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Porter atterrit sur le dos. Il suffoqua sous la violence du choc et demeura quelques secondes immobile, en apnée, à attendre que la première vague de douleur se dissipe. Lorsque, au bord de l’asphyxie, il se résolut enfin à respirer, ce fut pour remercier le ciel d’être encore en vie. Il se décida alors à bouger, avec mille précautions, et constata avec soulagement que sa cheville cassée ne semblait pas avoir souffert.

Ce qui n’était en revanche pas le cas pour son bras gauche.

Il grimaça de douleur… puis éclata de rire en même temps qu’il décrochait son téléphone de sa ceinture et composait le numéro de Marcus.

— Qu’est-ce qu’il t’arrive encore ? demanda ce dernier.

— Comment as-tu deviné que quelque chose n’allait pas ?

— Parce que je te connais !

Mais même son grognon de grand frère ne parviendrait pas à gâter son humeur présente.

— Eh bien, disons que j’ai encore fait un vol plané au château d’eau.

Il éloigna le téléphone de son oreille le temps que tarisse la salve d’injures.

— Ne me dis pas que tu t’es cassé l’autre jambe ! hurla Marcus.

— Non. Juste un bras. Mais je vais avoir besoin d’un médecin.

— Je vais te chercher l’Angliche.

— Pourquoi ne vas-tu pas chercher Nikki plutôt ? Elle est en route vers Sweetness. A pied.

Après quelques secondes de silence, Marcus grommela :

— Entendu. Mais c’est la dernière fois. Nous arrivons aussi vite que possible.

La façon pour Marcus de lui dire qu’il se réjouissait pour lui.

Porter raccrocha avec un sourire.

Il se redressa en s’appuyant sur son bras valide et se traîna jusqu’à un rocher où il s’adossa. Quelques minutes plus tard, il entendit un quad dans la côte… Marcus aux commandes, et Nikki sur le siège derrière lui. Jamais son cœur n’avait fait un tel bond dans sa poitrine.

A peine furent-ils garés que Nikki se précipita vers lui et s’agenouilla à son côté, son beau visage exprimant la plus vive inquiétude, tandis que, par discrétion, Marcus demeurait près du quad.

— Tu as un peu forcé le trait, tu ne trouves pas ? demanda-t-elle. De toute façon, j’étais déjà en chemin.

— J’ai utilisé les grands moyens pour m’assurer que tu ne changerais pas encore d’avis.

Mais c’est avec gravité qu’il attira le visage de Nikki tout près du sien et plongea le regard dans ses yeux verts.

— Je t’aime, Nikki.

— C’est ce que j’ai cru comprendre, répliqua-t-elle dans un sourire.

— Est-ce pour cela que tu es revenue ?

— Non. Je suis revenue parce que, moi aussi, je t’aime.

Porter s’empara de ses lèvres douces pour un profond et tendre baiser, un avant-goût de l’avenir qui les attendait…