroite, il a ramassé un objet étrange de couleur jaune qui ressemblait à une chaîne, mais l’instant suivant il a brusquement disparu sous le regard incrédule de son frère. La police locale a rapidement été prévenue ainsi que leurs parents qui se trouvaient à Braila. Les autorités ont d’abord soupçonné le frère de cacher la vérité. Ils l’ont même menacé en pensant qu’il se moquait d’eux. Mais le père, qui était un ancien alpiniste, a escaladé le rocher à son tour. En haut, on l’a vu soulever l’objet et disparaître instantanément devant plus de dix témoins.

L’affaire prit une tournure dangereuse ; des agents de la Sécurité sont arrivés et ont prévenu le DZ le jour même. Une zone de cent mètres autour du rocher fut isolée par une équipe de militaires. Les représentants d’un autre département de la Sécurité se sont chargés de la désinformation des villageois et du traitement des témoins oculaires. Je connais tous les détails de ce dossier ultrasecret parce que j’ai pu l’étudier après la Révolution. Il y a vingt ans, je n’avais pas accès à ce genre d’opérations, étant juste un enfant qui venait d’arriver à la base de B… Donc, malgré les précautions prises, il semble que certains aspects aient « transpiré » dans la presse, et ce pendant de nombreuses années, probablement parce que à cet endroit vinrent des personnalités politiques et des scientifiques. Les situations de ce type, quand on ne peut pas complètement bloquer l’information dès le début, sont enregistrées dans un code particulier et sont appelées des « événements de type K ». Elles représentent habituellement des situations limites, qu’on ne peut pas prévoir en totalité et qui donnent naissance à diverses complications.

Dans les jours suivant la découverte, le rocher fut survolé en hélicoptère. L’objet était une sorte de levier ancré dans le rocher, et personne n’était en mesure de déterminer qui, comment, et pourquoi un tel endroit avait été créé. Les écrits présents sur la roche sont demeurés mystérieux, malgré le fait que de nombreuses photographies ont été envoyées aux quatre coins du monde dans les plus prestigieuses institutions. Bien qu’il y ait eu quelques similitudes dans les formes scripturales, personne n’a pu établir de correspondance certaine avec les écrits de l’antiquité. J’ai eu accès à toutes les photographies prises sous différents angles et j’ai été convaincu du caractère étrange de ces signes. Ils semblaient très anciens, mais on pouvait encore parfaitement les observer malgré la mousse qui les recouvrait. Manquant d’expérience et pressés par la panique générée, les responsables ont décidé de dynamiter le rocher. Ultérieurement, on apprit que la décision provenait du pouvoir en place à Bucarest. A présent, vingt ans plus tard après ce dramatique accident, l’endroit est entièrement nettoyé. Les deux hommes ne sont jamais revenus. En lieu et place du rocher dynamité, on a observé une chose intéressante, un contour verdâtre très clair se dessiner, comme une sorte de vapeur légère. Après quelques jours, il disparut. C’est juste un exemple d’une multitude d’événements classés « K » des archives du DZ ; leur importance est majeure et les informations sont classées secrètes. Il existe par ailleurs beaucoup d’autres situations classées dans cette même catégorie « K », surtout postérieures à 1992.

 

Cezar me raconta alors deux autres cas hallucinants, mais me demanda de ne pas les mentionner dans le livre, car ils avaient un rapport avec les ressources qui se trouvent dans le sol de notre territoire et étaient considérés comme de grands secrets d’Etat.

 

Le « saut » post Révolution

 

- Paradoxalement, le bruit de la Révolution n’a pas résonné jusqu’au Département Zéro, continua Cezar. Deux raisons peuvent expliquer ce ressenti : d’une part l’isolation presque parfaite et l’autonomie que le colonel avait assurée au Département ; et d’autre part, l’effondrement imminent de Ceausescu était connu depuis longtemps au sein du Département, même si on ne parlait jamais ouvertement de ce sujet. Ce n’est cependant pas le moment de discuter ici et maintenant des aspects occultes de la Révolution de 1989 en Roumanie. Je mentionnais seulement cela pour évoquer mes dix années après la Révolution.

Au printemps de l’année 1990, quelques mois après la chute du communisme, j’ai été muté pour la première fois de la base B… à la base de la vallée de l’Ours, située dans la zone des montagnes G… près du massif Retezat. À la différence de la base où j’avais vécu pendant dix ans, ce nouvel endroit possédait des ramifications sur deux niveaux souterrains. L’équipement technique était irréprochable et le personnel fort instruit. Vers la fin de l’année, le colonel m’apprit que pour des raisons indépendantes de sa volonté, le docteur Xien avait quitté la Roumanie. Ce fut une nouvelle qui m’attrista. Le docteur Xien m’avait guidé de façon efficace dans les méandres compliqués de la connaissance de certaines réalités insoupçonnées. Ses moyens d’action étaient étranges, le plus souvent ils se développaient en silence. Il fut un guide spirituel compétent et d’une aide inestimable dans beaucoup de situations difficiles. Par ailleurs, lui-même était un être singulier et occulte, et même les autorités roumaines qui le surveillaient ne connaissaient que peu de choses de lui.

Le départ inattendu et de toute évidence inexpliqué du docteur Xien provoqua un changement dans mon existence. J’avais vingt et un ans et une vaste expérience concernant l’activité du département, auquel on peut rajouter certaines capacités psychiques personnelles grâce auxquelles j’avais résolu des situations délicates, voire dangereuses. Tenant compte de ces éléments tout en suivant les conseils du père Arsenie, le colonel Obadea me mit à la tête de la direction technique du Département Zéro. Je savais depuis longtemps que le colonel avait cette idée en tête, j’ai donc accepté immédiatement.

Cette nouvelle fonction était empreinte d’autorité. Mon chef unique et direct était le colonel Obadea, et au-dessus de lui se trouvait Ceausescu, et d’une certaine manière le chef de la Sécurité roumaine. Le colonel avait probablement fait jouer tous ses pions pour m’obtenir ce poste. Ses efforts avaient été salués concernant le financement du Département, car celui-ci avait un statut de « fantôme » parmi la Sécuritate. Il n’existait aucune archive externe, dossier ou information attestant de la « vie » de ce département. Tout était centralisé à la base de la vallée de l’Ours, où personne n’avait accès en dehors du personnel. Ainsi, personne ne connaissait l’existence de cette base et encore moins son emplacement.

Ma nomination en tant que directeur technique du DZ nécessita plusieurs déplacements dans différentes zones du pays, en sus de ma participation aux « événements de type K ». J’avais à ma disposition une limousine, deux gardes du corps et l’hélicoptère du département.

En 1992, les rapports entre le Département Zéro et le nouveau pouvoir en place se clarifièrent. Après la mort de Ceausescu, quasiment personne ne connaissait l’existence de ce département, à tel point que le chef de l’Etat ordonna la subordination totale et la politisation du DZ, dans le but de contrôler et de centraliser l’ensemble des structures du Service Roumain d’Information. J’accompagnai Obadea à la rencontre secrète avec le Président qui dura plus de quatre heures. Le chef de l’Etat souhaitait modifier la structure du département et unifier plusieurs sections héritées du communisme. Mais après avoir présenté quelques-unes de nos découvertes, de leurs réalités choquantes ainsi que leurs implications dans la stabilité politico-économique du pays, un accord fut signé semblable à celui ante Révolution. Il fut juste demandé d’informer le Chef du SRI. La discussion avec ce dernier eut lieu un mois plus tard et ne souleva aucun problème. Au contraire, cela nous apporta des améliorations sur le plan administratif et procédurier.

L’une des propositions prévoyait la création d’une section « tampon » entre la Sécuritate et le Département Zéro. Cette section avait pour fonction la « collecte » et le « tri » des informations spécifiques, qui tombaient dans le domaine secret des événements et découvertes étranges, car le DZ ne traitait pas tous les phénomènes de ce genre qui étaient répartis sur plusieurs Directions du SRI. La section « tampon » reçut le nom de Commission d’Analyse des Événements Etranges, avec des employés venant du DZ et du SRI. Il fut établi que le chef de cette commission devait être un membre de notre département en raison de notre expérience. Ce fut moi qui reçus cette fonction, comme une extension de celle que j’avais déjà dans le DZ. Le chef du SRI n’était pas vraiment ravi en invoquant mon âge très en dessous des standards officiels. A juste titre, il affirmait qu’il était impensable qu’une personne aussi jeune conduise de façon efficace des actions d’une telle envergure, mais le colonel Obadea le rassura en assumant l’entière responsabilité de ce choix.

Grâce à mon statut tout à fait spécial, la liberté d’action dont je disposais devait être maximale. Cette condition dépassait même l’immunité parlementaire, car elle était liée aux grands secrets d’Etat. Etant donné que mes fonctions n’étaient pas politisées, mon accréditation d’accès libre et absolu avait besoin d’une légitimation spéciale signée par le Président en personne et portant l’indicatif DZ/A-O […], en fonction de chaque numéro attribué. Très peu de personnes font partie des organismes les plus secrets du SRI et de l’Armée. Entre 1992 et 1993, j’ai parcouru l’ensemble des dossiers du département pour me familiariser avec la situation. J’ai étudié les cas les plus secrets et j’ai eu accès aux lieux les plus hallucinants. Mais tout cela fait partie d’un domaine que je ne peux pas pour l’instant dévoiler. J’ai établi le quartier général sur la base de la vallée de l’Ours, et parallèlement j’ai préparé une seconde équipe d’intervention pour les cas les plus importants. Jusqu’en 2001, nous avons réussi à consolider les relations de « partenariat » avec le SRI et nous avons fourni des informations essentielles au Conseil Suprême de Défense du Pays (CSAT). Le colonel Obadea me faisait entièrement confiance, et bien que l’âge de sa retraite approchât, il était très satisfait du fonctionnement du département. Il avait été promu au grade de général du SRI et pouvait dire que beaucoup de ses projets s’étaient réalisés.

Ceci est donc le tableau de l’ensemble de la situation du département à ce jour. L’année 2002 a marqué un passage important dans mon implication avec de profondes répercussions au niveau national et mondial. Je t’en parlerai lors d’une prochaine rencontre, car il est très important de nous focaliser sur certains sujets fondamentaux que je souhaite te présenter en détail. Tu comprendras que la réalité qui nous entoure est projetée dans une toute autre lumière que celle que les gens ont l’habitude de voir.

 

Je pris une longue inspiration, comme lorsqu’on sort d’une transe. Je n’avais pas la moindre idée sur la nature de la prochaine découverte, mais je devinais qu’on était arrivés au « cœur » du sujet. Cezar m’avait avoué que cette découverte était en fait la raison principale pour laquelle il souhaitait la publication de ce livre. J’allais le rencontrer encore deux fois, temps pendant lesquels il me détailla les événements cruciaux pour le destin du pays. La dernière entrevue eut lieu au mois de juin 2003, et c’est à ce moment que j’appris avec stupeur la façon dont on avait trouvé le secret des monts Bucegi, mais la grande découverte fut faite deux mois plus tard. Malgré la précipitation des événements, Cezar m’offrit la chance inespérée de voir par moi-même la structure de la montagne et ses éléments caractéristiques. Cela nécessita une intervention tout à fait spéciale de sa part et surtout de la part du colonel Obadea, dans un moment pendant lequel les choses semblaient hors de contrôle. La décision de me faire venir quasiment immédiatement après la découverte fut très inspirée parce qu’à quelques jours près, la situation se compliqua terriblement à cause des pressions diplomatiques américaines qui imposèrent leur présence immédiate avec des équipements ultras performants et une formidable technologie. A partir de ce moment, personne n’y eut plus accès, à moins d’obtenir une autorisation du Président. C’est pour cette raison que je me considère très chanceux, voire privilégié, d’avoir eu l’occasion de voir ce qui va vous sembler incroyable. Pendant les quelques heures de ma présence à cet endroit, Cezar me raconta de façon un peu décousue les éléments (certains dramatiques) liés à cette découverte. Il pointa rapidement les implications qu’elle avait déclenchées, tout comme les principaux événements de l’intervention des Etats Unis au mois de septembre de cette année 2003. (Je reçus de ses nouvelles par l’intermédiaire d’un courrier particulier qui avait également été l’intermédiaire de nos différentes rencontres). Mais avant cela, je pus avoir une conversation téléphonique avec Cezar en utilisant une ligne spéciale. Cezar me parla des « négociations » américano-roumaines dont il avait été mis au courant peu de temps avant et du fait qu’il allait partir quelques jours pour une « grande expédition », en m’offrant quelques dates générales du planning. Il ne savait pas combien de temps cela allait durer mais il me promit de me contacter pour me donner plus de détails. Après une courte hésitation, il me suggéra de commencer d’écrire et de publier le livre avec les informations dont je disposais déjà. Tout comme moi, il considérait que les gens avaient le droit de savoir quelle était la situation réelle et de décider seuls quel serait leur avenir.

Quelques semaines auparavant, presque un an après notre conversation téléphonique, alors que je rédigeais la dernière partie du livre, je reçus quelques signes de son retour de la grande expédition, ce qui provoqua en moi une émotion intense à l’idée d’apprendre de nouveaux éléments que je savais exceptionnels.

 

Mais revenons à notre avant-dernière rencontre. Les éléments qu’il m’avait détaillés, suite à une conversation qu’il avait eue avec un représentant mondial de l’organisation maçonnique, constituaient une véritable mine d’informations sur les coulisses de cette organisation. La conception, la vision globale, les intentions et les moyens d’action de la franc-maçonnerie m’amenèrent à mieux comprendre la signification subtile du « beau à l’extérieur et creux à l’intérieur » qu’on applique facilement à cette organisation. Par ailleurs, et de façon paradoxale, sans l’initiative de la maçonnerie la grande découverte n’eut pu avoir lieu. Quelquefois, le fil du destin – surtout celui d’une nation ou de l’humanité – ne peut être compris dans son entière complexité. Il ne nous reste que la possibilité de constater et d’analyser rétrospectivement, ahuris, l’incroyable toile tissée de faits, de relations, d’êtres humains et de destinées individuelles qui se sont combinés afin d’aider l’humanité à avancer. Même si pour l’instant on ne peut comprendre en détail les combinaisons et les agissements compliqués des forces subtiles, on peut néanmoins s’orienter en fonction des effets notables qu’elles déclenchent à certains moments, dirigés par une série de facteurs conjoncturels. Ces facteurs représentent des conditions spatio-temporelles – nécessaires pour le déclenchement des événements – d’une importance majeure.

 

Quand je revis de nouveau Cezar, quelques mois après notre dernière entrevue, il reprit le fil de son histoire à l’endroit même où il s’était arrêté :

- Au mois de mai 2002, j’étais à la base de la Vallée de l’Ours, qui a comme nom de code « Alpha ». C’était la période où j’étudiais tous les dossiers secrets du département, qui couvraient une période de plus de vingt ans d’enquêtes effectuées par les équipes d’interventions spéciales. C’était un après-midi calme et je me trouvais à mon bureau, profondément pris par mon étude, quand je reçus un appel du général Obadea sur la ligne directe de sécurité maximale. Je fus surpris, car je l’avais vu la veille et cette ligne n’était utilisée que pour les communications prioritaires et secrètes. Il me prévint que j’allais recevoir dans les heures à venir la visite d’une personne importante qui voulait avoir une discussion en particulier. La voix du général me surprit car elle était incertaine et un peu confuse, un aspect inédit chez lui. Il me précisa ne pas avoir d’informations supplémentaires, qu’il ne savait pas qui devait venir et que la demande d’entrevue s’était faite par l’intermédiaire du SRI, suite à une intervention spéciale du gouvernement. La personne en question était étrangère mais connaissait bien la Roumanie et parlait très bien la langue. Le SRI savait seulement que cette personne appartenait à une importante loge maçonnique d’Italie, avec un rang très élevé et qu’elle avait un grand pouvoir d’influence financière en Roumanie. Ses relations politiques devaient être également haut placées à partir du moment où il avait réussi à pénétrer le « mur » du SRI et était arrivé jusqu’à la structure du DZ. Mais la façon dont il me connaissait ainsi que l’existence du département et de son domaine technique restait une énigme. Le pouvoir d’influence de cet homme devait être formidable car il avait réussi à « percer » le système hiérarchique gouvernemental et de sécurité d’un pays sans même se cacher. Je ne pouvais qu’attendre cette entrevue sans connaître son but. Il y avait beaucoup d’inconnues dans cette équation en dehors de la rapidité avec laquelle l’entrevue devait avoir lieu. Je percevais au plus profond de mon être une sorte de « lourdeur » et de « pression », qui de toute évidence était provoquée par cette rencontre. C’est alors qu’intuitivement je compris la nature de cette rencontre. Ce serait un « combat » difficile, parce que je sentais un rayonnement « lourd » chez cette personne, comme un nuage déplaisant qui cachait ses véritables intentions. Il ne restait que quelques heures avant l’arrivée du personnage, je me suis donc isolé dans une pièce et suis rentré dans un état de profonde méditation pour ainsi en apprendre plus sur ce singulier personnage.

 

J'étais complètement abasourdi. Je connaissais déjà les pouvoirs psychiques de Cezar, mais il ne m’en avait parlé que vaguement, avec beaucoup d’humilité et d’une façon très naturelle. Je ne les avais vus à l’œuvre que deux ou trois fois dans certaines situations clefs dans le but de me montrer qu’il disait la vérité. Les moments avaient été parfaitement choisis pour ne pas provoquer un trop grand bouleversement en moi. Toutefois, j’ignorais qu’il avait la capacité de récolter des informations lorsqu’il en manifestait la volonté. Je ne pouvais comprendre comment une telle chose fut possible. Désirant en savoir plus sur ce mystère, je lui demandai quand et comment arrivait-il à avoir accès à des informations dont il ne savait rien.

 

- On peut dire que le domaine de connaissance auquel je fais appel durant la méditation, lorsque je souhaite apprendre certaines informations, est une sorte d’éther, mais pas comme l’éther utilisé en chimie. De cette réalité subtile proviennent toutes les choses et phénomènes : pensées, matière de toute sorte, et plus généralement toute information sur un corps physique. De cet océan infini de « codes » particuliers nous pouvons concrétiser nos idées et intentions, qui prennent ainsi une forme plus claire et réveillent nos sens perceptifs. Par exemple, imagine-toi une masse de vapeur en suspension ; elle est composée de vapeur d’eau formée de particules fines que l’on trouve dans l’air. Si l’on abaisse la température, les vapeurs vont se condenser et se transformer en gouttes d’eau, elles se transforment donc en une matière plus dense que l’état gazeux du début. Si l’on continue à baisser la température, l’eau va se transformer en glace, une matière encore plus dense. C’est simple à comprendre : les mêmes atomes d’eau, qui initialement étaient des vapeurs, se sont transformés en glace à cause des changements successifs. Toute information suit le même chemin, du haut vers le bas, et elle arrive à se concrétiser sur le plan physique dans son état primaire, l’information n’est rien d’autre qu’une certaine forme d’énergie spécifique à chacun. L’environnement dans lequel subsistent les idées, les pensées, les intentions est l’éther universel dont on parlait précédemment. Tout se résume à l’accès à l’information sur son niveau de vibration propre, qui fait partie de l’océan infini des fréquences de vibrations énergétiques de l’éther universel. C’est l’aspect le plus difficile à réaliser, car il faut avoir d’abord un niveau de conscience adéquat pour être conscient de l’éther subtil universel, et il faut également avoir la capacité de sélectionner la fréquence qui t’intéresse parmi la multitude.

Cezar prit une feuille de papier et dessina un croquis afin de faciliter ma compréhension.

- Un esprit focalisé, bien préparé et purifié de toute pensée vicieuse et parasite, a le pouvoir de percer successivement les couches jusqu’arriver au niveau de l’éther universel dont je t’ai parlé, qui se présente sous la forme d’un espace gigantesque, et doté d’une nature très particulière. Dans cet espace extrêmement étendu on peut identifier la « trace » spécifique d’une fréquence particulière de n’importe quel aspect, être, objet ou phénomène qui t’intéresse. Le véritable art réside dans la sélection de la fréquence de vibration recherchée.

 
 

MATÉRIALISATION DES IDÉES AU NIVEAU PHYSIQUE

 

- Tu vas sûrement me demander comment l’esprit sélectionne une fréquence spécifique parmi l’infinité des fréquences ? Le procédé est simple car il s’appuie sur la loi universelle des vibrations. Tout ce qui existe dans l’univers se définit de façon particulière, indifféremment de sa forme, ou être ou chose, et possède une empreinte vibratoire, une « marque » spécifique unique identifiable partout dans l’univers. C’est ce qu’on appelle la longueur d’onde personnelle. Tout comme l’ADN, elle est unique pour chaque être. C’est un principe fondamental en physique appelé la résonance. Il faut avoir un entraînement adéquat mais les résultats sont à la hauteur. Tout ce que je fais est d’appliquer à la lettre ce principe, en me focalisant sur des « images subtiles » et des « longueur d’ondes ». En l’occurrence celles du personnage qui allait arriver, même si je ne l’avais jamais rencontré. Les seules informations dont je disposais étaient celles qu’Obadea m’avait fournies. Ces informations sommaires me suffisaient. Ma volonté et ma focalisation intense mirent rapidement en place les conditions de résonance avec l’empreinte de la personne. Je dois avouer que le phénomène n’est pas aussi simple que ma description. Il faut en effet une longue période de pratique intense et un fort niveau d’élévation de la conscience pour y arriver. La précision des informations que tu souhaites obtenir dépend d’une part de la limpidité de ton propre esprit – qui doit être semblable à la surface immuable d’un lac de montagne – et d’autre part de l’habileté dans la mise en place des conditions de résonance par l’évocation puissante de ce que tu veux connaître. A ce moment, tu t’accordes pratiquement avec la fréquence de l’objet ou l’être que tu veux découvrir. Si tu y arrives, tu connais alors de façon directe la résultante subtile de la personne, dans tous ses aspects, même si elle pense que ces aspects demeurent inconnus aux autres. Il est vrai que le problème est plus complexe, car il existe beaucoup de variables qui impliquent une préparation personnelle et des efforts soutenus, mais le plus important est que tout être humain qui a cette volonté et persévère peut obtenir ce pouvoir.

 

Cezar me raconta ensuite en détail l’étrange rencontre à la base Alpha, qui, par sa signification, me secoua profondément et acheva de me convaincre d’écrire ce livre. Cependant, afin que le dialogue rapporté par Cezar garde une certaine fluidité, je vais retranscrire la conversation que Cezar eut avec ce mystérieux personnage, membre de l’élite mondiale de la franc-maçonnerie, en tentant de respecter fidèlement les nuances subtiles de leur échange. Je prie le lecteur de m’excuser pour les éventuelles incohérences, mais le plus important ici est l’information et non pas la forme de sa présentation.

 

Le compromis

 

Vers trois heures de l’après-midi, à la base de la Vallée de l’Ours, un hélicoptère du SRI vint se poser et un homme grand, habillé d’un costume noir élégant, en est descendu. Il tenait dans sa main droite une canne avec une poignée en ivoire et en or. Son visage exprimait une grande dureté et ses yeux verts donnaient une sensation étrange, brillant d’une froideur inhabituelle. Des sourcils bien dessinés pour un homme de son âge amplifiaient cette impression. Il se présenta aux officiers sous le nom de senior Massini1, et attendit d’être annoncé à Cezar, impatient. Imposant et habitué aux hautes sphères de la noblesse, le senior Massini avait à soixante-quinze ans une allure hautaine et très sûre. Il donnait l’impression d’une personne habituée à donner des ordres. Par ailleurs, il était un des vénérables à la tête d’une des plus importantes loges maçonniques d’Europe, et faisait partie de la plus influente organisation maçonnique au niveau mondial : Le groupe Bilderberg.

Le senior Massini fut conduit au niveau un de la base où Cezar l’attendait. Après les salutations de rigueur, Cezar le convia dans une salle protocolaire, mais il refusa. Sans être hautain, le style dans lequel il s’exprimait était légèrement cérémonial, coloré d’archaïsme. Le senior Massini descendait d’une vieille famille aristocrate italienne de sang royal.

 

- Je suis impressionné et enchanté par votre proposition, mais je me réserve le privilège de me protéger d’une éventuelle tentative d’écoute et d’enregistrement de notre discussion. Je vous saurais gré de ne pas prendre ce geste comme une atteinte à votre personne, mais l’on ne peut oublier que nous avons affaire au SRI. Cezar sourit faiblement. Il était encore difficile de savoir si le senior Massini s’exprimait ainsi habituellement ou si c’était ironique. La seconde option semblait plus plausible, mais cela ne dérangea aucunement Cezar qui lui répondit avec bienveillance :

- Je comprends vos craintes, et je les trouve justifiées dans une certaine mesure. Mais cette base est à un haut niveau de sécurité et nous maintenons juste des rapports de collaboration avec le SRI, elle n’est donc pas sous ses ordres. Nous pouvons discuter sans crainte en salle protocolaire.

Le senior Massini resta inflexible. Poliment, il insista pour que la discussion ait lieu à l’extérieur et à une distance convenable de la base. Il précisa que c’était dans l’intérêt des deux parties.

Ceci n’étant pas une demande extravagante, Cezar y consentit. Fut choisie une petite colline située à deux cent cinquante mètres de la base. Deux chaises et une table furent apportées et Cezar disposa huit militaires, spécialisés dans la protection au plus haut niveau, en cercle à une certaine distance. Ils appartenaient à la troisième équipe d’intervention spécialisée dans les « événements de type K ». On disposa également tout autour un dispositif de brouillage performant. Les préparations durèrent environ une heure, temps pendant lequel le senior Massini parla à peine, se contentant de regarder avec un léger sourire ironique. De temps à autre, il se focalisait sur Cezar en l’analysant rapidement et avec une grande attention. Vers quatre heures de l’après-midi, tout était prêt et ils s’assirent à table. Cezar me confia que la situation était assez étrange. Un homme ayant une grande influence dans les cercles politiques avait sollicité une entrevue avec le directeur technique et exécutif du département le plus secret du SRI. Toutes les portes s’étaient ouvertes presque instantanément, et toutes les demandes avaient été approuvées. Quelle pouvait être la nature d’une telle influence pour avoir pénétré le cercle même de la direction de l’Etat ? Quel était le but de cette visite inattendue et secrète du senior Massini, et que souhaitait-il en réalité, en évitant même le SRI qui l’avait pourtant aidé à arriver jusqu’ici ? L’ordre reçu du gouvernement indiquait expressément que le SRI ne devait pas participer à cette discussion, en invoquant le secret d’Etat du domaine d’action du DZ. Malgré tout, la situation n’était pas commode car elle donnait l’impression d’une intervention extérieure « dictée » par l’Etat roumain. De plus, aucun enregistrement de cette conversation n’était admis, et Cezar ne pouvait que tenir la promesse faite au senior Massini. D’autre part, même si le SRI avait les moyens techniques d’intercepter cette conversation, la venue du senior Massini avait été si précipitée qu’ils n’avaient pas disposé du temps nécessaire pour la mise en place d’une telle action. L’influence du senior Massini dans les plus hauts cercles politiques de l’Etat roumain était très importante et un éventuel mécontentement de sa part pouvait avoir des conséquences désagréables pour ceux qui auraient décidé de le contrarier au sein du SRI. Par conséquent, aussi étrange que cela puisse paraître, le senior Massini avait réussi – par une action rapide et sans grand effort – à obtenir en un temps record cette discussion en « sécurité maximale » avec Cezar. Leur confrontation allait offrir un des plus extraordinaire récit concernant certaines vérités cachées, mais des vérités qui se manifestent de plus en plus dans la vie des gens sur la planète entière.

 

Le Test

 

- Monsieur Brad, je me trouve là pour avoir cette discussion avec vous d’une manière peu habituelle et dans des circonstances particulières, commença de façon directe le senior Massini. A notre avis, les gens se répartissent en deux catégories : ceux qui peuvent être manipulés et dirigés, ce sont la grande majorité des gens ; et ceux qui ont certaines vertus, et qui détiennent certains pouvoirs et une forte personnalité.

- Je me permets de vous interrompre pour une brève clarification : en fait, à qui appartient l’opinion que vous exprimez ? intervint Cezar avec une naïveté apparente. Le senior Massini sourit, en s’appuyant fortement sur sa chaise, son attitude exprimant la conscience fière d’une puissance qui ne pouvait pas être vaincue.

- Monsieur Brad, vous êtes un jeune homme arrivé à un poste qui représente paradoxalement une prison pour toute liberté civile, mais qui en même temps vous offre la satisfaction de la connaissance et de la recherche sur des sujets dont personne n’a idée. Une telle position ne s’obtient pas facilement, car elle doit être garantie par des capacités intérieures remarquables.

- Je vous remercie, répondit Cezar poliment tout en restant prudent.

- Cependant, même pour une personne très douée, comme vous, il reste encore beaucoup de choses à apprendre, et certaines peuvent être extrêmement attrayantes. Le groupe que je représente, et au nom duquel je suis venu ici, fait partie du plus haut ordre maçonnique et est très intéressé par le résultat de notre discussion.

- Je connais certains aspects de la franc-maçonnerie, dit Cezar. L’organisation est strictement pyramidale avec des rites très occultes et ses véritables intentions sont obscures pour la plupart des gens.

- Pour les deux trois propositions que tu viens d’énoncer, je n’aurais pas fait mieux, mon cher ! rit d’un air supérieur le senior Massini. Je suis maître dans une des loges maçonniques la plus puissante, et même si c’est un secret bien gardé pour la plupart des gens, dans ton cas c’est superflu, parce que le sujet que je souhaite aborder pendant cette discussion dépasse de loin l’importance de mon grade. Au contraire, il est impératif de savoir à qui tu parles.

 

En me racontant cette discussion, Cezar m’avoua que c’est à ce moment exact qu’il comprit le but de cette visite ainsi que la façon générale dont cela allait se dérouler. C’est également à ce moment qu’il comprit comment procéder et quelle stratégie adopter pour apprendre le plus d’éléments possible et mieux comprendre les mécanismes de la maçonnerie. Finalement, ce qui s’annonçait comme une « lutte » entre l’attention, la vigilance, l’intelligence et l’habileté des deux protagonistes dans la confrontation verbale d’idées, plans, offres et réponses orchestrées, se résuma dans un premier temps pour Cezar à emmener son interlocuteur sur un terrain où il avait perçu sa faiblesse : son orgueil et son ego surdimensionnés, qui allaient diminuer sa vigilance et sa force intérieure.

 

- Si je comprends bien, votre fonction dans la loge est l’une des plus importantes ? demanda Cezar en ayant connaissance d’une hiérarchie en trente-trois degrés.

 

- Le groupe Bilderberg n’est pas à proprement parler une loge ; il signifie beaucoup plus, mais il n’est pas nécessaire que je rentre dans le détail. Il y a un classement sur trente-trois niveaux au plan des loges, qui doit respecter certains critères, mais cela n’est qu’une « façade » pour le monde extérieur. La vraie puissance va au-delà du trente-troisième niveau et engage d’autres conditions que je te révélerai plus tard. Il ne dépend que de toi d’être réceptif. Imagine-toi une grande maison, pour être belle, elle doit être peinte de façon élégante avec beaucoup d’attention sur chaque détail. C’est un peu comme les degrés d’initiation. Mais les grandes richesses se trouvent à l’intérieur de la maison, et seuls les maîtres de la maison connaissent leur existence. Ils dirigent dans l’ombre son bon fonctionnement : son entretien, son administration et sa prospérité. Mais pour cela ils n’ont pas besoin d’être connus des autres, qui ne doivent pas connaître leurs moyens d’action. Tu es intelligent et tu peux facilement comprendre ce que je veux dire.

Cezar avait remarqué que, progressivement, le senior Massini avait adopté une forme parlée plus familière et directe. Ce pouvait être un avantage, car une certaine forme de familiarité dans une discussion pouvait favoriser la révélation de beaucoup de secrets. Bien sûr, cette facilité de parole venait également du décalage d’âge entre eux. Le senior Massini avait sans aucun doute une grande force vitale, mais également physique qui contrastait avec son âge respectable. Malheureusement, son rayonnement subtil – avec lequel il aurait été capable de dominer des êtres relativement faibles et instables physiquement ou mentalement – était centré autour d’un immense orgueil, de l’arrogance et d’un sentiment de supériorité, justifié probablement par sa noblesse. Par conséquent, même si Cezar avait d’excellentes références, qu’on peut penser bien connues par le groupe Bilderberg, ce n’était pas suffisant pour freiner l’instinct d’orgueil du senior Massini.

- J’ai sollicité cette entrevue grâce à mes relations très importantes, car nous connaissons tes forces et tes capacités d’action. Nous apprécions grandement tes capacités surtout quand cela sert nos intérêts.

Par cette phrase, le senior Massini fit le premier déplacement important dans le jeu. Mais, comme nous allons le découvrir, les mouvements dans les coulisses et les plans cachés allaient se montrer plus compliqués qu’une simple proposition, relativement indirecte, de collaboration au plus haut niveau maçonnique.

- Monsieur Massini, si je dois comprendre quelque chose en particulier, et si le problème se pose de façon spécifique, je vous prie de bien vouloir le préciser depuis le début. Par exemple, pourquoi souhaitez-vous mon intégration au groupe Bilderberg ?

L’attitude du senior est brusquement devenue froide et son ton prit des inflexions très dures.

- C’est réellement un problème pour vous, monsieur Brad ? Penses-tu avoir la liberté de choisir ou de poser des conditions ? Et qui t’a parlé de devenir membre du groupe Bilderberg ? As-tu la moindre idée de qui compose en réalité ce groupe, et quels sont les critères pour y entrer ? Je peux t’affirmer que tu es très loin des conditions requises et que tu ne pourrais rentrer dans le cercle intime de ce groupe. Si je t’en révélais les raisons, elles te bouleverseraient complétement. Elles ne font pas partie de ce monde, ces raisons. Reviens donc à des idées plus humaines et comprends que la proposition que je t’ai faite de façon indirecte est ton entrée dans une des plus hautes loges maçonniques mondiales, subordonnée au Bilderberg. Notre organisation a besoin de ton aide. Le fait de m’être déplacé en personne pour avoir cette discussion peut te faire comprendre que nous t’apprécions tout particulièrement. Nos informations nous disent que tes forces et tes possibilités d’action sont impressionnantes. Comme je te disais, nous sommes intéressés par une collaboration. Il existe un conseil secret au niveau de cette loge, qui propose un plan directeur d’actions dans ce monde, et ses propositions sont ensuite analysées par le groupe Bilderberg. C’est comme une sorte de boucle de rétroaction. Tu peux devenir un pion très important dans ce conseil et tu pourrais acquérir tout ce dont tu as jamais rêvé, en ayant à volonté : richesses, hommes, luxe, lois et même gouvernements. Rien ne pourrait t’arrêter. Nous n’avons pas l’habitude de négocier, car ce que nous offrons est inestimable. Pourquoi continuer à discuter quand les choses sont si claires ? Par ailleurs, sincèrement parlant, tu n’as pas d’autre possibilité que d’accepter cette collaboration.

 

En disant cela avec une grande assurance, le senior Massini fit un geste très spécial de la main, comme s’il voulait couper l’air. Il est fort probable qu’une autre personne à la place de Cezar aurait été intimidée par la rapidité à laquelle la discussion avançait, mais également par les perspectives fabuleuses qu’on offrait. Cezar m’avoua que ce fut le moment le plus critique de cette rencontre. D’apparence complexe, le problème ne présentait en fait que deux alternatives : accepter cette proposition de collaboration, ce qui impliquait d’entrer dans la société maçonnique ; ou refuser toute proposition, ce qui aurait entraîné une chaîne invisible de suites désagréables pour lui et l’activité du département. A ce moment, Cezar n’avait que peu d’informations sur les principaux intérêts de la franc-maçonnerie, et il était curieux d’apprendre, afin de comprendre les motivations cachées de cette organisation et les moyens qu’elle mettait en œuvre pour atteindre ses objectifs. Il lui sembla avoir trouvé le bon moment pour amener la discussion vers ce qui l’intéressait, en stimulant l’orgueil et le sentiment de puissance du senior Massini. Mais la tâche ne s’annonçait pas facile, le senior était un interlocuteur très habile et rusé doté d’une grande intelligence et force mentale. Malheureusement, tous ces avantages étaient déjà configurés dans un sens profondément négatif.

Cezar sentit que s’il déclinait immédiatement cette proposition le « jeu » serait terminé, et le senior repartirait sans tenter de le convaincre plus avant. Cezar n’apprendrait rien et les conséquences de son refus seraient imprévisibles. Il prit donc la décision de tromper la vigilance de son interlocuteur, et avança masqué en faisant semblant d’accepter. D’une certaine manière il assumait une mission de « kamikaze infiltré », mais il se sentait suffisamment maître de ses pouvoirs pour faire face aux situations difficiles qu’il allait affronter.

 

Vérité occulte de l’Organisation Maçonnique

 

- C’est passionnant ce que vous me proposez, monsieur Massini. Mais j’aurais aimé comprendre comment il est possible d’obtenir une telle influence. J’avoue que je trouve cet aspect très intéressant.

Content de la tournure engagée, le senior Massini répondit avec sollicitude, tombant apparemment dans le « piège » tendu par Cezar.

- Mon cher, il existe divers moyens d’obtenir de l’influence, et je dois avouer que nous sommes passés maîtres dans cet art. La principale qualité à ce stade est la patience. Tu ne peux pas construire de grands palais, pour profiter de tous les plaisirs que je te mets à disposition, sans ténacité, vigilance et patience, surtout face à d’apparents échecs. Tout prend forme avec le temps et quelquefois cette attente peut être très longue. Les vénérables maîtres de notre passé ont eu une vision grandiose de l’ensemble de cette situation finale qui s’approche. Ils ne se sont pas contentés d’intérêts médiocres et égoïstes, mais ont souhaité de toutes leurs forces consolider les bases de la maçonnerie en s’adaptant à chaque époque en conformité avec l’évolution humaine. Au fond, pourquoi n’auraient-ils pensé qu’à eux et à leurs familles ? N’avaient-ils déjà la richesse et les meilleures conditions de vie ? N’avaient-ils déjà fait le serment de s’entraider, de se soutenir réciproquement dans le besoin ? Je te dis que ce furent eux les véritables architectes qui ont initié et créé les fondations des principes qui fonctionnent encore dans notre système social. Concernant ces « architectes » qui ont conçu ce plan depuis des milliers d'années, je ne peux pas t'en dévoiler plus à ce stade. C'est un secret terrible que même les membres du groupe Bilderberg pour la plupart ignorent. A l'époque moderne, et je parle ici des derniers deux ou trois cents ans, nos sages n'ont fait qu'appliquer de façon intelligente les principes de base déjà établis et les adapter à la structure de leur époque. Leurs actions ont été développées par toutes les générations qui ont suivi, en gardant les mêmes idées initiales, car au sommet de notre hiérarchie on ne trouve que des descendants de lignée royale d’arbres généalogiques datant de milliers d’années. Nous sommes très attentifs à ces aspects, et on ne se mélange pas avec les autres races. Même ainsi, il y a eu quelques exceptions, mais nous sommes arrivés à éliminer les gènes régressifs.

- Vous parlez peut-être de la famille royale d’Europe et des grands banquiers de la fin du Moyen Age ? Demanda Cezar pour offrir ainsi un moyen d’approfondir le sujet.

- Bien sûr. Ils n’étaient pas révolutionnaires ; ils ne soutenaient ni une idéologie rigide ni une philosophie particulière. Leur force ne résidait pas dans leurs bras ou leur esprit affûté ; de leurs rangs aucun héros n’a vu le jour au sommet de la société, en échange ils ont rapidement compris que pour réussir ils avaient besoin d’un nouvel algorithme, qui devait tirer son énergie des forces, des décisions et des actions humaines. Ils étaient fins psychologues et comprirent dès le début certaines informations essentielles. Ils ont remarqué, par exemple, que le système communautaire, que ce soit une monarchie, une république où tout autre type de gouvernement, se base sur la direction. Cette réalité implique deux groupes : d’un côté la grande majorité des gens qui composent le peuple ; et, d’autre part, l’élite dirigeante qui s’efforce de maintenir la bonne marche du « troupeau ». Cette simple observation fut la base du plan entier.

- Mais pourquoi était-ce aussi important d’avoir ces deux catégories ? demanda rapidement Cezar.

En véritable maître maçonnique initié aux secrets obscurs de l’organisation à laquelle il appartenait, le senior Massini commença à dévoiler le noyau idéologique de la franc-maçonnerie mondiale.

- Cette situation était et est encore très importante à cause du fait qu’il a toujours existé des intérêts antagonistes entre les deux groupes. Les choses étaient faites de manière à ne jamais apaiser les populations, c'est-à-dire empêcher à tout prix la véritable paix entre les peuples. Pour cela, il était nécessaire de nourrir ces deux parties de différentes façons, sans qu’elles ne s’en rendent compte. Nos illuminés ont poussé les compétences et leurs capacités d’intrigues jusqu’à la perfection pour se tenir un pied dans chaque bateau sans jamais tomber à l’eau.

 

Cezar ne manqua pas l’occasion de pousser de nouveau la conversation :

- Mais comment y sont-ils arrivés ? Quelles méthodes ont-ils employé ?

- Ils avaient juste besoin de quelques « leviers » puissants, et à l’origine il y en avait deux : l’argent et la nature inférieure de l’homme qui cédait face à la tentation qu’on lui offrait. Cette combinaison leur a toujours assuré le succès, parce que ce qui ne marchait pas d’un côté, on l’utilisait de l’autre, et c’est ainsi que l’intrigue, le mensonge, les tentations et les faux-semblants ont permis notre extension rapide dans le monde entier. Bien sûr, à l’heure actuelle nous devons prendre en compte de nouveaux facteurs, et parmi les plus importants : le nombre d’habitants de la planète et le développement technologique. Mais en essence, les principales fondations de notre organisation maçonnique furent créées bien auparavant, et elles ne font que se renforcer. Elles sont tellement ancrées dans la conscience des hommes que le succès total de notre programme n’est plus qu’une question de temps.

En disant cela, le senior Massini sourit, satisfait, et alluma une longue cigarette. Il attendait l’effet de ses mots sur Cezar. Pour mieux jouer son rôle ce dernier lui demanda :

- Mais je ne comprends pas quel est le motif principal pour lequel d’aussi grands efforts furent faits depuis des millénaires ?

Tirant doucement sur sa cigarette, le senior Massini regarda Cezar, et dans son immense orgueil, pensa avoir réussi sa mission. Cezar apprécia cette erreur de jugement qui avait affaibli la vigilance de son interlocuteur, tout en lui fournissant d’importantes informations.

- Mon cher, les choses sont très simples. Le principal motif est la prise du Pouvoir ! Que peux-tu imaginer d’autre depuis tant de temps ? Allez, dis-moi, ne soit pas timide ! Argent ? Quasiment toutes les finances de ce monde nous appartiennent, grâce à l’entièreté du système bancaire créé avec le temps. Parce que la civilisation n’a cessé de se développer, nous avons mis en place un système social dans lequel les gens dépendent entièrement de leurs moyens financiers. Argent, argent, de plus en plus d’argent ! Une idée fixe qui doit être répandue partout. Mais, pour avoir de l’argent, tu dois produire, et pour produire tu dois travailler, et pour travailler tu as besoin de temps. On a donc créé une forme d’équation telle un cercle vicieux, sans issue possible, dont on ne voit jamais le bout. Le résultat est que les gens travaillent pour nous jusqu’à épuisement, attirés par les mirages de sommes encore plus importantes d’argent dépensé rapidement sur des tentations de tous genres présentes dans ce monde. Cependant, peu importe les sommes d’argent obtenues par le travail, les véritables richesses et les sommes immenses d’argent sont en notre possession, gardées dans nos banques et investies dans divers titres de propriétés. Même s’il existe dix à cent hommes très riches dans le monde, qui ne font pas partie de nos loges, ils ne représentent aucune menace, car ce sont des individus séparés qui n’ont aucun but précis de grande envergure. Bien sûr, pour la plupart nous les attirons dès le début de leur brillante carrière dans l’Organisation pour qu’ainsi notre pouvoir grandisse. Ceux qui refusent ne résistent pas longtemps seuls. Si d’une certaine façon ils deviennent une menace pour nous, alors on unit nos forces pour provoquer leur faillite, en prenant le risque de certaines pertes dans notre propre camp, l’immense machination financière que nous avons construite nous permettant de réaliser rapidement l’équilibre de la balance. L’objectif est d’anéantir la menace. Habituellement, quand la personne se sent irrémédiablement perdue, on lui offre la seconde chance qu’elle a initialement refusée. Dans la plupart des cas, la personne accepte, et il arrive ensuite un renouveau spectaculaire dans ses affaires personnelles. En revanche, elle doit respecter certaines conditions fermes que nous lui avons imposées et qu’elle ne peut plus refuser.

Nous avons toujours quelque chose à gagner. Soit un homme politique qui doit soutenir nos intérêts ; c’est le cas le plus fréquent et le plus facilement atteignable. Soit un grand homme d’affaires, dont nous administrons la fortune à travers nos propres filiales.

Ce qui nous intéresse est de créer le plus possible de « cercles vicieux » à la base desquels nous avons construit la société moderne. Nous avons formé la soi-disant « cellule de la société », la famille, que nous avons fermement liée à des chaînes interminables de dépendances : l’emploi, la maison, le confort, la voiture, l’emprunt, les obligations contractuelles à très long terme qui peuvent aller jusqu’à la deuxième génération d’une même famille.

Le rôle des « cercles vicieux » est de créer de la dépendance, parce que la dépendance ne laisse pas de place à la liberté. La dépendance porte avec elle une sorte d’esclavage, de limitation. Et nous, en tant qu’hommes, nous avons besoin d’être limités, et nos actions d’être mécaniques, comme des stéréotypes. Ce fut l’idée principale quand nous avons imposé une organisation du travail divisée en plusieurs domaines et sous-domaines. Si le poste est simple, presque répétitif, l’homme devient en peu de temps une sorte de « robot » qui suit, écoute et exécute ce qu’on lui demande.

Il n’est pas nécessaire que les hommes pensent trop ; cela peut être dangereux et peut faire naître des idées contraires à notre objectif. C’est pour cette raison que nous avons fait en sorte de déployer notre contrôle sur un nombre croissant de personnes, même en dehors du travail, pendant leur temps libre. Nous avons permis à la technologie de capter des millions de personnes à travers des moyens qu’on assimile maintenant à une catastrophe : la télévision, le téléphone, l’ordinateur. Notre idée eut un énorme succès, car en sus de la dépendance des populations, nous avons également gagné le contrôle de l’information.

Actuellement, à cause de l’époque particulière dans laquelle nous vivons, l’information est la première « arme » dans le monde. L’étape suivante est facile à deviner : par le contrôle des mass-médias, nous contrôlons le contenu et la qualité de l’information. C’est pour cette raison qu’un des objectifs de base ce fut celui de contrôler les grandes maisons de presse, de radio et de télévision du monde entier.

- Vous voulez dire que tout cela fut suffisant pour avoir le contrôle de l’humanité ? demanda Cezar.

- Evidement que non. Les mass-médias n’étaient déployés que dans une zone limitée du monde. C’est pourquoi d’autres « méthodes » étaient nécessaires pour avoir le contrôle du reste. Nous avons soutenu dans l’ombre, comme une « éminence grise », la prolifération de la distribution de drogues, surtout celles de synthèse. On savait très bien que les drogues assimilées au tabac, à l’alcool et au café allaient détruire le corps humain. Nous avons délibérément soutenu une soi-disant « lutte » contre ces produits, qui n’a fait qu’intensifier le besoin d’en consommer. Nous avons créé d’immenses usines de fabrication de cigarettes, de boissons et de cafés ; presque tous les présidents et patrons de ce gigantesque monde d’affaires sont des membres vénérables des plus hautes loges de l’Organisation, rajouta le senior Massini très satisfait.

 

- Tout cela ressemble à une attaque ciblée contre l’homme ! fit Cezar, en semblant comprendre avec peine.

Sans paraître aucunement affecté, le senior répondit avec nonchalance :

- Mon cher, il est suffisamment difficile de contrôler et coordonner plus de six milliards d’humains. Tu dois comprendre que plus une foule est facile à manœuvrer, plus elle est désespérée et confuse. Si le nombre de personnes est raisonnable, les choses sont alors vraiment simples compte tenu de la technologie de manipulation mentale dont nous disposons actuellement. Donc, quelle importance les quelques millions de personnes qui meurent chaque jour, pour la plupart à cause de maladies provoquées par les drogues ?

Le senior s’arrêta quelques instants et parut réfléchir sur ce qu’il allait divulguer à Cezar.

- Un de nos objectifs principaux est celui de stopper la prolifération des hommes sur la planète. Plus, nous devons diminuer drastiquement la population planétaire. Pour ce faire nous avons besoin de méthodes pour tuer en peu de temps un maximum de personnes. Nous avons financé des projets de recherche pour la création de virus extrêmement violents. Certaines expériences ont failli, d’autres ont très bien marché.

- C’est-à-dire à travers le mal causé par des crimes « naturels »…

- Il faut voir le problème d’un point de vue pratique. Alors seulement nous pourrons atteindre durablement les objectifs que nous avons fixés. Si quelque chose ou quelqu’un s’y oppose, il ne peut résister longtemps à nos pressions. Comme je te le disais, nos « armes » ne sont jamais en vue. Bien au contraire, elles s’habillent le plus souvent d’un manteau humanitaire, mais appuient sur les points faibles que nous avons créés nous-mêmes dans le système. La base qui nous offre ces sources cachées de manipulation du peuple est la Constitution de l’Etat. Sa création est le résultat d’une véritable science psychologique de la manipulation, et c’est pour cette raison que nous avons pris soin d’avoir un représentant lors de chaque conception de la Constitution d’un état puissant. Les constitutions doivent avoir une forme humanitaire, relativement complexe, qui cache en profondeur des moyens efficaces de contrôle de la population.

C’est certainement la méthode la plus répandue que nous avons créée et entretenue de façon indirecte au fil du temps, des conflits, des révolutions et des guerres dans différentes zones du globe. Les confrontations armées ont toujours été pour nous une réelle chance de revenus en dehors de l’influence qu’elles nous apportent au niveau mondial. Nous exploitons chaque difficulté économique ou sociale, spécialement dans les pays du tiers monde. En raison de notre influence financière, on agit dans l’ombre au niveau de la direction d’un Etat cible, et l’on fait pareil dans un Etat opposé. Nous ne nous engageons jamais dans une seule direction, parce que le résultat est incertain. En poussant les deux camps, c’est nous qui sommes gagnants, indifférents au résultat final. La période actuelle se prête bien à la création de conflits d’ordre ethniques et économiques. Ils sont simples à mettre en place, durent longtemps et attirent les intérêts d’autres Etats plus puissants, mais rivaux, de sorte que finalement la guerre d’un petit pays devient une guerre entre les grandes puissances du monde et beaucoup moins une cause nationale limitée. Presque toutes les grandes organisations internationales, qu’elles soient politiques ou militaires, ont des origines maçonniques. Nos vénérables sont à des postes clefs et suivent nos plans avec exactitude. Je t’ai dit que nous sommes très patients. La maladie ronge doucement, mais sûrement même le plus gros tronc. L’ONU et l’OTAN, pour ne nommer que deux des plus influentes de nos « armes », se sont avérées être des décisions salutaires dans le temps.

- Monsieur Massini, il y a tout de même quelque chose que je ne comprends pas, dit Cezar, arborant une expression contrariée. Comment peut-on croire que tout ce qui est important dans le monde soit une conséquence directe des actions et des plans de l’Organisation maçonnique mondiale ? C’est absurde et inconcevable !

Le senior Massini rit de bon cœur et alluma une autre cigarette. Il regarda Cezar en silence à travers la fumée de sa cigarette. Pendant une seconde, Cezar pensa avoir exagéré et qu’il avait été démasqué. Mais ses craintes furent bientôt dissipées.

- Mon cher, c’est un point essentiel de notre doctrine. Telles que je te les présente, les choses semblent en effet absurdes et se parer d’un manteau grotesque, à tel point que les accusations qu’on peut nous faire en deviennent hilarantes ! D’une certaine manière, c’est le noyau de notre idéologie : agir dans la direction de l’objectif fixé, mais en même temps faire en sorte que les actions soient à l’opposé de cet objectif. De cette façon tu peux mieux comprendre pourquoi on ne souhaite aucune médiatisation, ni aucune forme de reconnaissance publique, car tout ceci n’est qu’un leurre dirigé par nous-mêmes via le contrôle des mass-médias. Le succès de notre organisation réside principalement dans le fait que nous formons un groupe et que nous n’agissons jamais dans l’intérêt individuel. Nos actions sont toujours liées et poursuivent un but précis, et l’aide qu’on s’offre mutuellement ainsi que la discrétion totale sont essentielles à la réussite globale. En outre, les règles et le serment de notre ordre sont très stricts, et les sanctions sont sur mesure… Tu dois te demander ce qui me pousse à te parler ouvertement, sans crainte et sûr de moi. Je t’assure que en faisant cela, j’ai évalué correctement la situation. Ou tu t’imagines qu’en entendant toutes ces choses, tu pourrais les faire connaître au monde entier ?

A cet instant, le senior Massini s’esclaffa, mais immédiatement ses yeux devinrent froids et perçants.

- Tu n’as aucun pouvoir ou influence à l’extérieur, monsieur Brad ! Dès le moment où l’on a attiré notre attention, il est impossible d’y échapper. Les possibilités dont tu disposes sont très précises : ou tu me suis sans condition, ou tu deviens persona non grata. Analyse un peu la situation : tu es seul, coupé du monde extérieur et sous le commandement de la plus haute sécurité. Penses-tu vraiment qu’il soit difficile de t’éloigner si on le souhaite réellement ? Mais pourquoi faire une telle chose quand tu peux nous aider ? De surcroît, tu connaîtras des mystères insoupçonnés et tu auras l’immunité et la protection absolue. Dans une certaine mesure, tu as de la valeur, mais tu dois montrer cette valeur. C’est pour cette raison que je ne vois aucun motif de te cacher les principes et modalités d’actions maçonniques. Autrement, cela voudrait dire que je te considère comme un adepte habituel, avec un esprit faible, ce qui n’est pas vrai. En outre, vu que tu ne considères pas cette approche comme étant trop brutale, je souhaite qu’on se manifeste un respect réciproque et poursuivre cette discussion de manière civilisée. Je veux même te créer le cadre d’un choix apparent, et t’offrir un délai de réflexion. Mais je te le redis, tu n’as rien de tout ça, parce que le pouvoir, c’est nous. Il ne te reste pratiquement rien à part de me suivre. Evalue bien la situation. Qu’est-ce que tu penses pouvoir faire ? Qui pourrait t’écouter sans te prendre pour un fou ? La franc-maçonnerie a depuis toujours été cachée. Cela aurait été contre nos objectifs véritables de nous attribuer les grandes idées et courants sociaux-culturels, les idéologies ou principes d’avant-garde du monde, même si dans leur grande majorité nous en sommes les créateurs. A la place, nous avons choisi la discrétion, le mystère, le retrait et les actions dans l’ombre. Il n’y a que peu de personnes qui ont entendu parler de « maçon » ou de « franc-maçon », et même si cela leur semble vaguement familier, ils n’ont pas la moindre idée de ce que c’est. Cette occultation, que nous entretenons avec attention, nous a été d’une grande aide au fil du temps. Dans ces conditions, imagine que quelqu’un diffuse les informations que je viens de te donner : qui le croirait, qui l’écouterait ?

- Il se peut que vous ayez raison, mais vous n’ignorez pas la force d’un courant d’opinion généralisée, qui peut détruire tout ce que vous vous êtes donné tant de mal à construire, fit remarquer Cezar avec lucidité.

- Nous savons qu’il y en a déjà beaucoup, surtout des intellectuels, qui connaissent au moins une partie de notre vérité, et à qui nous ne pouvons mentir. Mais comparé au reste du monde, abruti par le système social que nous avons créé, ils sont une réelle minorité. De plus, ils sont désespérés et se sentent menacés, et même si certains connaissent nos véritables intentions, ils adoptent une attitude passive, se pensant démunis, sans force et dans l’incapacité d’agir efficacement. Ils adoptent la victimisation : « Je sais, mais quoi faire ? Que pouvons-nous faire ? » Ils sont pieds et mains liés. « Nous sommes contrôlés et surveillés dans nos moindres faits et gestes. Nous n’aurons aucune chance ! ». De cette façon, une partie importante de la population qui pourrait nous causer de grandes difficultés a déjà déposé les armes avant même le début de la bataille.

Lorsque quelqu’un cherche à nous attaquer et à présenter la réalité de nos agissements, nous regorgeons de moyens pour le « calmer ». Nos répliques sont bien pensées et ont une connaissance approfondie de la psychologie humaine. Cela commence toujours par une fausse rumeur, négative, sur la personne, parce que comme déjà mentionné, nous avons le contrôle de l’information. Supposons que cette rumeur soit publiée dans des journaux nationaux. Les lecteurs apprennent ainsi cette fausse rumeur. Même si le lendemain elle est démentie en bloc, le fait est déjà consommé, parce que premièrement celui qui a lu la fausse rumeur ne lira peut être pas le démenti, il restera ainsi avec son idée négative sur cette personne. En deuxième lieu, nous spéculons sur la tendance vicieuse de l’homme contemporain à s’orienter vers les informations sensationnelles qui ont un goût négatif très prononcé.

Nous connaissons trop bien l’influence et l’impact des suggestions négatives sur la nature émotionnelle de l’homme. Nous savons qu’elles détruisent la structure énergétique harmonieuse de l’homme, nous savons que cela apporte une forme subtile de stress au niveau psychologique et nous savons qu’elle fait baisser la vibration des perceptions positives et des intentions bénéfiques. Tout cela sert parfaitement nos intérêts parce que cela fatigue les gens, cela les prive de leur vigilance et ils deviennent superficiels.

Nous atteignons ainsi un objectif important : l’augmentation de l’entropie sociale, j’ose même dire que nous sommes ceux qui ont amené cette science à côtoyer la perfection. Pour arriver à cette entropie sociale, qui crée un état de confusion quasi totale, nous diffusons continuellement des informations contradictoires, souvent accompagnées de contenus sinistres et profondément négatifs. Nous soutenons des livres qui traitent de sujets puériles ou fantastiques, avec une note d’attractivité pour capter l’intérêt des esprits faibles qui sont à la recherche de sensationnel. C’est nous qui avons pris le soin de faire proliférer de tels ouvrages et qu’ils soient acceptés par la société, qui maintenant les considèrent comme ayant de la valeur.

Le système économique et social que nous avons imposé encourage la compétition dans son caractère discordant, stimule la concurrence déloyale et augmente la consommation de marques. Tout cela se justifie par un intérêt humanitaire, celui de former l’homme et le motiver pour partir à la découverte de la « jungle » de la vie, qui menace de le suffoquer, mais qui en réalité provoque chez lui une folle agitation et le maintient continuellement occupé et sous tension. Cela le ramène vers une diminution conséquente des véritables valeurs morales et éthiques et donc vers la perversion du caractère de l’être humain.

Nous exploitons ces possibilités à tous les niveaux de diffusion. Ceci nous conduit à encourager et soutenir la prolifération de la sexualité dans ses formes les plus aberrantes, ainsi que de la pornographie jusqu’aux limites presque inimaginables, car nous avons constaté que la force et la virilité de l’homme diminuent, mais également la sensibilité et l’intuition de la femme, quand ils sont confrontés à de mauvaises pratiques. Dans ces conditions l’homme devient malléable et succombe plus rapidement aux tentations, il est donc plus facilement contrôlable. Pour réaliser nos plans, on avait besoin de moins d’opposition possible. Par conséquent, dans un premier temps, nous offrons des idées et des possibilités aux hommes, pour ensuite pouvoir pleinement profiter de leurs faiblesses ou de certaines dispositions contractuelles qu’ils ont acceptées les yeux fermés.

Notre société actuelle se prête parfaitement à ce modèle d’action. Nous offrons aux gens de plus en plus de tentations, et ils tombent facilement dans le piège des stimulants et des plaisirs. Nous savons que cela broie la volonté, or sans volonté, l’homme est comme un animal ignorant qui va à l’abattage.

Une attention particulière est accordée aux jeunes, parce que si tu ne veux pas qu’un arbre ait des fruits, tu dois le sécher dès sa jeunesse. Tout ce qui peut amplifier les vices des enfants et des adolescents est présenté à l’aide de moyens très attractifs : on s’oriente vers la diffusion des films où la violence est banalisée, des films d’horreur qui mettent l’accent sur le sadisme et le caractère profondément négatif des scènes. Nous utilisons la publicité pour les promouvoir, la publicité est l’âme du commerce. Nous avons donc stimulé au maximum la tendance de la population vers la consommation. C’en est devenu une « maladie contemporaine », car même si l’homme n’a besoin de rien, il doit continuer d’acheter, consommer des choses sans aucune importance et même faire des provisions à l’excès.

D’autre part, il y a une forte connexion entre la tentation exercée par l’argent et les modalités pour l’obtenir, et le système économique et légal que nous avons imposé ; car il n’est pas facile de devenir riche, c’est pratiquement impossible par des moyens honnêtes. Par conséquent, la classe riche dans sa grande majorité est pervertie et vicieuse. La malhonnêteté et la perversion des plus riches les a poussés à avoir leurs propres secrets, et quand un homme a des secrets, il a également des obligations envers les autres, en particulier au moyen du chantage. Nous savons très bien comment exploiter ce genre de situation, car nous en sommes nous-mêmes les artisans.

- Je pense toutefois que tous les gens n’agissent pas de cette façon. Si c’est la vérité, que faites-vous dans ce cas, monsieur Massini ? interrogea Cezar.

Le senior hocha les épaules avec nonchalance.

- Il y a trop peu de survivants, ils ne méritent pas notre attention. Prenons par exemple ton pays. Ici on s’est installé très facilement, car nous avons su anticiper le passage d’un régime totalitaire, dont nous avions posé les bases, à une apparente liberté d’action. Nous avons correctement estimé la cupidité et le manque de scrupules qui apparaissent chez l’homme soumis longtemps à différentes peurs et privations. Une telle personne est comme un voyageur assoiffé dans le Sahara, qui, arrivé à un oasis, se jette dans l’eau sans se soucier de son corps nu et du regard des autres. Après la Révolution, nous n’avons fait qu’attendre et encourager le désastre économique, et surtout la corruption et la tentation du roumain pour l’argent. Après une longue période de privations et toutes sortes de manques qui ont provoqué de grandes souffrances, il était prévu qu’il ne pouvait que céder très vite aux tentations. Et en effet, presque tous sont tombés dans le filet. C’est à ce moment que nous avons commencé à agir sur la scène politique. Ne t’inquiète pas, c’est une méthode que nous appliquons dans presque tous les pays. Nous devons nous assurer que les principaux postes des Parlements et des Gouvernements sont occupés par des personnes âgées, ayant des caractères faibles et facilement manipulables. A ceux qui sont matures et dynamiques, nous leur avons insufflé un caractère orgueilleux et un faux sentiment de pouvoir afin d’accentuer leur égoïsme, leur méchanceté et leur hypocrisie. Il était nécessaire de remplir les postes clefs avec des personnes facilement influençables, et qui feraient n’importe quoi pour garder leur pouvoir. Nos efforts dans ce sens furent minimes, car la cupidité doublée d’une grande lâcheté et duplicité ont fait de la quasi-totalité de vos politiciens un amas digne de mépris. Cette situation nous convient, mais je ne pense pas qu’il y ait lieu de s’étendre davantage sur ce sujet.

Cezar se hâta de profiter de cette courte pause.

- Et pourquoi tout cela senior Massini ? Que veut réellement la franc-maçonnerie ? D’après ce que j’ai compris, je ne vois pas ce qui lui manque, et malgré tout, j’ai l’impression que vous avez un but final ?

- Mon cher, c’est très simple. Il s’agit pour nous d’obtenir le pouvoir de domination sur le monde entier. Après tout, cette soif de pouvoir est la principale motivation des politiciens, gouvernants et hommes d’affaires qui rentrent dans nos rangs. Mais au-dessus de tous se trouve notre élite, les Illuminés, qui ont comme plan la conquête du pouvoir mondial et le parfait contrôle de tout individu sur cette planète. Les modalités d’accomplissement de ce plan sont très diverses, j’ai besoin de beaucoup plus de temps pour te les exposer. Je t’en offre quelques-unes, le reste tu le comprendras seul après avoir intégré notre organisation.

L’influence et le contrôle sur l’humanité ne sont pas réellement actifs tant que nous ne supervisons pas tout. Les forces et les pouvoirs détenus par l’ensemble des membres de nos organisations nous amènent progressivement vers le totalitarisme, la liberté et l’autonomie d’un individu sont étouffées et surveillées dès la naissance. Pour être sûrs du résultat et pour expérimenter sa viabilité nous avons inventé le communisme. Mais nous avons constaté que le manque, les peurs ainsi que le culte de la personnalité, présents dans tous les pays communistes, créaient certaines tensions et favorisaient une vision lucide de cette situation chez certaines personnes, ce qui pouvait constituer de mauvaises surprises. Le communisme s’est révélé correspondre à ce que nous recherchions pendant un certain laps de temps. Il est ensuite devenu insuffisant, voire dangereux pour nos intérêts.

Quand nous avons compris cela, nous avons décidé de clôturer l’expérimentation et nous avons donné le « feu vert » aux changements de nature politique. Il fallait créer l’illusion « d’autre chose », mais nous savions, depuis longtemps, que rien ne se fait du jour au lendemain. Nous avons attendu donc des « convulsions » sociales et mentales des esprits. Nous avons fait la propagande des idées de base d’un nouveau statut social, à l’aide de différents moyens mass-médias, des politiciens, et de la création de nouvelles brèches dans le système financier, dans le but de créer des tensions entre le peuple et le gouvernement.

La prospérité ne doit pas être ressentie au niveau général, mais elle est la bienvenue à un certain niveau social, celui des hommes corrompus à qui les apparences font croire que ce sont eux qui agissent et qui décident, et notre rôle est de les soutenir dans ce sens.

Ce que je te dis fait partie des aspects méconnus de la franc-maçonnerie. Ne pense pas que chaque membre connaisse nos secrets et nos projets. L’accès à nos idées se fait par étapes, et chaque information est structurée par seuil d’importance. En règle générale, l’on agit toujours sur trois niveaux successifs. Même si ces niveaux semblent indépendants, ils ont des liaisons essentielles pour la compréhension de nos projets à l’échelle mondiale. Ces liaisons ne sont connues que de notre élite, les grands Illuminés.

Le premier niveau est composé de ceux qui viennent d’intégrer nos loges maçonniques, ou de ceux qui ne représentent aucun intérêt particulier et à qui l’on ne confiera aucune mission difficile. Ce sont les « ouvriers », ceux qui font beaucoup de petites choses très utiles, et qui dans l’ensemble préparent le terrain pour les grandes actions, comme les différents conflits armés, les révolutions, l’endettement au niveau national. Or ces actions d’envergure rentrent en scène après la préparation du terrain, après le travail préparatoire de nos « ouvriers ». De cette catégorie font partie ceux qui se sont rapidement enrichis mais qui ont un esprit faible, ceux qui cherchent les titres et la reconnaissance sociale. De façon générale, les snobs, et ceux qui ont des complexes d’infériorité qu’ils veulent combler en s’imaginant faire partie de la haute société. Ils doivent être orgueilleux, hypocrites et égoïstes, avec un certain pouvoir financier, mais pas assez riches, pour ainsi avoir la nostalgie d’une vie « royale » qu’ils désirent en cachette. De plus, il est essentiel qu’ils aient des fonctions importantes dans l’appareil d’Etat, car nous avons besoin de faire du trafic d’influence, tant à un haut niveau de décision, qu’au plus petit niveau administratif local, car c’est là que l’intrigue commence. C’est pour ces raisons qu’on s’oriente généralement vers les professeurs universitaires, les avocats, les médecins, les maires, les inspecteurs et certains hommes d’affaires locaux.

Pour toutes ces personnes, nous avons créé des motivations pour les attirer et ainsi les utiliser dans nos projets. Il existe des clubs select comme Rotary ou Lion’s qui font naître le sentiment de faire partie d’une grande aristocratie, mais ces clubs ne sont qu’une illusion, un rempart contre les attaques extérieures, car leurs membres vont lutter pour garder leurs privilèges. Nous les attirons et nous les stimulons pour ainsi donner l’image d’une société élitiste, la crème de la société, qui possède de l’influence dans les différents organismes d’Etat. Cette image attrayante est maintenue par le luxe, par la possibilité d’avoir des relations importantes et par l’aide financière, mais je te rappelle que tout cela crée des obligations.

Notre intérêt est de créer de grandes disparités entre les différentes couches sociales, c’est à dire des hommes très riches et d’autres très pauvres, sans classe moyenne. On entretient ainsi un état social que l’homme passe son temps à tenter de dépasser, il lutte en continu pour amasser de plus en plus de richesses. Cet état d’esprit tendu et agité alimente le sentiment de peur, et tant que la peur existe, la paix, la relaxation et la spiritualité n’ont pas leur place. On essaie d’obstruer tout ce qui peut amener le bien, l’harmonie et la foi religieuse véritable, car ils peuvent empêcher notre contrôle efficace.

- Qu’est que cela signifie ? Que vous n’avez pas de religion et que vous cherchez à l’affaiblir ? demanda Cezar contrarié.

- Religion ? Analyse bien ce qui se passe dans le monde. Prends en compte la haine raciale, les dérives sectaires au nom d’un Dieu unique, les conflits sans fin qui dans leur grande majorité ont à la base des dimensions religieuses, sans oublier la corruption, la lâcheté et l’orgueil de l’Eglise orthodoxe. Il est vrai que tout cela c’est nous qui l’avons orchestré, surtout par l’implémentation d’intrigues et d’idées perverses à des moments clefs dans le temps.

En échange, nous offrons au monde le royaume de l’Architecte Universel, celui qui peut réellement prendre soin d’eux. Vous, vous l’appelez le Prince des Ténèbres. Quelle importance ? Tout d’abord, tu dois suivre ton intérêt personnel dans toutes tes actions, ce qui demande de grands efforts. Par exemple, cela peut signifier de nier ta religion et même de donner ton âme, mais tu connaîtras ainsi la puissance, la richesse et l’extraordinaire influence dans la haute société.

- Intéressant. J’avais une philosophie différente, mais ce que vous me racontez est très attractif, commenta Cezar avec une fine ironie, en suivant ainsi le premier plan qu’il avait conçu.

- Il ne faut pas imaginer que ces problèmes sont connus de tous, continua le senior Massini avec élan. Loin de tout ça, je te parlais des trois niveaux d’importance dans l’organisation maçonnique. Maintenant tu vois clairement qu’au premier niveau des « ouvriers » il n’y a aucun accès à ce type d’information.

Les membres du deuxième niveau ont la possibilité de connaître une partie de nos intentions au niveau mondial, de manière à s’impliquer plus activement dans les arrangements politiques intergouvernementaux et sont soutenus par nos loges les plus influentes. C’est en particulier pour eux que nous avons une hiérarchie en grades, en allant jusqu’au grade trente-trois. C’est très intéressant de voir à quel point les gens sont attachés à des titres, des fonctions et cherchent la reconnaissance. Un maçon de grade trente-trois représente un pion de base dans notre structure générale. Avec le temps, nous avons souhaité donner l’impression que c’est dans une certaine mesure l’apogée de la hiérarchie pyramidale de notre organisation. Mais je dois t’avouer que ce second niveau n’est que l’aperçu de notre élite maçonnique. Nous tentons de maintenir le secret, mais certains parlent. Tu dois comprendre que ceux qui forment la pointe de la pyramide ne peuvent pas être attaqués en justice, d’aucun organisme, peu importe sa nature, pour le simple motif que nous les avons tous créés.

- Cela démontre un pouvoir de décision au plus haut niveau, dit Cezar pensif. Comment est-ce possible que le troisième niveau dans la maçonnerie, celui que vous décrivez comme l’élite mondiale, a une influence décisive sans être connu ?

- Nous n’avons pas besoin d’être connus de la façon dont tu le penses. Nous sommes présents grâce aux titres de noblesse hérités, ou comme grands banquiers, et l’on prend soin d’attacher une grande importance aux soi-disant actes de charité et de bienfaisance grâce aux fondations que nous avons créées. En fait, cela nous permet de faire circuler d’importantes sommes d’argent en toute légalité. Nous sommes ceux qui avons le monopole financier mondial, en contrôlant toutes les marchés boursiers. Le projet de domination mondial est très bien organisé.

- Mais comment êtes-vous parvenus à maîtriser les finances du monde ? demanda Cezar. Personne ne peut avoir accès à l’intégralité de l’argent qui circule !

- En grande partie, nous contrôlons cet argent, mais la véritable influence vient des importants crédits avec lesquels on oblige les différents gouvernements du monde à agir dans les domaines économique et social selon notre volonté. C’est en fait le principal but pour lequel nous avons financé les deux plus grands organismes financiers au monde : la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International (FMI). Mais notre plus beau coup fut l’endettement des Etats-Unis, qui dépendent en quasi-totalité de la politique financière que nous établissons. Comme je te disais, l’essence de cette politique ce sont les crédits et les obligations des états endettés. On peut ainsi créer de véritables déséquilibres et même des incapacités de paiement là où on trouve notre intérêt. Les pays en « faillite » sont notre spécialité, car indirectement ils nous laissent le contrôle de leur peuple. Nous nous préparons bien sur ces stratégies grâce à la désinformation. C’est un système qui s’est avéré très efficace avec le temps et que nous maîtrisons à la perfection. Si quelqu’un s’y oppose, son élimination de la scène politique ou sociale ne pose aucun problème, grâce aux relations que nous avons, à la corruption et au système financier. Mais dans des cas particuliers comme les Etats Unis, nous ne pouvons pas admettre d’erreurs ou d’actions extérieures. C’est pour cette raison que chaque président américain est le résultat de notre choix et qu’il est obligatoirement issu de nos loges, souvent au niveau deux. Afin de mieux cacher nos manœuvres politiques et financières, nous utilisons la plus spectaculaire idée depuis plus de deux cents ans. C’est probablement l’une des meilleures acquisitions que nous ayons faite. Tu seras surpris par son nom illustre : la démocratie. Cette notion en soi ne vaut rien ; mais malgré tout, c’est la meilleure pièce de notre plan, ayant un énorme succès auprès des masses populaires. Le motif principal est que cela réveille chez eux un sentiment d’orgueil et de puissance, mais en réalité cela ne produit que de la colère, des luttes et de la tentation, en offrant ainsi la possibilité de manipulation. En apparence, les jeux politiques secrets et les grands intérêts financiers sont le choix des votants. Tu dois faire de petits compromis pour pouvoir profiter ultérieurement de ces avantages. Quels sont les avantages d’une soi-disant démocratie ? Principalement, cela mène à la discorde entre les différentes couches sociales et à l’affrontement des populations. L’idée qu’on offre, et qui cache en réalité toutes nos intentions, est celle de l’illusion d’avoir le choix. Mais quand on parle de dizaines de millions de personnes différentes, stressées et perverties, leur choix soi-disant « libre » est aisément influençable. L’orage doit s’abattre sur des zones bien précises, pour mieux en protéger d’autres. Nous avons trouvé le moyen le plus simple et sûr d’obtenir le chaos et la discorde, car malgré les apparences hautement humanitaires et les valeurs morales avec lesquelles nous avons poli la démocratie, cela ne fait qu’occulter l’essence de notre action : l’inimitié des hommes, la lutte aveugle pour un pouvoir facile et éphémère, le manque d’unité. Pour nous, l’unité dans les idées et les concepts bénéfiques est dangereuse, parce qu’alors les masses peuvent devenir puissantes dans l’action. C’est pour ce motif qu’on provoque systématiquement la fragmentation des territoires au sein de plusieurs ethnies, chacune ayant leur intérêt, culture, croyances et religion. Notre but final est la fin des traditions culturelles et religieuses des divers pays jusqu’à ce qu’ils perdent tout pouvoir d’individualisation. Ils deviennent alors facilement contrôlables et assimilent plus facilement une forme unique de gouvernement qui sera dirigé par notre élite maçonnique au niveau mondial.

Un des plus grands obstacles à dépasser concerne les différentes traditions des peuples et le désir de les suivre. Nous souhaitons avoir un « troupeau d’animaux » qui agit de façon automatique, à qui on donne à manger à des moments bien précis et qui nous suit de façon inconditionnelle. Pour cela, comme je te le disais, il faut mettre fin aux traditions ancestrales, il faut arriver à ignorer les valeurs mêmes des hommes, il faut pervertir l’âme et empoisonner les jeunes générations avec de fausses idées, des mensonges et diverses tentations et vices, et l’on y arrive plutôt bien jusqu’à présent. Le cas de l’Amérique fut facile, car elle n’a pratiquement aucune tradition, ce fut l’endroit où notre plan s’est le mieux déroulé : la dépendance totale au système économico-social, le contrôle total du pouvoir financier, tout ça habillé d’un mirage technologique extraordinaire, assorti de l’orgueil de première puissance mondiale. La population a besoin d’une certitude, même si elle provient d’un faux pouvoir, une sorte d’inconscience à laquelle elle s’attache pour se créer une vie de fausse assurance intérieure. Nous entretenons cette idée de puissance dans l’esprit des américains, parce qu’elle les maintient dans le système, l’image de la suprématie nous est d’une grande aide. Peu vigilants, ils servent de « phare » dans notre plan de conquête absolue de l’humanité.

Ici, Cezar voulait connaître plus de détails.

- Si elle se révèle être un bluff, pourquoi un accent aussi fort est-il mis sur la démocratie ?

- Mon cher, la démocratie n’a que l’apparence d’un bénéfice, en fait elle permet l’expression des pires abus et conflits, répondit le senior Massini. N’y-a-t-il pas des gens qui sont morts ou qui meurent au nom de la démocratie ? Toutes les lois et les principes de la cavillation2 actuelle ne sont-ils pas structurés selon les lois démocratiques ? L’apparition de ce pôle démocratique a également provoqué l’émergence d’une idée contradictoire et la possibilité d’une lutte contre la démocratie dont nous avons le contrôle. Le conflit représente une base solide à partir de laquelle il est possible de maîtriser le monde entier. Je te rappelle une règle fondamentale de notre méthode maçonnique : servir en secret les deux camps. Sois près de chacun des combattants – par des manœuvres politiques et économiques habiles – et tu t’assureras ainsi du succès. Le mot et les faux concepts de « démocratie » sont ainsi devenus un bouclier pour les gouvernements qui agissent sans contrôle dans le sens qui les arrange, en servant ainsi leur propre intérêt. Presque tous les Etats sont engloutis par les dettes pour soutenir les dépenses militaires, même s’ils ne sont pas en guerre. Nous accordons ces prêts, mais demandons aux gouvernements de nous garantir ces prêts avec beaucoup de contreparties : des mines, des forêts, des chemins de fer et certains secteurs industriels de grande importance. C’est le principal moyen par lequel nous nous accaparons progressivement des richesses des Etats et contrôlons les peuples des pays.

- Il me semble, cependant, que l’idée de la démocratie est bonne, mais la façon dont elle est appliquée se révèle pervertie, remarqua Cezar voulant ainsi voir la réaction du senior Massini.

- Il est vrai, en elle-même la démocratie n’a de la valeur que lorsque la civilisation a déjà atteint un niveau élevé de compréhension et d’application des mystères de l’univers et de la vie. Même à ce moment, elle ne doit être utilisée que dans un cadre restreint de personnes qui prennent des décisions majeures dans une communauté ou au niveau de la nation. La démocratie, dans son vrai sens, ne peut fonctionner efficacement avec une grande foule hétérogène. Nous savons qu’elle ne représente un concept viable que dans le cas d’une société orientée de façon bénéfique, dans laquelle les gens pensent et agissent à l’unisson avec une conscience élevée, ce qui n’est pas le cas dans la civilisation moderne.

- Mais l’Eglise n’a rien à dire à cet égard ? Je sais que les masses populaires croient beaucoup dans l’Eglise et suivent ses conseils, déclara Cezar.

Le senior Massini laissa échapper un geste nerveux.

- L’Eglise chrétienne est l’un de nos ennemis les plus dangereux. Son influence est encore assez élevée, mais nous agissons toujours avec persévérance pour la diminuer. Pour cela, nous concentrons principalement notre attention sur la jeune génération que nous éduquons à notre image. Nous nous sommes concentrés principalement à inoculer dans les esprits des idées de liberté et de démocratie, en sachant que l’homme de la civilisation moderne ne peut pas les comprendre et les gérer correctement. Tout le monde parle du soutien de la liberté et de la démocratie, mais personne ne se demande comment il est possible que, malgré les bonnes intentions de l’humanitarisme et du désir de paix, il existe encore plus de guerres, conflits, tensions et malentendus dans chaque région du globe. De cette façon, nous avons élevé l’hypocrisie au plus haut rang chez la classe dirigeante, et nous utilisons pleinement les avantages de cette situation. Nous avons compté sur le manque de bon sens, la fierté et l’engouement d’une écrasante majorité des hommes qui s’imaginent ainsi qu’ils comprennent parfaitement les aspects et les mécanismes de la démocratie et de la liberté d’expression. En leur donnant la possibilité d’agir ainsi, les hommes ordinaires ont le sentiment d’autoimportance. Les politiciens offrent aux gens la sensation que leur opinion a de l’importance, alors qu’ils veulent seulement avoir le plus d’influence possible sur l’opinion des votants, non pas dans la direction de la vérité et de l’utilité publique mais dans celle des intérêts cachés par des promesses politiques trompeuses, de cette façon nous sommes couverts par ceux que nous essayons de subjuguer.

Si du conglomérat général l’on voit apparaître une position contraire à nos intentions, alors nous la neutralisons rapidement, habituellement par la technique du discrédit dans les médias. Ensuite, l’on poursuit en utilisant la satire et le ridicule, en éveillant des soupçons dans le comportement des gens, ainsi progressivement la cible perd tout crédit. Parce que notre attaque est concertée et tenace, la méthode s’accompagne parfois de chantage, et la cible est abandonnée par tous et même blâmée si elle ose se défendre. Elle sera menacée, prise au piège dans la vie professionnelle, marginalisée en société jusqu’au moment où elle renoncera à son acte de courage initial, en voulant retrouver les avantages perdus, et dans certains cas elle peut même devenir notre alliée.

C’est le drame principal de la société que nous avons créée : la plupart des gens sont faibles et lâches. Très peu résistent à nos attaques et à nos méthodes. Cependant, ils peuvent entraver nos actions, ce qui n’est pas très agréable pour nous, ils peuvent jouir de la sympathie et l’aide d’autres personnes. Cela signifie l’unité et la force d’opinion collective, c’est exactement ce que nous voulons éviter. Plus grave est le fait que certaines personnes, ou groupes de personnes, connaissent très bien certaines méthodes et techniques ésotériques qu’ils appliquent afin de contrecarrer nos actions. Il est non moins vrai que nos élites, les grands illuminés, appliquent des procédures secrètes d’influence avec des effets précis sur le plan physique. Il est donc important d’avoir dans nos rangs une personne qui possède déjà des pouvoirs remarquables, comme toi. Nous sommes disposés à t’offrir beaucoup ; alors seulement tu connaîtras réellement la vie.

- Mais les attaques contre l’organisation maçonnique ne mettent-elles pas en évidence ses plans et ses intentions dans le monde ? demanda Cezar en évitant une réponse directe.

- Certaines personnes qui s’opposent avec force à nos plans connaissent bien la vérité. Parce que les méthodes habituelles d’annihilation agissent lentement dans ces cas-là, nous avons trouvé la parade : certains membres qu’on choisit, surtout du second niveau, présentent au monde des aspects de notre organisation en utilisant la presse. Ils donnent des interviews et écrivent des livres ou des articles qui présentent certaines facettes réelles mais inoffensives de notre structure et notre activité. On diffuse une partie de la vérité, une part de vérité et quatre de mensonges. Ainsi dans l’amalgame des informations présentées, en existe-t-il une partie réelle que nous ne pouvons pas contester, exposée par nos propres membres. Comment peut-on alors deviner nos mensonges, à partir du moment où nous nous présentons nous-mêmes ? Bien sûr, ces vérités sont habillées de mensonge de manière à ce que personne ne puisse comprendre et, en conséquence, le sujet est abandonné. Au final, nous sommes les gagnants parce que nos adversaires ne peuvent présenter d’autres vérités en dehors de celles déjà exposées dans une forme plus pervertie, et s’ils s’approchent d’autres aspects de notre activité, nous sommes vus comme des victimes opprimées et innocentes, en ayant le soutien des personnes matures et influentes. A présent, nous adoptons fréquemment cette méthode car nous avons besoin de sortir de l’anonymat imposé depuis des siècles. A cause de la lutte de plus en plus intense qui a lieu, l’occultation nous pose plus de problèmes que d’avantages. C’est pour cela que depuis quinze ou vingt ans nous nous montrons discrètement, en mettant en lumière une parcelle de vérité sous une couche de mensonges. Nous savons très bien qu’en répétant un mensonge, il finira par devenir une vérité en mettant ainsi en sommeil la vigilance des gens. Cependant, le combat s’intensifie et les réactions populaires peuvent être inattendues. On doit créer l’impression d’aider les gens, d’être près de leurs douleurs et de leurs souffrances. Nos actions, grâce aux politiques, est de simuler un grand intérêt aux problèmes sociaux actuels, aux malheurs de la population provoqués par la récession mondiale dirigée par notre organisation. Et grâce à nos « ouvriers », de diffuser l’idée que nous sommes très concernés par ces aspects et que nous luttons pour leur bien-être.

En réalité, tout ce « spectacle » est donné pour gagner la confiance des masses, afin qu’au moment opportun nous puissions maîtriser la politique économique de la planète par l’instauration d’un gouvernement mondial sous notre contrôle total. Nous devons donc gagner cette confiance pour créer l’illusion d’un enchaînement naturel des choses suite à la crise mondiale terrible qui va suivre, et sortir ainsi en grand gagnant et en sauveur de l’humanité. Nous avons les ressources financières pour arriver à ce résultat, la tâche n’est pas très compliquée, la vigilance de la population est très affaiblie par les méthodes appliquées depuis longtemps : la routine, les programmes de télévision, la nourriture empoisonnée, les drogues, et les maladies de toutes sortes.

En disant cela, le senior Massini regarda soudainement sa montre élégante incrustée de diamant. Le soir était tombé et l’air froid me provoquait des frissons.

- Je pense qu’il est temps de s’arrêter. Nous comptons sur ton extraordinaire capacité d’adaptation et, personnellement, je pense que je suis parvenu à te faire comprendre assez bien les aspects fondamentaux du travail de notre organisation ? Ce soir, je vais à Amsterdam où je dois résoudre certains problèmes. Entre autres, je vais témoigner de notre rencontre et de l’impression que tu m’as faite.

Le senior Massini, dévisagea un instant Cezar d’un air bienveillant.

- J’apprécie l’issue de notre rencontre comme étant positive, et j’attends une aide conséquente de ta part. Il est nécessaire que tu connaisses en grande partie la vérité à propos de l’organisation maçonnique afin d’éviter toute inhibition nous concernant dans ton esprit. Dans quelques temps, je reviendrai te rendre visite et ce sera un moment important. Je pourrais même dire que ce sera un test difficile pour toi. Jusque-là, nous allons préparer tout le nécessaire pour t’intégrer à notre organisation.

 

Le senior Massini était déjà débout, en s’appuyant sur sa canne magnifiquement sculptée. Cezar le raccompagna à l’hélicoptère. Sa stratégie semblait payante, car il était arrivé à le convaincre sans faire de grands efforts. Il est vrai que le senior Massini avait été si sûr de lui et si enthousiaste dans ses explications que l’accord de Cezar semblait couler de source. Sa force subtile était formidable, et Cezar ne devait sa résistance à l’influence du maçon qu’à son grand équilibre et à sa maîtrise mentale. Cezar témoigna qu’à certains moments le rayonnement psychique du maçon était si puissant qu’il aurait pu provoquer sans doute un effet hypnotique sur une personne normale ne contrôlant pas les niveaux mentaux supérieurs.

Le lecteur pourrait avoir tendance à considérer superficiellement l’importance de la rencontre entre les deux personnages. Maintenant que je connais tous les tenants et les aboutissants de la situation, je peux avouer que ce fut une vraie surprise pour Cezar lui-même d’apprendre la véritable raison de la discussion. Cependant, les événements ultérieurs allaient donner gain de cause à Cezar, en raison de son extraordinaire habilité à gérer une situation dramatique impliquant des décisions capitales au niveau de la gestion de l’Etat.


1 A rapprocher de Giuseppe Mazzini [1805-1872], grand franc-maçon italien (Note de l’éditeur).

2 Cavillation : mot désuet signifiant « dérision », « sophisme ».