matthieu : Une fois que l’on a mesuré l’importance de la liberté intérieure et identifié les conditions favorables ainsi que les obstacles, le temps est venu de déployer des efforts. Personne n’accomplira le travail à notre place. Il faut se préparer au mieux, comme un navigateur qui vérifie soigneusement l’état de son bateau, de la coque aux voiles, et s’assure d’avoir embarqué tout ce dont il aura besoin pour une longue traversée. Ensuite, il importe de persévérer avec constance. Cela est vrai de tout apprentissage, qu’il s’agisse d’un instrument de musique, d’un sport, de la danse ou des échecs. Les promesses alléchantes d’un secret du bonheur en trois tours de main ne sont que de la poudre aux yeux. Il n’y a pas de secret : il faut y consacrer du temps, et ce n’est pas toujours facile. Mais cela en vaut la peine !
christophe : Mais qu’elles sont alléchantes, ces promesses dont tu parles ! Et pour beaucoup d’entre nous, il y a quelque chose de paradoxal dans l’association de ces deux mots d’effort et de liberté. On couplerait plus volontiers la liberté à la spontanéité, à la facilité ! Se diriger vers la liberté en la restreignant par un certain nombre d’efforts, c’est un détour contre-intuitif : comme lors d’une randonnée, lorsqu’on doit tourner le dos à la direction que nous indique la boussole, parce que le seul chemin existant nous contraint à faire un détour.
« On couplerait plus volontiers la liberté à la spontanéité ! Se diriger vers la liberté en la restreignant par un certain nombre d’efforts, c’est un détour contre-intuitif. »
matthieu : Faire des efforts pour être libre, est-ce une contrainte ou une nécessité ? Imaginons un innocent emprisonné par un dictateur : il doit faire preuve d’intelligence, de discipline et de persévérance pour réussir à s’évader. S’il reste assis, résigné, dans sa prison, il risque d’y croupir longtemps. La liberté se gagne à la sueur du front ! On sait aussi que dans un État totalitaire, la démocratie s’acquiert à force de détermination et de courage, au terme d’un immense travail qui vise au bien commun et va bien au-delà de nos intérêts immédiats. On prend des risques, mais la récompense nous attend au bout du chemin, à condition que l’enthousiasme soit de la partie : si l’on vit ce combat comme un pensum, on finira par se lasser. L’effort doit aller de pair avec la joie. Une joie née de la certitude d’avancer dans la bonne direction. C’est aussi là qu’intervient la motivation : où allons-nous ? pourquoi ? pour qui ? Ce qui nous réunit en l’occurrence est le souhait de devenir un meilleur humain, de développer notre force d’âme, notre résilience, et notre bienveillance, pour nous-mêmes et pour l’ensemble des êtres. Ce moteur nous permettra de persévérer à travers les hauts et les bas de notre chemin vers la liberté.