[Gutenberg 8822] • Les grands orateurs de la Révolution / Mirabeau, Vergniaud, Danton, Robespierre
- Authors
- Aulard, F.A.
- Tags
- danton , pierre-victurnien , 1758-1794 , maximilien , orators -- france -- 18th century -- biography , mirabeau , france -- history -- revolution , 1715-1789 , victor de riquetti , 1759-1794 , vergniaud , marquis de , robespierre , 1753-1793 , 1789-1799 -- biography , georges jacques
- Date
- 2008-04-21T00:00:00+00:00
- Size
- 0.26 MB
- Lang
- fr
« L'éloquence révolutionnaire était grandiloquente et emphatique, nourrie de Rousseau et d'histoire ancienne ; elle était souvent obscure, mêlée de philosophie insaisissable, donnant le pas à l'imagination et à la rhétorique sur la raison. Mais une telle passion l'animait qu'on sentait tellement que des phrases sonores dépendaient des vies humaines et le sort de la France.
Mirabeau dominait l'Assemblée par un ensemble de dons qui faisaient de lui l'orateur irrésistible. Il ne préparait pas lui-même ses discours : il travaillait rapidement sur les rédactions que lui apportaient ses secrétaires. une fois à la tribune, échauffé par la contradiction, il abandonnait ses notes et se livrait à l'inspiration du moment. Il rencontrait alors le mouvement passionné qui subjuguait l'auditoire ; sa tête énorme et puissante de laideur, ses épaules d'athlète, sa voix retentissante, son geste sobre et dominateur ajoutaient à sa logique passionnée une force irrésistible.
Danton était un vrai orateur, épris de liberté et de patriotisme, il s'éleva au-dessus des querelles personnelles. Il ne devait rien à la rhétorique ; il parlait sans ordre et sans suite ; mais il était passionné et il voulait aboutir ; de là ces phrases courtes, incisives, violentes qui secouaient les foules et qui ne sont pas encore oubliées. Les factions s'affrontèrent et luttèrent pour s'anéantir ; bien souvent, l'orateur qui parlait à la tribune parlait d'abord pour défendre sa tête.
Quand à Robespierre, il était le type de ces hommes qui poursuivirent sous le masque du civisme une politique de domination personnelle par la suppression de ses rivaux ; ce n'était qu'un mauvais avocat, mais à force de volonté passionnée, il arriva a donner à ses discours méthodiques et froids une certain force.
Il y avait aussi Vergniaud avec son imagination prodigieuse qui échauffait les foules par la conviction de sa rhétorique traditionnelle qu'il savait employer avec adresse. Maury apportait à la Constituante son esprit gouailleur, sa répartie virulente toujours prête. Barnave, sa connaissance du droit et de l'histoire et sa logique redoutable. »