21.
Trois semaines de convalescence postopératoire, et je ne tiens plus en place. On m'a retiré mes bandages et les agrafes ont disparu, mais le dégonflement des tissus prend une éternité. Je m'examine dans le miroir cent fois par jour, j'attends que les choses s'améliorent, j'attends que Max émerge des hématomes et des boursouflures. Mon équipe chirurgicale s'arrête chaque fois au passage pour m'expliquer à quel point j'ai bonne mine ; j'en ai marre, de ces gens. Je suis incapable de mâcher, de manger, de marcher plus de cinq minutes, et donc je passe la quasi-totalité de mon temps en fauteuil roulant. Mes mouvements doivent rester lents et contrôlés, sans quoi je pourrais déchirer ce beau travail d'artiste qui a façonné le visage de Max Reed Baldwin. Je compte les jours et j'ai souvent l'impression d'être de retour en prison. Les semaines s'écoulent, le gonflement et les hématomes s'estompent lentement.
Est-il possible d'être amoureux d'une femme que vous n'avez jamais réellement touchée ? Je me suis laissé convaincre que la réponse est oui. Elle s'appelle Vanessa Young, et je l'ai rencontrée à Frostburg, dans la salle des visites, par un froid samedi d'hiver. Je ne devrais pas dire que je l'ai rencontrée là-bas, plutôt que je l'y ai vue pour la première fois. Elle était venue rendre visite à son frère, un type que j'appréciais. Nous ne nous sommes rencontrés que plus tard, mais sans pouvoir nous toucher. Je lui ai écrit des lettres et elle a répondu à quelques-unes d'entre elles, malheureusement il devenait de plus en plus évident, du moins à mes yeux, que mon obsession pour Vanessa n'était pas précisément payée de retour.
Je n'ose même pas songer aux heures que j'ai investies à fantasmer sur cette femme.
Au cours de ces deux dernières années, nos vies ont changé de façon spectaculaire, et j'oserais davantage entrer en contact avec elle, désormais. Mon meilleur ami, le tout dernier en date, Pat Surhoff, m'a informé que, tant que j'étais à Fort Carson, je ne pouvais ni écrire ni recevoir de lettres, mais je lui en écris quand même une. J'y travaille pendant plusieurs jours, je la peaufine, je la corrige, ça me tue. Je mets mon âme à nu devant Vanessa, et je la supplie pratiquement d'accepter de me voir.
Je trouverai un moyen de poster cette missive. Plus tard.
Surhoff est revenu me chercher. Nous quittons Fort Carson en hâte, et nous roulons vers Denver, où nous embarquons à bord d'un vol sans escale pour Atlanta. Je porte une casquette de base-ball, de grandes lunettes de soleil, et je n'attire aucun regard de curiosité. Je râle au sujet de nos places : nous sommes installés l'un à côté de l'autre, en classe économique, et non en première. Pat m'explique que le Congrès taille un peu dans tous les budgets. Après un déjeuner plantureux à base de raisins secs et de Coca, nous en venons aux choses sérieuses. Il ouvre un charmant petit dossier contenant toutes sortes de cadeaux : un arrêt d'un tribunal de Virginie entérinant la modification de mon nom en Max Reed Baldwin ; une nouvelle carte de Sécurité sociale émise au nom du même garçon ; un certificat de naissance prouvant que je suis né à Memphis, de parents dont je n'ai jamais entendu parler ; et un permis de conduire de l'État de Floride, avec une photo factice réalisée à partir du rendu numérique que les médecins et moi avions élaboré avant l'intervention chirurgicale. Elle a l'air si réelle que, même moi, je serais incapable d'affirmer qu'il s'agit d'un faux. Pat m'informe que j'en recevrai un autre d'ici un mois, quand mon visage aura enfin pris sa forme définitive. Même chose pour le passeport. Nous remplissons des formulaires de demande de cartes Visa et American Express. Sur sa suggestion, je me suis exercé à me créer une écriture manuscrite différente – un véritable chapelet de pattes de mouche pas pire que l'ancienne. Max signe un bail de six mois pour un deux pièces à Neptune Beach, à quelques kilomètres de Jacksonville, et ouvre un compte à la Suncoast Bank. Pat m'indique qu'il existe une agence à trois rues de mon immeuble. L'argent de ma récompense, les cent cinquante mille dollars, sera viré sur ce compte dès que celui-ci sera activé. Ensuite, je pourrai en faire ce que bon me semblera. Puisque je vais atterrir avec une telle somme en liquide, les autorités considèrent que je n'ai plus trop besoin d'elles. Je ne peux pas franchement récriminer à ce sujet. Pat me précise que le fisc m'exonérera de tout impôt relatif à cette somme et me communique le nom d'un comptable qui connaît à la fois le Code des impôts et le code qu'applique le service des U.S. marshals. Il me tend une enveloppe contenant trois mille dollars en liquide et me dit que cela devrait me suffire à faire la jonction. Nous parlons des avantages et des inconvénients d'un leasing par rapport à un achat ; il m'explique que le leasing est plus souple et m'aidera à obtenir une bonne note de solvabilité.
Il me remet un résumé de deux pages de la vie de Max Baldwin, et me le lit comme une notice nécrologique. Parents, frères et sœurs, éducation, historique professionnel. J'apprends que j'ai vécu presque toute mon existence à Seattle, que j'ai divorcé deux fois et que je suis sans enfants. Je viens m'installer en Floride parce que c'est la destination la plus lointaine possible de mon épouse numéro deux. Il est important pour moi de mémoriser cette fiction et de m'en tenir à ce scénario. J'ai une carrière (rien que des postes au sein des services fédéraux) et une note de solvabilité.
Sur la question de l'emploi, deux choix s'offrent à moi. Le premier est celui de directeur des achats de la gare maritime de Mayport, à quelques kilomètres au nord de Neptune Beach – salaire initial de quarante-huit mille dollars et deux mois de formation requis. Le second est un poste de responsable de clientèle pour l'Administration des Vétérans – également à quarante-huit mille dollars annuels. Il vaut mieux que je reste fonctionnaire fédéral, du moins les premières années. Cependant, et c'est la dixième fois que Pat insiste là-dessus, ma vie m'appartient, à présent, et j'ai le droit de faire ce que je veux. Les seules restrictions sont celles qui me sont dictées par mon passé.
Juste au moment où je commence à me sentir un peu noyé, il plonge la main dans sa serviette et il en sort mes joujoux. Le premier, un iPad, avec les compliments du gouvernement, est déjà enregistré au nom de Max. En tant que bibliothécaire, Malcolm avait accès aux ordinateurs (mais pas à Internet), et j'ai travaillé dur pour préserver mes talents informatiques. Pourtant ce machin me laisse baba. Nous consacrons une heure à une session de tutoriel intensif. Une fois qu'il m'a bien épuisé, il me sort un iPhone. C'est le sien, pas le mien, parce que je vais devoir choisir un opérateur et m'acheter le mien, mais il me fait une démonstration, et j'en reste comme deux ronds de flan. Le vol s'achève avant que nous ayons terminé.
À l'aéroport d'Atlanta, je repère un magasin d'informatique et je tue une heure à explorer leurs gadgets. La technologie sera la clef de ma survie, et je suis bien décidé à découvrir les tout derniers appareils du marché. Avant notre départ d'Atlanta, je poste ma lettre à Vanessa. Sans inscrire d'adresse de retour.
Nous atterrissons à Jacksonville dans la nuit, nous louons une voiture et nous roulons une demi-heure jusqu'aux plages situées à l'est. Atlantic Beach, Neptune Beach, Jacksonville Beach, il est impossible de dire où finit l'une et où commence la suivante. C'est un coin sympa avec des centaines de villas coquettes, certaines occupées par leurs propriétaires, d'autres en location saisonnière, et divers petits hôtels et immeubles d'habitation modernes face à l'océan. Les raisins secs du déjeuner sont loin et nous mourons de faim. Nous repérons un restaurant de fruits de mer dans une avenue piétonne, à une rue de la mer, où nous dévorons huîtres et crevettes. Au bar, il n'y a que des jeunes, un tas de jolies filles aux jambes bronzées, et je ne peux m'empêcher de les regarder. Jusqu'à présent, tout ce petit monde est composé de Blancs, et je me demande si je ne vais pas me faire remarquer. La conurbation de Jacksonville compte un million d'habitants et dix-huit pour cent sont des Noirs, donc Pat ne pense pas que mon origine ethnique sera un problème. Je tente de lui expliquer ce que cela signifie d'être noir dans un monde de Blancs, mais je me rends compte, une fois encore, qu'il est impossible d'aborder pleinement certains sujets devant un dîner – si tant est qu'ils puissent jamais l'être.
Je change donc de sujet et je lui pose des questions sur le Programme de protection des témoins. Pat est basé en Virginie, et il sera bientôt de retour chez lui. Un autre marshal deviendra mon contact, mon agent traitant. Il, ou elle, ne tentera nullement de me surveiller, tout en restant toujours à proximité en cas d'ennuis. En règle générale, un agent traitant a la charge de plusieurs personnes. S'il existe le moindre signe de difficulté, on me déplacera aussitôt à une autre adresse, mais, Pat me l'assure, cela se produit rarement.
Que faudrait-il pour que les malfaisants me retrouvent ? Pat m'avoue qu'il n'en sait rien parce que cela n'est jamais arrivé. J'insiste :
— Vous avez sûrement dû déplacer des témoins protégés.
— Je n'ai jamais été concerné par une de ces relocalisations, mais, oui, c'est arrivé. À ma connaissance, et je traite des informateurs depuis maintenant dix ans, aucun d'eux n'a jamais été la cible de menaces graves. Mais j'ai su que deux, peut-être trois d'entre eux, avaient fini par se convaincre qu'on les avait retrouvés. Ils tenaient à bouger, donc nous avons rappliqué et ils se sont de nouveau évanouis dans la nature.
Pour des raisons évidentes, ni la bibliothèque de droit ni la bibliothèque générale de Frostburg ne proposaient d'ouvrages sur la protection des témoins ; mes connaissances en la matière sont donc limitées. Pourtant je sais que le programme n'a pas toujours fonctionné à la perfection.
— Alors aucun problème d'aucune sorte ? J'ai du mal à le croire.
— Je n'ai pas prétendu que ce programme était parfait. Il court une histoire formidable, vieille de trente ans, à propos d'un personnage légendaire en ce domaine. C'était un informateur important, lié à la Mafia, et il s'est mis à balancer une famille, ce qui a permis de faire tomber plusieurs parrains, l'un des plus beaux coups de filet du FBI. Le grand chelem. Après ça, ce type avait une cible peinte dans le dos, on aurait pu le dégommer les yeux bandés. On lui a créé un pare-feu épais comme ça, on l'a pour ainsi dire enterré bien profond, et quelques années se sont écoulées. Il était inspecteur des postes, dans une ville de cinquante mille habitants, la couverture idéale. Mais c'était un escroc dans l'âme, d'accord ? Un voyou de naissance, et il lui était impossible de rester dans la légalité. Il a ouvert une affaire de revente de véhicules d'occasion, puis une autre. Ensuite il s'est mis dans le secteur des prêteurs sur gage, et il s'est lancé dans le recel de biens volés. Et, finalement, il a trouvé le moyen de glisser un pied dans le marché de la marijuana. Nous, nous savions qui il était, mais pas le FBI. Quand il a été inculpé, il a appelé son agent traitant, qui est venu payer sa caution et le sortir de prison. L'agent traitant a piqué sa crise, comme tout le monde d'un bout à l'autre de l'échelle, y compris le directeur du FBI. Il y a eu une vraie cavalcade pour le sortir de prison et l'acheminer vers un nouveau lieu. Des carrières ont été menacées, des accords ont été passés, il a fallu plaider auprès des juges, etc. À la fin, les charges contre lui ont été levées, mais c'était moins une. Conclusion : ne vous relancez pas dans le blanchiment, d'accord !
Il se figure que c'est drôle. Je lui jette, sans sourire :
— Je ne me suis jamais lancé dans le blanchiment.
— Désolé.
Nous terminons nos desserts et je me dirige vers mon nouveau domicile. Il se situe au septième étage, au milieu d'un ensemble de quatre tours alignées le long de la plage, avec des courts de tennis et des piscines disséminés à leurs pieds. Pat m'explique que la plupart des appartements sont des locations saisonnières, mais qu'il y a quelques résidents permanents. Je suis ici pour six mois ; ensuite, la décision dépend de moi. C'est un deux-pièces meublé, avec une cuisine américaine, un joli canapé, de jolies chaises, rien de luxueux, rien de miteux non plus. Après le départ de Pat, je sors sur mon petit balcon et je contemple la lune au-dessus de l'océan. Je respire l'air iodé et j'écoute les vagues qui viennent doucement mourir sur le rivage.
La liberté, c'est l'euphorie. C'est indescriptible.
J'ai oublié de fermer les rideaux, et je me réveille par un soleil aveuglant. C'est ma première vraie matinée d'homme libre, affranchi de toute surveillance, et je suis impatient de sentir le sable entre mes orteils. Il y a quelques oiseaux matinaux, sur la plage, où je me précipite, le visage partiellement dissimulé par ma casquette et mes lunettes de soleil. Personne ne me remarque ; tout le monde s'en moque. Ceux qui flânent sans but sur une plage sont perdus dans leur propre monde, et je commence à me perdre dans le mien. Je n'ai pas de famille, pas d'emploi, pas de responsabilités et pas de passé. Max entame sa toute nouvelle vie.
Pat Surhoff vient me chercher vers midi, et nous déjeunons de sandwiches. Ensuite, il m'emmène en voiture à la gare maritime de Mayport, où j'ai rendez-vous avec un médecin qui connaît le code. Les suites de l'opération évoluent joliment, sans complications. Dans deux semaines, je reviendrai pour un autre examen.
Après cela, nous allons à l'agence de la Suncoast Bank, près de mon immeuble, et, pendant que nous nous en approchons, Pat me prépare à ce qui va suivre. Il ne m'accompagnera pas à l'intérieur, car il est important que j'ouvre ce compte moi-même. Personne, à la banque, n'est informé du code ; cela doit se dérouler strictement dans les règles. Pour l'heure, Max Baldwin est en semi-retraite, il ne travaille pas et il envisage de s'installer dans la région. Il veut ouvrir un compte chèque ordinaire, sans services superflus, et cætera, et effectuer un premier dépôt en espèces de mille dollars. Une fois le compte ouvert, Max reviendra à la banque et se fera communiquer les instructions pour effectuer des virements.
À l'intérieur de l'agence, on me dirige vers la charmante Gretchen Hiler, une blonde décolorée, la quarantaine, qui s'est beaucoup trop exposée au soleil. Elle a un petit bureau dans un box minuscule et ne porte pas d'alliance. Elle n'a aucun moyen de savoir qu'elle est la première femme avec laquelle je me retrouve vraiment en tête à tête depuis plus de cinq ans. J'ai beau essayer, je ne peux m'empêcher d'avoir des pensées indécentes. Qui sont peut-être des pensées bien naturelles, après tout. Gretchen est un vrai moulin à paroles, et, à cette minute, moi aussi. Nous remplissons les papiers en vitesse, et je lui communique fièrement mon adresse, ma véritable adresse. Je dépose mille dollars en espèces. Elle va chercher un chéquier temporaire et me promet le reste au courrier. Quand tout ce petit travail est terminé, nous continuons de causer. Elle me remet sa carte de visite et elle est disposée à m'aider en toutes choses. Je lui promets de l'appeler dès que j'aurai un téléphone portable – la banque a besoin d'un numéro. C'est tout juste si je ne l'invite pas à dîner, d'abord et avant tout parce que je suis convaincu qu'elle pourrait accepter ; sagement, je m'abstiens. Nous aurons amplement le temps pour tout cela plus tard, quand je serai plus à mon aise et quand mon visage sera plus facile à regarder – enfin, espérons-le.
Quand j'ai demandé Dionne en mariage, j'avais vingt-quatre ans, et, à compter de ce moment, je ne lui ai jamais été infidèle. Il s'en est fallu de peu, une seule fois, avec l'épouse d'une de mes relations, avant que nous comprenions tous deux que cela tournerait mal. En tant qu'avocat dans une petite ville, j'ai traité quantité de divorces, et j'ai toujours été sidéré de voir de quelle manière épouvantable des hommes pouvaient fiche leur vie et leur famille en l'air simplement parce qu'ils étaient incapables de résister à la tentation. Un coup vite fait, puis une passade, puis une liaison plus sérieuse et, assez rapidement, ils se retrouvaient devant un tribunal, à se faire arracher les yeux, à se voir privés de leurs enfants et de leur argent. La vérité, c'était que j'adorais ma femme et que j'avais tout le sexe qu'il me fallait à la maison. L'autre vérité, c'était que je ne m'étais jamais fantasmé en homme à femmes.
Avant Dionne, j'avais eu des petites amies et j'avais apprécié ma période célibataire, mais je n'avais jamais couché à droite et à gauche à l'aveuglette. Aujourd'hui, à quarante-trois ans et célibataire, j'ai l'intuition que, dans les parages, il y a pas mal de femmes de mon âge en quête d'un compagnon. Mais, même si cela me tente, je dois calculer le moindre de mes mouvements.
En sortant de la banque, j'ai un sentiment d'accomplissement. Je viens de mener à bien la première mission de mon existence secrète. Pat attendait dans la voiture. Je monte dedans.
— Alors ? me demande-t-il.
— Pas de problème.
— Qu'est-ce qui vous a pris tant de temps ?
— L'attachée de clientèle est une fille mignonne et elle s'est jetée sur moi.
— C'est un problème que vous avez toujours eu ?
— Je ne dirais pas ça, mais, oui, les femmes sont attirées par moi. J'ai toujours dû les repousser au bout d'une grande perche.
— Continuez sur cette lignée. Les femmes, c'est précisément ce qui a entraîné la chute de plus d'un type.
— Alors, comme ça, vous êtes un expert en femmes ?
— Pas du tout. Où allons-nous, maintenant ?
— Faire des courses. Je voudrais des vêtements corrects.
Nous trouvons un magasin pour hommes et je dépense huit cents dollars à étoffer ma garde-robe. Une fois encore, Pat m'attend dans la voiture. Nous sommes tombés d'accord : deux hommes dans la quarantaine, l'un blanc et l'autre noir, faisant les boutiques ensemble, cela pourrait nous attirer un ou deux regards de réprobation. Mon but est d'attirer le moins possible de regards réprobateurs.
Ensuite, Pat me dépose dans une agence de Florida Cellular, où j'ouvre un compte et m'achète un iPhone. Avec l'appareil en poche, je me sens enfin comme un vrai Américain : connecté.
Nous consacrons les deux journées suivantes à d'autres courses et à donner consistance à Max. Je remplis mon premier chèque à une agence de leasing de véhicules et j'en repars au volant d'une Audi A4 décapotable d'occasion, qui est à moi pour les douze prochains mois, à quatre cents dollars la mensualité, assurée tous risques. Maintenant que je suis mobile, et que nous nous tapons mutuellement sur les nerfs, Pat et moi, il me parle de son départ. Je suis prêt à être indépendant, et il est prêt à rentrer chez lui.
Je retourne rendre visite à Gretchen pour vérifier les procédures de virement et lui expliquer qu'une somme d'argent substantielle est en route. Pat Surhoff règle les choses avec ses supérieurs, et l'argent de la récompense transite d'un compte enfoui je ne sais où vers mon compte à la Suncoast. Je suppose que tous les protagonistes impliqués dans ce virement appliquent toutes les précautions d'usage.
Je n'ai aucun moyen de savoir si ce virement est sous surveillance.