Entretiens

Ces entretiens sont le fruit de mes

rencontres régulières avec Cioran pendant l’année 88. J’écrivais alors sur son

œuvre l’essai qui est publié chez le même éditeur, et, dans l’aridité de cette

tâche, je puisais un grand réconfort dans ces conversations. Cioran, conscient

qu’elles me stimulaient, s’y prêtait gentiment et, d’autant plus volontiers, qu’une

amitié nous liait depuis un certain nombre d’années.

Au fur et à mesure de mes réflexions, je le

questionnais sur les points qui me préoccupaient, puis je transcrivais les

réponses avec l’idée qu’elles formeraient le contrepoint vivant de l’essai. J’ai

de cette manière évité les égarements d’un travail solitaire et l’inévitable

dessèchement où conduit un contact exclusif avec les textes quels qu’ils soient.