Une mesure pour rien

Une mesure pour rien
Authors
Clotis, Josette
Publisher
Createspace Independent Publishing Platform
Tags
romans
Date
2015-05-28T00:00:00+00:00
Size
0.26 MB
Lang
fr
Downloaded: 61 times

Extrait: I Le jour de la f�te de fin d'ann�e, au coll�ge, on avait mis devant une fen�tre, dans un grand tas, toutes les brassi�res de laine blanche et les petits chaussons tricot�s dans l'ann�e pour les bonnes oeuvres. Les �l�ves, en sautant par la fen�tre, passaient par-dessus en se bousculant et en criant. Elles avaient renvers� toute la pile, et ne se retournaient m�me pas. Les petits lainages, dans la boue, �cartaient des bras de dix centim�tres. Depuis le matin, les groupes de petites filles, avec les surveillantes qui les d�passaient � peine de la t�te, levaient le nez, interrogeaient le ciel en disant: - Est-ce que �a va s'arranger ? C'�tait une f�te de plein air, et on avait pos� sur le jardin une grande d�coration, branche � branche, frange � frange, un travail qui durait depuis quinze jours. Ce qui fait qu'on ne reconnaissait plus, sous les guirlandes et sous les banderoles, les grands tilleuls et les pelouses sym�triques. La pluie, survenant � quatre heures, avait mis le d�sordre sur toutes ces choses. On s'�tait r�fugi� en h�te dans les b�timents, qui �taient des esp�ces de hangars, des logements abandonn�s autour du grand jardin. On repoussait p�le-m�le les costumes de marquis du menuet, les grandes robes du proverbe de madame G�rard d'Houville, les petits corsets, les manteaux, les chapeaux d'uniforme, pour continuer la repr�sentation malgr� la pluie, faire de la place pour celles qui allaient danser, celles qui allaient chanter, et aussi pour le public. Les surveillantes de l'entr�e s'�taient mises � courir avec des journaux sur la t�te, pour arriver jusqu'aux petits toits en auvent devant les cabinets. Ainsi tournant le dos � la grille d'entr�e. Ce qui fait que les gar�ons qui passaient sur la route, des gar�ons qui �taient absolument sans cousine et sans soeur de lait, voyant les annonces de Kermesse sur de grands calicots pendus, s'�taient arr�t�s et �taient venus � la fin de leur dimanche d�soeuvr�. Ils �taient ravis de trouver l� tant de jeunes personnes affol�es depuis qu'ils �taient apparus, et d�j� pr�tes � se rendre. Et nous, nous l'avions toujours secr�tement r�v�, � l'internat. Nous savions qu'un jour des gar�ons arriveraient, sur des motocyclettes en grand chahut, qu'ils nous emporteraient, � califourchon derri�re eux ou sur leurs �paules. Au milieu des feuilles de tilleul d'octobre, sur le pav� gel� de la cour, tra�neraient seulement les cadavres �gorg�s des surveillantes et de la directrice.