MORT MIENNE

À trente-trois ans

voilà que je pense moi aussi

à la mort

Ce n’est pas de la mort en majuscules

qu’il s’agit

mais tout simplement de la mienne

qui peut survenir un jour ou l’autre

et avec l’expérience de laquelle

il faut que je règle quelques comptes

Ce ne sont pas des idées noires

ou « l’effroi métaphysique » qui m’empoignent

non

c’est tout à fait réaliste

lorsqu’on a encore des années à tirer en prison

et que l’on est jour et nuit

à la merci de ses tortionnaires

Mort mienne

je te veux douce comme ces rêves heureux

où malgré tous les obstacles

je parviens au bout du dédale

à saisir et caresser la main de ma bien-aimée

à recomposer la couleur de ses yeux