[Le Dernier Mot de Rocambole 01] • Les Étrangleurs

[Le Dernier Mot de Rocambole 01] • Les Étrangleurs
Authors
Terrail, Pierre Alexis Ponson du
Publisher
Createspace
Tags
romans , policier & mystère
ISBN
9781505677447
Date
2014-12-22T00:00:00+00:00
Size
0.38 MB
Lang
fr
Downloaded: 82 times

Extrait chapitre I Paris a des nuits effrayantes de silence et d'obscurite. Le brouillard estompe les toits, une pluie fine rend le pave glissant, le vent courbe la flamme des reverberes, et la Seine coule silencieuse entre ses deux rives de pierres. Nul passant sur les quais, nulle voiture sur les ponts. La grande ville se tait, les honnetes gens ont ferme leurs portes, le monde des voleurs respire et s'apprete a ses expeditions tenebreuses. Qu'importe que le boulevard vive encore a une heure du matin, tout resplendissant des lumieres de sa guirlande de cafes bruyants? De ce cote-ci, au bord de l'eau, le silence est si grand qu'on dirait une necropole. Il est un endroit sinistre ou un des bras de la Seine etrangle entre deux hautes murailles, passe avec des tentations vertigineuses pour ceux qui songent au suicide. Canal plutot que fleuve, eau dormante qui bouillonnait en amont et reprendra son cours rapide en aval, la Seine semble s'arreter noire, profonde, mysterieuse, avec des secrets de mort etranges, entre les deux batiments de l'Hotel-Dieu. Accoudez-vous un peu sur le parapet du pont de la Cite ou du pont de l'Archeveche; regardez-la couler entre ces deux asiles de souffrance, cette eau qui redeviendra limpide et bleue, la-bas, au dela des coteaux de Sevres et de Saint-Cloud, et sa tranquillite sombre vous donnera le frisson. Vous qui cherchez l'oubli dans la mort, venez la: vous qui hesitez a quitter la vie, venez encore. La folie du suicide vous montera au cerveau, apres dix minutes de contemplation. Or, par une de ces nuits dont nous parlions tout a l'heure, un immense radeau, un train de bois, comme on dit, passait au fil de l'eau entre ces deux arches funestes, du pont de la Cite et du pont de l'Archeveche. Trois hommes assis a l'avant causaient tout bas. Un quatrieme, a l'arriere du train, man uvrait un gouvernail primitif fait avec une longue poutre."