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Le drap et la soie

En juin 1494, à son retour du Milanais, Jacques-Adalbert de l’Estoille épousa Simonetta Rocca degli Orsi, âgée de dix-sept ans, fille d’un banquier de Ludovic Sforza, dit le More. Rien ne pouvait faire plus de plaisir à Jeanne, que Simonetta conquit par sa beauté rousse et sa douceur rêveuse. La promptitude avec laquelle le jeune homme avait décidé ces noces donnait à penser, mais qui s’en fût plaint ? Cela faisait déjà longtemps que Jeanne, à son gré, n’avait pas entendu de cloches nuptiales. Elle s’employa à faire de ce mariage l’égal de la fête qu’avait été celui de François.

La vie recommençait donc. Rien ne permettait de penser que les nuages qui avaient assombri l’année précédente se prolongeraient jusqu’au crépuscule de sa vie.

Le jeune Joseph de l’Estoille apprenait alors à marcher avec l’aide de son grand-père homonyme, sous les yeux attendris de la nourrice.

— Je veux une maison avec des enfants et des nourrices ! s’écria Jeanne. Il n’y a jamais assez d’enfants !

Moins enchanteresse était la jeune femme que François ramenait aussi d’Italie : une esclave mauresque achetée à Naples. Quand elle la vit, Jeanne resta songeuse. Capturée l’année précédente, à quinze ans, Leïla était fluide et mince et son visage allongé, d’ambre pâle, s’ornait d’yeux bruns en amande. François l’avait habillée en paysanne du Milanais. L’image était plausible, à ce détail près que Leïla parlait un peu d’italien, mais guère plus.

Pourquoi François l’avait-il donc achetée ?

— J’ai pensé qu’elle risquait de finir plus mal qu’en ma possession, dit François, en guise d’explication.

Fort bien. Mais encore ?

Et comme pour chasser des questions que sa mère aurait pu se poser, il ajouta :

— Elle est vierge.

Fort bien. Mais ce n’était certes pas elle qui lui préparerait une poularde farcie à la saucisse et au girofle.

Toujours fut-il que François ranima sa maison de la rue des Magistrats. Absorbée par les préparatifs du mariage, Jeanne n’eut pas le temps de s’attarder sur la question. De toute façon, elle n’aimait pas les maisons désertées, comme l’avait été celle de François depuis la mort de Sophie-Marguerite.

Ferrando arriva à Strasbourg avec sa femme Angèle et leurs enfants, devenus si grands que Jeanne les reconnut à peine. Les parents de la mariée vinrent aussi, avec deux sœurs et un frère de Simonetta. Puis les amis de la famille. Et les domestiques. Les deux maisons de SanktJohanngass et de la rue des Magistrats se trouvèrent soudain pleines à ras bord. Les deux auberges de Strasbourg également. Il fallut engager des domestiques. Les mariés habitèrent le premier étage de la maison de François.

Franz-Eckart vint également. Après tout, Jacques-Adalbert était son frère aîné selon la loi.

Les cloches de la cathédrale ébranlèrent le ciel. Les orgues dorées emplirent l’espace. La foule se massa sur la place devant le sanctuaire.

La fête dura trois jours. Le premier soir, il faisait affreusement chaud, et Jeanne décida qu’on dresserait les tréteaux dans la rue. Un maçon fixa des embrasses de fer aux murs et l’on y planta des torches. Les voisins assistaient au souper de leurs fenêtres. Personne ne voulut plus supporter l’enceinte des murs, ni la température caniculaire qu’entretenaient les pierres chauffées toute la journée par le soleil. On chanta tous les soirs. Des musiciens vinrent aussi faire leurs sérénades. Des danseurs multiplièrent les cabrioles, des jongleurs firent tournoyer des balles enflammées. Les voisins finirent par descendre et se joignirent à la fête. On dansa dans la rue. Jeanne aussi dansa, avec Joseph, avec François, avec le père de la mariée et des voisins un rien concupiscents. Au matin, les caniveaux étaient jonchés de fleurs et de bouteilles. Mais on recommencerait le soir.

Dieu, que la vie était douce quand on savait rire !

Au cours de ces fêtes, Jeanne surprit Leïla riant aux éclats, gagnée par la liesse. Elle s’attendrit. Tout le monde la traitait comme une servante et, esclave, elle ne s’en offensait pas. Sauf François, et désormais Jeanne. Elle l’adopta.

Elle commença par tancer Franz-Eckart, qui dévisageait la Mauresque :

— Tu ne touches pas à l’esclave de François, ou je te tue !

Il éclata de rire et la prit dans ses bras, puis, la tête sur son épaule :

— Jeanne, tu oublies que je suis marié à Aube.

Elle l’écarta et le tint à bout de bras :

— Aube est morte.

Il secoua la tête.

— Tu as oublié ce que je t’ai dit. Je vis et je vivrai avec Aube.

Elle fut désorientée.

— Tu es jeune et beau. J’ai aimé Jacques. Il était jeune et beau. Mais j’ai épousé son frère. Nous sommes des êtres de chair et de sang. Vivras-tu toute ta vie dans ce veuvage fou ?

À dix pas de là, deux danseurs se livraient à une pantomime indécente.

Franz-Eckart rit.

— Voilà, ils t’ont répondu pour moi, dit-il.

— Et ma vie, à tes yeux, c’était cette pantomime ?

— Non, Jeanne, parce que tu y étais corps et âme.

Elle soupira.

— La seule personne, Jeanne, parmi les vivants, avec laquelle je ferais ce que j’ai fait avec Aube, c’est toi.

Elle demeura sans voix.

— Va danser, lui dit-elle. Va danser. Oublie tes spectres, va danser !

 

 

Le mois suivant, Charles le Huitième lança la chevalerie française à l’assaut de l’Italie. Il voulait Naples, il l’aurait, que diantre.

Le comble fut qu’il l’eut. Les États italiens étaient dans un autre état : ils somnolaient. Florence était en bisbille avec Milan, Rome avec Florence. Naples avec Milan. Et tous inquiets de ce que mijotait Venise. Et par-dessus le marché, tous en turbulences intestines. Ils intriguaient à qui mieux mieux. Avec l’An-gleterre, l’Espagne, Maximilien d’Autriche, et le diable n’aurait pas eu assez de têtes pour en donner partout.

Un moine agité, comme le sont souvent les moines dès qu’ils s’avisent que le monde extérieur n’est pas la Jérusalem céleste, Girolamo Savonarola, avait prédit qu’un roi français occuperait Florence. La prédiction s’était réalisée ! Le Seigneur avait accordé à son serviteur le don de prophétie ! Quand le Français occupa la ville, les Florentins entrèrent en effervescence. Savonarola, alors dictateur de Florence, osait attaquer dans ses prêches fameux Alexandre VI lui-même, dont il détaillait les crimes un par un, et Dieu sait que ce pape n’avait pas perdu son temps ! Le Borgia essaya par la ruse de l’attirer à Rome, en agitant le hochet d’un chapeau de cardinal : peine perdue. Savonarola se plaça sous la protection du roi de France. Les Florentins placardèrent des injures inouïes sur le chef de la chrétienté, son fils et sa fille. Trois ribauds sanguinaires. Dont un au moins, César, était défiguré par la vérole.

Les chevaliers entrèrent dans Florence. Puis dans Rome. L’entrée fut magnifique. Le pape prit la fuite. La tentation était forte chez les Français de le démettre.

Enfin, les Français occupèrent Naples.

— Je me demande si nous n’avons pas eu tort de ne pas nous joindre aux banquiers lyonnais, murmura Joseph.

— Rappelle-toi que les prédictions de Franz-Eckart se sont réalisées jusqu’ici, dit Jeanne. L’affaire n’est pas finie : le roi de France sera chassé d’Italie.

Joseph lui lança un regard sceptique ; allait-on régler ses affaires sur les vaticinations d’un nécromant qui avait exercé une si désastreuse influence sur Aube ?

Jeanne ne répliqua pas et Joseph commença de se lamenter sur son absence de la coalition de banquiers lyonnais, ceux qui avaient puissamment financé l’expédition d’Italie ; mais peu de jours plus tard, une lettre de Ferrando le fit changer d’avis, bien à contrecœur. Les États italiens du Nord venaient, à l’instigation de l’Espagne et des Habsbourg, de former une ligue et se préparaient à bouter le Français hors de la Péninsule.

Pour commencer, ils tentèrent de l’y capturer : alors que, en juillet 1494, l’armée royale reprenait le chemin de la France, les forces de la ligue de Venise résolurent de verrouiller le passage des Apennins. Une bataille désespérée s’engagea à Fornoue et ce fut de justesse que, le 6 juillet, Charles le Huitième parvint à rentrer dans son pays.

Ce ne serait certes pas à lui qu’il faudrait parler de la route des Indes.

Le petit Joseph avait alors deux ans. Il en aurait cinq quand les dernières garnisons françaises de Naples seraient contraintes de capituler. Mais cela, personne ne le savait encore.

 

 

Entre-temps Ythier vint à Strasbourg rendre compte à Jeanne de l’état de ses affaires : les sept fermes étaient prospères au-delà de toute espérance, et non seulement elles suffisaient largement à approvisionner les pâtisseries de Paris, mais encore Jeanne figurait parmi les principaux fournisseurs de grain du marché des Halles. Les vignes de trois fermes avaient été tellement bonifiées que les grands marchands de Montluçon, de Châteauroux et même de Poitiers en achetaient régulièrement le vin. Elle avait réservé à Ythier par contrat devant notaire la septième part des bénéfices ; il était un homme de bien et elle était riche.

Autrefois, elle eût été immensément riche ; mais l’on donnait aujourd’hui cinq sols pour la poularde qu’autrefois un sol eût payée.

— Il faut cinq livres tournois pour acheter la valeur d’une seule il y a quinze ans, disait volontiers Joseph à François et à Jacques-Adalbert, qui écarquillaient les yeux.

Le roi, en effet, frappait monnaie pour ses entreprises. Et il y allait !

Jeanne, elle, s’était prémunie contre la dévaluation générale grâce à ses habitudes d’économie, acquises au temps où elle confectionnait des échaudés devant le collège des Cornouailles. Baronne de Beauvois ou de l’Estoille, peu lui chalait, un sou était un sou, et elle n’allait certes pas faire comme ces grands seigneurs qui s’installaient sur la Grand-Rue dans des maisons six fois grandes comme la sienne et croyaient briller en gaspillant ce qu’ils n’avaient pas. Frederica, qui avait servi dans une de ces maisons, le savait bien et le lui rapportait : le mot même d’«  économie » faisait horreur à ces gens.

L’Alsace et la Lorraine, comme le reste du royaume d’ailleurs, abondaient en familles de nobliaux qui avaient connu leurs heures de gloire dans une guerre ou une autre, depuis les Croisades jusqu’au règne de Charles le Septième. Leurs fondateurs avaient alors reçu, en paiement de leurs services, quelques milliers d’arpents ici ou là, ensemble avec les serfs qui travaillaient dessus. Ils s’y étaient fait construire des forteresses, où ils vivaient avec leurs familles, leurs lieutenants et leurs chevaux. De là, ils commandaient tant d’oies ou de poulardes, de beurre et de grain et de bois coupé, et, pour la monnaie, taxaient leurs métayers pour la concession des champs et des bois qui leur appartenaient en titre. Les aînés héritaient le titre et le domaine et les cadets entraient dans les ordres et tentaient d’obtenir, par faveur royale, quelque abbaye ou évêché qui leur assurerait une prébende.

Jacques de l’Estoille, le deuxième époux de Jeanne, avait ainsi reçu sept fermes et le titre de baron, les premières en remerciement pour les services que Jeanne avait rendus à Charles le Septième et le second, pour le prêt au roi que Jacques avait négocié. Jeanne elle-même avait cédé quelques mois à la tentation seigneuriale, en restaurant le manoir de La Doulsade. La Providence avait voulu que son commerce parisien et la mort de son frère Denis la détachassent de ce domaine.

Mais les temps avaient changé pour les seigneurs. D’abord, l’unification progressive du royaume les avait dépouillés de toute utilité. À l’exception de quelques grands duchés comme la Bretagne ou la Bourgogne, ces nobliaux ne représentaient plus aucun pouvoir. Jeanne l’avait appris incidemment : les Beauvois, qui l’avaient accueillie avec hauteur quand elle avait épousé Barthélemy, tiraient maintenant le diable par la queue. Elle avait fait adresser par Joseph un subside à sa hautaine belle-sœur, sans esprit de retour.

Ensuite, ils n’auraient pas pu lever une armée de quinze hommes : ils n’en avaient pas les moyens et les hommes faisaient défaut.

Enfin, les guerres avaient dévasté leurs terres. Faute de bras, leurs fermes avaient périclité ; elles ne rapportaient plus rien. C’était bien ce que la petite paysanne pâtissière avait rapporté au roi au terme du voyage qui les avait menés, elle et Barthélemy, à Beauté-sur-Marne. Pour dire vrai, et Charles le savait bien, lui le premier, les fermes qu’il avait offertes dans un geste de munificence étudiée n’étaient que des ruines plantées sur des champs en jachère. Elle se souvenait parfois, en frémissant, de la nuit où elle et les sergents Ythier et Matthias avaient été assiégés dans une de ces fermes par une horde de loups.

Bref, la société féodale avait scié la branche sur laquelle elle était perchée : elle avait elle-même ravagé les terres dont elle tirait sa subsistance.

Menacés de mourir d’ennui et de froid dans leurs donjons, perclus de rhumatismes en toute saison et las de chier aux quatre vents, les beaux seigneurs décavés étaient donc partis se réfugier dans les villes, après avoir monnayé leurs dernières fermes et leurs écuries auprès des métayers. De là, ils allaient quémander avec superbe un prêt auprès des banquiers, dont Joseph de l’Estoille. Le plus souvent en vain, car Joseph s’informait toujours prudemment de la garantie de l’emprunt. Et quand on lui citait «  la parole d’Untel », il s’enquérait discrètement des biens d’Untel, lequel n’était qu’un cousin ou un parent par alliance, autant dire un fauché de la même botte et qui avait dilapidé ses fermages avant de les avoir touchés.

Sur quoi, ayant refusé le prêt, il se faisait traiter de juif, ce qui le jetait dans des accès d’hilarité.

Telle était d’ailleurs la raison pour laquelle ni Jeanne ni lui n’étaient invités aux soupers fins du nouveau cardinal-archevêque, qui se piquait de bon ton à l’italienne : elle n’était qu’une bourgeoise, terme infamant, voire – et elle l’entendait assez aux échos de certains ragots – une fermière parvenue, une ancienne pâtissière des rues. Aussi la privait-on des accords de théorbe et de clavicorde importés d’Italie.

Affreuse privation ! Encore n’en avait-on pas fait une ribaude.

La seule fois où les époux de l’Estoille et François de Beauvois avaient été conviés à l’archevêché, en compagnie des nouveaux déclassés, ils avaient été horrifiés : ces gens, pour la plupart illettrés, et certains sans même de linge de dessous, se grattaient partout avec des ongles cernés de noir, bâfraient affreusement et se barbouillaient le museau de sauce, dédaignant le bassin rince-doigts rempli d’eau et d’esprit-de-vin posé devant eux. Quelques dames firent, en plein repas, appeler leurs valets qui leur apportèrent le pot, et elles se soulagèrent à trois pas de là, au vu et à l’ouï des convives. Quant à leur conversation, ce n’était que noms illustres, souvenirs de chasse et projets de mariage.

À la fin du souper, le sol de la salle à manger ressemblait à une porcherie.

Mais il est vrai que ce n’était guère mieux à Paris.

En tant que ville libre d’Empire, dotée à ce titre d’une constitution passablement compliquée, Strasbourg avait, en effet, recueilli elle aussi son lot de seigneurs dédorés. Et pour cause, c’était un havre et un observatoire : géographiquement à mi-chemin du royaume et des principautés d’outre-Rhin, notamment des Habsbourg qui inquiétaient si fort le roi de France, Strasbourg leur permettait de suivre les jeux politiques, dans l’espoir de grappiller ici ou là une miette du pouvoir perdu.

À vrai dire, ces blasonnés évoquaient les vautours perchés sur le Fleckenstein, scrutant le paysage d’un œil morose, à la recherche d’une carcasse de cheval ou de voyageur pour leur repas.

La réalité de la ville était bien différente de ce théâtre d’ombres.

C’était un lieu de commerce et de travail. Vignerons, corroyeurs, tailleurs de pierre, ferronniers, drapiers, papetiers, commerçants. Et imprimeurs. L’imprimerie des Trois Clefs était l’une des plus anciennes d’Europe et l’une des plus prospères. Toute la ville en était fière. Et ce d’autant plus qu’en dépit de sa fortune, le clan des Beauvois et L’Estoille s’était rangé du côté des «  gens », die Leute, et non des «  grands », die Hocharschen, les culs hauts. D’où le choix du quartier honnête, mais discret de la SanktJohanngass ; d’où aussi que ses membres parlaient le patois alsacien et non pas seulement le francien pointu.

— Toute la ville sait que c’est vous qui préparez de vos mains le pâté de lapin, dit un jour Frederica à Jeanne, en riant.

Pour tant de marques de simplicité et d’économie, les bourgeois passaient donc aux Beauvois et aux L’Estoille l’extravagant caprice d’une étuve et des frais en savons de Gênes et de Venise, évidemment inouïs pour des gens qui n’avaient pas acheté un seul savon de leur vie et allaient une fois l’an à l’étuve municipale.

Ce respect n’était ni universel ni entièrement gracieux : les bourgeois prêtaient à Jeanne, en effet, une fortune extravagante et chuchotaient que Joseph était un usurier. Quant aux hobereaux, ils crevaient d’envie que ces ladres et radins de L’Estoille, cousus d’or comme ils l’étaient, galvaudassent quelques centaines de livres pour donner un festin où les chevaliers en chausses de soie se fussent gobergés.

Le clergé, qui savait où son intérêt résidait, n’était pas dupe. Il le voyait bien : l’argent qui lui tombait dans l’escarcelle venait plus souvent des Strasbourgeois vêtus de drap – et des Beauvois – que des premiers rangs habillés de soie. Ce qui ne manquerait pas d’avoir son importance par la suite.

François, Jacques-Adalbert et Déodat étaient soigneusement informés de ces mômeries. Rien pour le paraître. Les réjouissances sociales étaient réservées aux mariages et naissances de la famille et des intimes. Ils s’étaient pliés sans rechigner à la consigne, pénétrés du fait que c’était à l’économie de Jeanne qu’ils devaient leur fortune.

Jeanne et Ythier se comprenaient depuis longtemps au quart de mot. Quand il vint à Strasbourg, il se suffit d’un regard sur la rue et la maison pour comprendre qu’elle n’avait pas perdu la tête.

— J’ai racheté deux fermes au nord de La Doulsade, lui dit-il. Elles avaient été abandonnées et personne ne voulait plus y travailler, mais le nom de Beauvois a attiré la main-d’œuvre.

Jeanne se mit à rire : Ythier s’était servi de son nom pour faire prospérer ses entreprises.

 

 

Une lettre vint du Palatinat ; elle était signée de la comtesse Gollheim : le comte son époux était mort. Une attaque l’avait foudroyé en quelques minutes. Les funérailles avaient déjà eu lieu. Joseph et François adressèrent chacun à la comtesse une lettre de condoléances.

Jeanne se demanda si l’on aurait des nouvelles de Franz-Eckart, mais il n’en parvint pas. Sans doute poursuivait-il ses études et sa nécromancie dans son pavillon, dans la compagnie des renards et même des loups.