La rédaction de ce livre a été grandement facilitée par un séjour de six mois à Amsterdam, ville magique, sous l’égide de l’Académie Royale néerlandaise des arts et des sciences (Koninklijke Nederlandse Akademie van Wetenschappen), généreuse donatrice du prix Descartes-Huygens 1997. D’autres remerciements chaleureux vont à la Vrije Universiteit d’Amsterdam, havre accueillant, et tout particulièrement à mon ami Willem Frijhoff, historien tonique et subtil. Le Warburg Institute de Londres m’a également permis d’exploiter ses remarquables collections, j’en suis très reconnaissant à ses administrateurs.
Nombreuses, d’autres dettes intellectuelles ne peuvent toutes être mentionnées ici ; elles apparaîtront à la lecture. Certaines tissent un lien fort entre des générations successives, à travers la mémoire carrefour qu’est toujours un auteur. Ma reconnaissance intellectuelle et sensible va à des disparus dont la pensée m’a formé, dont la voix ne s’est pas éteinte, Albert-Marie Schmidt, Lucien Febvre, Robert Mandrou, Fernand Braudel. Elle s’attarde du côté de mon vieux complice, Bill Monter, pour nos conversations en Europe et en Amérique. A Trois-Rivières, René Hardy découvrira aussi des interrogations communes, des affinités qui dépassent l’objectif propre des sciences humaines. Jean-Bruno Renard, Véronique Campion-Vincent, Pierre Christin, m’ont guidé dans la jungle des rumeurs urbaines et l’univers de la BD, je leur en sais infiniment gré. Comme à mes collègues modernistes de Paris-Nord pour nos fécondes discussions. Les générations montantes m’ont également apporté des curiosités, des défis. Beaucoup de mes étudiants ont stimulé le désir de toujours mieux comprendre le passé pour tenter de déchiffrer notre tumultueux présent. Des discussions, parfois passionnées, avec de jeunes chercheurs m’ont empêché de répéter sans cesse ce que j’avais déjà écrit, et de prendre plus en compte l’histoire des genres. Laurence Devillairs, Sylvie Steinberg, Dorothea Nolde, Florike Egmont, Isabelle Paresys, David El Kenz, Pascal Bastien reconnaîtront chacun leur part.
Un autre type de dette relève d’une adolescence formée tout autant à la culture de l’image qu’à celle de l’écrit. Cette passion, née du besoin d’établir un pont entre la culture populaire picarde orale et le monde scolaire des lettres, ne m’a pas quitté. La bande dessinée et le cinéma sont d’extraordinaires creusets, des banques de formes que j’ai explorées avec jubilation. Alfred Hitchcock, diaboliquement doué pour faire frissonner, Stanley Kubrick, beaucoup d’autres, doivent être remerciés de leur apport à un thème qui ne saurait être uniquement académique, parce qu’il parle de l’énigme des relations des hommes entre eux, et de la part sombre de l’être.
Last but not least, il faut évoquer la soif de connaître, sous l’aiguillon incandescent du démon de la recherche…
Amsterdam-Paris-Lille
février 1998-septembre 1999