1er août : Naissance de Herman Melvill à New York (le nom sera changé en Melville en 1834). Il est le troisième enfant d’une famille de huit. Le père dirige une entreprise d’importation.
Face aux difficultés que connaît le commerce extérieur américain, son père liquide son affaire et s’installe à Albany. Herman commence des études secondaires.
Mort du père de Herman. Celui-ci quitte l’école pour devenir employé de banque.
Il travaille dans la fabrique de son frère aîné, Gansevoort, qui a repris la direction de l’affaire paternelle. Il s’efforce de s’instruire en suivant des cours à l’Albany Classical School et devient membre de la société littéraire locale.
Il est instituteur pendant trois mois. Il occupe son temps libre à lire et écrire. Gansevoort fait faillite. La famille quitte Albany pour Lansingburgh.
Herman s’embarque pour Liverpool comme garçon de cabine sur un navire marchand, le St. Lawrence. C’est le début d’une série d’expériences maritimes.
De retour à terre, il exerce divers métiers : instituteur, employé chez un avocat new-yorkais. En novembre ou décembre, depuis New Bedford, il s’engage sur l’Acushnet pour chasser la baleine, expérience fondatrice pour Moby Dick. Son voyage dans le Pacifique le conduira à Rio de Janeiro, au cap Horn, aux îles Galápagos – séjour qui inspirera Les Îles enchantées. En 1842, aux îles Marquises, il déserte. Il se réfugie par erreur chez les Taipis (ou Typees), des cannibales. Il s’enfuit au bout de quatre semaines sur un baleinier australien, la Lucy Ann. Il s’y joint à une mutinerie. Il est arrêté à Papeete. Il s’évade. De son premier voyage, il tirera son premier roman, Typee, du second, Omoo.
Séjour de quatorze semaines à Hawaii. En juin, à Honolulu, il devient employé et comptable dans une maison de commerce britannique. Cette expérience pourra inspirer Bartleby. Il quitte cet emploi à la mi-août et s’engage sur la frégate United States comme simple matelot.
En octobre la frégate touche au port de Boston. Herman rejoint sa famille à Lansingburgh. La situation de la famille Melville s’est améliorée : Gansevoort est devenu un notable.
Rédaction de Typee, qu’il achève au printemps.
Devenu secrétaire de la Légation américaine à Londres, Gansevoort emporte dans ses bagages le manuscrit de Typee, et le fait publier en deux volumes par John Murray, l’éditeur de Lord Byron, en février et avril. L’éditeur G.P. Putnam le publiera aux États-Unis. Le livre rencontre un succès immédiat. Melville commence Omoo. Mort de Gansevoort le 12 mai à Londres.
Melville fait paraître des articles critiques dans The Literary World grâce à son ami Evert Duyckinck, avec lequel il entretiendra une importante correspondance. Le 4 août, il épouse Elizabeth, la fille du juge Shaw, et s’établit à New York. Commence le roman Mardi.
Mardi est achevé au printemps, mais la révolution de 1848 en France incite Melville à ajouter « vingt-trois chapitres d’allégorie politique ».
Naissance de son fils Malcolm. Il assiste à une conférence d’Emerson et se procure une édition de Shakespeare. Mardi est publié à Londres en mars par Bentley. Le livre est un échec. Après deux années passées à l’écrire, Melville est criblé de dettes. Il écrit Redburn, qu’il proposera à Bentley. Tandis qu’il en corrige les épreuves, il commence La Vareuse blanche au rythme de trois mille mots par jour, entre juillet et août.
La Vareuse blanche est à l’impression le 1er mai. Il écrit à Richard H. Dana que son futur livre sur la chasse à la baleine, pour lequel il fait de nombreuses lectures, est à moitié composé. En août, dans les Berkshires, il fait la connaissance de Nathaniel Hawthorne, qui vient de publier La Lettre écarlate. Melville est admiratif des nouvelles de Hawthorne réunies dans Mousses d’un vieux presbytère. Il écrit dans The Literary World l’essai « Hawthorne et ses mousses », où il esquisse une définition des lettres américaines. En septembre, achat grâce à l’appui financier de son beau-père d’une vieille ferme dans les Berkshires que Herman appellera Arrowhead (« pointe de flèche ») en souvenir des flèches indiennes qu’on trouvait dans la région.
Amitié croissante entre Hawthorne et Melville, qui sont voisins. Moby Dick est achevé en juillet. Bentley le publie sous le titre La Baleine en octobre à Londres, et Harper sous le titre définitif en novembre. L’accueil du public et des critiques est mitigé. Naissance de son second fils, Stanwix.
Melville termine Pierre ou les Ambiguïtés en mars-avril. Publié par Harper en août, puis par Sampson, Low & Son en novembre à Londres, le roman est très mal reçu et se vend peu, ce qui compromet sa carrière de romancier. Excursion à Nantucket en juillet avec le juge Shaw. Il tente en vain d’obtenir un poste dans la diplomatie auprès du nouveau président démocrate, Franklin Pierce, un ami de Hawthorne.
Bartleby est publié en novembre dans le Putnam’s Monthly Magazine, dont Melville est devenu le collaborateur. Le 10 décembre, un incendie chez Harper & Brothers, son éditeur, détruit la plupart de ses ouvrages. Naissance de sa fille Bessie.
Israel Potter ou Cinquante ans d’exil, un roman historique sur la guerre d’indépendance américaine, paraît en feuilletons chez l’éditeur G. P. Putnam. Il commence Benito Cereno, nouvelle d’aventure sur les ambiguïtés de l’esclavage.
Article d’Émile Montégut sur Israel Potter dans la Revue des Deux Mondes (juillet-septembre). Parution de Benito Cereno dans le Putnam’s Monthly Magazine. Naissance de sa fille Frances, le dernier de ses enfants. Il écrit surtout des nouvelles, qui lui permettent de mieux gagner sa vie.
Publication en mars, chez Dix & Edwards à New York, des Contes de la véranda (Piazza Tales), qui incluent cinq nouvelles d’abord publiées chez Putnam, dont Bartleby. Il écrit son dernier grand roman, Le Grand Escroc. Face à ses soucis financiers et de santé, le juge Shaw lui offre un voyage en Europe et en Terre Sainte. Il part le 11 octobre. Son voyage l’emmènera en Écosse, en Angleterre (il revoit Hawthorne, devenu consul à Liverpool), en Méditerranée et au Levant : Rome, Naples, Le Caire, Athènes, la Palestine, la Syrie.
Il revient le 20 mai. Sa santé s’est améliorée. Il entreprend une tournée de conférences, sans beaucoup de succès. Le Grand Escroc est ignoré par la critique, et sera un fiasco financier.
Il lit les poètes romantiques anglais (Coleridge, Byron), et commence à écrire lui-même de la poésie, activité qui ne se démentira pas.
Il s’embarque le 30 mai à bord du clipper de son frère Thomas à destination de San Francisco. Le voyage s’avère décevant pour sa santé, et il rentre à l’automne par l’isthme de Panama.
Tentant d’obtenir le poste de consul à Florence, il se rend à Washington, où il assiste à une réception donnée par Abraham Lincoln, nouvellement élu à la Maison-Blanche. Il n’obtiendra pas le poste. Décès de son beau-père, le juge Shaw, le 30 mars. En avril, début de la guerre civile américaine.
À la suite d’un accord financier passé avec son frère Allan, il cède la maison de « Arrowhead » et s’installe à New York, où il demeurera jusqu’à la fin de sa vie.
Au printemps, il visite le front de Virginie, et participe à une reconnaissance, sans pour autant s’engager directement dans le conflit. Décès de Hawthorne en mai.
Publication du volume de poèmes Tableaux de bataille et aspects de la guerre. Le 5 décembre, il obtient le poste d’inspecteur des douanes de New York.
Le 11 septembre, décès de son fils Malcolm, âgé de dix-sept ans, des suites d’une mystérieuse blessure de pistolet. Nombreuses disparitions dans sa famille.
Publie Clarel, long poème philosophique et narratif portant sur un groupe de pèlerins contemporains voyageant en Terre Sainte, inspiré de son propre voyage.
Visite du fils de Hawthorne, Julian, auquel il confie ne plus avoir de lettres de son père. En août, décès de son ami Evert Duyckinck.
Plusieurs héritages du côté de sa femme lui ayant permis d’améliorer sa situation financière, il démissionne de son poste d’inspecteur des douanes de New York le 31 décembre.
Commence probablement Billy Budd, qui restera inachevé. Il faudra attendre 1924 pour une première édition établie par Raymond Weaver.
En février, il fait son dernier voyage en mer, qui le conduira aux Bermudes. Parution en septembre de son troisième recueil de poésies, John Marr et autres marins. Le tirage est confidentiel, et destiné à ses amis.
En juin, parution d’une dernière plaquette de poèmes, Timoléon. Herman Melville semble alors complètement oublié. Il décède le 28 septembre à son domicile new-yorkais d’une « dilatation cardiaque ». Il est inhumé le 30 septembre au cimetière de Woodlawn, dans le Bronx.