[Gutenberg 24243] • Six mois dans les Montagnes-Rocheuses
- Authors
- Beaugrand, Honoré
- Publisher
- Rarebooksclub.com
- Tags
- rocky mountains
- ISBN
- 9781155131085
- Date
- 1997-09-12T00:00:00+00:00
- Size
- 3.81 MB
- Lang
- fr
Extrait: ... Le temps du careme est pour ces pauvres fanatiques l'occasion de jeunes et de penitences incroyables, et chaque vendredi, ils se reunissent dans la montagne pour se flageller mutuellement avec des branches de cactus couvertes d'epines ou avec des fouets dont les meches multiples ont des pointes d'acier qui enlevent des morceaux de chair a chaque coup. Et ce n'est encore la que le prelude des tortures effroyables qu'il vont s'infliger pendant la semaine sainte, ou ils repetent litteralement les differentes phases du martyre de l'Homme-Dieu, jusqu'au crucifiement de l'un ou de plusieurs des leurs, en grande pompe, le vendredi-saint, sur une des collines sacrees, ou l'on a construit des chapelles ou calvaires, et que l'on appelle casas de los penitentes, maisons des penitents. Ces chapelles sont remplies de croix que les penitentes ont trainees ou portees sur leurs epaules depuis nombre d'annees, jusqu'a des distances considerables; et il faut vraiment voir et soulever ces croix, pour se faire une idee de leur grandeur et de leur poids. J'en ai mesure une, par curiosite, qui avait vingt-cinq pieds de long, et qui pesait huit cents livres; les plus petites n'en pesaient pas moins de trois cents; et elles etaient toutes couvertes du sang des pauvres victimes qui s'etaient sacrifiees volontairement, pour l'expiation de leurs peches, jusqu'a souffrir le supplice du Christ. On formait une procession sous la direction d'un chef, qu'on appelait: el hermano mayor et qui exerce l'autorite la plus absolue sur chaque confrerie, et aux sons aigus d'un fifre champetre, on faisait souffrir successivement et litteralement aux victimes toutes les phases de la Passion, y compris le couronnement d'epines, la flagellation et le supplice du calvaire. On clouait ces pauvres illumines sur les croix, en leur enfoncant des clous dans les pieds et dans les mains, et il n'y avait guere que le coup de lance mortel au flanc qu'on leur...