Une saison de machettes

Une saison de machettes
Authors
Jean Hatzfeld
Publisher
Editions du Seuil
Tags
récit , prix
ISBN
9782020679138
Date
0101-01-01T00:00:00+00:00
Size
1.58 MB
Lang
fr
Downloaded: 2 times

Avec Dans le nu de la vie, récits des marais rwandais, Jean Hatzfeld avait recueilli les récits des rescapés tutsis du génocide rwandais. Après de longs séjours sur place, dans la prison où ils étaient enfermés et jugés, il fait maintenant parler les acteurs hutus de ce génocide des mêmes collines. En l'occurrence une bande d'amis : cultivateurs, instituteurs, commerçants, qui, comme ils disent, sontallés " au boulot " ensemble, à horaires réguliers. Des hommes qui ont, pendant plusieurs semaines, systématiquement " coupé " leurs " avoisinants ", avec la claire idée de les faire totalement disparaître. Ils parlent ici de façon directe, sans souci d'atténuer leurs actes, même s'ils ne peuvent comprendre leurs responsabilités. Ils racontent les monstres qu'ils ont été et, de façon ahurissante, les hommes ordinaires qu'ils étaient avant et qu'ils espèrent nous faire croire être redevenus. Jamais aucun " génocidaire " du siècle n'a témoigné ainsi, ce qui fait d'Une saison de machettes un livre exceptionnel, unique, d'une force sans exemple.

Amazon.frEn 1994, au Rwanda, 800 000 Tutsis ont été massacrés, en douze semaines, par leurs concitoyens hutus. Soit près de 10.000 personnes par jour, principalement à la machette. Jean Hatzfeld, journaliste à Libération, avait déjà rendu compte de ce génocide sans précédent en donnant la parole aux rescapés des massacres de la région de Nyamata dans un témoignage bouleversant, Dans le nu de la vie. Récit des marais rwandais : sur une population de 59.000 personnes, 50.000 avaient été tuées par leurs voisins hutus. Dans Une saison de machettes, Jean Hatzfeld a retrouvé une douzaine de ces assassins hutus, agriculteurs pour la plupart, en attente d’un jugement ou déjà jugés dans la même commune de Nyamata, et leur donne la parole. Adabert, Alphonse, Ignace, Elie, Léopord, Jean-Baptiste, Pancrase, Pro, et les autres, racontent en toute bonne foi, "avec une énorme franchise, souvent même avec candeur", observe l’auteur, cette année 1994 où tout a basculé après l’assassinat du président rwandais. "On s’assemblait sur le terrain de foot en bande de connaissance, et on allait en chasse par affinité", "On pensait qu’on pouvait désormais se débrouiller sans Dieu", expliquent-ils. Et de raconter comment eux, Hutus, s’armant de machettes, en se mettant à piller, à violer, à tuer aussi systématiquement que férocement, ont pris leur revanche sur l’ethnie des Tutsis qui avaient tenu les clefs du pouvoir pendant une longue période. Dans cette grande enquête sous forme de récit, Hatzfeld analyse le processus du génocide. Ou comment de simples agriculteurs, placés dans une situation exceptionnelle et encadrés par les autorités locales, en sont venus à massacrer leurs voisins, sans état d’âme, par conformisme, mais avec le souci de bien faire le "travail", jusqu’au bout. "Tuer était moins échinant que cultiver", dit l’un. "Je tuais sans conséquences, je m’adaptais sans problème", se souvient un autre. À la fin du récit, les douze hommes acceptent de poser pour une photo, comme une bande de copains. Nulle trace de repentir dans leur discours, ni de mauvaise conscience. Récit d’une précision et d’une cruauté glaçante, Une saison de machettes est un ouvrage essentiel qui force le lecteur, frappé de stupeur, à garder les yeux ouverts pour regarder en face la banalité du mal. --Denis Gombert --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.

Quatrième de couvertureÉLie : «... Au fond, un homme c'est comme un animal, tu le tranches sur la tête ou sur le cou, il s'abat de soi. Dans les premiers jours, celui qui avait abattu des poulets, et surtout des chèvres, se trouvait avantagé; ça se comprend. Par la suite, tout le monde s'est accoutumé à cette nouvelle activité et a rattrapé son retard... Le boulot nous tirait les bras... ... Personne ne peut avouer l'entière vérité. Sauf à se damner aux yeux des autres. Et ça, c'est trop grave. Mais un petit nombre commencent à raconter des bouts terribles. C'est grand-chose... Les fauteurs savent plus que des souvenirs et des précisions élémentaires, ils ont des secrets dans l'âme... »

Il a toujours semblé que les tueurs d'un génocide, trop dépassés par l'énormité de leurs actes, ne pouvaient que mentir ou se taire. Dans un pénitencier près de Nyamata, une bourgade rwandaise, l'auteur a rencontré un groupe de tueurs. Des copains, sans contact avec le monde extérieur et déjà condamnés. Au fil de mois de discussions, ils ont montré l'envie de raconter ce « brouhaha» de l'extermination, de dire précisément l'indicible. Pour renouer avec nous? Renouer avec les braves cultivateurs ou instituteurs qu'ils avaient été? Au plus près du mal absolu, le génocide, qu'il soit juif, gitan ou tutsi, leurs récits et les réflexions de l'auteur apportent autant de questions que de réponses.

Jean Hatzfeld a écrit Dans le nu de la vie. Récits des marais rwandais. --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.