CHRYSTINE BROUILLET

J’ai longtemps hésité avant d’aborder le sujet du vieillissement, car il m’amenait inévitablement à explorer un monde où la maladie et la solitude sont souvent présentes. Mais cet univers peu exploité dans la littérature policière m’offrait des angles inédits qui pouvaient rejoindre les préoccupations de Maud Graham, inquiète de la fragilité grandissante de ses parents. Pour avoir vécu un certain désarroi lors de visites de résidences pour personnes âgées ou de discussions avec divers intervenants du domaine de la santé, je savais que Maud manquerait de repères pour ce parcours particulier et que cette instabilité pourrait créer des situations nouvelles au moment de son enquête. Quelle foi devrait-elle accorder aux témoignages de ces aînés qui se rappellent très bien leurs vingt ans, mais oublient le souper de la veille ? Comment trier le vrai du faux dans ces récits qui ne sont peut-être qu’une manière de garder près de soi un interlocuteur attentif afin de ne plus être seul ?

Je tenais cependant à apporter une vraie lumière à ce roman, par l’amitié, par l’art et la beauté qui peuvent faire oublier le cruel passage du temps.