[Gutenberg 13187] • Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu / ou la politique de Machiavel au XIXe Siècle par un contemporain

[Gutenberg 13187] • Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu / ou la politique de Machiavel au XIXe Siècle par un contemporain
Authors
Joly, Maurice
Publisher
Quality Classics
Tags
political ethics , politics , france -- politics and government -- 1852-1870 , philosophy
ISBN
2940012029294
Date
1864-01-01T00:00:00+00:00
Size
0.19 MB
Lang
fr
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Extrait: ... Je vous ai deja dit bien des fois, et je vous le repete encore, que je n'ai pas besoin de tout creer, de tout organiser; que je trouve dans les institutions deja existantes une grande partie des instruments de mon pouvoir. Savez-vous ce que c'est que la garantie constitutionnelle? MONTESQUIEU. Oui, et je le regrette pour vous, car je vous enleve, sans le vouloir, une surprise que vous n'auriez peut-etre pas ete fache de me menager, avec l'habilete de mise en scene qui vous est propre. MACHIAVEL. Qu'en pensez-vous? MONTESQUIEU. Je pense ce qui est vrai, au moins pour la France dont vous semblez vouloir parler, c'est que c'est une loi de circonstance qui doit etre modifiee, sinon completement disparaitre, sous un regime de liberte constitutionnelle. MACHIAVEL. Je vous trouve bien modere sur ce point. C'est simplement, d'apres vos idees, une des restrictions les plus tyranniques du monde. Quoi! lorsque des particuliers seront leses par des agents du gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions, et qu'ils les traduiront devant les tribunaux, les juges devront leur repondre: Nous ne pouvons vous faire droit, la porte du pretoire est fermee: allez demander a l'administration l'autorisation de poursuivre ses fonctionnaires. Mais c'est un veritable deni de justice. Combien de fois arrivera-t-il au gouvernement d'autoriser de semblables poursuites? MONTESQUIEU. De quoi vous plaignez-vous? Il me semble que ceci fait tres-bien vos affaires. MACHIAVEL. Je ne vous ai dit cela que pour vous montrer que, dans des Etats ou l'action de la justice rencontre de tels obstacles, un gouvernement n'a pas grand'chose a craindre des tribunaux. C'est toujours comme dispositions transitoires que l'on insere dans les lois de telles exceptions, mais les epoques de transition une fois passees, les exceptions restent, et c'est avec raison, car lorsque l'ordre regne, elles ne genent point, et quand il est trouble, elles sont...