Dévadé

Il suffit d'une phrase, la première de Dévadé – �Ce n'est pas pour me vanter mais ce n'est pas une vie…� – pour retomber sous l'influence de l'univers de Réjean Ducharme, où défilent des femmes blessées, des gars paumés et Bottom, héros de ce huitième roman, qui �ne veut pas crever avant qu'il se passe quelque chose�. Du solstice d'hiver aux premiers jours de janvier, P. Lafond – devenu Bottom au cours de pérégrinations aux États-Unis – , en état d'apesanteur existentielle, résiste avec énergie aux pressions exercées sur lui pour qu'il rejoigne les rangs du monde adulte. Bottom vient d'avoir 30 ans et carbure à l'amour fou. Il est ballotté entre deux femmes : sa �patronne�, qui l'a engagé comme �bon à tout faire�, lui le �rada�, qui �fait de son mieux le plus mal possible�, et Juba Caïne, la troublante séfarade �qui a des yeux dont on ne sort pas� et qui est aussi la fiancée de son meilleur ami.

On ne raconte pas l'univers baroque de Ducharme. Il a une façon unique de jouer avec les mots, en symbiose parfaite avec les émotions et les sentiments dans lesquels on plonge en apnée jusqu'à la dernière page… Mais �tout est bien qui ne finit pas, va�…

Réjean Ducharme a fait une entrée en littérature des plus remarquées à l'âge de 25 ans, avec L'Avalée des avalés. Depuis, l'écrivain, né à Saint-Félix-de-Valois, a publié différents ouvrages, dont Les Enfantômes et a écrit le scénario du film Les Bons Débarras de Francis Mankiewicz. En plus d'écrire, il fait des sculptures formées d'objets divers qu'il signe Roch Plante. L'auteur a reçu plusieurs prix dont les prix Athanase-David et Gilles-Corbeil pour l'ensemble de son œuvre. -- Monique Roy