[Gutenberg 56461] • La première canadienne du Nord-ouest

[Gutenberg 56461] • La première canadienne du Nord-ouest
Authors
Dugas, Georges
Date
2019-12-13T00:00:00+00:00
Size
0.15 MB
Lang
fr
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La première Canadienne-Française qui partit du Canada pour aller à la Rivière Rouge, dans le Nord-Ouest, fut Marie-Anne Gaboury, épouse de J.-Bte Lajimonière et mère de la nombreuse famille Lajimonière établie au Manitoba. Elle arriva dans ce pays dès le commencement de ce siècle, en l’année 1807, et ce ne fut qu’en 1818, que d’autres Canadiennes osèrent suivre leurs maris dans ces contrées sauvages.

Indépendamment de toute autre considération, le seul fait d’avoir eu le courage de suivre son époux sur cette terre lointaine, pour obéir à un devoir d’épouse fidèle et dévouée, suffirait pour que son nom méritât d’être connu ; mais outre ce motif, la vie de Mme Lajimonière pendant les douze premières années qu’elle eut à passer au milieu des sauvages, dans les prairies de l’Ouest, a été semée de tant d’épisodes émouvants que le plus simple récit de cette vie héroïque ne peut manquer d’intéresser quiconque est capable d’apprécier le courage et d’admirer le dévouement.

Peu de femmes ont eu, autant de fatigues à supporter que Mme Lajimonière, de dangers à courir, et d’ennuis à dévorer. Les voyageurs des pays d’en haut qui vivent encore ont seuls une idée de ce qu’étaient les déserts sauvages du N. O. il y a plus de soixante ans ; de ce que les marches à travers les immenses prairies et les bois avaient de fatigant, même pour les hommes forts et robustes. Malgré ces difficultés, Mme Lajimonière, pendant près de douze ans, a suivi son mari, tantôt à pied, tantôt à cheval, dans toutes les courses aventureuses de sa vie de trappeur, au milieu des nations barbares, souvent en guerre les unes contre les autres. Son genre de vie, quoique devenu plus calme après l’arrivée des missionnaires, fut cependant très loin de lui offrir le confort des pays civilisés. Les différents fléaux qui affligèrent la colonie naissante de la Rivière Rouge soumirent longtemps ses habitants à une foule de privations et de misères ; Mme Lajimonière en eut sa large part. Ce qui étonnera le lecteur, après avoir parcouru cette notice, sera d’apprendre que cette femme, qui paraissait d’une constitution délicate, a pu arriver, sans aucune infirmité, jusqu’à l’âge avancé de 96 ans. Si le dicton populaire, La misère ne fait pas mourir, a pu être vrai quelquefois, c’est bien assurément dans la vie de Mme Lajimonière.