Une mort très douce

Une mort très douce
Authors
Beauvoir, Simone de
Publisher
Gallimard
Tags
biographie & autobiographie , littérature , biography , philosophy
ISBN
9782070361373
Date
1964-10-16T00:00:00+00:00
Size
0.10 MB
Lang
fr
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«La journée du mardi se passa bien. La nuit, maman fit des cauchemars. "On me met dans une boîte", disait-elle à ma sœur. "Je suis là, mais je suis dans la boîte. Je suis moi, et ce n'est plus moi. Des hommes emportent la boîte !" Elle se débattait : "Ne les laisse pas m'emporter !" Longtemps Poupette a gardé la main posée sur son front : "Je te promets. Ils ne te mettront pas dans la boîte." Elle a réclamé un supplément d'Équanil. Sauvée enfin de ses visions, maman l'a interrogée : "Mais qu'est-ce que ça veut dire, cette boîte, ces hommes ? - Ce sont des souvenirs de ton opération ; des infirmiers t'emportent sur un brancard." Maman s'est endormie.»

La mort d'une mère. Celle de l'auteur. Le récit d'une "violence indue".

Françoise de Beauvoir est transportée à l'hôpital à la suite d'une chute dans sa salle de bain. Très rapidement, un cancer de l'intestin grêle est détecté et se révèle foudroyant. Simone de Beauvoir et sa sœur Poupette vont durant trois mois se relayer au chevet de leur mère et assister à ses derniers moments.

L'auteur y évoque les thèmes de l'euthanasie et de l'acharnement thérapeutique : elle sait sa mère condamnée mais reste impuissante et indécise devant les médecins qui exercent une tyrannie sur leur malade que seule la guérison pourrait justifier.

Elle évoque la mort, de son point de vue athée, et du point de vue de sa mère croyante.

Simone de Beauvoir reconsidère sa famille et le rôle qu'elle y a joué ; elle est un écrivain déjà connu et économiquement privilégié : elle a en quelque sorte été le "fils" du fait d'avoir soutenu financièrement sa mère. Elle y évoque les réactions de sa mère, très attachée aux valeurs bourgeoises, face à son œuvre et à sa vie d'écrivain engagé.

Enfin, fidèle à elle-même, Beauvoir observe les conditions de travail des infirmières et les conditions de séjour des malades.

La journée du mardi se passa bien. La nuit, maman fit des cauchemars. " On me met dans une boîte ", disait-elle à la sœur. " Je suis là, mais je suis dans la boîte. Je suis moi et ce n'est plus moi. Des hommes emportent la boîte ! " Elle se débattait : " Ne les laisse pas m'emporter ! " Longtemps Poupette a gardé la main posée sur son front : " Je te promets. Il ne te mettront pas dans la boîte. " Elle a réclamé un supplément d'Equanil. Sauvée enfin de ses visions, maman l'a interrogée : " Mais qu'est-ce que ça veut dire, cette boîte, ces hommes ? - Ce sont des souvenirs de ton opération ; des infirmiers t'emportent sur un brancard.

" Maman s'est endormie. " Peut-être Simone de Beauvoir a-t-elle donné d'elle-même, dans ces cent soixante petites pages, sinon le meilleur d'elle-même, au moins le plus secret. " (Pierre-Henri Simon, de l'Académie française, Le Monde.)

" Simone de Beauvoir, dont nous connaissons la sincérité et le courage, nous révèle une sensibilité et une tendresse bouleversantes. " (Emile Pradel, l'Ecole libératrice.)

Poche

Paru le : 3 novembre 1998

Première parution : 1964

Editeur : Gallimard (Editions) Collection : Folio