[6] Ces tombes des premières
grandes dynasties, du VIIe au XIe siècle, comme les temples
monolithes de Ta-t'ong fou, de Long-Men, de Kong, ont été
découvertes par M. Ed. Chavannes au cours de ses admirables et
fécondes explorations de 1907.
[7] C'est ce caractère médiéval
gardé par le Japon social et politique jusqu'à la fin du XIXe
siècle qui m'a décidé à placer ce chapitre tout entier, ainsi que
tous ceux qui traitent des arts non européens, dans le volume
consacré au Moyen Âge, qui est un état d'esprit plutôt qu'une
période historique. Il est pourtant à remarquer que
l'individualisme japonais tend, dès le XVe siècle, comme en
Occident, à se détacher de la synthèse religieuse et philosophique
qui caractérise l'esprit médiéval. (Note de la 1e édition.
Voir Préface à l'édition de 1923, p. 21.)
[8] M. Édouard Chavannes a
déjà indiqué l'analogie qui existe entre les statues d'Ounkei et
les gardiens des portes des grottes de Long-Men. C'est l'évidence
même. Comment les sculpteurs japonais connurent-ils ces
colosses ? Sans doute la Chine exportait-elle des bronzes et
des bois sculptés qui s'en inspiraient directement.
[9] Il est d'ailleurs remarquable
que l'évolution intellectuelle du Japon corresponde presque
exactement, dans ses directions générales, à celle de l'Occident.
Sa Renaissance est du XVe siècle, son classicisme du XVIIe, son art
voluptueux et mondain du XVIIIe, ses paysagistes du XIXe. (Note
de la 1re édition.Voir Préface à l'édition de 1923.)
[17] L'art hyperboréen, l'art des
Indiens de l'Amérique du Nord, d'une part chez les Esquimaux,
d'autre part chez les indigènes d'Alaska, de Vancouver et des
États-Unis même, continue encore aujourd'hui, à peu près pareil à
ce qu'il a toujours été. Il semble présenter les mêmes rapports
avec l'art mexicain — qui serait sa stylisation de quelques siècles
ou millénaires — que les industries artistiques des nègres
d'Afrique avec le grand art égyptien.
[18] VIOLLET-LE-DUC, Préface à
Cités et Ruines américaines de DÉSIRÉ CHARNAY.
[19] J'adresse mes plus vifs
remerciements à M. AUGUSTE GÉNIN, de Mexico, pour les précieux
renseignements qu'il m'a transmis quand je ne les ai pas trouvés
dans ses beaux Poèmes aztèques.
[25] La plupart des idées
exprimées dans ce chapitre ont déjà été défendues avec une logique
et une autorité profondes, bien que dans un esprit beaucoup trop
étroitement laïque, par Viollet-le-Duc, dans son Dictionnaire
d'architecture.
[26]L'Ogive, dont on
cite un exemple en Angleterre, à Durham, vers 1104, apparaît
probablement pour la première fois en France vers 1115, à
Morienval, à proximité de Soissons et de Noyon, entre
l'Île-de-France, la Picardie et la Champagne où, par Saint-Denis et
Notre-Dame, Amiens et Beauvais, Reims, Laon, Sens, etc., elle vit
naître ses plus nombreuses et ses plus belles conséquences
architectoniques. Qui l'a trouvée ? Peut-être plusieurs
maîtres d'œuvre, chacun apportant une idée nouvelle de
l'association desquelles l'ogive naquit spontanément. C'est là un
des caractères les plus surprenants du Moyen Âge occidental et
qu'il ne partage guère qu'avec l'ancienne Égypte et l'Inde. Presque
pas un seul nom d'imagier n'est arrivé jusqu'à nous et si nous
connaissons quelques douzaines d'architectes, il a fallu de
patientes recherches ou le hasard pour tirer leurs noms des pièces
de comptes municipaux qui dormaient dans nos archives. Art anonyme,
par conséquent collectif et désintéressé, art social.Ces
hommes ne pensaient qu'à accomplir leur tâche, et aucun ne songea à
réclamer la paternité de la création la plus originale de
l'architecture depuis la voûte assyrienne.
Guillaume de Sens, qui fut l'un des plus grands et qu'on fit venir
en Angleterre pour construire la nef de Canterbury, a longtemps
passé pour avoir inventé l'ogive. Il fut sans doute l'un des
premiers à l'appliquer à la construction d'un édifice — la
cathédrale de Sens — dont elle détermine toute la structure. Mais
elle semble avoir reçu une application d'ensemble presque aussi
complète dès la construction du chœur de Saint-Denis (1144), et
dans quelques églises transitoires datant de cette époque-là,
Noyon, Lisieux, Le Mans, etc. En tout cas, c'est dans
l'Île-de-France, qu'avant le milieu du XIIe siècle, les architectes
ont systématisé l'emploi d'un procédé de construction qui permit à
Jean d'Orbais de bâtir Reims, à Robert de Luzarches de bâtir
Amiens, à Pierre de Montereau de bâtir la Sainte-Chapelle, à cent
autres d'élever sur tous les points de la France et de l'Europe des
édifices d'une unité de structure absolue et d'une inépuisable
variété d'aspects.
[27] Voir dans l'Histoire de
Francede Lavisse le XIIIe siècle par M. Langlois.
[28] Les conseils de l'Université
de Paris se tenaient à Saint-Julien-le-Pauvre.
[29] Posé sous la forme moderne,
le problème n'a pas de sens. On discute encore pour savoir si les
constructeurs de la cathédrale n'étaient pas
« anticléricaux ». Quand donc voudra-t-on comprendre que
toute ascension de vie au sein des masses brise le dogme d'hier,
même quand elle le célèbre ? Francs-maçons ou non, il
n'importe. Les imagiers du Moyen Âge ne sont pas des
libres-penseurs. Ce sont de libres-instincts.
[30] Consulter, pour tout ce qui
concerne les rapports extérieurs de la symbolique chrétienne et de
l'art des cathédrales, l'Art religieux du XIIIe siècle en
France, de M. Emile Mâle.
[31] Et pourquoi fit-elle venir
de France Guillaume de Sens, si ce constructeur n'était pas le
premier en Europe, avec peut-être l'architecte de Saint-Denis, à
faire de l'arc brisé le principe déterminant de toute
l'architecture ogivale ?
[32] La cathédrale de Cologne,
qui fut si longtemps considérée comme le type et le chef-d'œuvre de
l'architecture gothique, est une amplification ampoulée, maigre et
sèche de la cathédrale d'Amiens.
[34] N'est-il pas d'ailleurs très
remarquable qu'au moins cinq siècles avant, la fresque fût déjà
largement pratiquée à Rome, alors qu'on ne trouva jusque-là que la
mosaïque sur toute l'étendue des territoires soumis à l'art
byzantin ? C'est comme une préfiguration de la face classique
de l'Italie, toujours fidèle à la peinture sur murailles dont on
trouve des exemples aux Catacombes et qui constitue l'apport le
plus original de l'art étrusque, italien avant Rome, et plus que
Rome. L'Italie, par la fresque, restitue aux derniers siècles de
Byzance ce que Byzance lui a révélé par la mosaïque — procédé né
sans doute dans l'Italie antique cent cinquante ans avant
Jésus-Christ — et ce sont ces deux arts associés dans l'esprit
individualisé de l'Occident qui constitueront la peinture
proprement dite, dont l'œuvre de Duccio est la première œuvre
capitale.
[35] Voir « L'Art renaissant »
(Histoire de l'Art,III).
[36] Probablement faut-il lire
redondante. (Note du correcteur – ELG.)
[37] La sculpture italienne,
chose remarquable, ne s'est guère attardée au bas-relief et au
décor des façades ou des chapiteaux des nefs, comme l'admirable
sculpture française du même temps, incorporée si profondément et
puissamment au symbolisme de l'édifice religieux. En Italie, la
statue à peine apparue a pour ainsi dire bondi hors du
sanctuaire. Nicolas Pisano est plutôt un sculpteur de baptistères,
de chaires, de tombeaux qu'un décorateur d'église, car le
baptistère, la chaire, le tombeau sont, dans l'église, des éléments
séparés de l'ensemble, détachés des murs, et par là plus visibles,
plus sensibles, plus proches de l'individu auquel, par leur
fonction, ils sont déjà consacrés. Il est curieux de constater, à
ce propos, que l'art italien tout entier prend racine dans les
œuvres laïques de l'Antiquité, l'architecture religieuse
elle-même par la basilique, la sculpture par le sarcophage, la
peinture par la mosaïque réservée jadis, à Rome, aux manifestations
du luxe le plus profane, thermes, palais, villas.