« OM » appétit !

L'ALIMENTATION DU RESSENTI

Le yoga nous invite à sortir de notre tête le temps d’une pratique, de pénétrer par l’observation et le ressenti dans tout ce qui se passe dans le corps pendant une séance de postures ou de méditation. On sort du mental qui domine notre vie quotidienne.

Êtes-vous un bon jongleur ?

L’approche nutritionnelle de l’alimentation vous fait compter les calories et calculer les pourcentages de matières grasses, protéines, lipides et glucides dans tout ce que vous absorbez. On ne doit pas négliger les vitamines ni confondre les liposolubles avec les hydrosolubles. Il faut penser aux minéraux essentiels : calcium, magnésium, phosphore, potassium, fer, zinc, ainsi qu’aux 9 acides aminés et aux acides gras oméga 3, 6, 9, sans oublier les antioxydants, les polyphénols, les oligoéléments et les... 10 000 autres micronutriments sur lesquels les scientifiques en nutrition se penchent dans les laboratoires des grandes universités ! Il faudrait être le dieu indien Shiva aux multiples bras pour s’en sortir avec tout cela.

Plus sérieusement, je ne nie pas l’intérêt intellectuel de ce type d’information. Mais au quotidien, c’est un casse-tête de vivre et d’apprécier ses repas en suivant le modèle nutritionniste et scientiste de l’alimentation. Or, la nourriture est bien plus qu’un sujet intellectuel. La science de la nutrition ne fournit qu’une vision partielle, comme la science de l’anatomie représente une vision du corps, parmi tant d’autres. Le vécu d’un corps, de votre corps, dépasse très largement ce que l’anatomiste pourrait en dire. Mangez donc avec votre cœur, avec votre intuition. Écoutez votre corps.

C’est un véritable acte de résistance aujourd’hui que de prendre son alimentation en main, de ne plus suivre les conseils familiaux, médiatiques, même gouvernementaux. Se relier avec sa propre intimité, c’est ça le yoga de l’alimentation. Se nourrir avec des produits sains et naturels est une manière de se relier avec la nature, de la soutenir pour qu’elle nous soutienne, de la respecter et de la reconnaître. D’accepter et de se connecter avec cette part de mystère dans la vie qui dépasse et qui dépassera toujours le discours scientifique.

Nourrir plus que son ventre

Notre assiette peut nous nourrir sur des plans autres que nutritionnels. Par ses parfums, ses couleurs, ses textures, ses goûts : tous nos sens peuvent être stimulés et nourris par ce que nous mangeons. Mais ne demandons pas à la nourriture de combler des manques dans d’autres aspects de notre vie. Tout ce que nous rencontrons, tout ce que nous vivons nous nourrit, y compris les informations collectées à la télé, la radio ou sur Internet, la musique, la lecture, les loisirs, les décors qui nous entourent, jusqu’aux relations avec nos familles et nos amis...

Parfois, un trouble ou un manque dans ces domaines va s’exprimer dans nos comportements alimentaires quotidiens. Par exemple, le stress nous pousse à manger du chocolat, qui devient un « aliment doudou » consolateur. Pour pouvoir distinguer la faim physique de la faim émotionnelle, les outils du yoga comme l’observation, l’équilibre et la non-réactivité aident à faire la part des choses. Restaurer un meilleur équilibre dans tous les aspects de notre vie peut aussi vous aider à (re)trouver un meilleur équilibre alimentaire.

Si vous maintenez votre pratique du yoga, des changements dans votre régime alimentaire vont tôt ou tard vouloir s’exprimer du simple fait que le travail des postures va agir directement sur les organes abdominaux. Dans un certain sens, je dirais presque qu’il n’y a rien à faire. On pourrait simplement laisser faire le temps, avoir confiance dans la pratique, rester à l’écoute du corps...

Le yoga vous apprendra à reconnaître de plus en plus facilement les aliments qui font le plus grand bien à votre corps ou le plus grand tort. Plus que votre vie, c’est votre vitalité qui est en jeu.